The Doors
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Forum RPG privé où des intrépides, parfois malgré eux, trouvent des portes menant à d'autres lieux voire d'autres époques,
 
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 Qu'on lui coupe la tête...

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Dave Clayton
Henry Warrington
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Toni Fischer

Toni Fischer


Messages : 10
Date d'inscription : 02/02/2016

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MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyLun 23 Mai - 16:57

Étrange aventure, c'était le moindre à dire! Il leur en était arrivé, des choses, depuis leur départ intempestif du bunker d'Henry! Mais enfin, Toni essayait d'en tirer le meilleur parti, après tout c'est pas donné à tout le monde de vivre en direct la Révolution Française,  de connaître le Roi en personne et par dessus le marché le sauver de la guillotine, le tout avec des aléas divers et pas toujours amusants.

*Aber mit Martin...alles ist einfach..., énorme soupir, aber so einfach auch nicht !*

Parce qu'elle ne finissait pas de comprendre ce qui se passait avec lui, quoique, à force d'y penser, elle se dit que peut-être ses erratiques aveux sur ses malheurs en ajoutant sans ambages le voir comme simple copain adorable et rassurant, avait eu sans doute un effet désastreux sur n'importe quel élan d'autre sorte qu'une belle amitié, du genre plutôt platonique.

*Faut dire que plus bête que toi, tu meurs, Antonia...mine de rien, tu lui as dit d'aller se faire voir ailleurs...Scheiße!*

Fille pratique, elle laissa au temps, la chance et autres hasards, le loisir de remettre la situation sur la bonne voie. Parfois cela semblait marcher, à d'autres...soupir...

Et puis l'épisode des méduses. Toni aurait pu jurer qu'avant que l'abominable bestiole ne vienne s'en mêler, Martin avait été à point de faire un aveu capital...en tout cas, il avait semblé même prêt à l'embrasser...et au lieu de ça...

… des méduses… Suis… allergique… rivage… pipi... vinaigre, alcool chaud…  please, bitte…   

*Hein?...Ah non, ça jamais...tu es peut-être toubib mais là tu déconnes plein tube...*...Du calme...je sais ce qu'il faut faire!

Ayant vécu la douloureuse expérience, Toni avait retenu ponctuellement le traitement à suivre. Tant pis pour les conseils hachés du Dr. Lescot qui, comme tout homme digne de ce nom, semblait en agonie. Elle dut très bien se débrouiller car il ne trépassa point et après, sans qu'aucun commentaire sur l'incident ne s'échange, ils mangèrent des sardines grillées  avant de quitter Marseille...à cheval.
Toni n'était pas experte en chevaux mais était sûre qu'on les avait roulés avec cette haridelle de triste mine. Qu'à cela ne tienne...on se mit en route vers Lyon, ce qui, au train de leur monture, allait prendre plus de temps que prévu...

Elle n'aurait pas échangé cette expérience pour tout l'or du monde. Martin la retenait contre lui avec l'assurance de celui qui sait ce qu'on doit faire et parlait...et Toni n'en perdait miette. Il lui racontait sa vie, à grands traits, c'est vrai mais toujours mieux que rien...

Oui, je comprends...le contact avec les gens est important...mais une éminence comme toi ne prend pas une décision pareille comme ça...tout de go, sans avoir une énorme bonne raison, n'est ce pas?

Ce qui m’a ramené aux sources ? Une femme. Idiot, non ?  J’étais fou d’elle, prêt à l’épouser et à adopter son gamin, mais elle s’est bien fichue de moi… oui, j’aimais le gosse, il me manque parfois…

Elle s'y était attendue, à cette réponse, quoi de plus normal après tout? Martin avait tout pour plaire...mais ça fit un mal de chien, tout en expliquant un tas de choses.

*Elle lui a fait vraiment mal...lui a mis le cœur en miettes...triple salope!*

Et toi ? Juste apprendre le français ??

Das ist eine gute...raison, nicht wahr?

Arrête de le massacrer volontairement quand ça te chiffonne… 

Que veux-tu?, s'esclaffa t'elle, ça me chiffonne tout le temps!!!

Elle rigolait de si bon cœur qui s'il ne l'avait pas retenue Toni se serait sans doute retrouvée par terre. Il faisait décidément bon vivre ce jour là sur la route de Lyon! Cela dura ce que cela devait durer et elle en jouit de chaque instant.

On trouva bien l'auberge, Lion d'Or, tout aussi bien que Louise et Henry qui attendaient leur arrivée. Ils avaient l'air en bonne forme, en totale harmonie, heureux et peu éprouvés par leur aventure. Leurs déboires avec les enfants royaux n'avait sûrement pas été comparables aux leurs. On se faisait de la bile pour Nell et Dave qui auraient déjà dû être là.

Oui, ils ont la tablette, Henry...et moi le boîtier...Non, Martin, la batterie n'est pas fichue....énergie solaire en grande partie, elle ne peut pas lâcher...à moins qu'on ne la détruise...c'est pas ça...je pense que ça ne marche que quand les deux sont proches...c'est bien ça, Henry?

Cela concordait avec la théorie du grand homme qui avait même fait sa première expérience avec l’acupuncture, et cela au 18ème, vous me direz! Ils avaient donné bon compte d'un succulent dîner quand On débarqua et On les embarqua avec une accusation pas des moindres...et très véritable, sauf que pas question de le reconnaître.

*Sans doute ce fils de p**e de De Bourcet...le seul capable de nous vendre si vilement!*

La suite tint du cauchemar. De son pire cauchemar. Martin avait essayé de la rassurer mais rien ne pouvait contre la panique qui lui broyait le ventre, qui faisait déraper son cœur, l'empêchant même de hurler. C’était comme un mauvais film où tout bougeait au ralenti, en couleurs grises, diffuses. Toni entendait à peine Louise invectiver leurs tortionnaires. On allait les torturer! On l'avait déjà attachée, écartelée sur cette planche de bois, deviner la suite n'était pas difficile.

*Lieber Gott...lieber Gott...MArtin...wo bist du!?...Martin!!!*

Puis elle avait commencé à crier comme une folle, en allemand. L'épouvantable bonhomme la prit par les cheveux, lui faisant vraiment mal.

V'la...celle là...autrichienne!, déclara t'il, ravi.

Ich bin Deutsche, Arschloch!!!, s'époumona t'elle, Deutsche..., et dévider tout son répertoire de jurons connus ou inventés, ce qui pour les effets, ne fut pas de grande aide.

Ce qui s'en suivit ne resta pas trop clair dans sa mémoire alors que partagée entre l'envie de vomir et celle de pleurer, elle entrevit Martin, malmené puis un monsieur à perruque plaidant leur cause...
La seule chose qui comptait était se retrouver là, peu importait où, dans les bras rassurants de Martin qui assurait que Dave et Nell allaient les tirer de là.

Ça va aller..., souffla t'elle, tu es là...

Mais déjà Louise piquait une crise de Dieu sait quoi, fine comédie qui réussit mieux que prévu puisqu'ils se retrouvèrent en possession de leurs sacs..et de leurs armes.

Maintenant, il suffit d’attendre le transfert.

*Oui...ou les Avengers...*

Elle dormit peu et mal, comme les autres. Guettant tous un bruit, une voix, le cliquetis des clés, l'ordre de départ. Mais au creux des bras de Martin Lescot tous les espoirs de salut semblaient permis.

Le salut vint au petit matin...tout comme il l'avait prévu. Quelle course folle, tout en tirant sans regarder, pour s'engouffrer là où on la poussait. On tomba tous à la comme on put alors que l'attelage démarrait à des vitesses d'enfer...

Et puis, tout était fini. Tout était rentré dans l'ordre. Et ils circulaient sans se presser dans leur équipage du 18ème siècle, dans les rues de Cambridge, Massachusetts, au 21ème siècle, alors que tout le monde courait par là déguisé de n'importe quoi pour fêter Halloween.

*Au moins dans ce sens...c'est gagné en discrétion!*

La maison d'Henry payait vraiment de mine, légitime de se demander combien de temps s'était passé depuis leur départ. En tout cas, il faisait bien plus froid...Comme en songes encore, elle accepta la main de Martin pour descendre de leur désuet attelage.

Merci, c'est gentil, dit-elle tout bêtement, ébaubie de se retrouver enfin là pour juste après courir à l'intérieur de la mansion rénovée de fond en comble. Toni resta au milieu du hall, tremblant comme une feuille, avec la tête qui lui tournait, sans pouvoir penser à autre chose qu'au fait d'être saine et sauve.

Allez, tous, on se décrasse puis inspection générale !, disait Martin en prenant le contrôle.

Cet ordre si plein de bon sens, la fit retomber sur terre. Tiens Dave portait presque Nell, Henry semblait aux petits soins avec Louise, Oscar avec tout le monde et ce cher Majors était tout émotion.
Ce fut Louise qui la voyant si perdue la prit du coude et la conduisit à l'étage en assurant que prendre un bon bain lui ferait le plus grand bien.

Ça va aller...me sens toute secouée..., et cela n'avait décidément rien à voir avec leur dernière balade infernale.

Elle opta néanmoins pour une une bonne séance de douche à jets, avec savonnage mousseux et frottage quasi décapant pour ôter le minime effluve de leur virée au peu hygiénique 18ème siècle. Un délicieux shampoing plus tard, elle se ressentait d'aplomb. Quelle expérience merveilleuse que de retrouver des habits décents, quoique pour les effets elle n'alla pas chercher plus loin qu'un confortable survêtement.
Martin lui, ne semblait pas eu le temps de faire une toilette convenable, il s'adonnait avec conscience à examiner chaque bobo que pouvaient présenter ses compagnons d'aventure.

J'ai trois fois rien, protesta t'elle, une bosse par ci, une petite plaie par là...va plutôt prendre un bain, tu sens le révolutionnaire là!

Il tient quand même à l'examiner, à désinfecter ceci, à mettre de la crème là, en arborant une mine concentrée de toubib en camp de réfugiés, la faisant se sentir tout à coup très mal à l'aise.

Merci! souffla t'elle avant de se sauver alors s’amenait Majors bienveillant comme un ange gardien servant de béquille à une Nell qui clopinait en faisant la moue.

C'était quoi ce gêne soudain? Comme si tout avait changé en rentrant au bercail? Elle ne savait pas expliquer cette espèce de timidité absurde qui l'avait presque empêchée de regarder Martin.

*Faut qu'on parle...oui, c'est ça...et...s'il s'en fout? S'il ne veut rien savoir?...Pitié...pas ça...*

Louise, fraîche comme une fleur, prenait le rôle de dame de céans avec grand savoir faire. Elle semblait, rajeunie, comblée. Toni la regarda à la dérobée, un instant, enviant ce bonheur serein.

Peux donner un coup de main?...Oui, la maison est superbe...d'où a sorti Johnny le temps pour la tenir si impeccable?...Ah,deux femmes de ménage...je me disais bien...On prépare des boissons?...Oui, faut fêter le retour...Non, ça va, Louise...sans doute la fatigue...

Mais Mrs. Stark possédait une subtilité peu commune pour voir clair dans les esprits offusqués et Toni  qui avait manqué d'une véritable figure maternelle se trouva en train de pleurer sur cette épaule secourable en racontant ce qui lui pesait sur le cœur.
Louise n'avait pas de recette miracle pour les bobos du cœur mais ses paroles imbues de sagesse et bon sens rassérénèrent Toni qui du coup, retrouva presque sa bonne humeur habituelle. Mais seulement presque, sans doute pour rester à ton avec la morosité de certains. Pizzas et hamburgers connurent le succès prévu. On se raconta un peu surtout pour apaiser la curiosité de John Majors mais la soirée ne s'allongea pas outre mesure, tous étaient fatigués.

J'ai  jamais tellement aimé un lit, rigola Toni en se laissant choir sur le sien, pour se relever prestement l'instant d'après et se porter au secours de Nell qui peinait avec sa cheville douloureuse, attends...je t'aide...Assieds toi...et hop le pantalon...Non, reste là, je te la passe ta chemise de nuit...Tu veux que je demande des antalgiques à Martin?..., elle ne voulait rien, Toni l'aida à s'allonger et accommoda un oreiller sous sa cheville, ça aide...mais dis...il se passe quelque chose avec Dave?...Il avait un drôle d'air...Vous êtes fâchés ou quoi?

Inutile d'insister, assurant être à bout, Nell éteignit sa lampe de chevet et ferma aussitôt les yeux.

Bonne nuit alors...si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à me réveiller!...*Meuh non...il se passe rien, tu te fais des idées, Toni...mon œil!*

Elle même mit un temps fou à concilier le sommeil, entre ses propres soupirs et ceux étouffés de sa compagne de chambre. À moment donné la fatigue eut le dessus et Toni plongea dans un monde de rêves décousus dont elle n'émergea que le lendemain matin. Nell s'était déjà levée et arrangée pour passer à la salle de bains, la voir revenir les traits tirés, la bouche pincée pour ne pas se plaindre, Toni sut que ça n’allait pas bien du tout.

La suite le confirma, Martin ne se laissa pas contredire, il savait se montrer énergique à ses heures.

Je t’amène à l’hosto, tu feras ce que tu veux après. C’est sans discussion. Pour ma part, je déteste rester bras croisés. J’attendrai les résultats des mises au point, mais vais me trouver un job.

Bien ça...tu m'as chipé l'idée, dit Toni en prenant son sac, que qu'est ce que ça veut dire?...Que je vais me dénicher un job. moi-aussi...T'en fais pas, suis débrouillarde...tu sais ça, non?, petit clin d’œil et sourire, alors...on y va...Dave a déjà embarqué Nell dans sa voiture...tu pensais qu'on allait te laisser filer seul?

Voyage express à l'hôpital le plus proche, fait en silence , même si on se doutait que les pensées allaient bon train.
Ils auraient attendu longtemps si par un de ces hasards salutaires de la vie un vieux copain de fac de Martin ne s'était pas pointé. Le reste alla tout seul. On emporta Nell pour lui faire des radios, Martin étant parti avec, Toni et Dave restèrent là sans savoir que faire.

T'en fais pas...ce ne sera pas grave, elle essayait de se montrer rassurante mais l'autre arborait une tête de martyre, à te voir on croirait que c'est toi qui lui as cassé la cheville...tu ne l'as pas fait, non?...Je me disais bien...Non, elle ne m'a rien dit hier soir, ni ce matin non plus...elle aurait dû me dire quelque chose, à ton avis?...Tu veux du café? Il y a une machine pas loin, sans attendre qu'il se décide à y aller,Toni gambada chercher deux gobelets d'un liquide d'aspect insipide et goût infect, c'est de la lavasse...mais enfin, on dirait que tu t'en fiches...t'es grave, là!, elle se permit de rigoler en douce, pas la peine de me regarder comme ça...je sais ce que tu as...ça ressemble pas mal à ce que j'ai aussi...donc...

Nell s'en sortit avec un beau plâtre, des béquilles et une humeur de chien. Le Dr. Lescot resta à l'hosto pour des retrouvailles avec son copain le toubib.

*Et il va jouer des pieds et des mains pour se dégotter un  boulot!*

Elle ne se trompa pas le moins du monde et ça faillit la faire râler à fond mais quelque part les conseils de Mrs. Stark faisaient leur petit effet, alors avant de dire quelque chose de travers préféra aller peaufiner ses idées en solitaire.

*Bien sûr...que les matins! Tu veux rire...et puis ce sera une aprem...et au bout de quinze jours il fait des gardes doubles...*

5.30 du matin. La neige tombait sans discontinuer depuis la veille. Les températures avaient chuté dramatiquement et selon Dave qui en savait un bout, ça ne risquait pas de s'améliorer de sitôt. Qu'à cela ne tienne, Toni avala vite fait une tasse de café, une tartine beurrée avant de commencer la corvée de s'emmitoufler dûment pour affronter les éléments.
L'apparition d'un Martin encore en robe de chambre, baillant à qui mieux mieux la surprit quand elle enroulait son épaisse écharpe.

Bonjour, toi...ça va? Moi, très bien, merci...Il y a du café prêt...Oui, un temps affreux...je resterais bien faire causette mais faut que je me sauve...avec ce froid, on doit avoir plein de monde au refuge SDF...va leur falloir de quoi se réchauffer...Dis à Louise que je ne serai sans doute pas de retour avant le soir...on devra s'y mettre à bouchées doubles...quoi mon anglais?...Ça se remarque?...Ben je prends de cours accélérés...je te raconte après...Bonne journée, toubib...Ben, je prends le bus, comme tout le monde!

Trois repas par jour, un lit, un coin où se réchauffer. le Refuge était plein à craquer mais personne ne se plaignait. Les bonnes sœurs souriaient à tout bout portant, Toni faisait de même et faisait la cuisine à longueur de journée sans perdre sa belle humeur contagieuse. Aider ces démunis de tout à pallier leur misère la rendait heureuse. Oui, aussi simple que ça...Elle pouvait leur servir des bons repas, qui en plus de nourrissants savaient bien.

Peuvent dire ce qu'ils veulent, les richards...c'est ici qu'on mange le mieux...en plus, pas à dire, on boit le meilleur café qui soit!

Deux fois par semaine, il y avait des gâteaux, que Toni s'arrangeait pour préparer chez Henry, alors Louise la convoyait avec son butin gourmand et restait pour aider au service parce que ces jours-là, la file d'attente était beaucoup plus longue.

Les soirées, quand la maisonnée se réunissait autour d'un bon repas, concoctée par Louise, décidément promue, fée du logis, dame de céans et figure maternelle, on se racontait gentiment pour après passer au salon et poursuivre la conversation. Dave était attelé à la tâche d'écrire un nouveau roman, et Nell l'y aidait. On ne savait pas exactement de quoi allait l'histoire, ils étaient encore à faire des recherches et semblaient s'entendre...à merveille? En tout cas, Miss Watts restait très radin en confidences et de toute façon Toni était trop fatiguée pour insister. Henry travaillait d'arrache-pied au nouveau projet qu'il développait avec l'enthousiaste Johnny, qui ne songeait aller nulle part ailleurs...pas tant que Mrs. Stark ne décide le contraire.

*Ce qui pour les effets....n'est pas près d'arriver...À ce train là, Henry qui vivait si seul a déjà une bien grosse famille!*

Oui, parce que c'était bien ce qu'ils étaient devenus: une famille et cela leur convenait parfaitement. Toni ne pensait que de temps à autre à son ancienne vie.

Pourtant, faut bien que j'y pense, Martin...Louise m'aide à obtenir un visa d'étudiant et pour ça je me suis inscrite à l'université...te dis pas la paperasse...et puis...enfin, vais pas t'embêter avec mes problèmes..., soupir, petite moue de travers, faut que je gagne ma vie...parce que servir à la soupe populaire...tu me diras...mais oublions ça...suis si contente que tu ais décidé de rester aussi...Bien sûr que je suis contente, gros bêta...je sais que depuis notre retour ça ne tourne plus trop rond entre nous...et c'est si affreusement dommage...tu veux un aveu?...Tu me manques...beaucoup, énormément...oui, je sais ce que j'ai dit...mais voilà, me suis gourée...j'avais peur...tout comme toi et sais pas...j'ai peut-être pas su bien m'exprimer...Quoi? Aller promener Oscar?...Dave l'a pas fait tantôt?...Ok...on va promener la vache qui finira par nous traîner sur la neige...C'est bon...c'est bon, j'y vais...encore heureux que demain jour libre...

Lune d'hiver sur paysage enneigé. Froid de canard. Comme prédit, à peine une patte dehors, Oscar se déchaîna et entraîna Toni qui tenait la laisse, en une glissade épique alors que le Dr. Lescot leur courait après...mais pas assez vite comme pour lui éviter de se ficher en l'air en bonne et due forme et rester étendue sur la neige en riant comme une folle alors que le gros chien, libéré prenait la poudre d'escampette...

Suis un ange!, chantonna t'elle en levant et baissant les bras, suis un ange!

En tout cas, elle se sentait très proche au septième ciel...
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Nelly Watts

Nelly Watts


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Date d'inscription : 03/02/2016

Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyMar 24 Mai - 19:50

Oh, le beau retour mouvementé à souhait ! Après avoir boitillé dans les rues de Lyon pour y glaner des renseignements aux passants ayant assisté à l’arrestation de leurs amis, Nell n’avait pu ramener que de maigres et tristes nouvelles à Dave qui la laissa en plan. L’organisation que la jeune femme posa ensuite demanda or, contacts et temps fou. Mais, apparemment, un transfert de prisonniers aurait lieu aux aurores.  C’est sans remords et sous des pétarades que l’on traversa la fameuse porte.  Au début, ils se crurent tombés dans le monde le plus loufoque qui soit, que Johnny avait encore raté son coup, mais non !!
 
Halloween, jubila Nell malgré une fichue cheville lancinante. Petite, j’adorais ça ! J’ai été princesse – celle de star wars – Mulan, super girl, wonder woman !! Après l’enfance, j’ai préféré jouer la belle au bois dormant !
 
On était si contents de rentrer, enfin ! Même si dans un très curieux équipage mais vu l’ambiance de fête, personne ne s’en soucia. Au moment de descendre, Dave la souleva, il est vrai qu’elle en avait grand besoin :
 
 Nell...ma chérie...rien ne change, ok?...C'est pas parce qu'on est rentrés que…
 
*Que quoi ??*
 
Elle ne pigea rien à ces paroles, trop heureuse de retrouver tout le monde intact à se congratuler. Johnny, en particulier, méritait des félicitations :
 
Henry le clame avec raison : tu es un génie !!! Merci, merci !
 
Le tout ponctué d’accolades et de bisous fraternels.
 
Inspection générale obligatoire sous les directives de Martin redevenu toubib.  
 
… chute de cheval… euh, deux jours… Dave a coupé la botte, j’avais trop mal… bien sûr que j’ai marché dessus ! … hein ? Des béquilles ?  
 
Elle sortait dans le couloir quand il la croisa. Il avait l’air si crevé.  
 
Dave, tu es sûr que ça va ?... j’ai une faim de loup !... pizza ? Yes, merveilleux !
 
Mais pourquoi tirait-il cette tête, cafouillait-il avec ses mots en la regardant si bizarrement ?
 
Tu sais...j'ai beaucoup aimé nos aventures... ces derniers jours... surtout…
 

Oui, moi aussi, on s’est bien amusé, non ?
 
Oups, il avait vraiment l’air étrange en lui caressant la joue d’un doigt aussi timide qu’émouvant :
 
 Ce que je veux dire Nell...est que...
 
Vlan! L’aveu de tous les aveux tomba ainsi qu’un baiser complètement soudain.  
Très bref -car Henry déboula- cet instant quasi irréel la prit de court. Dave prétexta n’importe quoi et fila la laissant pétrifiée entre ciel et terre au beau milieu du couloir des chambres.
 
*Ce n’est pas vrai, Nell. Tu prends tes rêves pour des réalités. Reprends-toi, idiote !*
 
Bouger était difficile mais elle parvint, elle l’espéra, à faire bonne figure lors de ces festivités de retour.  N’empêche qu’elle fut beaucoup plus distraite que voulu et qu’elle fuit autant le contact que le regard de Dave.  
Le plus enthousiaste durant le repas arrosé fut sans conteste Majors. Il était ébaubi de leurs aventures, ne s’apitoya pas trop sur les misères de son rôle quoique sa mine reflète des jours de galère intense. Cependant, quand il parla de remettre le couvert des explorations, il y eut un blanc aussi large qu’un océan.  
La soirée en finit quasiment là. Martin déserta en premier, Nell ne fut pas longue à vider la table aussi, aidée en cela par une Toni pas trop fringante non plus.
Brossage des dents, crème sur le visage et dodo aidée beaucoup par une Toni très mère-poule à bon escient. Beau programme en perspective, sauf que l’oubli espéré ne vint pas.  Certes sa cheville lui faisait mal mais son cœur encore pis.  Pourquoi, pourquoi lui avait-il dit cela ? Les mots résonnaient en boucle sous ses cheveux roux :
 
Je t’aime…
 
Miss Watts n’était pas une oie blanche qui s’en laissait conter.  Dès que Dave était apparu dans son périmètre de sécurité, elle avait vu les signaux d’alerte, et s’était informée. Parfaitement au courant des stupidités que l’on peut diffuser sur les réseaux sociaux, Nell en avait néanmoins conservé des teneurs dérangeantes de par leurs similitudes à l’encontre de Mr. Clayton surnommé le bourreau des cœurs.  Il trainait dans son sillage une longue liste de filles déchirées et vindicatives.  
Masochisme ? Lasse de se retourner dans son lit pourtant le plus moelleux depuis longtemps, Nell clopina jusqu’à l’ordi portable.  Unetelle Nancy Hardwood avait créé un blog spécial dédié à Dave.  Ce n’était pas une dent qu’elle avait contre lui mais un râtelier complet. Le site s’intitulait : Cet homme est dangereux.  Il s’agissait d’une sorte de journal en ligne, au jour le jour…
 
1er janvier 2015
 
WOW, Wow ! Le plus beau, le plus romantique de tous les réveillons de ma vie !  Je L’AI trouvé, mon prince !!!  On m’en avait parlé, j’avais lu, dévoré ses bouquins, et là le hasard nous a mis en présence.  Il est si beau, si gentil, merveilleux en fait. La meilleure est que je lui plais aussi.  Je sais que vous serez folle de jalousie vous qu’il a plaquées en quelques jours mais là ce sera différent, je le sais, je le sens.  
 
Suivait un affichage de photos très éloquentes de Dave et Nancy dans diverses postures, grimaces en fiestas ou à l’extérieur.
Pas à pas, on pouvait suivre l’évolution d’une torride relation. Les réactions des visiteurs étaient controversées. Certaines enviaient, d’autres rigolaient, critiques, ironiques, méchantes ou désabusées.  
 
Tu vas te brûler les ailes… il se fout de toi… il prend le meilleur puis fout le camp… Il m’a fait le coup, fuis !  etc.  
 
Imperturbable, certaine d’avoir retenu l’attention totale du sujet, la Nancy répliquait :
 
Vous êtes juste jalouses que j’aie pu lui mettre le grappin dessus et pas vous. Il est si attentionné…
 

Ah, oui ? Tu jouis parce qu’il te fait des cadeaux ? Il m’en a fait aussi, de somptueux même ! C’est sa façon de dire adieu. Bonne chance ! Est-ce qu’il t’a dit qu’il t’aimait ? Moi, j’attends encore ces mots… moi aussi… moi aussi… etc.   Est-ce qu’il t’a présentée à un membre de sa famille ? Pas à moi… ni moi… ni moi…
 
Le mois suivant, le ton de Nancy avait changé :
 

Dave est toujours formidable mais il reste muet sur certains mots, détails, évite certains sujets… c’est mauvais, vous croyez ?  
 
Les réponses étaient toutes dans le même sens :
 
Fais tes valises, ton temps est révolu… arrête les frais, tu te dépenses en vain… Tu vas passer à la trappe, bienvenue au club des ex…  
 
Quelques articles plus tard éclatait la rancœur de l’amoureuse délaissée :
 
Dave Clayton est définitivement un monstre. C’est une saleté d’égoïste qui, sous des dehors d’extrêmes gentillesses, trouve vos points faibles pour vous assener l’estocade fatale.  Il m’a piégée aussi. J’ai brûlé tous ses livres et j’espère qu’il brûlera en enfer comme eux. Je le voue aux gémonies, il ne l’emportera pas au paradis, etc.     
 
Dormir après de telles lectures ? Sommeiller, peut-être. Une minuscule lueur l’empêcha d’inonder à fond son oreiller :
 
Je t’aime…

 
Il le lui avait dit, à moins qu’elle n’ait rêvé… elle n’avait rien fait ou dit qui méritait cela, ou si ?
Lui et elle étaient comme les deux doigts d’une même main. Au fil des jours passés en commun, fallait être stupide pour l’ignorer. Mais à quoi bon se monter la tête vu les antécédents de monsieur ? Céder à une attraction quasi irrésistible ou fuir à toutes jambes ?
 
*Maman !!! Que dois-je faire, croire, maman ? *
 
Maman ! Oui ! Elle avait réponse à tout ce roc de complaisance  affectueuse.
 
*Je vais y aller… demain…. et si elle n’appréciait pas Dave ? Oh mon Dieu…*
   
Elle pleurait encore au matin. Toni s’inquiéta de sa mine : elle accusa sa cheville, ce qui n’était pas complètement faux.  
Vint l’heure du petit-déjeuner. La veille, Johnny avait posé LA question embarrassante : les projets.
Ceux de Nell étaient d’une simplicité due à la raison :
 
Je vais retourner vivre chez ma mère. Du repos me fera du bien.  Vous me tiendrez au courant, à l’occasion. Le temps de me renseigner sur son lieu de chute…  
 
Sur ce, gênée, elle s’était levée mais rassise aussitôt sous la douleur irradiante des orteils à toute la jambe.  
 
Je t’amène à l’hosto, tu feras ce que tu veux après. C’est sans discussion.  
 
Ralala, la galère !  Mais avec Martin en toubib pas d’échappatoire. Embarquée, roulée en salle d’attente, triturée sous des appareils qui faillirent lui faire tourner de l’œil, elle dut déballer beaucoup au docteur qui se fâcha :
 
TROIS JOURS en marchant dessus ??? Lescot comment avez-vous laissé faire ça ?
 
C’est pas de sa faute, c’est de la mienne, cessez de l’asticoter, gronda Nell. Il ne savait même pas que j’étais blessée quand on s’est recroisé hier. On fait quoi, là ?
 
Eh merde ! Anesthésie générale pour replacer les os, et plâtre…  
Retour peu glorieux. Être clouée en fauteuil ou en béquilles ne lui convenait pas du tout :
 
… du vernis sur mes orteils ? Martin, cesse de te foutre de moi, j’en mets jamais ! Je veux rentrer chez Henry… *et y crever*
 
 Comme attendu, ou redouté, Dave fut d’une prévenance exemplaire, de quoi la foutre en l’air davantage.  
 
… Je voulais aller chez ma mère, je ne sais même pas où elle est, soupira-t-elle dans la voiture conduite par Dave. J’attendrai. Vous voilà obligés de me supporter.  
 
Elle n’ajouta rien d’autre, à quoi bon ? Ils la déridèrent quand même grâce aussi au chien de Dave, l’adorable oscar mi-veau mi-chien. Elle rit, ou fit semblant, son cœur saignait :
 
*Pourquoi est-il toujours si gentil ???*
 
Le jeu terminé après le retour de Lescot, Dave se chargea d’elle. Il fallait qu’elle dise quelque chose, c’était trop dur le mutisme absolu. Il la roulait en fauteuil vers la véranda restaurée quand elle se décida :
 
Dave, stop, freina-t-elle le fauteuil. On va faire comme s’il ne s’était rien passé, ok ? S’est-il passé seulement quelque chose ? J’ai dû rêver éveillée, je suis une idiote, je… STOP, je te dis. Je suis coincée ici mais, au fond de moi, je voulais rester. Tu es trop… trop gentil avec moi… ne dis rien (larme à l’œil) je voudrais surtout voir ma maman. C’est con, hein ?...  
 
Selon lui, ce ne l’était pas tant que cela. Il ne l’en déposa pas moins tendrement dans un relax avec un plaid et un bouquin à portée de main, puis lui ficha une paix royale après assurance que tout serait comme… avant.
 
Après une nuit d’insomnie en plein chaos, ayant subi une courte anesthésie totale, Nell écrasa une bonne paires d’heures.  IL était près d’elle à son réveil alors que le pâle soleil de novembre déclinait :
 

J’ai dormi si longtemps ? T’es pas resté tout le temps, dis-moi ?
 
Ses yeux… oh Dieu quel bleu ! Elle déglutit, sourit faiblement, et accepta non le fauteuil mais les béquilles :
 
Je dois bouger sinon je vais ressembler à une matrone italienne… crois-moi, j’en ai vues !
 
Il s’en était révélé des confidences pendant sa déconnexion. Henry et Johnny reprenaient les travaux, Louise assumait l’intendance, Martin avait du boulot, Toni aussi.
 
Tu comptes faire quoi, toi ?... Ecrire ? Chouette, j’adore ça, moi !  Quand est-ce que l’on s’y met ?... Après le dîner ? … Ça me va très bien… oui.
 
L’ambiance de ce repas ressembla enfin à la bonne entente qui régnait au départ des aventures. Il avait fallu que Louise ramène à table Henry et Johnny par les oreilles sans quoi ils auraient oublié que les corps, comme les machines, avaient besoin de carburant pour fonctionner convenablement.
Martin ne serait absent que tous les matins, soi-disant. Toni, elle, ne serait pas joignable de la journée à s’occuper des indigents.  
Majors se montra atterré face à une Nell plâtrée :
 
Je suis désolé de te voir dans cet état. C’est grave ? Tu as besoin de quelque chose ?
 
De courir mais ça reviendra vite si je suis immobile des semaines ! T’en fais pas, j’ai un ange gardien !  
 
Elle cligna de l’œil à Dave et on s’en tint là en dégustant le fruit des talents culinaires de Louise.
Belle soirée.   
Mr. Clayton avait une vue assez nette sur ce qu’il désirait pondre cette fois. Rapidement, il lui brossa le tableau à grands traits. Le sujet n’étonna pas trop Nell : un roman à la fois d’action et de science-fiction.  Mais avant d’écrire le moindre mot, Dave voulait se documenter à fond sur certains sujets. On s’installa donc face-à-face derrière l’écran des portables mettant en sauvegarde ce qui semblait pertinent. Un tri sélectif viendrait plus tard. La part de Nell consista à réunir les informations exactes sur des événements précis, authentiques, tandis que lui donnait de la substance à ses futurs personnages.  Il était marrant dans son rôle de directeur des opérations. Jamais, elle ne l'avait imaginé aussi méthodique.  
 
*Encore un point en sa faveur…*
 
Comme s’il en manquait des points !  Elle évita de s’attendrir, et boulota avec sérieux jusqu’à ce que les yeux lui en tombent vers 23h.
 
Désolée Dave, je dois pieuter… oh, mes médocs ? J’ai oublié.
 
Au pied de l’escalier, il voulut l’emporter dans ses bras ; elle se rebiffa :
 
Je sais que tu aimes l’exercice mais je suis très capable de monter ça sans aide ! … c’est ça, reste derrière au cas où, merci.  
 
Sur le palier, elle le gratifia d’un grand sourire avant de s’engouffrer derrière sa porte.  
Toni, déjà présente, prit le relai pour l’aider à sa toilette de nuit. On se fit discrètes quant aux commentaires.  
 
Les jours passèrent sur la même ligne de conduite.  Toni partait tôt pour agrémenter le quotidien de la soupe populaire, Martin courait aux dispensaires, Henry à son labo. Si bien que Nell et Dave se retrouvaient souvent en tête-à-tête avec Louise en chaperon.  
 
J’ai su joindre maman, hier soir ! annonça la jeune femme rayonnante. Elle pense que, peut-être, elle sera dans le coin le 25… Ah ? La veille de thanksgiving ? … ma foi, je n’y pensais pas, ce n’est pas de tradition chez nous depuis belle lurette, depuis que papa est…(assombrissement) Mais parle-moi plutôt de ton perso Carl machin-chose. Je le trouve creux… (rebuffade) … je dis ce que je pense, ce qui ne signifie pas que j’aie raison ! Je pense que tu devrais l’étoffer un peu, c’est tout. Moi, j’ai trouvé des articles très intéressants, je crois. Ils sont sur la clé, tu regarderas quand tu voudras.  
 
Dave était très strict quant à l’utilisation du Net. Trop de gens aimaient pirater les ordis pour y piquer les idées des autres. Il débranchait systématiquement sa connexion pour écrire, enregistrant tout uniquement sur un disque dur externe qu’il bouclait ensuite dans un coffre.  
 
Tu ressembles de plus en plus à Henry dans sa phobie des voleurs ! avait-elle ri devant ce rituel.  
 
Le plus chouette était que la bonne entente du voyage était revenue en douceur sans qu’aucune allusion ne perce sur un certain moment d’égarement.  
 
Il avait neigé. Le paysage en était tout modifié, quasi féerique. Depuis la véranda, Nell put admirer les ébats de deux fous joyeux. Chien et homme s’entendaient à merveille. Nell aurait donné n’importe quoi pour participer à leurs jeux.
 
*Plus qu’une semaine… si tout va bien…*  
 
Elle en avait de plus en plus marre de ce boulet qui entravait sa mobilité, de devoir dépendre de Toni pour se laver et s’habiller. L’orthopédiste avait été très clair : un faux pas et elle risquait de ne plus jamais marcher normalement. Manquerait que ça ! Tout aurait été parfait s’il n’y avait eu les nuits, les rêves fous…  Elle qui avait l’habitude de dormir mieux qu’un bébé souffrait d’insomnies répétitives.  Dave… les bras de Dave, ses yeux, son sourire, son baiser, ses mots…  
 
*Folle, tu es folle. Dors !*
 
On approcha de la grande fête et surtout de la radio de contrôle qui déciderait de son sort.
Ce matin-là, elle vit et entendit Dave furieux au téléphone. Il marchait de long en large avec le portable collé à l’oreille vociférant des trucs de déni, soupirant, rageant.  Il coupa net comme prêt à expédier l’objet dans la cheminée. Il ne s’adoucit qu’en la voyant sur le seuil du salon :
 
Un souci ? osa-t-elle.
 
 Avec un vocabulaire par piqué des vers, il s’expliqua :
 
… ah, ton éditeur… ouais, pas marrants, ces gens… aujourd’hui ??
 
On réclamait un premier jet dans les heures à venir, et de le présenter en personne.
 
… un contrat est un contrat, tu dois le respecter… je sais ce qui était prévu mais ce n’est pas grave. Fais ce que tu as à faire, je me débrouillerai. On se retrouvera au déjeuner.  
 
Il était extrêmement contrarié. L’était-il plus par sa présentation ou par le fait qu’il ne puisse pas l’accompagner à l’hosto ?  
 
Le médecin fut très satisfait des clichés. Nell pourrait bientôt gambader avec kiné à la clé. Prudence encore avec légère attèle mais plus de béquilles sauf fatigue. Elle aurait sauté de joie mais s’abstint.
Kiné ? Pas besoin ! La rééducation commença aussitôt.  Elle fit gaffe tout de long en marchant vaillamment sur les trottoirs déneigés jusqu’à la maison où elle ne trouva que Louise aux fourneaux.  
Elle sembla si ravie de voir Nell en si bonne disposition qu’elle l’embaucha illico comme marmiton.
Impossible de résister aux interrogatoires finauds de Mrs. Stark.
 
… Dave ? Il est charmant… (haussement d’épaules) bien sûr qu’il est plus que ça ! Mais tu n’as pas vu les blogs à son sujet, moi si ! Dis-moi plutôt comment se porte Henry ?...  
 
Na ! Chacun sa façon d’embarrasser l’autre, sauf que Louise était sans détours. Ce qu’elle narra en pétrissant sa pâte à tarte laissa Nell sur les rotules. Comment avait-elle pu zapper autant d’évolutions en 3 semaines ?  Et Toni qui n’avait rien soufflé non plus ! À moins que, trop tournée sur ses propres soucis, elle n’ait rien voulu capter ? Cela l’embêta.  D’ordinaire, elle était plus à l’écoute des autres.
Le bruit de l’entrée lui fit quitter ses réflexions ainsi que ses larmoyantes découpes d’oignons.
Dave rentrait ! Heureuse, elle courut comme elle put sauf que son élan fut freiné sec. Il n’était pas seul.
 
Maman ?? Oh, mon Dieu !  
 
Cette fois, les oignons ne furent pour rien dans les larmes de joie qui inondèrent son visage dans les bras de sa mère.
 

Allons, allons, Nelly chérie, un peu de retenue, la repoussa gentiment Elisabeth Watts. J’étais paumée à l’atterrissage en compagnie de cette charmante dame. Il se trouve qu’elle aussi était perdue jusqu’à ce que ce jeune homme arrive. Kathleen, voici ma fille.  
 
Miséricorde !  La grand-mère de Dave.
 
Alors ainsi, c’est vous Nell ?...     
 
Ben oui ! Le monde est petit, pas vrai ? Enchantée de vous connaître enfin Mamie Clayton, la salua Nell en esquissant un soupçon de révérence pour éviter d’éclater de rire par l’œil sidéré de Dave.  

Louise a besoin d’un coup de main. Dave se fera un plaisir de vous installer. Tu vois ? Plus de plâtre !  Ça a été l’éditeur ? … Tant mieux.  À plus !
 
Elle pirouetta en filant à toute en cuisine, les joues en feu, le cœur à 130 la minute.
Louise tiqua fortement en la voyant aux quatre cents coups :
 
… Je… elles sont là… ma mère, la mamie de Dave… je… je…
 
Du calme ? Louise lui intimait le calme ? Il est vrai que son étreinte et ses paroles eurent un effet lénifiant.  Néanmoins l’angoisse persistait :
 
Elle m’a toisée de haut en bas. Elle doit penser « nabote et boiteuse ». J’ai pas lavé mes cheveux ce matin, je suis affreuse, je…
 
Ah bon ? Pas si grave ?  Ok, ok, on essaierait de faire bonne figure. Autant s’occuper les mains pour au moins proposer un dîner convenable.
Pour sortir de la cuisine, Nell envoya d’abord une Louise hilare en prospection. La voie étant dégagée, Nell aussi vive qu’une souris prudente grimpa les marches. Ouf ! Personne ne vit la furtive se faufiler dans ses quartiers. À l’abri, elle respira mieux.  Cependant, après réflexion, elle se jugea sévèrement devant le miroir.  Après tout, elle n’était pas si moche, non ? Bon, elle pouvait se pomponner, se poudrer, raser sa jambe qu’un plâtre avait transformé en patte d’ours mais était-ce vraiment nécessaire ?  Dave l’avait déjà vue en bien plus piètre apparence… en meilleure aussi, mais bon.
 

*N’en fais pas trop, ça sert à rien. Je suis comme je suis, et puis voilà !*
 
Elle ne s’en doucha pas moins avec délice car, après des semaines de lavabo, rien de mieux pour requinquer. Pas de brushing après le shampoing, juste un séchage à la va vite, comme d’hab. Elle revêtit ses fringues ordinaires favorites - jeans, T-shirt, pull – et redescendit en douceur.  
Ils étaient au salon à papoter très civilement quand elle débarqua.  
 
Le… le dîner sera bientôt prêt.  Ça a été, le voyage, maman ?
 

Viens t’asseoir, Nelly. Dave nous a tout raconté.  
 
Tout ? Tout quoi ?? Les yeux en SOS, elle regarda un Clayton très détendu, rassurant.
Elle aurait voulu le pincer pour lui faire avouer ce qu’il avait bien pu dire à ces dames. Maman l’éclaira :
 
Ton accident… ta cheville, le cheval. Ça a l’air d’aller, là. Tu m’avais inquiétée sur Skype. J’ai pris le premier vol dispo. Alors maintenant, tu écris ?
 
Ouuuufff. Qu’avait-elle imaginé ? Que Dave raconte les voyages dans le temps ? Un poil plus sereine, elle dit :
 

Pas moi, c’est Dave qui écrit. Je collecte des infos, rien d’autre.  
 

Tu as pourtant du talent. J’en parlais justement à Kathleen.  Je suis certaine qu’une association telle que la vôtre ne donnera que du bon.  
 
Regard effarouché vers Mrs Clayton sénior.
 
Ma petite…
 
*Et voilà, ça commence…*
 
Obéis à ta maman : assieds-toi.  
 
Un oiseau pris au piège n’aurait pas été plus paniqué. Dave, bienveillant, lui prit la main et la guida au fauteuil le plus proche sur le bord duquel elle demeura raide comme un piquet. Une condamnée face à ses juges ? Peut-être, ou pas ? …
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Louise Stark

Louise Stark


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Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyMer 25 Mai - 18:55

Fin de l'odyssée. On ferait bien de passer un trait sur certains souvenirs, garder le meilleur et regarder vers l'avant. Du moins c'est bien ce que Louise comptait faire. Femme pragmatique jusqu'au bout des ongles, elle était de l'avis que ressasser les situations malencontreuses de la vie ne sert à autre chose qu'à se détraquer l'esprit.

Mais ce voyage hasardeux avait aussi eu son côté magique, pour ainsi dire. Tant et si bien que Mrs. Stark savait, très sciemment, que tout avait changé. Quelque part dans les méandres temporels était resté le consciencieux agent spécial du FBI, à sa place c'était une femme à l'âme neuve qui revenait. Une femme heureuse, ce qui est plus.

L’extraordinaire cavalcade à travers la "porte" les avait ramenés juste pour Halloween. Voulu ou pas, un point pour la discrétion, cas contraire il aurait été assez compliqué expliquer leur apparition en pareil équipage, vêtus à l'usage d'un siècle révolu. Au lieu de quoi, ils avaient pu tranquillement gagner la paisible rue où vivait Henry et s'émerveiller de l'aspect superbe de sa maison, enfin remise à neuf.

L'accueil de Majors l'émut franchement, d'autant que le brave garçon pleurait presque de gratitude en la retrouvant d'une pièce.

Allons, John...tout va bien maintenant, nous sommes de retour grâce à vos efforts, allons, mon garçon..., elle alla même jusqu'à lui tapoter la joue, entrons plutôt...vous nous raconterez tout dans un moment...

Vous...vous ne m'en voulez vraiment pas?...C'est de ma faute...si je n'avais pas...

Mais vous avez!, répliqua t'elle en souriant, vous avez chipoté un engin sans le connaître et nous en avons fait les frais...sauf, entre nous, que je ne crois que personne vous en veuille, pas moi en tout cas... à part inconvénients moindres, je peux dire qu'on s'est même beaucoup amusés!

*Punaise...quelque part elle s'est pris un coup sur le crâne et divague plein pot!* Si...si vous le dites!

Elle le planta là pour aller s'occuper d'Henry qui pour la raison qui soit restait, tel un navet, face au perron, sans se décider à entrer.

Alors, mon très cher, encore sous l'impact de cette équipée mouvementée? C'est vrai que Dave a mené les chevaux à train de diable...fameux cocher, le petit...Entrons, Henry!, elle passa résolument son bras sous le sien et avec ferme douceur le força à la suivre, un bon bain fera des merveilles, après un bon repas et une nuit de bon sommeil, demain nous serons tous comme neufs!

Elle ne manquait néanmoins pas de remarquer ce qui se passait autour d'eux. Nell boitait méchamment, soutenue ou plutôt quasi portée par un Dave plein de sollicitude, alors que Toni semblait défaite et perdue alors que Martin reprenait le poil de la bête et son rôle de docteur donnant à tous l'ordre de se décrasser puis de passer à la consultation. Henry , du coup, reprenait ses esprits et essayait de filer en douce.

Tu as entendu Martin, mon cher, sous la douche et après examen des bobos...pas question de descendre au bunker...Johnny allez fermer à clé et pauvre de vous si ce monsieur s'y faufile!...Allez, Henry...non, je ne vais pas t'y mener de la main...je dois m'occuper d'autres choses!

Il y alla en maugréant Dieu sait quoi, alors Louise s'approcha de Miss Fischer qui maintenant tremblait comme feuille au vent.

Qu'y a t'il, ma chérie?...Oui, je comprends, la fatigue...suis le conseil de Martin, ça ira mieux après... On est tous un peu secoués, il y a bien de quoi!, elle la serra un instant dans ses bras en caressant ses cheveux, tout va bien aller, mon petit...

Les autres semblant se débrouiller sans elle, Mrs. Stark décida de passer l'endroit en revue, suivie aussitôt de Majors revenu avec la clé du saint des saints.

Je me demande comment vous vous êtes arrangé pour tenir cette maison dans un si parfait état, je vous faisais scotché aux ordis...Comment vont mes chats?

Deux femmes de ménage s'en chargent, de la maison, apparemment Clayton les avait engagées en prévision...euh, les chats? Bien, ils vont bien, ces démons...ils doivent être par là à faire n'importe quoi avec le Matou du Doc et ce chien du diable..., un regard suffisant plus tard, minou...minou...miz...miz...venez mes jolis, Maman est de retour!

Louise se garda bien de rire même si elle en avait follement envie, deux minutes plus tard ses chéris faisaient leur apparition en compagnie de Matou, ils avaient sans doute besoin d'un bon coup de brosse mais n'avaient pas l'air d'avoir trop souffert de son absence. Elle distribua câlins à souhait avant de poursuivre son inspection. La cuisine était superbe, mais le contenu des armoires laissait à désirer ainsi que le frigo d'un vide désolant. Elle dressa rapidement une liste de l'essentiel et laissa à son fidèle Majors le loisir de passer la commande ou de s'en occuper, au choix.
Johnny obtempéra, trop heureux d'avoir autre chose à faire que se battre avec des algorithmes tendancieux.

Elle venait de prendre son sac laissé à l'entrée et se dirigeait vers la porte quand Henry, dévalant presque l'escalier, l'appela d'un ton assez angoissé.

Mais non voyons, Henry...je ne me sauve pas...Il se trouve mon cher, que toutes mes affaires sont chez moi...là en face, où j'habite...je veux aussi me rendre présentable...au fait, tu as bien meilleure allure...Oui, je reviens de suite...comment que...mais voyons, Henry...Oui, je sais qu'il y a de la place à revendre ici mais...Ah bon? Besoin de Majors full time?...Ton assistant?..Excuse-moi, mais c'est le mien..., elle se voulait sérieuse mais ne pouvait s'empêcher un sourire en coin, bien sûr...le Projet...je te fais remarquer que je suis tout de même encore une employée du Gouvernement...et Majors aussi...Gouvernement qui doit bien se demander où nous sommes passés...Enfin, nous en parlerons plus tard!

Oui, en parler plus tard! Simple euphémisme! Henry ne parlait pas et de le faire ce n'était pas sur ce thème-là. Pour lui, doux timide doublé de grand commode, il était des choses dont on parle tout simplement pas, on les donne pour acquises et le tour est joué. Sa vie avait pris une tournure plaisante, sa solitude avait migré sous d'autres cieux, sa maison était pleine de jeunesse et une femme accomplie le supportait tendrement, prévenant ses désirs et besoins. Sans elle il aurait, selon son habitude, oublié le dormir et le manger trop pris à son Projet bien-aimé. Tyran sans s'en rendre compte, le Dr. Warrington estimait comme parfaitement juste que sa vie ne connaisse aucune variation. Louise prenait le tout avec incomparable humeur pour la simple raison que cela lui résultait très agréable. Elle avait agréé l'idée de déménager, avec Majors, chez le voisin d'en face non seulement parce que c'était accommodant mais parce qu'ils n'en étaient que plus heureux.

Le bonheur, en soi, est un état simple, pur et sans détours. Ce qui est compliqué est de le trouver. Parfois on le cherche désespérément, avec plus d'angoisse que de succès, alors que sans s'y attendre, il peut nous tomber dessus sans préavis.

*Oui, vlam...comme une averse...la belle affaire, vieille femme...très belle affaire!*

Quitter son poste n'avait pas demandé de grandes démarches ni de trop d'explications. Ce fut un départ discret, sans adieux retentissants, sans cérémonies ni cadeaux. On lui en voulut sans doute un peu d'entraîner Majors, recrue si prometteuse, dans son sillage.

Eh bien, Johnny, nous y voilà...fini le salaire à la fin du mois...vous saurez vous en sortir?

Pas de souci..., il parla vaguement d'un petit héritage assurant que l'argent ne l'intéressait pas, par contre la recherche le passionnait, le tout avant de se montrer tranquillement indiscret, et vous, Ma'am...vous allez épouser le Doc?

Majors vous êtes insupportable, rit-elle,...oui, c'est possible...mais je crois qu'il n'y a pas encore pensé!

Si vous voulez mon avis, dit il en ton de confidence, ça lui tourne dans la tête...oh que oui! mais de là à qu'il en parle...on y sera jusqu'à...

Merci, Majors, vos conseils sont précieux!

Et Louise se sentait réalisée. Cela peut sonner absurde en ce temps où les femmes ne pensent qu'à faire carrière et voient avec certaine horreur l'idée de s'occuper de maison et famille. Soit, elle l'avait faite, sa carrière en tirant les conséquentes satisfactions mais sans être jamais tout à fait comblée comme être humain. Or là, tout était exactement comme cela devait être.
Qu'on lui demande conseil? Qu'à cela ne tienne, elle en dispensait avec autant de sagesse que possible en espérant ne pas se tromper. Ce qui, sans se targuer de génie, lui arrivait rarement.

Les jours allant, depuis leur retour, on se faisait gentiment une routine, chacun à sa mesure. Certains doutes semblaient s'être apaisés, trouvé leur explication ou le cas étant, leur raison d'être.
Martin suivait sa vocation, œuvrait dans divers dispensaires et apparemment commençait à comprendre pas mal de choses quant à la douce Toni qui de son côté s'adonnait, énergique et consciencieuse, à aider son prochain le plus démuni.

*Ils finiront par se trouver, ces deux-là...ou de se retrouver si j'en crois à ce qui a toujours sauté aux yeux...enfin...*

Dave avait recommencé à écrire et, contre toute attente, encore d'après les appréciations de Louise, Nell n'avait pas résisté à l'idée de l'aider avec ses recherches laissant un peu, rien qu'un peu, de côté ses réticences pourtant très bien fondées.

*C'en est fait de ce bourreau de cœurs, il a trouvée exactement ce qui lui convient, tout autant que Nell...ils sont faits l'un pour l'autre...rien ni personne n'y changera rien!*

Pendant ce temps, Henry et son nouvel assistant, Majors, s'acharnaient au travail. Pour le moment, parler d'une nouvelle expérience était sujet tabou. On se remettait doucement de la première et tous, sauf ces deux-là, rêvaient de répit et normalité. Mais tous savaient aussi que la récidive était inévitable.

Oui, je le sais, mon cher...Tu sais que les "enfants" ne te laisseront pas tomber...moi non plus, quelle question!, elle posa patiemment son ouvrage de tapisserie et ôta ses lunettes, mais tu ne peux pas attendre qu'on songe à partir avant l'année prochaine...Henry, mon chéri, on est près de fêter Thanksgiving...oui, je sais que tu perds le décompte des jours...oui, le Projet..., elle tapota sa main posée sur la sienne, ce qui ne signifie pas qu'il faut oublier de vivre...On va fêter Thanksgiving comme une famille normale et on fera de même pour Noël...Oui, mon cher savant distrait, c'est bien ce que nous sommes: une famille...faut dire que c'est un joli patchwork de génération spontanée, en rien prémédité  mais qui est bien là...

Elle le laissa soupeser l'idée et reprit tranquillement son ouvrage, piquant adroite l'aiguille, levant de temps à autre les yeux, attentive aux bruits de la maison, au crépitement des flammes dans la grande cheminée et aussi, mine de rien, au regard songeur du Dr. Warrington.

J’aimerais beaucoup me marier!, dit-elle soudain sans lever la voix ni cesser sa broderie ni être très consciente du sursaut suscité par cet aveu si inattendu, cela te surprend, Henry?

Apparemment oui et beaucoup si on en croyait à son air abasourdi et assez désemparé, il se leva d'un bond et la considéra incrédule.

Oui, tu as très bien entendu...c'est mon juste droit... après toutes ces années depuis la mort de William...j'ai enfin retrouvé le goût de vivre, de partager, de rire...d'aimer, de vouloir m'occuper de celui que j'aime, de veiller à ses besoins...à ses soucis, de le tirer de son antre quand il oublie le reste du monde...

Le cher homme avait pâli, chancelait presque, rejetant son ouvrage elle se leva et alla vers lui, prenant ses mains.

Quel adorable vieux fou tu es Henry Warrington...que penses-tu? Que j'ai rencontré l'amour de ma vie au supermarché du coin?...Désolée, non, ça ne s'est pas passé comme ça...en fait ça a été disons un peu plus compliqué...on est allés à Hawaï, on a voyagé sur le Titanic et on a sauvé quelques têtes de la guillotine pendant la Révolution Française...Henry, c'est de toi que je parle...c'est  toi que j’aimerais épouser...au cas où tu voudrais, bien entendu!

Un regard ébaubi plus tard, il serra ses mains dans les siennes, y déposa un baiser et faisant demi tour fila comme si le diable était à ses trousses. Elle l'entendit se précipiter dans l’escalier de la cave et devina qu'il chercherait refuge dans son bunker.

Je crois que j'ai un peu trop poussé le bouchon, soliloqua t'elle, mon Henry chéri...faudra s'y habituer, je suis trop directe parfois!

Mais elle arborait un sourire de paisible bonheur en gagnant la cuisine pour s'occuper des derniers détails du dîner, seul repas où tous étaient réunis autour de la table familiale. Louise aimait particulièrement ces moments de bonne ambiance où tous racontaient leur journée, échangeaient des blagues, commentaient les nouvelles, parlaient de tout et rien.
Martin fut le premier à rentrer en râlant contre le mauvais temps qui rendait tout plus difficile et causait plus d'accidents que voulu, Toni ne tarda pas, elle avait l'air éreintée, avec le froid son travail doublait, ou triplait même. Louise soupira de tendresse quand la jeune allemande aussitôt débarrassée de son attirail vint l'embrasser, comme l'aurait fait une fille avec sa mère.

Je n'aime pas te savoir dehors avec ce temps!, assura t'elle, très maman, viens à la cuisine...je veux que tu goûtes ce potage...tu m'en donneras des nouvelles!

Il fallut aller chercher Nell et Dave qui, enfermés dans le bureau, travaillaient à leurs recherches, se déconnectant, comme certains autres, du monde extérieur. Henry et Majors arrivèrent bon derniers en faisant des cachotteries qui selon, Louise, n'avaient rien à voir avec leur travail.
Le repas se passa en toute normalité, avec la bonne humeur habituelle mais personne ne fut dupe qu'Henry, moins en verve que d'habitude arborait un petit air béat, mais le connaissant, la plupart mit ça au compte d'allez savoir quelle nouvelle invention.

Bon, dit Louise à l'heure du dessert, dans trois jours on fête Thanksgiving, il va de soi que nous aurons un repas traditionnel...demain je vais aller chercher la dinde et commencer avec les préparatifs...alors pour ceux qui pensaient se défiler, mauvaise nouvelle...

Rigolade générale, personne ne comptait rater l'occasion.
Le lendemain, Louise, comme la plupart de ménagères américaines, fit consciencieusement ses courses, chercha la fameuse dinde réservée avec l'avance nécessaire et de retour à la maison, commença avec les préparatifs. Il y avait beaucoup à faire et elle ne compterait pas avec l'aide de Toni, occupée à préparer le repas des indigents pas plus que celle de Nell, prise à temps complet avec son travail avec Dave.

La veille du grand jour Nell devait passer sa radio de contrôle, Dave qui devait l'emmener à l'hôpital dut se rendre chez son éditeur, non sans l'avoir traité de négrier au préalable.

Je peux t'y conduire, Nell, s'offrit Louise en songeant à tout ce qu'il restait encore à faire.

Miss Watts assura pouvoir se débrouiller et prit un taxi. À son retour, ravie, sans plâtre à sa jambe et sans Dave à qui aider Louise n'hésita pas à l'embarquer dans son aventure gastronomique. Et elles étaient là, en plein labeur quand Mr. Clayton fut de retour. L'adorable rouquine planta là oignons et reste pour aller recevoir l'objet de ses insomnies.

*Blog ou pas blog, elle ne tiendra pas longtemps...je doute qu'on trouve un prince plus charmant que celui là même en le cherchant...*

Et voilà que la miss revenait à toute vitesse, les joues en feu, le souffle court.

… Je… elles sont là… ma mère, la mamie de Dave… je… je…

Mon Dieu, du calme, ma chérie, du calme...Là, mon petit...là, elle la prit dans ses bras, tapotant doucement son dos, là...ça va aller...respire...oui, c'est ça...aspiration expiration...TU dis que ta mère est là...je ne pense ps que cela te pose un problème...que la grand-mère de Dave soit là aussi...*On se demande comment s'arrange le sort pour faire ce genre de trucs!?*...ben qu'elle soit là...n'est terrible non plus...du calme, Nell chérie...tout va bien...

Elle m’a toisée de haut en bas. Elle doit penser « nabote et boiteuse ». J’ai pas lavé mes cheveux ce matin, je suis affreuse, je…

Mais voyons donc..., elle l'écarta un peu et la regarda en souriant, que me chantes tu là?...Tu es parfaite...absolument parfaite...mais si tu veux faire un peu plus...alors file prendre une douche, lave tes tifs et fais toi belle, même si tu n'en as pas besoin...Dave t'aime comme tu es, ma Nell...Chut! Je sais ce que je sais...Bon, si tu veux je vais voir si la voie est libre...

Avec des ruses d'agent du FBI, Louise partit en éclaireur. Dave avait emmené ces dames au salon et entretenait la conversation avec grand style.

Tu peux y aller, prends ton temps...il les tient sous son charme!

Nell rassurée, elle retourna à ses fourneaux en se disant qu'il faudrait préparer deux chambres d'invités. Elle s'activa pour mettre à point le dîner du jour, ceux qui n'auraient pas déjeuné devraient se contenter de sandwiches sur le pouce. Puis, alla elle même se rendre présentable, et comme dame de céans entra gracieusement en scène en s'excusant de ne pas avoir été là pour souhaiter la bienvenue aux illustres dames. Qui valaient, toutes deux, illustrement le détour...

Connaissant Nell, petite et menue on ne s'attendait pas à une génitrice pareille. Pas le moins du monde petite, ni menue non plus. Elizabeth Watts, à 68 ans avait très bon aspect, son regard bleu, rieur n'était pas moins alerte et perspicace, son sourire franc, ses manières résolues, tout en elle disait énergie, joie de vivre.

*Du genre, te mêle pas de ce qui ne te regarde pas, je défends mon territoire...dame jusqu'au bouts des ongles, vive, intelligente...facile à vivre tant qu'on ne la contrarie pas...On ne va pas s'ennuyer!*

Mrs. Kathleen Clayton était une autre paire de manches....ou peut-être pas. Longue, fine, aristocratique. Regard bleu, pénétrant, incisif. Port altier, sourire juste un peu pincé. Selon ce que Louise savait, elle devait aller sur ses 85 ans si ce n'était plus mais elle était bien conservée et on la devinait habituée à commander et être obéie au quart de tour. Pas du genre propice au badinage gracieux si l'envie ne lui en prenait pas.

*Une vieille chouette doublée d'un dragon cracheur de feu!*

Mesdames, mais quel plaisir inattendu...

Vous l’avez bien dit, ma chère, interrompit Mrs. Clayton, majestueuse, personne ne nous attendait et nous ne voulons pas déranger...je suis là parce que cela fait longtemps que mon chenapan de petit fils ne se manifeste pas..., elle sourit attendrie et son semblant se transforma, j'avoue avoir un faible notoire pour ce bel ange, reprenant son air de duchesse douairière, mais nous aurons sans doute le temps de nous rencontrer...je logerai...

Dave ne la laissa pas finir la phrase, Louise intervint. Mrs. Watts y apporta du sien. Nell plaida cause. Dave se farcit les bagages à l'étage sans rechigner.

Bien, puisque vous insistez, admit Elizabeth Watts, je reste...j'avais trop envie de revoir ma Nell...mais quand même quelle coïncidence, cette rencontre, ne pensez vous pas, Kathleen?

Absolument...incroyable coïncidence...Le bon Dieu sait bien faire les choses...mais arrêtons les simagrées de circonstance et rendons nous utiles, je ne supporte pas rester à ne rien faire...Demain c'est Thanksgiving, je m'imagine qu'il y a pas mal à faire, n'est ce pas?

Je vous assure que tout est parfaitement sous contrôle, assura Louise.

Tatata, rit la mère de Nell, on dit toutes ça alors qu'en vérité on devient dingues...ma chérie, si tu m'indiques ma chambre, je passe quelque chose de plus accord...

Elles entrainèrent Mrs. Clayton dans leur sillage et si Louise avait cru s'en tirer si bon compte, peine perdue, un quart d'heure plus tard Maman adorable et Mme. la Duchesse investissaient la cuisine avec indomptable énergie.

*Henry va être surpris!*

Ce fut le moindre à dire. Émergeant de son bunker, le cher homme trouva sa maison envahie. Il faut dire qu'il y régnait déjà une ambiance très festive. Gran, comme lui disait Dave, n'avait eu de meilleure idée que partager avec ces dames la recette sécrète de son punch, qui était fameux, et pour bien peaufiner, on avait goûté une fois, deux....trois...ou peu être même quatre. Mrs. Watts, très en verve, racontait son dernier voyage en Afrique du Sud...et on rigolait. Bon Dieu, ce qu'on rigolait! Quand Martin et Toni rentrèrent, ça frayait la fiesta en bonne et due forme.

Henry, maitre de céans, devait découper la dinde. Gran lui avait donné un cours express.

Faut savoir s'y prendre, mon très cher, sans quoi le fichu oiseau ne vaut rien...à moins qu'il ne s'envole comme c'est arrivé au père de Dave la première fois...Allons, mon garçon, du calme...je ne mords pas!

On rit de bon cœur, la dinde ne fit pas de vol plané, et finit découpée de maitresse façon. Quel repas splendide, tous étaient si heureux, on bavardait, on riait. Tout le monde salua les efforts de Louise et on applaudissait le dessert quand Henry se leva de sa place et alla à l'autre bout de la table, face à Louise qui pressentit que quelque chose d'énorme allait se passer. Silence total, orchestré par un Majors, complice parfait.

C’était la bague de sa mère, qui avait pour lui une signification sacrée- Pour Louise la plus merveilleuse qui eut au monde.

Oui, je veux...bien sûr que je veux, Henry...je veux!

Tous applaudissaient comme des fous, lançant des vivats, il y eut même des larmes. Louise riait et pleurait en même temps quand Henry,  adorablement timide l'embrassa pour la première fois.

Je suis la femme la plus heureuse du monde!!!
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Henry Warrington

Henry Warrington


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Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptySam 28 Mai - 8:59

Rarement, en dehors de la réussite totale de son invention, Henry Warrington ne se posait de question sur l’avenir. Heureux de rentrer, Certes ! Il allait pouvoir reprendre ses recherches, améliorer un tas de trucs mais…
D’abord il y avait cette grande baraque qui, enfin, ressemblait à quelque chose de très convenable, d’inconnu même. Puis, et surtout, il y avait Louise.  N’allait-elle pas prendre ses cliques et ses claques maintenant que sa « mission » était finie ?  Pour se donner bonne conscience, ou du moins en effacer des troubles incongrus, il jugea rapidement que cette charmante compagne faisait maintenant partie intégrante des meubles et que, fatalement, elle resterait car trop curieuse pour ne pas désirer vivre la suite. N’empêche qu’après l’inspection médicale obligée par Lescot, il devait avouer avoir eu une trouille pas possible en voyant Louise prête à filer par l’entrée.  
 
Tu t’en vas ? Mais… ?
 
Elle ne faisait que traverser la rue pour chercher ses effets personnels, et préparer l’annulation de sa location.
 

*OUF ! Elle reste !*

 
Le premier repas en commun fut, du point de vue d’Henry, absolument charmant. Personnellement, son monde étant en ordre, il n’avait pas lieu d’être contrarié. Il n’avait qu’une hâte : se remettre au travail. Louise allait lui prêter Johnny qui, dans le fond, ne demandait pas mieux puisque devenu quasi aussi maboul que lui au vu du potentiel de la machine.
La première réaction d’Henry en pénétrant dans son antre fut de friser la crise d’apoplexie. Il ne reconnaissait plus rien de ce qu’il avait laissé en partant. Tout était… immaculé, nickel, rangé, classifié.  
 
Vous… désapprouvez ? s’inquiéta le jeune homme.
 
Hum… comment je vais m’y retrouver, moi ??  M’enfin, je veux absolument tout connaître sur la façon dont vous avez traité mon bébé, dit-il en se frottant les mains par anticipation.
 
Je l’ai nourri et laissé jouer autant qu’il a voulu. Il est tellement sorti que la litière a peu servi.
 
Hein ? Mais de quoi parlez-vous, John ?
 

Ben, de Matou… Je, oh, pardon, l’installation bien sûr.
 
Une vraie discussion scientifique s’engagea alors. Incroyable, ce Majors. Il avait créé de nouveaux ponts. Son idée avec l’ordi portable était géniale.
 

Au vu de ce que je vois, je pense pouvoir améliorer les fonctions, et avoir l’audio en direct pour les prochains sauts. Voyez-vous, John, nous avons eu des soucis en étant séparés. Il va falloir rendre les systèmes indépendants les uns des autres pour que vous puissiez nous suivre tout le temps.
 
Le brave garçon y avait songé, et donné des petits frères aux boîtiers initiaux.
 

Ils sont synchronisés j’espère ?
 
Là, Majors avouait bloquer lamentablement.
 

*Tant mieux ! Sinon, je me demande à quoi je servirais encore* Au travail, mon gars. Il faut absolument que les voyageurs puissent se joindre entre eux, que vous regardiez et entendiez tout et puissiez les amener au même endroit, à la même époque en cas de pépin ; qu’eux-mêmes puissent déserter un péril quelconque.
 
Ça a dû être une épreuve terrible…
 
Les enfants royaux sont une calamité que je ne souhaite à personne. Je me demande si on a bien fait… m’enfin, c’est fait. Branchons plutôt nos deux boîtiers connus à l’un des vôtres
 
Il ne vint pas à l’idée d’Henry de parler d’autre chose que du boulot avec son assistant, demander si celui-ci était satisfait du nouvel arrangement avec Louise. Ce fut Majors lui-même qui en parla après avoir réclamé une journée de congé. Très contrarié, Henry l’avait laissé partir. Il ne pouvait décidément pas l’attacher à la console même s’il l’avait voulu.
Ce que Majors déclara ensuite le laissa absolument ravi :
 
Vous avez démissionné ? Louise aussi ? Tout baigne, alors !
 
Merveille des merveilles, il était le plus heureux des hommes : un boulot passionnant qui avançait bien et une maison où chaque soir était quasi une fête.
Sa nouvelle routine lui plaisait énormément même s’il le cachait bien.  Des repas savoureux, de la conversation intéressante, netteté et ordre partout, que demander de plus ?  Si des états d’âmes existaient entre les jeunes, il ne s’en soucia pas. Il lui avait bien semblé interrompre malgré-lui quelque chose entre Nell et son fils mais Dave était un grand garçon maintenant, il règlerait ça. D’ailleurs, il n’avait pas fait de foin à ce que Johnny prenne sa place au labo.
Louise semblait s’inquiéter pour Toni. Il ne se posa pas plus de questions, il finirait par être au courant… ou pas. Son unique tracas était que tout puisse voler en éclat…
Parfois, le soir quand le sommeil le fuyait, il pensait :
 
*Je devrais tous les adopter… Mais Louise ne voudra pas que je l’adopte… Puis on n’adopte pas pour forcer les gens à rester… Tu es un sale égoïste mon vieil Henry… *
 
Vieux ? Il ne se sentait pas si délabré.  En fait, depuis que Dave avait ramené ses amis, que Louise et Johnny étaient apparus, jamais il ne s’était senti aussi rajeuni, voire gai.
 
*Pourvu que ça dure…*  
 
Ce soir-là, il désira s’en ouvrir à la confidente idéale : sa chère Louise. Parfois, ensemble, sur le tard, ils jouaient aux cartes, aux dames ou aux échecs. Elle le battait systématiquement mais il s’en fichait du moment qu’il pouvait se soustraire aux équations mathématiques et profiter d’une excellente compagnie.  
Elle brodait. Le tableau présenté ressemblait à des peintures entrevues dans des galeries d’art. Posée, méthodique, attentive quoiqu’un peu rêveuse, Louise maniait l’aiguille avec doigté.  
 
Je… je ne voudrais pas t’interrompre mais j’aimerais ton avis. Je suis inquiet…
 

 Oui, je le sais, mon cher...Tu sais que les "enfants" ne te laisseront pas tomber…
 
Et toi ? (un peu étranglé)
 
Soupir soulagé, elle non plus.  Ah ? On était proche de Thanksgiving ? Qui l’aurait cru ? Le fêter en famille ?   
 
 Oui, mon cher savant distrait, c'est bien ce que nous sommes: une famille...faut dire que c'est un joli patchwork de génération spontanée, en rien prémédité  mais qui est bien  là….
 
Euh… C’était exactement ce qui le turlupinait, comment avait-elle deviné ?  Puis vint un coup de Jarnac issu de nulle part :    
 
 J’aimerais beaucoup me marier!...
 

Hein ??? Je… Que dis-tu ?

 
Elle confirma en donnant de très bonnes raisons à sa décision. Il eut un mal fou à relever sa mâchoire qui devait pendre jusque par terre avant qu’elle ne s’approche de lui  alors qu’une rage folle de désespoir l’envahissait. Qui avait-elle rencontré sans le lui signaler ? Qui allait la lui voler ? Il déglutit : 
 
Tu ne peux pas me faire ça après tout ce que nous… je sais que je ne te mérite pas. Si c’est ton choix…
 
Puis les paroles les plus délicieuses jamais ouïes :
 
Henry, c'est de toi que je parle...c'est  toi que j’aimerais épouser...au cas où tu voudrais, bien entendu!
 
Henry avait-il déjà été frappé en plein estomac ? Ça lui fit le même effet. Elle… Elle voulait de lui comme… mari ??? PANNNNNNNNNNNIQUE !!!
 
Je... très honoré... Louise…  je… Je dois y aller.
 
Lui saisir les mains, les baiser et filer à toute allure.  
Où se cacher sinon au bunker ? John y faisait des réglages quand il y déboula hors haleine.
 
Henry, ça va ? sursauta-t-il devant la transpiration intense du savant.
 
Oui, non, je n’en sais rien… C’est merveilleux, c’est une catastrophe… Louise…
 
IL EST ARRIVÉ quelque chose à Louise ??
 
Pas à elle, à moi… à nous… elle m’a demandé en mariage…  
 
Pour la première fois depuis qu’il connaissait Johnny, Warrington vit le jeune homme en proie à un fou rire magistral. Il se frappa les cuisses en hurlant de rire :
 
C’est tout elle ça ! Enfin, Henry, tu n’y songeais pas, au mariage ?
 
Vexé, la prof se rebiffa :
 
NON ! … Enfin…. Pas ainsi… Je pensais l’adopter, toi aussi d’ailleurs. Ce n’est pas convenable cette façon, voyons !
 
Et Majors de quasi rouler par terre, hilare.  
 

Bienvenue au 21 ème siècle, Henry. Voilà ce que je propose...  
 
Mon Dieu, mon Dieu ! Un costume correct, des fleurs, roses roses de préférence, une bague... évidemment une bague… Où l’avait-il paumée, celle-là, la seule qu’il ait eue de sa vie… ? Suffirait-elle ? De Louise, il connaissait surtout le caractère… rien de ses goûts personnels ou si peu. Et elle, une femme comme elle, désirait s’unir à lui ?? Qu’est-ce qui avait pu la décider à un tel choix qu’il était certain de ne pas mériter ?? Et puis l’argent… les femmes voulaient de l’argent, non ? Là, pire que le poids du Titanic, il mesura un peu l’étendue de ce que tous lui offraient alors que lui ne donnait rien en retour.  Thanksgiving…
 
Johnny, je vous confie les rênes. J’ai à faire… ailleurs.  
 

Professeur, il faut que nous…
 
Nous ? Oui, dans le fond, Majors se devait d’être dans le coup. On opéra ce qui semblait juste.
 
John, je vais vous confier une part des clés de mon royaume. En temps normal, je les aurais données à Dave mais il est sur une autre planète nommée Nell. J’ai besoin de fonds et de récupérer un objet précieux pour moi, sauf que je ne sais plus où il est... il est avec des brevets dispersés dans une quinzaine de banques entre ici et Boston. J’en prends 8, voici mon aval pour les autres. Vendez tout ce que vous jugerez judicieux et si vous tombez sur une boîte violette, rapportez-la. Merci. Pas un mot à Louise, entendu ?    
 
Aux dîners suivants, Henry fut sans doute encore plus distrait qu’à l’ordinaire. John et lui travaillèrent quand même aux projets, dont un très particulier.  
Que son assistant soit stupéfait qu’Henry ait conservé depuis des lustres de telles inventions révolutionnaires l’estomaquait. Vendre au rabais, ah non !  Somme toute, c’était pour de nobles causes dont celle de sa boss.
Henry souffrait. L’implant cochléaire permettant accès direct au Net était-il un danger ou un progrès ? La puce de géolocalisation instantanée de personnes disparues lui sembla un choix  judicieux, il la proposa à la vente.  Par contre le brevet sur un lecteur de pensées resta dans un tiroir.
Il n’avait toujours pas répondu à Louise quand arriva la veille de la grande fête de famille.  
Adorable, sa promise n’avait rien fait pour le pousser dans un sens ou l’autre.  Mais, au juste, de quelle façon entrevoyait-elle leur union ??  Bon, ils n’étaient plus tout jeune, mais…  Vite, un médecin ! Martin ? Non, oh non !  Pas qu’il le jugeât incompétent, sauf que le sujet était trop intime pour un de ses enfants.  
Le médecin X recommandé par Y se montra rassurant, déjà ça.  Il ne savait rien des attentes de Louise, cependant autant être paré…
 
Jeudi 26 novembre 2015 quasi midi
 
 Hein, quoi ? Qui étaient ces intruses ??? La cuisine était envahie par deux dames aussi inconnues que différentes. Elles oeuvraient tranquillement aux préparatifs du repas en compagnie d’une Louise enchantée du coup de main, même si – henry le supposa – voir son domaine investi n’avait l’heur de plaire.  Tiens donc ? La maman de Nell et la mamie de Dave…  
 
Euh, ravi, mesdames. Louise, je retourne au labo mais, je ne raterai pas ce dîner. Pas la peine de venir me déloger.
 
Ne filez pas si vite, professeur Warrington, le retint Mrs Clayton senior. Louise et Elisabeth vont dresser la table avec nos enfants. Vous, vous allez dompter la bête… Je suppose que le découpage d’une dinde ne vous est pas familier ?  
 
Seigneur Dieu ! Il n’avait jamais procédé à une telle opération qui, selon lui, aurait dû être confiée à Lescot.  Rien n’y fit, ses excuses furent jugées inacceptables et Henry dut répéter des gestes inédits plus de dix fois avant d’être agréés pour le grand moment.     
 
Apparemment, la fête avait déjà commencé avec un certain punch sans doute corsé auquel Henry goûta aussi lorsqu’il se fût rendu présentable.  Peu habitué aux alcools, le truc lui monta vite à la tête. Tant mieux, il avait besoin d’un sérieux coup de fouet pour mener à bien ses intentions.
 
De l’entrée aux desserts, tout fut parfait. Même lui, encore guidé par Kathleen, s’en sortit avec honneurs à un découpage laborieux. Mais, au moment où les parts de tartes aux pommes, aux noix ou à la citrouille se distribuaient, il n’y tint plus. Quelle idée de l’avoir placé à l’opposé de son aimée ?  Dans un silence religieux, il parvint à ses côtés.  Il toussota, embarrassé à l’extrême :
 
Je ne suis pas doué pour les discours, et je me mettrais bien un genou par terre si j’étais certain de savoir me relever... Louise, ma très chère et délicate amie, je ne suis pas beau, je suis nul socialement, pas très riche… j’ignore ce que tu me trouves en fait, mais… voudrais-tu me faire l’immense honneur de devenir ma femme ?

 
Le petit écrin violet s’ouvrit sur un fin anneau d’or orné de 3 minuscules fleurs au cœur de perles.  
 
C’est le seul héritage que j’aie de ma mère. Acceptes-tu de…  
 
 Oui, je veux...bien sûr que je veux, Henry...je veux!
 
Il se ficha des applaudissements qui fusèrent, il n’avait d’yeux que pour elle dont il osa enfin embrasser les lèvres souriantes.  
Majors renifla dans son mouchoir, d’autres aussi étaient attendris. Comme par magie une chaise se plaça sous les fesses d’un Henry un peu défaillant mais tenant toujours la main baguée de sa fiancée. Des toasts aux futurs mariés s’élevèrent, exprimant à leur façon plaisir et émotions.
Quelques gorgées de vin plus tard, Henry très éméché mais encore d’aplomb, reprit la parole en réclamant le silence par des tintements de fourchette contre son verre :
 
Merci de me prêter attention. Aujourd’hui est un jour de grâce pour nous tous.  Je ne saurai pas correctement exprimer tout le bonheur, toute la joie que vous tous m’avez apportés, D’abord, toi Dave, tu as cru en moi (il en pleurait presque) puis tu m’as comblé bien plus avec tes amis qui sont aussi devenus les miens, les nôtres... Louise et moi nous vous considérerons toujours comme nos enfants. Sachez qu’avec nous, vous garderez une oreille attentive… tant que je n’ai pas besoin de sonotone ( rire général) Vous avez tant fait pour moi… je ne vous ai entraîné que dans des ennuis… Vous m’avez apporté Louise… Merci, infiniment, merci !  Rendons grâce au Seigneur qui a permis ce grand miracle…
 
On se recueillit quelques secondes qui auraient pu durer un peu plus sans l’entrée fracassante d’Oscar qui, si elle ravagea une partie de la décoration, créa un divertissement de taille.
On eut de quoi s’occuper en redressant, nettoyant les décombres de la tornade poilue.  Puis, l’un ou l’autre s’avoua vaincu de fatigue. Cependant, aucun ne désira s’éclipser avant de connaître quelque chose qu’ils réclamèrent quasi en chœur :
 
La date ??? Euh ???
 
Louise, son ineffable sourire en coin aux lèvres avait déjà tout orchestré. Un mois plus tard, tout serait réglé.   
 
La vie était aussi belle que pleine de surprises. Grâce à la délicatesse de Louise, Henry pouvait dormir tranquille, il n’aurait à s’occuper de rien grand-chose quant aux détails de cérémonie, etc. Il en aurait bien été incapable, du reste. Tous les soirs, néanmoins, il tint à des conversations prolongées avec son élue. Louise avait retenu les dames Clayton et Watts à la maison.
 
… et les enfants ne sont pas contrariés par ces dispositions ? …
 
Apparemment pas trop, sauf que Dave venant d’être informé d’une remise de prix pour avoir réalisé un score de ventes avec son dernier roman, Mrs. Senior – de concert avec la maison d’édition - avait décidé de donner une réception :
 
… Pas ici, quand même ?? s’était effaré Henry.
 
Heureusement, rien de tel. Mme la duchesse – comme aimait la surnommer Louise – allait louer une salle avec traiteur, orchestre et tout le toutim.  
 
Notre pauvre fils, il ne va pas aimer du tout… et avec Nell ça avance ?... ben leurs écrits… et peut-être aussi leurs amours ( rires complices)
 
Louise lui parla ensuite des ennuis de Toni qui, naturellement, surprirent beaucoup Henry.  
 
On ne me dit jamais rien, à moi, bougonna-t-il… Ah ? Oui, c’est sans doute vrai… je n’écoute pas assez…
 
Il s’agissait d’une histoire de visa touristique arrivant à expiration, et de difficultés à le modifier en statut d’étudiant. Le professeur Warrington ne comprenait pas grand-chose à l’administration, sauf celle des impôts.  Il jura :
 
Je connais le recteur personnellement… j’essayerai de voir avec lui… Ah, se débrouiller seule ? Mais, si je ne m’abuse, un coup de pouce n’a jamais tué personne…
 
Ensuite, Louise s’informa, une fois de plus, des progrès de l’invention principale. Motus et bouche cousue, même sous la torture du FBI, Henry ne dirait rien :
 

… ce sera… mon cadeau de Noël !!  
 
Il ignorait complètement que, dans l’ombre, Johnny oeuvrait au futur bienêtre de ses patrons.
Selon lui, Henry Warrington dépassait Einstein. Comme tout savant fou, il ne réalisait absolument pas le potentiel dont il disposait avec les brevets accumulés.  Il voulait le bonheur de cette famille et, en douce, se chargea d’opérations boursières. Henry avait signé les documents sans même demander de quoi il s’agissait, créant ainsi une société aux actifs en croissance constante…
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Dave Clayton
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MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyJeu 2 Juin - 0:18

Drôle de soirée! Et encore c'était peu dire mais Dave préféra laisser ça au compte de la fatigue, des émotions du retour...et, s'il pensait juste à Nell si distante, à son propre comportement assez erratique. Qui sait, peut-être que l'objet de sa convoitise n'entendait pas l'affaire de la même oreille que lui? Ou, pis encore, n'avait aucune envie de le faire? Ces réflexions peu réjouissantes lui ruinèrent l'appétit, sapèrent sa belle humeur et il se sentit incapable de participer convenablement à la conversation générale.
Quand Majors, très en verve, posa LA question par excellence Dave lui coula un regard on ne peut plus maussade, les autres aussi d'ailleurs. Gros silence, flou social. On joua aux durs d'oreille et à petits intervalles, on déserta la table.

Dave n'avait qu'une idée en tête: dormir dans l'espoir de se réveiller le lendemain avec les idées à leur place pour mieux piger ce qui se passait, mais son compagnon de chambre semblait décidément en mal de confidences.

Tu as fait quoi à Nell pour qu’elle soit si… lointaine…

Il s'était écroulé dans son lit et regardait rêveusement le plafond.

Sais pas trop...je l'ai embrassée et dit que je l'aimais...

QUOI ??? Eh bien, tu m’épates, mon vieux… au moins, elle ne t’a pas giflé, tous les espoirs sont permis !...

Tu veux rire...elle ne m'a même pas regardé après...enfin, on verra bien demain...et toi? Ça tourne pas bien avec Toni?

Ben non, du coup ce qui allait tourner, selon Lescot, était la page. Le cher homme nageait en pleine confusion, comparant Toni avec un yo-yo, assurant qu'il aimait la stabilité, lui mais trouvant à la belle pas mal de qualités. Pour alors Dave commençait à filer chez Morphée mais une nouvelle question de Martin le retint en chemin:

Tu crois que l’on peut dégotter du boulot dans le coin ?...

Ça dépend de ce que tu voudrais faire, mon vieux...et puis...t'en as besoin, d'un boulot?, il rigolait malgré lui, sais pas...ton truc c'est l'assistance...il y a des quartiers pas commodes où il y a toujours de l'action et t'es plutôt du genre tranquille...

L'autre se défendit avec véhémence mais pour alors Dave vaincu de fatigue était aux abonnés absents.

On commença tôt avec déclarations et mauvaises surprises, le lendemain matin. Faudrait croire que pas tout le monde n'avait aussi bien dormi que lui, même si ses rêves avaient beaucoup laissé à désirer.

Je vais retourner vivre chez ma mère. Du repos me fera du bien.  Vous me tiendrez au courant, à l’occasion. Le temps de me renseigner sur son lieu de chute!

Il faillit s'étouffer avec son café, reposant la tasse en catastrophe, Dave regarda Miss Watts sans rien comprendre. Elle fuyait! Ni plus ni moins...Une fin de non recevoir comme une autre et il s'en prenait plein la poire...Pourtant, il aurait cru que...

*Que tu avais tout bon? Pauvre cloche...t'es pire que Martin là, lui au moins se rend compte de ce qui lui arrive...*

Mais, cloche ou pas, sa chance tourna. Soit, il trouvait son bonheur dans le malheur de Nell, mais tant pis, en cas d'urgence tout est bon.
La cheville de sa miss chérie était plus mal en point que prévu. Beaucoup plus en fait, Tant et si bien, qu'après une courte intervention pour lui remettre des os en place, elle se retrouva clouée dans un fauteuil roulant avec un beau plâtre qui l'immobiliserait pendant au moins un mois.

*Mon pauvre ange...ça va cracher du feu, là!*

Mais non. Elle était plutôt résignée. Il ne voulut rien entendre de ses protestes et la relevant de son fauteuil, la déposa doucement à sa place dans sa vaste Jeep.

Tu vas bien? C'est confortable comme ça?

Apparemment oui. Peu après, elle avouait en soupirant:

Je voulais aller chez ma mère, je ne sais même pas où elle est J’attendrai. Vous voilà obligés de me supporter.

Que celui  là soit le moindre de tes soucis, ma douce...on te supporte très volontiers!  

Et il ne mentait pas. Il lui aurait descendu la lune si elle l'avait demandé mais Nell était une de es filles exceptionnelles qui n'aiment pas abuser de leur prochain. à leur retour à la maison, Oscar se chargea de la variété, loufoque comme à son habitude, l’énorme bestiole avait l'heur d'être bien aimé de la belle qui partagea, à la comme on peut, des jeux fous avec Toutou. D’abord avec une balle, qu'Oscar dégonfla en moins de deux,puis avec un frisbee, valeur sûre avec bestioles de ce genre.

Toubib de retour après son déjeuner express avec le copain de fac retrouvé, il fallut bien se plier à la réalité. Nell avait besoin de repos.

Il n'a pas tort, ma chérie, tu as eu une matinée pas facile...IL fait encore bon...ça te dit, la véranda?...Plutôt réussi le coin, hein?

Mais elle l’arrêta net à moitié chemin.

Dave, stop. On va faire comme s’il ne s’était rien passé, ok ? S’est-il passé seulement quelque chose ? J’ai dû rêver éveillée, je suis une idiote, je…

Nell...

STOP, je te dis. Je suis coincée ici mais, au fond de moi, je voulais rester. Tu es trop… trop gentil avec moi… ne dis rien (larme à l’œil) je voudrais surtout voir ma maman. C’est con, hein ?

Con?...pas du tout, ma belle, ta maman compte beaucoup pour toi, c'est normal que tu aies envie de la revoir...t'en fais pas, on arrangera ça...mais maintenant tu vas te reposer, ok? Et si t veux, oui...tout sera comme avant!

*Avant quoi? Qu'on se connaisse? La nuit dans le foin? Ou...hier?*

Il opta pour ignorer les détails confus et avant qu'elle ne proteste il l'avait enlevée de son fauteuil et placée dans un des confortables relax installés là, il la couvrit d'un plaid douillet,et lui laissa un livre.

C'est un bouquin somnifère...demie page et tu es out...dors un peu, ma douce...je ne serai pas loin!

Il n'était pas arrivé à la porte-fenêtre qu'elle dodelinait déjà. Cinq minutes plus tard, le temps qu'il mit à  revenir avec un café et sa Laptop, elle dormait comme un ange. Il remonta le plaid, mit le bouquin de côté et s'occupa à mettre par écrit quelques idées pour le livre qu'il était censé d'être en train de pondre.

Les heures s<'écoulèrent sans qu'il les sente. Nell dormait toujours, Martin semblait avoir trouvé de quoi s'occuper, Toni aidait Louise et Henry avait disparu dans son bunker. Les après midi sont courtes, déjà en Novembre. Une petit vent frisquet commentait à souffler et le soleil dérivait gentiment vers l'horizon quand enfin la belle au bois ouvrit les yeux.

J’ai dormi si longtemps ? T’es pas resté tout le temps, dis-moi ?

Et si c'était le cas, quoi? T'en fais pas, je devais travailler sur le nouveau livre...ici ou ailleurs, qu'importe? Tu te sens mieux? On rentre...commence à faire froid!

Elle ne voulut rien savoir du fauteuil roulant, Miss Indépendance et exigea ses béquilles en faisant allusion à certaines matrones italiennes.

Même en t'y efforçant tu n'arriverais à ressembler à une d'elles, crois moi...eh! Cours pas...faut y aller mollo, sinon...

Dave pouvait dire ce qu'il voulait, Nell n'en faisait qu'à sa tête mais il ne la laissa pas aller bien loin. Une fois au salon, droit au divan, bien calée entre divers coussins. Louise nouvelle fée du foyer apporta café et gâteaux. Brin de causette obligatoire. La routine n'avait pas tardé à reprendre ses droits ou il y avait décidément des pressés à quitter, au moins pour quelques heures ce soyeux cocon "familial".

Ben, Martin me l'a dit hier soir, faut dire qu'il a fait vite...celle qui m'étonne est Toni...ah, tu l'as aidée, Louise...MA foi, qu' Henry soit là où il est n'étonne personne...

Tu comptes faire quoi, toi ?, voulut savoir Nell.

Ça lui fit drôlement chaud au cœur qu'elle s'y intéresse.

Je dois écrire un livre, ma puce, rien que ça...et j’ai un drôle de retard...tu m'as dit que tu avais fait du journalisme...ça te dirait de me filer un coup de main? *Qu'elle dise oui...pitié, qu'elle dise oui!*

Non seulement elle voulut, elle adorait l'idée et voulait savoir quand ils commençaient.

Après le dîner, ça te dit!?

Ben oui, ça lui disait! Ce fut le début d'une très fructueuse association. Nell était aussi consciencieuse que lui pour le travail de recherche, pour prendre des notes. C’était la première fois de sa vie d'écrivain que Dave partageait ces moments, précieux à son avis, quand l'idée a germé et qu'on commence à lui faire prendre vie.

Ça va se passer essentiellement pendant la seconde guerre mondiale, à Berlin...enfin, pendant la guerre...avant et après...tu vois le genre...le personnage est un type assez trouble, un tel Carl...ou Karl, cela dépendra des situations...mais bien sûr avant de se lancer dans le roman en soi faut documenter les faits...

Ce en quoi, elle fut très d'accord.

J'essaye d'être un auteur sérieux, moi!

Un auteur qui n'avait pas l'habitude de regarder l'heure. Nell, elle s'avoua forfait avant minuit.

Excuse moi, je suis une brute...quand je travaille, le temps passe sans que je remarque...tu as pris tes médocs?

Elle n'y avait pas pensé. Il les lui apporta puis voulut la porter jusqu'à sa chambre mais la miss ne voulut rien entendre.

Je sais que tu aimes l’exercice mais je suis très capable de monter ça sans aide ! … c’est ça, reste derrière au cas où, merci.

Il eut droit à un beau sourire en guise de bonne nuit. Fin de la journée. In capable de penser à s'enfermer dans sa chambre et écouter les possibles confidences de Martin, Dave redescendit au bureau, continua de travailler jusqu'à des heures impossibles et suivant son habitude, s'endormit renversé dans son fauteuil, alors qu'Oscar ronflait à ses pieds. Matou se chargea de le ramener à de plus confortables considérations vers cinq heures du matin, pas qu'il voulut le déloger mais plutôt s’accommoder sur lui pour piquer son roupillon.

T'as perdu la tête, toi...c'est vrai que t'es roux mais t'es pas mon genre...allez, ouste!

Le Dr. Lescot dormait encore, quand il s'accommoda dans son lit pour continuer de dormir comme une souche. Seule une grande force de volonté réussit à le tirer de sous sa couette, enfin ça et savoir que Nell serait déjà levée et pas envie de passer pour la marmotte de service.

Plaisante routine que la leur. Petit déjeuner avec Louise. Henry fonçait au Bunker, quand il n'y avait pas passé la nuit. Majors l'imitant en tout, on ne le voyait pas. Martin partait de bonne heure, Toni encore plus. Dave ne démarrait pas avant son deuxième café. Nell prenait aussi les choses avec beaucoup de calme.

Et entre ceci et cela, recherches et esquisses de l'histoire, les jours passaient et mine de rien Novembre arrivait à sa fin.  Dave avait beau avoir avancé dans son travail, c'était loin de ressembler à quelque chose de concluant. Nell s’avérait d'une aide précieuse même si parfois ses commentaires le faisaient rire jaune pour ainsi dire.  Comme par exemple quand elle avoua trouver creux son personnage principal.

Creux? Tu le trouves creux?...je te rappelle que ce n'est pas James Bond, être comme il est est son atout..., et de défendre son idée avec conviction.

Elle ne manquait jamais de répartie et il l'adorait pour cela...et pour beaucoup d'autres choses, mais enfin, pour les effets, elle le faisait réviser un concept ou l'autre et le résultat n'était que meilleur.

Alors, comme ça ta mère sera dans le coin pour Thanksgiving...on pourra le fêter ensemble!

Ma foi, je n’y pensais pas, ce n’est pas de tradition chez nous depuis belle lurette, depuis que papa est…, son regard s'assombrissait, chagrin.

Il prit sa main, doucement.

Je te comprends...pas évident, moi non plus je ne fête pas ça depuis un bail...mais là...suis sûr que ce sera différent. Nos vies ont changé depuis qu'on est tous ensemble...et c'est bien comme ça!

Elle souriait et il était tout bêtement heureux. C'est pas si compliqué que ça, la vie!
On pouvait dire que oui... la vie était simple, sauf qu'en vérité personne n'y croyait trop, à tant de simplicité. Il y a toujours un petit quelque chose, ou un moyen ou un gros quelque chose à tourner autour. Dans le cas spécifique de Dave, la bête noire était son éditeur, qui le harcelait jour et nuit pour savoir où il en était avec ses chapitres.

Si tu n'arrêtes pas de m'embêter vois pas comment écrire, Roger...déjà assez complexe se concentrer comme pour subir en plus tes salades à rallonge..fiche moi la paix!

Et c'était gagné pour deux jours. Nell avait une idée, lui deux, on en faisait trois et le tout prenait gentiment corps...même si Carl ou Karl demeurait incertain. Et Dave devait avouer ne jamais s'être autant amusé.

Tu sais, Nell,je n'aurais jamais pensé qu'écrire en collaboration pouvait être si...vivifiant!...Tu es une merveilleuse collaboratrice...je devrai dire à cet odieux de Roger de ne pas me mettre moi seul comme auteur de ce bouquin...celui ci sera un best-seller signé Clayton & Watts...ça te dirait!?

Apparemment elle n’avait rien à faire avec une reconnaissance quelconque, délaissant le thème ils passèrent à autre chose, ils en étaient a décortiquer comment faire que le personnage, de creuse apparence pourrait s'introduire dans le refuge antiaérien lors d'un bombardement quand Louise vint les chercher pour aller dîner. Il passa ses béquilles à Nell, qui ne voulait rien entendre du fauteuil roulant et ils rejoignirent les autres à la salle à manger.

Joyeux rituel celui des dîners. On se retrouvait pour raconter journées, anecdotes, avances au travail et quand Henry prenait le crachoir c'était parti pour la mise à jour. Mine de rien, Dave remarqua le manège de Martin et Toni qui décidaient,après le repas d'aller balader Oscar or, selon lui, quiconque ayant toute sa jugeote ne voulait s'y mettre à la corvée.

*Surtout avec ce temps...il doit bien avoir une demi mètre de neige dehors...m'enfin, ils auront besoin d'un peu d'écart...*

Le lendemain, il remarqua qu'Oscar boitait un peu mais n'ayant rien perdu de son appétit ni entrain coutumier, il supposa qu'il avait dû se tordre la patte à courir après les chats fous qui hantaient les lieux. Il ne sut pas la vérité avant un bon moment!

Son portable en mode vibration le fit presque sursauter pris comme il était dans la rédaction du second chapitre. Granny Clayton au rapport. Adorable femme, la seule à qui il savait vouer une affection sans limites, du genre qu'il aurait dû avoir pour sa mère...mais celle ci n'ayant jamais bougé le petit doigt pour la mériter, Dave passait outre. Comme d'habitude, son énergique Grand-mère allait droit au point: elle se languissait de lui, son petit fils favori et avait décidé de prendre un avion pour aller le visiter à Cambridge.

Kathleen Clayton, née Seymour, était ce qu'on peut appeler, sans crainte de se tromper, une force de la nature. Et c’était sans exagérer. À 86 ans, elle gardait toutes ses énergies et sa tête très, mais alors là, très claire. Mariée, sans véritable amour mais parce que cela convenait, à un Jonathan Clayton, pâle reflet de son père David qui avait forgé la fortune de la famille, elle avait très vite compris qui si elle ne prenait pas les rênes de cette famille trop vite trop riche, tout finirait par partir en eau de boudin. Faisant fin de toute convenance, idée préconçue ou autre, elle avait mis la main à la pâte et remis les envers à l'endroit, fait grandir l'affaire familiale, déjà très prospère et pris décidément plaisir à mener tout ce petit monde  tant et si bien que 65 ans plus tard elle n'était pas près de lâcher prise.

*Mon fils est un fat insupportable, sa femme une snob tête de linotte et mes petits enfants des vantards imbus de soi...heureusement qu'il me reste Dave...*

25.Nov/15-8.45 am
L'appel de Roger Conway le mit hors de lui. Dave détestait qu'on dérange ses plans de la sorte. Ce matin Nell devait passer sa radio de contrôle , il avait promis de l'accompagner et voilà que son éditeur réclamait à cor et cris le premier jet du roman en cours.

Tu as largement dépassé les délais, Dave...largement, je veux avoir ce jet aujourd'hui même sur ma table sans quoi..., il dût écarter le téléphone de son oreille pour ne pas rester sourd avec la riposte hurlée par le caractériel au bout de la ligne, contrat? Ça te dit quelque chose, génie? Je ne suis pas seul à faire marcher l'affaire...alors tu t'amènes ou c'est fichu!

Dave écumait de rage avec envie de balancer son portable dans la cheminé quand il avisa Nell debout sur le seuil. En quelques mots il la mit au courant de ses déboires et, comme d'habitude, la miss démontra être la sagesse incarnée.

Un contrat est un contrat, tu dois le respecter… je sais ce qui était prévu mais ce n’est pas grave. Fais ce que tu as à faire, je me débrouillerai. On se retrouvera au déjeuner.

Oui, bien sûr...désolé de devoir te planter de la sorte...je m'en veux mais ce crétin est vraiment capable d'en faire un foin de fin de monde...vais imprimer une nouvelle copie pour le négrier de service...M'en veux pas trop...bonne chance pour le contrôle!

Conway survola les feuillets présentés et se déclara ravi, sans trop comprendre l'air renfrogné de son client de prédilection.

Ça promet, Dave...ça promet beaucoup...mais je détecte quelque chose...je ne sais pas encore quoi...

Tu le sauras en son temps...et maintenant, si tu es content, je m'en vais...j'ai à faire!

J'ai pensé qu'on pourrait déjeuner ensemble pour discuter certains détails...

Dave ne l'écoutait plus, il répondait à un appel sur son portable.

Désolé, Roger, dit il en fourrant l'appareil dans sa poche, appel de priorité absolue...je file à l'aéroport y chercher ma grand-mère...à plus!

Je veux un deuxième jet avant Noël, hurla Conway à son adresse mais Dave était déjà loin.

Comme on pouvait le prévoir à la veille de Thanksgiving, le Boston-Logan grouillait de monde. Une foule affairée débarquant ou s'embarquant. Le temps d'y arriver, laisser  la voiture au parking et courir comme un dératé, Dave savait qu'il était drôlement en retard, en plus connaissant sa grand-mère celle ci n'était sûrement pas restée sagement à l'attendre au terminal d'arrivée de son vol. La trouver dans cette cohue humaine lui prendrait des heures, alors il opta pour la solution facile. La miss au guichet Information fondit face à son sourire le plus étincelant et s'emparant du micro lança l'appel, diffusé dans tout l'Aéroport, comme quoi Mrs. Kathleen Clayton était priée d'approcher au premier téléphone d'information.

Voilà, dit résolument Mrs. Clayton à sa nouvelle connaissance, tout aussi perdue qu'elle, mon petit fils ne tarde pas...il voulait tout juste savoir où me trouver...il faut dire qu'avec ce monde fou, une chatte aurait eu du mal à retrouver ses petits...Tenez, le voilà...Oui, ce grand garçon qui arrive en courant, n'est il pas magnifique?...Dave, mon chéri...on est là!!!

Impossible de rater Grand-mère, elle imposait, majestueusement, fermement accrochée à son chariot bagages archi comble. IL la serra contre lui, absolument heureux de la revoir après pas mal de temps.

Tu es fantastique, Gran...le temps n'a aucun empire sur toi!

Tu as besoin de lunettes, mon pauvre garçon...mais je suis si contente e te voir moi aussi...tu as une mine splendide..., elle se tourna vers la dame qui l'accompagnait, ma chère Elizabeth, permettez moi de vous présenter mon petit fils Dave...mon petit, voici Mrs. Elizabeth Watts!

Arrêt sur image. Il mit un instant à se reprendre.

Excusez moi...mais j'ai été surpris...par hasard auriez vous une fille nommée Nell?

En effet, sourit Mrs. Watts, c'est justement le prénom de ma fille...la connaissez vous par hasard?

Nell ne ressemblait pas beaucoup à sa mère qui n'était ni petite, ni rousse, seul point en commun: les yeux, même couleur même regard malicieux, rieur.

Oui, je la connais très bien...

La suite fut tout un poème. Le voyage jusqu'à Cambridge, une mise à jour très amusante, avec deux bavardes invétérées avides de nouvelles, leur arrivée chez Henry, la surprise du siècle. Nell semblait avoir été en train d'attendre son retour car ils avaient à peine franchi la porte qu'elle se présentait au pas de course, cheveux ébouriffés, joues rosies, sourire ravi...

Coucou, ma belle...regarde qui j'ai trouvé en chemin!

Belles retrouvailles, attendrissantes à souhait mais de courte durée être présentée à Mrs. Clayton déclencha quelque chose de semblable à un courant de panique et Nell trouva la pirouette pour échapper au regard sagace de Granny Clayton et son esquisse d’interrogatoire.

Louise a besoin d’un coup de main. Dave se fera un plaisir de vous installer. Tu vois ? Plus de plâtre !  Ça a été l’éditeur ?

Oui, très bien...génial pour le plâtre...

Pas le temps d’ajouter un mot, elle avait filé. À lui de se débrouiller. Il installa ces dames au salon, leur servit des rafraîchissements et fit les frais de conversation. Il ne s'ennuya pas un instant. Les deux dames ne lui en laissèrent pas le temps et mine de rien, il passa à la sellette sans pouvoir s'en défendre. Impossible de leur raconter la véritable histoire, il s'arrangea pour livrer une version acceptable.

On faisait des travaux de rénovation chez moi...c'est ainsi qu'à mon retour de Normandie, on s'est installés ici.

Il m'a semblé qu'à moment donné, on a dit qu'on t'avait enlevé...est ce vrai?, voulut savoir sa grand-mère.

Mais non, voyons...suis parti sans rien dire, c'est tout...je faisais des recherches pour un livre..., et ainsi de suite jusqu'au retour en beauté de Nell qui dès cet instant, mérita toute l'attention de ces dames et la sienne.

Viens, assieds toi et prends le avec du calme...Gran ne mord pas!, lui souffla t'il à l'oreille en la faisant prendre place dans le divan et s'asseyant près d'elle.

Louise se chargea par la suite de jouer les dames de céans qui pour conclure en beauté insista pour que Mrs. Clayton et Mrs. Watts soient les invitées d'honneur. Dave se coltina les bagages jusqu'aux chambres que Nell lui indiqua et pour mieux faire l'aida à les apprêter.

Ben je pense qu'on s'en est plutôt bien tirés, non?...Tu étais nerveuse? Et moi donc...ça m'a pris totalement de court me trouver face à ta mère à l'aéroport...Non, pas du tout, c'est une femme adorable...et marrant, elle s'entend à la perfection avec Gran...quoi? Qu'elle a pas l'air commode?...L'air seulement...tu lui plais, j'en suis sûr...euh, je la connais, quand elle n'aime pas quelqu'un on le remarque tout de suite..., il ne put réprimer l'envie de lui flatter doucement la joue, en plus pourquoi elle ne t'aimerait pas? Tu es parfaite!

Un boucan de fin de monde et des rires un peu affolés mit fin à ce qu'il allait dire. Devinant ce qui se passait, ils se précipitèrent au rez de chaussée où Oscar faisait la fête à Grand-mère Clayton avec son effusivité habituelle.

Bas les pattes, gros lourdaud...Oui, il a encore grandi...ça suffit, Oscar...excusez-le, Mrs. Watts...il adore Gran...c'est elle qui me l'a offert...sauf qu'alors il était petit et adorable!

Nell siffla et la vache poilue obéit à l'instant, trottinant gentiment vers la sortie.

*En voilà deux sous le charme de la petite...elle a du caractère, parfait ça!*

Une heure plus tard, la maison était en effervescence. Les nouvelles arrivantes ayant décidé ne pas rester de bras croisés avaient investi la cuisine et en parfaite entente avec Louise, s'occupaient des préparatifs pour le lendemain.

Dave opta pour poursuivre avec son travail et apparemment Nell n'avait aucune envie de se mêler à ces dames  pour parler cuisine et se raconter n'importe quoi, assurant qu'elle prendrait après du temps avec sa mère en exclusive.

Ce voyage de Gran signifie qu'elle a besoin de répit...Ils peuvent être très agaçants quand ça leur prend , haussement d'épaules, on ne choisit pas sa famille...la mienne n'est pas...enfin, on s'en fiche un peu...non, elle n'est pas mauvaise...disons que nous avons des...différences irréconciliables?...Allez, t'en fais pas...reste assise, Nell, tu dois ménager ta cheville, je parie! Médocs à prendre?...Sois pas grognonne...Au fait, tu as mangé quelque chose?...Moi non...ça te dit si je vais chercher des sandwiches?...Bouge pas, je te dis...

Kathleen lâcha ce qu'elle faisait en découvrant son petit fils attelé à la tâche de confectionner des sandwiches d'aspect peu attrayant.

Mon chéri,si tu veux gagner le cœur d'une fille, essaye de faire mieux...laisse moi te montrer. C'est une jeune femme délicate pas un rude pêcheur...Voilà, maintenant on les coupe en diagonale, on pique un cure dent pour que cela tienne...On met le tout sur un plateau, on sert les boissons dans des verres et on y va en essayant de rien renverser, elle lui tapota la joue, tu es un bon garçon, mon Dave!

Parce que je vais porter des sandwiches en plateau?, s'enquit-il l'air on ne peut plus innocent.

N'essaye pas de m'embobiner...tu sais bien de quoi on parle!, elle riait en le voyant détaler faisant des équilibres avec le plateau garni, *Oui, c'est un merveilleux garçon et je veux qu'il soit heureux!*

Ils travaillèrent toute l'après-midi avec méthode et application. Vers 18h, Dave assura que c'était assez et qu'il allait promener Oscar avant le dîner. Nell émit le désir de sortir aussi mais il la fit déchanter de l'idée.

Il neige, c'est glacé dehors,ma puce...pas question que tu te fiches en l'air et que ta cheville en prenne pour son grade...je ne tarde pas...ce sera un tour rapide, on connaît Oscar!

Dîner tranquille en petit comité, à la table de la cuisine. Henry et Majors ne se montreraient pas de la soirée, trop pris avec Dieu sait quelle expérience. Martin et Toni ne viendraient que plus tard.. On fit soirée courte, Grand-mère Clayton avoua ressentir la fatigue du voyage et Dave l'escorta à sa chambre où elle le retint pour une petite conversation. Nell avait fait de même avec sa mère.

Alors dis moi, Dave, elle te tient à cœur, n'est ce pas?, s'enquit-elle dans ce style direct qui lui était coutumier, et n'essaye pas de mentir...je ne suis pas née de la dernière pluie. Ce qui m'a assez surprise est qu'elle ne répond pas du tout au genre de fille que tu sais fréquenter...Nell n'a rien de ces blondes idiotes avec deux kilomètres de jambes, qui ne pensent qu'à leur look impeccable.

Il soupira, alla vers la fenêtre, fit mine de s'intéresse follement à la neige, pour avouer enfin:

Oui, elle me tient à cœur...très. Nell est si...spéciale, si différente...la preuve, je peux travailler avec elle...ça me plaît de le faire...avec elle je peux parler, elle est brillante, a de la repartie, est ...

Une fille avec quelque chose dans la tête!

Oui, ça tu peux le dire!

Et tu le lui as dit?

Son air embarrassé l’amusa.

Et tu attends quoi?...Qu'elle le découvre toute seule?

Je...je lui ai dit que je l’aimais...mais ça a été un peu confus...et depuis, ben...on n'en a plus reparlé, je crois que Nell a un peu peur de moi!

Mon Dieu, quel sot tu fais, mon petit chéri...peur de toi, non...je dirais plutôt de ta fâcheuse réputation de bourreau de cœurs...pas la peine de prendre cet air angélique, cela fait un bail que vivre en Alaska ne signifie plus être coupé du monde...je sais utiliser un ordinateur, mon ange...et Facebook est une source d'information incontournable!

Gran! Ne me dis pas que...

Seigneur, petit, je suis vieille mais pas encore morte! Et j'ai toujours été curieuse, dans le bon sens, s'entend! Enfin, récapitulons avant de faire reposer mes vieux os...tu es amoureux pour de bon ou c'est encore une de tes passades?

Gran, je suis sorti avec plein de filles,me suis amusé avec elles mais j'en ai jamais aimé aucune...et elles le savaient, c'est pour ça qu'elles me détestent mais enfin...Nell...c'est autre chose...une tout autre chose!

Tant mieux alors, parce qu'elle m'a plu, la petite et sa mère est charmante, ce qui est un atout énorme...allez, va dormir, mon chéri.

Il obéit sagement et dormait comme un ange quand Martin rentra.

26.Nov/15-9:00 am.

Autour de la table du petit déjeuner, encore en petit comité. Grand-mère voulut tout de même savoir ce que faisaient les autres habitants de la maison, jusque la invisibles. Dave s’acquitta gracieusement puis proposa diverses activités pour la journée, mais ce dames refusèrent de laisser Louise se débrouiller seule avec les derniers préparatifs. Nell rigola et le précéda au bureau.

À midi, sans doute mu par quelques sursaut de conscience, Henry fit son apparition et découvrit les énergiques intruses qui s'ajoutaient à la maisonnée. Présentations faites il sembla se souvenir de quelque chose d'important et fila de retour au labo.

Ne vous en faites pas, c'est un homme charmant mais un peu timide...Vous verrez ce soir dès qu'il sera en ambiance...surtout s'il goûte  le punch de Gran!

Entre le fameux punch, le dîner somptueux, les bons vins, la belle humeur de tous les convives, l'ambiance fut très vite à la fête. anecdotes des uns, histoires des autres, blagues, on rigolait de très bon cœur jusqu'à ce Henry, sérieux comme le Pape ne se lève, aille vers Louise. Un gentil silence se fit et le cher Dr. Warrington agit dans l'esprit le plus romantique qui soit en faisant sa demande en mariage.

*Ben dis donc...pour la surprise!*

Il fut le premier à applaudir, à siffler, à faire un chahut monstre, imité par tout le monde, il y eut des petites larmes émues, félicitations, accolades. Dave alla chercher le champagne et le dîner se transforma en fête de fiançailles.

La vieille pendule sonnait la demie de minuit. Nell avait décidé que n'ayant pas aidé à préparer le repas, elle pouvait au moins mettre un peu d'ordre et remplir le lave-vaisselle. Dave insista pour l'aider.

À deux ça va plus vite, te plains pas!, dit il en entassant les assiettes au petit bonheur la chance e qui lui valut un coup de torchon, et en plus tu vas me taper dessus...on aura tout vu, franchement!

Ils finirent la corvée en rigolant en douce, pas question d'ameuter la maisonnée mais même Oscar qui ronflait dans son panier n'en fit état.

On s’assied un moment au coin du feu?, l'idée ne sembla pas lui déplaire et un instant plus tard, feu ravivé dans l'âtre, ils se laissaient tomber dans le divan avec un soupir d'aise, quelle soirée...tu t'y attendais au coup d'Henry?...Non plus, pas comme ça en tout cas...mais ça se voyait venir...par contre, si ça avait été Martin, ça ne m'aurait pas autant étonné...Meuh non, voyons ce n'est pas du commérage...ben, suis observateur, que veux tu...

Ils restèrent un moment en silence, à regarder les flammes. Toujours sans rien dire, il s'empara de sa main et la portant à ses lèvres y déposa un baiser. Il la sentit se crisper mais sa main resta dans la sienne, alors Dave commença à parler:

Tu sais, ça fait un moment qu'on aurait dû parler..., elle le considéra, un peu ahurie mais il poursuivit, j'y pense tous les jours à ce que tu m'as dit...que tu voulais que tout soit comme avant...et ça me fout la trouille...Oui, écoute moi, ma douce...je sais, suis sûr que tu en sais long sur moi...sur celui que j'étais avant...que tu as eu vent de tout ce qu'on raconte par là...Ça c'est AVANT pour moi...L'APRÈS,c'est tout ce qu'on partagé...nos aventures, mésaventures...notre tas de foin...Je t'aime, Nell...je t'aime comme un dingue...je ne mens pas, je n'invente rien, je ne veux rien...je veux seulement que tu saches que je t'aime...

Elle le regarda sans rien dire, avec une certaine incrédulité au fond des yeux mais peu à peu l'esquisse d'un sourire détendit sa bouche qu'il ne put pas s'empêcher de frôler d'un baiser, s’attendant au pire...qui ne se produisit pas. Elle ne se déroba pas, au contraire, sa réponse le ravit, le transporta de bonheur.

Alors...tu m’aimes aussi un petit peu?

Il se prit un coussin plein la poire. Ils riaient, éternels complices et laissant le bon sens parler décidèrent qu'il était temps de regagner leurs pénates.

Non, je ne dirai rien...ce sera quand tu voudras...ben, qu'on le dise aux autres...ou si tu ne veux pas, on fait des cachotteries...rien en contre!

Un dernier baiser. Dave eut du mal à s'endormir mais cette fois, c'était de pur bonheur.

Les jours suivants s'écoulèrent, paisibles mais Dave, pourtant peu porté au romantisme, se sentait flotter sur un gentil nuage. Nell lui fit remarquer, avec très douce ironie que s'il continuait de la sorte au lieu d’écrire un  roman pseudo historiques avec retombées science-fiction, ce qu'il allait pondre ressemblerait au remake d'Autant en emporte le vent.

La faute à qui?...Tu trouves ça mièvre?, relecture express, ouais...il perd la tête le pauvre Karl, tu écrirais ça comment toi, Hemingway?

La tournure qu'elle donna à la longue phrase le laissa se faire des idées.

Ben dis donc, ma puce...t'es forte...très forte...allez, je te laisse écrire le roman, le signe et encaisse...on se partage 30/70...ben, c'est moi la célébrité!

Une toux discrète mit fin à la séance guerre de coussins. Elizabeth Watts se tenait sur le seuil et les considérait d'un œil hilare.

La créativité a beaucoup de variations, à ce que je vois...Pardon de vous interrompre, mes enfants, je voulais juste prévenir Nell que je vais accompagner Kathleen à Boston, nous y resterons sans doute la nuit, elle a plusieurs affaires de quoi s'occuper et je vais en profiter pour visiter ma bonne amie Angela Pierce...À demain!

Après ce fut le tour de Grand-mère pour leur dire la même chose. Dave réagit en lui proposant des les emmener mais ces dames avaient déjà tout arrangé pour n'embêter personne.

Sais pas pourquoi, mais m'est avis que Gran manigance quelque chose...quand elle le fait, elle a toujours cet air de chat alléché...hey, te sauve pas, toi...tu dois finir la ponte du jour, ma chérie!

Chérie lui envoya un dernier coussin sur la tête et alla chercher du café. Il réécrivit la scène ratée en utilisant sans vergogne l'idée de Nell. Quand elle revint il lui montra le résultat.

Tu vois, toi et moi...on fera des grandes choses...mais pour le moment, on oublie ça et on va balader Oscar...et puis ce soir, on se taille et on va dîner tous les deux par là...et après...on fait ce que tu veux!,  il l'embrassait, consciencieux, tu es d'accord?

Le bonheur parfait existait. Dave en faisait la découverte, s'étonnant chaque jour de lui trouver des facettes insoupçonnées. Avant la conquête d'une fille se résumait à deux choses: la séduire, sans promesses et la mettre dans son lit. Ça marchait un temps, puis il s'en lassait plus ou moins vite, dépendant de la patience de la belle avant de commencer avec plaintes et exigences. Avec Nell, c'était tout autrement. D'abord pas question de la mettre dans son lit à moins qu'elle le veuille, là il ne s'agissait pas d'une banale séduction. Ils partageaient bien plus qu'une énorme attirance, ils étaient amis, complices, des vrais larrons en foire, ce qui les unissait allait bien au-delà de sens et désir...

10 Dec.15/ Au matin.

Coup de fil de Roger Conway. Dave fut tenté de lui raccrocher au nez mais son éditeur sut se montrer merveilleusement conciliant.

Je ne veux rien te demander, ni t'exiger...seulement te féliciter: tu viens d'être élu l'écrivain de l'année, le plus rentable aussi...tu es riche, mon gars, encore plus...Et pour fêter dûment cela, le 18 de ce mois, il y aura une grande réception en ton honneur...tu devrais recevoir l'invitation en cours de journée...viens bien accompagné, Casanova, la presse t'adore!!!

Le carton de l'invitation arriva effectivement deux heures plus tard, apporté par courrier spécial. Il n'y avait pas une seule invitation mais plusieurs, une pour chaque membre de la maisonnée, Gran et Mrs. Watts inclus.

L'air ravi de Mrs. Clayton lui mit la puce à l’oreille.

Gran...qu'est ce que tu as fait?

Elle sourit, malicieuse.

Ton éditeur m'a contactée la semaine dernière...oui, nous nous sommes connu lors de la sortie de ton avant dernier livre...un homme charmant, il m'a mise au courant de ce prix...et voulait des conseils quant à l'organisation de la réception, rien que ça...surtout pour la liste d'invités!

Gran...ne me dis pas que...

Elle lui tapota la joue comme s'il était encore un petit garçon rétif.

Mais bien sûr...en tout premier lieu...il est temps qu'ils reconnaissent ton talent et le respectent...et puis ça leur fera du bien de croiser des esprits brillants...quoi qu’entre nous je ne me fais guère d'illusions...

Nell n'avait pas l'air follement enthousiasmée par la perspective.

Ça ne me rend pas fou de joie non plus...surtout que toute la famille va y être...On tiendra le coup ensemble...T'es marrante, toi, tu penses que je vais y arriver de mon côté et toi du tien? Ah non, ma jolie...on y va tous les deux et tu restes accrochée à mon bras...tu ne me lâches pas! Peur? À part de te perdre de vue avec risque de voir d'autres te faire du charme...Oui, je suis jaloux...possessif, un macho odieux...après tout, on a partagé un tas de foin, non?...Ça signifie quelque chose pour toi, non?

Apparemment, oui!

18 Dec/15. 19:30.

Elle tombait bien, la fameuse réception. Déjà que le mariage d'Henry-Louise et  Noël ne tardaient plus et que tout le monde semblait sur la tête. Depuis la veille, ces dames se livraient a des activités sécrètes et ne trouvaient pas un instant pour en piper mot.

Mrs. Clayton ajusta le nœud pap d'un Dave impeccable dans son smoking mais plus énervé qu'une puce.

Tiens toi tranquille, bon Dieu...tu es parfait, voilà...Oh, Seigneur...cette enfant s'est surpassée!

Retourné tout de go, Dave assista à la descente de l'escalier d'une Nell inconnue pour lui. Époustouflante dans sa robe haute couture, juchée sur des hauts talons quasi vertigineux, coiffée et maquillée avec grand art et goût parfait, des diamants scintillant à ses oreilles.

Tu es...à couper le souffle!, il lui offrit galamment son bras, tu es sûre que tu es ma Nell...celle du foin?, coup de coude dans le côtes, tu es merveilleuse, ma princesse...puis je chavirer un peu ton maquillage!?...Mais avant d'y aller, je dois te parler..., et de l'entraîner vers "leur" bureau, ça doit être maintenant parce qu'après Dieu sait si tu pourrais changer d'avis..., il tira l'écrin de sa poche et l'ouvrit, dis...tu veux m'accepter...pour ce que tu voudras...nous marier, vivre ensemble, courir le monde, écrire des livres, dormir dans le foin...je t'aime, Nell...dis...tu veux?

En rejoignant les autres pour s'embarquer dans les limousines qui attendaient à la porte, Nell portait un solitaire éclatant à son annulaire. Aucun besoin de grandes déclarations, tout le monde comprit!

Paul Clayton et sa femme, Charlène, flanqués de leur enfants et leur respectifs jouissaient de l'ambiance exquise. Tout était d'une rare perfection et bon goût. Et eux, comme famille de la vedette de la soirée faisaient l'objet de fines attentions. De quoi les faire se sentir presque orgueilleux de ce rejeton si à côté des aspirations familiales.

Finalement, ce ne sera pas de trop...les électeurs apprécient ce genre de choses!, consentit Mr. Clayton, et parlant du loup...le voilà...et Mère est dans le coup, regardez-là...elle rayonne...

Il est avec une femme!, fit remarquer Patricia Jenners, la sœur , mais enfin...une de tant, comme d'habitude, sa tête ne me dit rien...tu la situes, Maman?

Va savoir où il l'aura trouvée...mais sa robe est superbe...et ses bijoux...des faux, le plus sûr!

Dave avait envie de faire demi-tour et se perdre dans la foule, mais tous les regards étaient fixés sur lui. Des flashes, encore, crépitèrent. On ne voulait pas rater la réunion familiale. Regard échangé avec Nell qui lui cligna un œil.

Mon chéri, c'était sa mère, mais que je suis contente...et si orgueilleuse!, et de jouer le rôle de la mère aimante, tu...vas nous présenter?, sourire fielleux à l'adresse de Nell, une nouvelle amie?

Oui! En fait Nell est mon amie mais aussi la femme avec laquelle je veux partager ma vie. Nell , voici ma famille...famille, voici Nell Watts!

Grand-mère se chargea du reste de présentation alors que Dave et Nell se perdaient entre les invités, parmi lesquels, qui pas sourds ni aveugles, les messes basses allaient bon train...

Et après ça...tu veux encore de moi?
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Martin Lescot
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Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyJeu 9 Juin - 10:30

L’action, agir, voilà ce qui plaisait à Martin. Pas qu’il ne goûtât point un farniente occasionnel, une bonne rigolade en sortie mais sa vocation avait toujours été dirigée dans le sens de l’aide à autrui. Après le retour de révolution, une autre s’opérait en lui. Ainsi en oeuvrant pour les autres, il eut l’impression de se sauver lui-même.  
Tandis que la paperasserie lui permettant d’exercer pleinement aux USA suivait son cours, il s’immergea à fond dans son job d’occasion.  Travail peu glorieux ? Et alors ? Au moins, il s’évadait de ses tracas, de Toni…  N’empêche que s’il la vidait de son esprit par la porte, elle revenait le hanter par la fenêtre. Pas qu’elle fasse quoique ce soit en ce sens, c’était simplement ainsi et pas autrement.
Son travail aux dispensaires était important à ses yeux. On recevait un peu de tout, en vrac, des banales engelures vu le temps glacial, aux coups de couteau ou aux perforations par balles en passant par pneumonies, parasitoses, mst, problèmes de drogue, etc. ou simplement un local chauffé où passer le temps.  
Rapide, efficient, assuré, dans son domaine Lescot devenait machine. Il sauta allègrement les déjeuners, et alors ? Qui s’en souciait ? Toni ne rentrait qu’au dîner de toute façon. Hors de sa sphère, Martin était toujours aussi désorienté. Louise lui avait juste conseillé d’attendre, de réfléchir en meublant les trous noirs… Il n’y comprit pas grand-chose. Pour lui, les choses étaient claires en un sens, il aimait Toni mais… elle préférait l’amitié…  Tant pis ? Tant mieux ? Dur à trancher.  
Attendre, oui. Quoi au juste ? Qu’elle lui file entre les doigts ? Il ne pouvait pas lui sauter dessus quand même ?? Complètement pris par ses propres réflexions, il vit très peu les autres. Discuter ? Avec qui, seigneur ? Dave et Nell s’enfermaient au bureau, passionnés dans l’écriture d’un roman ; Henry aurait bien passé ses journées entières au bunker si Louise ne l’en sortait pas. Toni… soupir.  
 
Evy Richards l’avait repéré dès sa première intervention au dispensaire.  C’était bien la première fois qu’un frais toubib engagé ne la distingue pas parmi le personnel occasionnel. Direct, elle le cibla.
 
*Un robot du boulot… chouette et… seul…*  
 
Assez grande, svelte, blonde et très bien roulée pour qui la regardait, bonne assistante médicale, elle avait tenté diverses promotions- canapé sans grand succès, hélas. Là, il lui sembla que le blondinet à lunettes valait beaucoup mieux que ce qu’il prétendait être.  
 
*Banal médecin de campagne, mon œil !*
 
Le Net et la ste chère Web avaient confirmés pas mal de trucs au tableau dressé. Ce qui frappa Miss Richards était l’absence complète de détails intimes. Si les commentaires en français étaient élogieux sur les soins prodigués par le toubib, aucun n’existait sur sa vie privée.
 
*Pas de cœur déchiré dans un placard ?? Étrange…*  

 
Curieuse invétérée, plus que sensible au charme du bel homme qui ne se doutait de rien, Evy entra en chasse de l’oiseau rare à baguer. Sa décision de l’épouser une fois arrêtée, la demoiselle commença à s’imposer à lui, le provoquer, l’espionner, le suivre partout mieux qu’une ombre.
 
À dix mille lieues d’imaginer être devenu l’objet de tous les désirs de Miss Richards, Martin vaquait au quotidien avec une régularité d’horloge… pour l’entrée en fonction. Ensuite, cela dépendait du boulot à effectuer. Evy modifia ses horaires pour qu’ils correspondent aux siens. Il débarquait à 7 heures pile, elle était déjà là avec matériel, dossiers, tris prêts.
Marrant, le tamtam des rues. Qu’un quartier pauvre se dote d’un médecin compétent était si rare qu’il ne désemplissait plus, sauf à l’heure de midi pour aller à la soupe populaire offerte à proximité.
Martin aimait discuter avec ses patients durant les soins, ainsi le vieux Jeff l’attendrissait beaucoup, son parcours aussi. Âgé de 72 ans, il avait vécu honorablement jusqu’à la quarantaine où la boîte qui l’employait avait décidé de le virer sans préavis. Un emprunt monumental pour sa maison sur le dos, un autre pour sa voiture, aucune assurance, il perdit tout, femme et enfants dans la foulée. La rue n’était pas son choix. Tout ce qu’il avait trouvé pour subsister c’étaient des minables boulots occasionnels dont un qui lui valut la taule : 10 ans pour avoir transporté le coli qui ne fallait pas…  Faire la manche était tout ce qui lui restait.  Là, il venait se faire soigner un pied infecté depuis quelques jours à cause de souliers percés.  Martin avait été scié quant Jeff avait refusé les chaussures correctes qu’il voulait lui donner :
 
Non, doc ! On voit que vous ne connaissez rien à la rue. Si je m’endors avec ça, je ne me réveillerai pas avec, ou même pas du tout.
 
Martin n’avait alors insisté que sur la nécessité de venir tous les jours soigner ce vilain pied dont l’aspect aurait repoussé plus délicat.  L’amputation menaçait grave. Jeff la refuserait. Cela le minait de ne pouvoir faire plus. Pour la 1ère fois depuis des jours, Jeff ne vint pas.  
 
Où est Jeff ? demanda-t-il à Evy.
 
Je suis navrée Dr Lescot. On m’a dit l’avoir trouvé raide hier soir dans la ruelle de…  

 
Elle savait que cela l’atteindrait de plein fouet.  Adorable, il avait pâli et chancelé un peu. Mais, alors qu’elle s’apprêtait à recevoir sa tête contre son épaule, Martin s’était refermé :
 
Patient suivant…  
 
*Zut !*  
 
Plus tard, après des heures laborieuses, Evy s’enquit :
 
N’avez-vous pas faim ? Ça vous dirait une pause déjeuner ? D’ailleurs, à part Mrs. Cross, il n’y a plus personne.
 
Où vont-ils tous à cette heure ?  J’ai remarqué, que… Ah, oui, la soupe populaire… faut que j’y aille, Je dois récupérer Hugues pour sa glycémie inquiétante. Occupez-vous de Cross : rinçage et pansement, c’est dans vos cordes.
 
Et de la planter là avant de filer voir de quoi il retournait.  
La salle était vaste, toutes les tables remplies avec file au dehors. Ça râla un peu d’être dépassé par des « sorry » répétitifs avant de parvenir à repérer Hugues mais, beaucoup le reconnaissant, on laissa passer le docteur.
 
Hugues, dit-il en le prenant par l’épaule, je dois…
 
Me laisser aller bouffer.
 
Désolé, pas avant votre prise de sang.  Venez avec moi…
 
Et rater la bouffe ? Ah non.
 
Je vous en donnerai après mais si je ne pratique pas ce prélèvement maintenant, les résultats…
 
M’en fous. La bouffe de Miss Toni vaut mieux que toutes vos pilules réunies, doc.

 
To… Toni ??? Miss Fischer ?
 
C’était un rêve éveillé, une coïncidence incroyable ou une analogie démente ? Donc, elle bossait là, la cachottière. Et, apparemment, elle connaissait le succès.  
Plusieurs indigents habitués du dispensaire insistèrent pour qu’il s’attable avec eux.
 
Les gars, je vous aime bien, mais ces places sont pour vous. Merci beaucoup, en tout cas.
 
Vous ne savez pas ce que vous ratez doc.
 

Oh si, croyez-moi, je le sais. On se voit tantôt. Bon appétit !  

 
 En lui-même, il rigolait. Toni… quelle incroyable bonne femme !  Rien de comparable avec l’égoïste Mélanie dont il ne gardait qu’un lointain souvenir à présent. Seul, vraiment, son gamin lui manquait.
 
Rarement Evy n’avait vu Martin en aussi bonnes dispositions. Il démarra l’après-midi comme si un truc l’avait radicalement changé. Professionnelle, avenante, elle ne modifia rien à son comportement mais s’inquiéta à l’intérieur.
 
Oups, il était presque 19h. Martin ferma « boutique » avec son éternel regret, mais la juridiction avait ses règles à ne pas enfreindre.
 
*Il m’a à peine dit deux mots… il se trame quelque chose…*  
 
Comme presque tous les soirs, Miss Richards pista son élu. Elle savait qu’il habitait une grande bicoque avec plein de gens. Il ne s’agissait pas d’une pension de famille, quoique…
Jumelles à la clé, elle observa à distance raisonnable.
 
Pour une fois, Martin était très éveillé au repas du soir. Pas qu’il dorme d’ordinaire après une rude journée en ne trouvant pas de quoi causer, mais son intérêt était ailleurs. Les discussions du soir étaient somme toute aussi habituelles avec touche d’humour de l’un ou l’autre sauf que, là, il voyait différemment, il LA voyait différemment.  Enfin, lors de la digestion du plantureux repas offert par Louise, il put capter l’attention de Toni :
 

… tu envisages de rester longtemps ici ?
 
Elle avoua plein de trucs, genre prolonger son visa, gagner sa vie, ainsi qu’une chose qui le scia :
 
… Tu me manques...beaucoup, énormément...
 
Fierté mal placée ? Cela lui fit un drôle d’effet, genre baume et poignard.
 
Comment puis-je te manquer ? C’est toi qui as mis des limites, je te signale...
 
… me suis gourée...j'avais peur...tout comme toi et sais pas...j'ai peut-être pas su bien m'exprimer...
 
En tout cas, grâce aux cours particuliers de Louise, elle s’exprimait réellement très clairement, là. Donc, lui aussi :
 
Allons promener Oscar…
 
Une excuse comme une autre car personne sauf Dave n’aimait vraiment balader cet hybride incertain aussi massif que fougueux.
Ce qui devait arriver arriva. Comme Nell, Toni se retrouva dans une glissade folle due à un chien fou, et lui de courir derrière. 
Ouf, pas de bobo mais une énorme partie de plaisir :
 
Suis un ange!
 
De la voir ainsi, hilare, enchantée de battre des bras et des jambes comme un papillon renversé cherchant son envol, il ne résista pas à l’envie de l’imiter en se jetant dans la neige à ses côtés. 
 
Oui, t’en es un.
 
Batifolages joyeux plus tard, il reprit son sérieux en se redressant sur un coude vers elle :
 
Tu es un ange et, si tu veux, je peux être ton gardien… Veux-tu de moi dans ta vie ?... Toni, ne fuis pas, ne te détourne pas, réponds juste oui ou… non…
 
Des phalanges blanchirent sur les jumelles devant des ébats inattendus dans la neige, non loin.
 
La serrer dans ses bras, l’embrasser comme un fou et elle qui riait, et… allait sûrement chopper un rhume dans cette position glaciale.  
 
Rentrons, dit-il joyeux sans lâcher sa main. Où est Oscar ? Oscar, mon gros, reviens…  
 
Il siffla, une masse rapide vint vers eux juste comme des phares jaunes passaient à toute allure. Aucun freinage ni ralentissement, un choc suivi d’un affreux gémissement. La voiture s’éloigna.  
 
Nom de Dieu !  
 
Courir vers la forme au sol, s’affoler :
 
Oscar, Oscar, ça va aller… Tiens bon toutou !
 
Toni ramena la voiture où ils chargèrent péniblement le corps en souffrance sur la banquette arrière.
Il existait un centre vétérinaire d’urgence non loin.  10 fois, durant le trajet, Martin demanda inquiet :
 
Il tient ?  
 
Toni ne savait pas, pleurant presque ou carrément en caressant la tête du chien.  
A l’arrivée à la clinique vétérinaire, une employée regarda le couple sévèrement tandis que l’on s’occupait du blessé emporté en civière :  
 
Race, âge, carnet sanitaire, circonstances…
 
C’est le chien de mon copain, Oscar, le chien… on le promenait, il s’est échappé, un fou lui a foncé dessus.  
 
Nom, adresse, lieu de l’accident…  
 
Ce n’était pas du tout la fin de soirée envisagée, alors là pas du tout.  Assis contre Toni dont il entourait les épaules, les frais amoureux tiraient des têtes d’enterrement en attendant le verdict.
Un vété à la mine froide vint à eux :
 
C’est vous qui avez renversé ce chien ?
 
NON ! Il revenait vers nous quand un véhicule a déboulé de nulle part et l’a fauché pour filer après…
 
Beaucoup disent ça.  Mais je vois à vos têtes que vous dites la vérité. Oscar va s’en sortir, rassurez-vous. C’est un animal très… très robuste. D’ailleurs, si vous pouviez le reprendre, ça nous soulagerait. Il n’a qu’une coupure et une petite foulure. Je crois qu’il veut rentrer, et on serait heureux qu’il débarrasse le plancher.
 
Martin paya la note salée sans sourcilier, trop content que tout aille bien.  
Une fois chez Henry, Toni et lui installèrent confortablement le léger blessé dans son gigantesque panier. Après maints câlins et gâteries, ils le laissèrent récupérer pour aller, eux-mêmes, s’effondrer dans le divan.  Au moins Toni ne s’éloigna pas quand il la colla contre lui :
 
Je suis désolé pour cette soirée lamentable. Dave va me tuer… Non ? Tant mieux alors parce que mes projets ne cadrent pas avec une exécution imminente. Tu veux boire quelque chose ? Moi, j’ai besoin d’un remontant…

 
Elle était toujours contre sa poitrine après le 3ème scotch.  
 
J’ai eu la trouille… je ne parle pas d’Oscar, enfin pour lui aussi j’ai eu peur, mais ce n’est pas de ça que je veux parler. Toni… je t’aime depuis très longtemps, je suis un idiot… Non, tu ne t’es pas mal exprimée, c’est moi qui ai mal interprété.
 
Se noyer dans ses yeux, prendre sa bouche, le paradis s’ouvrait.  
 
Martin fut sans doute le premier debout le lendemain. Il fila vérifier si toutou allait bien. Oh que oui ! Il voulut gambader dans le jardin, de loin Martin le surveilla jusqu’au retour.  
La maisonnée roupillait encore quand il la quitta pour aller bosser. Tiens, en parlant de bosse, le parechoc de Miss Richards en avait une sérieuse à l’avant. Cette vision sur le parking s’effaça direct en prenant son service.  
 
Est-ce que tout va comme vous voulez, Martin ? On dirait que…
 
J’ai peu dormi. Un con a quasi écrasé le chien de mon pote hier soir. Qui avons-nous, ce matin ?  
 
Concentré à ses tâches, le docteur ne remarqua pas les regards noirs qui le foudroyèrent dans son dos tout du long.  
À midi, Evy fit son possible pour le retenir mais Martin avait autre chose à faire que de couper des ongles de pieds :
 
Je file donner un coup de main à côté !

 
*La soupe populaire…. On aura beaucoup de travail dans un moment…*
 
Sans chichi, Martin troqua sa blouse blanche contre un simple tablier pour aider à la cuisine où il ne vit pas Toni, de relâche ce jour-là.
Il n’eut plus une seule minute de libre sur le temps de midi pour assouvir la fringale des indigents accumulés. 
La débâcle commença deux heures plus tard. Dysenterie quasi généralisée au dispensaire. Les réponses au questionnaire allaient toutes dans le même sens : les atteints avaient mangé le mironton d’à côté.
 
Docteur Lescot, sans vous commander, vous devez établir un rapport au service sanitaire… Ce centre doit fermer. Empoisonner les gens – démunis en plus – est criminel. La cuisinière doit acheter des trucs pourris, contaminés….
 

C’est étrange, j’ai goûté la marmite, et je n’ai rien, moi…
 

Vraiment ? Vous en avez mangé ??? Il vous faut vite de l’imodium…  
 
Dites-moi plutôt pourquoi notre réserve de laxobéron est épuisée…  Hier encore, elle était remplie…  
 
Docteur, je n’ai rien remarqué. Peut-être qu’on nous a dévalisé ? Je vais tout vérifier.
 
Vous ferez ça demain. Ce soir c’est Thanksgiving, rentrez chez vous.
 
Un doute profond s’installa dans l’esprit de Martin qui refusa de signaler l’incident aux autorités ; il n’avait qu’une envie : rentrer.
Pour une soirée d’exception, c’en fut une ! D’abord, deux invitées surprise, rien de moins que la mère de Nell et la grand-mère de Dave, le tout suivi par une demande en mariage singulière.
On applaudit, se moucha,  sut la date envisagée. Il ne put résister à serrer les doigts de Toni sous la nappe pour dissimuler sa propre émotion. Ça le démangea fortement de se déclarer publiquement aussi mais priorité aux futurs époux précités.  
Les soirs suivants, il adora les balades sans toutou fou, juste accolé à une Toni rayonnante quoiqu’un peu tracassée quant à son avenir.
 
On trouvera une solution pour que tu puisses rester mon amour, j’en suis certain. Et, si pas, je te suivrai, où que tu ailles j’irai. Ça te va ?  
 
Ils discutaient dans le blizzard se fichant de la température, réchauffés simplement par la proximité de l’autre.
 

Dave reçoit un prix bientôt. T’en dis quoi des mamies débarquées ?... oui, c’est clair qu’elles s’entendent. Pas autant que nous, ma douce. Tu as parlé à Nell ? … ah… Dave ne dit rien non plus… on leur volera la vedette à la remise des prix, si tu veux… Tu sais, je suis en passe d’obtenir les documents officiels de résident permanent avec droit d’exercer mon vrai métier. Je… je pense que si je suis nanti d’une épouse, nul n’y verra d’inconvénients…  c’est peut-être prématuré, hors normes, mais j’espère que tu…      
 
De l’amour à la haine, la marge est mince. Evy Richards la franchit…
 
La bague destinée à Mélanie avait été revendue depuis un bail, l’argent récupéré offert à une association caritative. Pour Toni, il n’avait aucune idée précise de ce qui lui plairait. Il avait bien, en sa compagnie, lorgné quelques boutiques dont des bijouteries, histoire de remarquer un intérêt quelconque sur l’un ou l’autre anneau mais soit Toni n’était pas bijou, soit elle s’en fichait ou faisait mine de.  Demander l’avis de ses soeurs ? Elles l’ignoraient complètement et se seraient fichues de sa poire. Louise était la mieux placée pour l’orienter mais, au final, c’était à lui seul de déterminer ce qui conviendrait.  
Quand le hasard lui fit regarder une vitrine de joaillerie, il sut.  Simple, dépouillée, en V incurvé serti de quelques pierres minuscules, c’était celle-là.
 
Evy avait ruminé longuement en notant les changements survenus chez Martin. De triste et renfrogné, il était à présent enjoué voire plaisantin. Oh, il n’en négligeait pas pour autant ses tâches mais s’arrangeait systématiquement pour rentrer à l’heure maintenant. Elle en aurait mordu de rage le volant quand elle le voyait main dans la main avec cette fille, l’idiote cuistot du centre voisin où il aimait tant donner des coups de main. Déjà que l’empoisonnement au laxobéron avait failli éveiller des soupçons pas question de récidiver en ce sens.  La bague qu’il désirait passer à son doigt, elle l’avait facilement trouvée dans la veste qu’il laissait dans son casier avant d’aller remplir des assiettes aux démunis. La trafiquer ? Pourquoi pas… ? Quel poison conviendrait le mieux ??  
Le curare ? Trop foudroyant… Le cyanure, encore plus. Pour Miss Fischer, l’agonie devrait être longue, indétectable…  et, surtout, affreusement douloureuse... La ricine ??? Peut-être…
Introduire sous le fin sertissage le produit choisi demanda doigté et concentration. Miss Richards n’en manquait pas. Une très fine éraflure interne à l’anneau et le destin de la fiancée serait clos.  Au début, elle grimacerait un peu sous l’écorchure que l’intensité du moment lui ferait passe inaperçue. Ensuite, plus la bague serait portée, plus le venin s’insinuerait causant des rigidités, engourdissement avant qu’une dégradation irréversible ne détruise les organes essentiels.
 
*Félicitations Miss Fischer, ex-future Mme Lescot…*
 
17 décembre 2015 ligne directe :
 
Que demander le plus à la vie que la vie elle-même ? Toni était SA vie. Il l’avait attendue des années et, maintenant qu’elle était à ses côtés, n’avait pas refusé de partager son avenir, le monde rayonnait sous un ciel parfait. La remise du prix de Dave était l’évènement mondain du siècle aurait-on dit. La presse en parlait, la foule trépignait. Martin, aussi trépignait. Il n’y tint plus et, en douce, avait entraîné Toni dans le jardin enneigé :  
 
Je pense qu’il serait de bon ton de, finalement, leur laisser la vedette demain. Mais, ce soir, j’aimerais que tu confirmes ma demande.
 
Un genou par terre, dans la neige, avec Oscar qui leur batifolait autour, il demanda :
 
Accepte-tu de devenir ma compagne de vie, mon amie, mon amante, la mère de nos enfants ?
 
La bague idéale en V incurvé s’enfila et un immense bonheur les submergea.
 
18 Décembre 2015 ligne directe :
 
Tout va bien, docteur ?
 
Mieux que cela, Miss Richards : je me suis fiancé hier.
 
Félicitations, docteur ! *Sincères condoléances…*
 
Il travailla comme un dingue au dispensaire étant comme d’habitude très attentifs aux besoins des patients mais aussi à l’horloge.
 
Vous semblez distrait, docteur. En raison des fiançailles ?
 
Pas du tout. Nous avons une soirée à ne pas manquer aujourd’hui.
 
Evy savait de quoi il retournait pour avoir lu les potins mondains. Tout le gratin serait présent… son Martin aussi puisque grand ami de la célébrité du jour. Elle serait parmi la foule délirante, mais pour  les mêmes raisons que ces idiots de fans.  
 
Le temps d’un récurage intense, de revêtir un smoking, dans le salon Martin attendit sa belle qu’il n’avait pas encore vue depuis la veille. Il fut tout chamboulé lorsqu’elle le rejoignit enfin.
 
Wow ! tu es… divine mon cœur. Absolument divine.
 
Il était parfaitement sincère sauf que quelque chose le dérangea... juste un peu.
N’avait-elle pas un peu forcé le maquillage ? Ou alors… ?
 
*La fatigue, sans doute.*
 
Puisqu’elle assurait que tout allait bien…  
 
Comme prévu, la réception fut splendide, impeccablement organisée sous la houlette de l’éditeur et la grand-mère de Dave.  Le champagne coula beaucoup, les ragots aussi. Il était plus qu’évident que le solitaire au doigt de Nell et les regards échangés avec son fiancé déclenchaient foule de commentaires.
 
Au moins, ma douce, nous n’avons pas à craindre ces flashes et vindicte. Tout ce qui compte, c’est toi et moi. Quand et où nous vois-tu mariés ? Ici ou dans un endroit exotique ? … je te l’ai dit : où tu veux, quand tu veux. Suis un homme de parole, au cas où tu en douterais…  Tu danses ?
 
Légère, Toni se révéla une partenaire parfaite quand soudain, elle trébucha légèrement :
 
Je crois que quelqu’un a un peu trop abusé du champagne. Il est tôt mais si tu veux, on les plaque, on rentre…  
 
Elle ne voulut pas abréger la consécration N-D.  Le monde de l’édition leur étant autant qu’à l’autre indifférent, le clan Clayton hermétique, ils se réfugièrent auprès d’autres « exclus » du même style : les très futurs mariés. Une impression où Louise détaillait Toni ? Certes, elle l’avait conseillée dans sa tenue qui était irréprochable, mais…  
 
Les noces toujours prévues pour le 23 ? Tu n’as pas changé d’avis, Henry ?
 
On plaisanta sur le thème comme si rien en buvant encore quelques verres avant de se faire raccompagner en taxi.
 
Près de la porte de sa chambre, Toni souriait apparemment ravie de la soirée quoique très fatiguée.  
 
Tu es sûre que tu te sens bien ?... ok, je n’insisterai donc que pour un dernier baiser avant celui de tantôt.
 
19 décembre 2015 ligne directe
 
Quelle journée pourrie ! Tous s’étaient donné le mot où quoi ? Le dispensaire ne désemplit pas au point que Martin ne sut se rendre au centre SDF et ne vit pas Toni de la journée, ni personne de ses amis, du reste. Il rentra seulement vers 23 heures pour s’écrouler sur son lit, rompu.
 
20 Décembre 2015 1 h de matin ligne directe
 
*… HEIN ??? Mais qu’est-ce que ce c’est que ce boucan ? *
 
À moitié zombie il gueula d’entrer en tâtonnant vers sa lampe de chevet. Extrait de force de sous sa  couette, il ne comprit quasi rien hormis qu’il s’agissait de Toni.  Dopé du coup, il courut dans le couloir à la suite d’une Nell hystérique et d’une Louise qui l’était autant.  Le tableau dans la chambre des filles était… pétrifiant.  
 
Mon amour !!! Mon Dieu ! Appelez une ambulance, vite.  
 
Du sang au bord des lèvres, sur les draps, sa belle Toni était inconsciente.  
 
23 décembre 2015  ligne directe :
 
Martin n’avait pas voulu que les projets de Louise et Henry soient modifiés malgré les circonstances horribles qui se profilaient dans un avenir très proche, trop proche hélas. Qu’avait-il raté, comment n’avait-il rien vu avant que l’évidence de la fatalité ne le frappe ? Le verdict était tombé : aucun remède.
Le monde avait perdu toute consistance, comme si Martin évoluait dans un épais brouillard où tout était indistinct, les sons ouatés. Ses amis essayèrent de le sortir de là par gestes et paroles de réconfort, rien ne perçait sinon un désespoir plus profond qu’un abîme.  Il n’alla plus au dispensaire, passant tout son temps au chevet de la mourante, sans quasi fermer l’œil, se laver, manger en la voyant dépérir d’heure en heure malgré l’impressionnant dispositif déployé autour d’elle.  
Qu’il n’assiste pas au mariage privé n’étonna sans doute personne.  Toni mourut dans ses bras cette-nuit-là.
 
24 décembre 2015 ligne directe :
 
Docteur Lescot nous devons la préparer… Soyez raisonnable, docteur…
 
L’infirmière était désolée mais la routine devait suivre son cours.  On lui remit un petit sac avec les affaires personnelles de Toni, retirées à son arrivée aux urgences quelques jours plus tôt. Il les empocha, l’air sinistre, absent. Dave et Nell vinrent le cueillir dans le hall qu’il ne voulait pas quitter. On le soutenait, l’embrassait, lui tapotait les épaules ? Les dispositions étaient prises pour le service funèbre. On n’avait su joindre personne de la famille Fischer.
Choisir un cercueil ? Il agréa n’importe quoi.
L’employé des pompes funèbres soupira :
 
Ce sont de pénibles moments monsieur. Cependant, afin de mieux la représenter, pourriez-vous nous confier un vêtement qu’elle aimerait porter, un bijou peut-être ?  
 
Nell et Louise, décomposées aussi, s’en chargèrent : sa robe de bal et, bien sûr sa bague de fiançailles. Martin tint à la lui remettre au doigt lui-même. Il la glissait à l’annulaire quand quelque chose le surit à ce doigt pourtant tant serré, embrassé les jours antérieurs. Une écorchure ? Bah ! Sa pauvre chérie avait été si malmenée et piquée à tant d’endroits…  à part que la petite plaie correspondait exactement avec l’angle de l’anneau…
Ce détail ne le marqua pas directement.
 
26 décembre 2015
 
Le plus triste des Noël qui soit fut célébré sans guirlandes ni sapin.  Martin se terra aussi longtemps qu’il put dans sa chambre, n’écoutant rien d’autre que la voix de son chagrin avec en tête le rire de Toni, ses yeux magiques, des flashes de tendres moments partagés. Au lieu des volées de cloches joyeuses d’un mariage sonna le glas lugubre et las. La petite église fut étonnamment remplie, ce qui émut profondément Martin. Toni avait soutenu tant de gens, leur avait apporté bien plus que de simples repas que beaucoup lui rendirent hommage.  
Des oraisons, s’il y en eut, il n’entendit rien, ne distingua d’ailleurs à moitié personne.
 
On est là, docteur, je suis là Martin…
 
Miss Richards ? Merci…  
 
Il remercia tellement de monde qu’il fut encore plus déboussolé que possible.
Une collation fut servie à ceux qui voulurent repasser du cimetière auquel Dave avait dû l’arracher.  Ils s’étaient presque empoignés.
 
… se reprendre ? T’es malade ? Si c’était Nell, qu’est-ce que tu ferais ???
 
Ouais, facile à dire… Continuer ou…
 
… qu’est-ce que tu viens de dire ?... le boîtier, quel boîtier ?
 
Non, il n’avait pas ouvert ses cadeaux de Noël, bien sûr que non ! Pas plus qu’il n’avait entendu ce qu’avait raconté Henry pourtant insistant paraissait-il.  
 
Dès ce moment de révélation, Martin changea avec une idée de plus en plus folle en tête. Le soir-même, il consultait Henry….  
 
28 décembre 2015 ligne directe :
 
Le résultat de l’enquête de police quant au décès dramatique d’une jeune femme en parfaite santé tomba : empoisonnement.
 
Qui a pu l’empoisonner, pourquoi, comment, quand ??? s’énerva-t-il à table devant une assiette qui refroidissait... la police pense au coup du parapluie bulgare, c’est insensé.  
 
L’était-ce tant que cela… ?
Selon Henry, avec le nouvel appareil individuel, on pouvait glisser à volonté. Il allait se gêner ? Crever pour crever, il lui fallait la vérité. Il sut.  
 
 17 décembre 2015 ligne directe, début de ligne bis :
 
Que demander le plus à la vie que la vie elle-même ? Toni était SA vie. Il l’avait attendue des années et, maintenant qu’elle était à ses côtés, n’avait pas refusé de partager son avenir, le monde rayonnait sous un ciel parfait. La remise du prix de Dave était l’évènement mondain du siècle aurait-on dit. La presse en parlait, la foule trépignait. Martin, aussi trépignait. Il n’y tint plus et, en douce, avait entraîné Toni dans le jardin enneigé : 
 
Je pense qu’il serait de bon ton de, finalement, leur laisser la vedette demain. Mais, ce soir, j’aimerais que tu confirmes ma demande.
 
Un genou par terre, dans la neige, avec Oscar qui leur batifolait autour, il demanda :
 
Accepte-tu de devenir ma compagne de vie, mon amie, mon amante, la mère de nos enfants ?
 
La bague idéale, un saphir orné de brillants s’enfila, et un immense bonheur les submergea.
 
Juste après l’achat de la bague en V, Martin crut se faire dévaliser car un individu quasi en tout point identique à sa personne lui  sauta dessus sur le parking. Se rencontrer soi-même n’est pas donné à tous. Il crut mourir de trouille. Les deux hommes s’affrontèrent du regard, l’un perdu, l’autre émacié, barbu, hagard :
 
 Oui, je suis toi Martin. Toi de la ligne temporelle que tu as toujours vécu. Pour moi, on est déjà le  Celle que j’ai vécue est horrible. Si tu passes cette bague-là au doigt de Toni, elle mourra dans quelques jours. C’est Richards la responsable, elle va trouver la bague, y introduire de la ricine, et Toni sera condamnée. Je te jure que c’est insurmontable.  

 

Qu’est-ce que je peux faire ? Je veux savoir. Je dois tuer Richards ?
 
Non, je viens de la descendre. Pour moi, on est le 30 décembre. On va la retrouver étranglée et on saura que c’est moi. Je m’en fous car je vais glisser et me tirer une balle. Moche pour nos amis mais nous deux ne pouvons coexister sur la nouvelle ligne que nous allons créer, donc je ne reste que pour t’éclairer. Sur cette ligne-ci, Toni a un avenir, sur l’autre c’est foutu pour elle, pour nous.  Nos amis de la ligne initiale seront navrés mais quelque part, ils sauront que nous en vivrons une autre où tous ensemble nous serons heureux. Henry a permis ce miracle : l’avenir direct ne change pas, les lignes créées suivent leur cours.  Toi seul sauras, sauf si tu caftes. Achète une autre bague pour Toni, tu en as les moyens, je le sais très bien. Laisse celle-là dans ton casier, surveille les agissements de Richards pour que cette folle soit confondue, internée ou morte ; on s’en fout. Embrasse bien Toni pour moi. Je l’aime à… en mourir.
 
 31 Décembre 2016 ligne directe :
 
Les journaux titrèrent : Le docteur Lescot, éminent chirurgien français travaillant avec brio dans plusieurs de nos dispensaires, aimé et respecté de tous, s’est donné la mort hier soir. Recherché par la police pour homicide volontaire sur la personne d’Evy Richards, on pourrait croire à un acte de folie. La lettre explicative donne un tout autre aspect à ce drame. Evy Richards serait responsable du décès de la fiancée du docteur…
 
23 Décembre 2015 ligne bis :
 
Vive les mariés !! Louise et Henry, émus aux larmes s’embrassaient sous les vivats de la petite communauté réunie. Martin serra la main de sa Toni qui portait fièrement son saphir.
 
Où que tu ailles, j’irai. Notre tour sera quand ?  Je vais te prédire un truc… je parie qu’Henry mettra sous le sapin des boîtiers individuels, tu mises combien ?
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Nelly Watts

Nelly Watts


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MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyJeu 9 Juin - 17:46

Le hasard, une prémonition ? Pas besoin d’un sixième sens pour deviner des trucs. Dès qu’elle reçut enfin l’appel de sa fille, Elisabeth Watts sut que ça clochait.  Elle annula toutes les conférences, visites prévues et sauta dans le premier avion vers Boston en prétextant à Nelly qu’elle y allait parce que son itinéraire concordait.
Ce que Lizzie n’avait pas prévu était de faire les cent pas dans le hall des arrivées sans personne pour la recevoir d’autant qu’elle n’avait pu joindre Nell avec un portable à plat, un réseau surchargé, les taxis submergés. De plus, il faisait un temps de chien dehors. Elle finit par s’asseoir auprès d’une dame à l’aspect austère qui, elle aussi, semblait en attente.  
 
Excusez-moi, vous avez du réseau, une batterie ? Mon engin ne veut rien entendre, et…
 
Mon fils va arriver me chercher. Vous désirez que l’on vous dépose quelque part ?
 
J’en serais ravie ! J’escompte aller à Cambridge, ma fille Nelly y habite pour le moment.
 
Mon petit-fils Dave aussi ! Le monde est petit, non ? Tope-la. On vous convoiera.
 
 La sympathie nait parfois ainsi… bêtement. Mais ce que n’avait pas entrevu une seconde Mrs. Watts fut que le fiston attendu soit si… ouf.
 
*Avec 30 ans de moins… je ferais bien des bêtises avec lui…  *
 
Mince alors ! Il connaissait non seulement Nelly mais ils habitaient au même endroit.  Malicieuse, Mrs. Clayton sénior lui cligna de l’œil en l’engageant à les suivre, elle et son-petit-fils.  
On parla peu durant le trajet. Il valait mieux laisser Dave concentré à sa conduite.  
Son adorable fille lui sauta au cou quoique, quelque part, Lizzie sentit que c’était à un autre cou qu’elle aurait désiré se pendre.  
Sa tête quand elle connut l’identité de son accompagnatrice. Puis cette façon de se débiner… Pas le style de sa Nell :
 

*Alerte rouge ! Anguille sous roche…*
 
La suite le lui confirma.  
 
Se sentir passée au crible ne plait à personne. Nell n’apprécia pas du tout. Heureusement, les regards bienveillants de sa mère et la présence de Dave firent glisser la pilule sans heurts.
En apprêtant les chambres que Louise avait insisté à leur offrir au moins pour cette nuit, Nell restait mitigée en conversant avec un Dave aux petits soins :
 
… ouais, elles s’entendent bien… mais ta granny, brrr, pas commode…   
 
 tu lui plais, j'en suis sûr... en plus pourquoi elle ne t'aimerait pas? Tu es parfaite!  
 
Parfaite pourquoi ? Pour qui ? Nell n’eut pas trop l’occasion de se pencher sur ces questions au vu du boucan d’en bas déclenché par un Oscar débordant de joie auprès des invitées inattendues.    
Scène tordante de voir les mamies coincées par le veau poilu ne voulant que leur démontrer son affection.  
 
Oscar, panier !
 
Elle raccompagna gros toutou qu’elle flatta beaucoup avant de soupirer :
 
S’il restait de la place dans ce panier, je me collerais à toi. Sois sage.  
 
Retourner dans l’arène ? Ah non !  Ouf, Dave voulait travailler, donc elle aussi.  Ils le firent jusqu’à ce qu’une fringale se manifesta. Puisqu’il voulut se charger de faire des sandwiches, elle rigola en se demandant à quoi cela ressemblerait mais quelle importance ?  En l’attendant, elle lut, relut, les passages pondus par son Dave.  
Quand elle le vit débarquer avec en équilibre incertain un plateau bien garni en main, elle pouffa :
 
Cette idée ne vient pas de toi, avoue !  
 
On rit, se charia un peu puis ce fut l’heure du vrai repas et la montée aux chambres des mamies.  
 
Bonne nuit, maman.
 
Un bisou et filer ? Autant rêver.
 

Nelly Watts tu ne sortiras pas d’ici avant de tout me raconter.
 
Haussement d’épaules.
 
Que veux-tu que je te dise que tu ne devines déjà ? Je crois que je suis amoureuse maman et c’est… affreux !
 
 Pleurer dans le giron de la compréhension incarnée, que demander de plus ?  
Lentement, sous des caresses lénifiantes aux cheveux et des bisous au front, Nell parla.  
 
Tu as donc peur de t’égarer ? Dave m’a fait l’effet d’un jeune homme très sensé…
 
C’est un coureur invétéré. Son tableau de chasse est impressionnant ! Regarde sur le Net, si tu ne me crois pas !  D’un côté, je m’en fous, d’un autre j’ai peur de n’être qu’une mouche à épingler en trophée.  
 
Qu’en aurait-il à cirer d’une mouche, ma belle ? Selon moi, il cherchait l’oiseau rare et l’a trouvé.  
 
Ben voilà ! Tu as tout compris. Une victime de plus, rien d’autre.  
 
Je n’ai pas dit un oiseau à clouer sur un panneau, ou à mettre en cage. Simplement, il a trouvé SON oiseau.  Et toi, mon beau colibri, tu as trouvé la branche où faire son nid.  
 
Maman, chez les colibris, le mâle fait son affaire puis fout le camp !  Merci de cette comparaison stupide.  
 
Elisabeth ne se vexa pas mais, au contraire rigola beaucoup.  
 
Je suis maladroite parfois, je te l’accorde.  Ce que je veux dire c’est que peu importe le ramage et le plumage, Dave a fini de voler. Ce qui était avant n’est plus, tiens-toi-le pour dit et, maintenant, va dormir. Ah, une dernière chose, si jamais tu donnes à un de tes œufs un nom d’oiseau, je te renie !  
 
Le sommeil ne vint pas comme espéré. Elle murmura :
 
Toni, tu dors ?
 
Tiens, elle non plus.
 
Je voudrais savoir… toi et Martin, c’est du sérieux, non ?... Tant mieux pour vous…. Moi, Dave ? J’en sais rien, fichtrement rien. On s’entend à merveille, et ça me suffit…  ah ? Tu crois ça aussi ? Maman disait pareil…  
 
Thanksgiving
    
Ils n’avaient pu que se croiser qu’ici où là dans l’immense bicoque d’Henry. Entre des petites courses pour des achats de dernière minute, son épluchage du Net pour le travail de Dave et ses rêveries personnelles, Nell se trouva comme deux ronds de flan quand Warrington déclara ouvertement sa flamme à sa future femme.  
Bien sûr elle applaudit à tout rompre, la larme à l’œil aussi. Quel courage cet Henry !  Elle aurait bien souhaité posséder le même.
 
Bonne nuit Mrs. Clayton, bonne nuit maman, Bonne nuit Louise… laisse ça je m’en occupe.  
 
Vider les fonds d’assiettes, débarrasser le salon, bourrer le lave-vaisselle, elle leur devait bien ça. Dave tint absolument à lui filer un coup de main :
 
À deux ça va plus vite, te plains pas!
 
J’ai pas besoin de coup de main, t’es fichu de casser la moitié de ces trucs.
 
N’empêche que ce fut gag de se charrier tout du long de la mise en ordre.  
Dave ne voulut pas en rester là, il l’invita à regarder le feu qui mourait gentiment dans l’âtre. Tout était si calme, paisible, parfait.  On discuta un peu sur le dos des autres puis :
 
 Tu sais, ça fait un moment qu'on aurait dû parler... ( raidissement) …  j'y pense tous les jours à ce que tu m'as dit... que tu voulais que tout soit comme avant... et ça me fout la trouille... *Parce que tu crois que je n’ai pas la trouille, moi ?* tu as eu vent de tout ce qu'on raconte par-là... Ça c'est AVANT pour moi... L'APRÈS, c'est tout ce qu'on a partagé... *On dirait maman…*
 
Et il les dit ces mots espérés, les redit… elle fondit complètement.  
Puisqu’elle ne se déroba pas au baiser le plus délicieux qui soit, un baiser qui n’avait rien d’un rêve mais encore plus beau, il la taquina :
 
Alors...tu m’aimes aussi un petit peu?
 
Saisir un coussin et l’en frapper était tout ce qu’il méritait :
 

Je te déteste, grand imbécile ! Tu devrais le savoir depuis le temps !   
 
Dormir avec l’univers en place ? Voilà la paix.
Faire comme si rien aux yeux des autres demanda de la ruse, mais bon. Le travail était là, et puisque l’éditeur de Dave exigeait un complément avant la Noël, il était   urgent de corriger des trucs.
 
Ce passage ne colle pas du tout !  C’est plat, poisseux de miel et rose, des gens aiment ça pas moi.
 
Monsieur n’était pas d’accord mais désira savoir comment elle tournerait ça. Hop, hop, correcteur, pianotage express.
 
Ça, ça en jette et ne me dis surtout pas le contraire…   
 
Il jugea cela très bon jusqu’à lui proposer de tout écrire et de lui filer 30% des recettes en co-auteur.
 
Célébrité ou pas monsieur au gros cou, si j’écris, tu casqueras 50/50 ou tu te le farciras toi-même ton bouquin !
 
Ils débattaient du pourcentage en se lançant dans une bataille effrénée de coussins quand maman Watts les surprit. Chic, les espionnes allaient déserter au moins une nuit avec, selon Dave, une arrière-pensée. On verrait. En attendant, ils avaient du pain sur la planche quoique certaines idées trottent par-là et pas que sur la future fiction ; peut-être friction ? …    
Les nuits, Nell rêvait qu’elle était comme une certaine déesse antique devant une balance : un plateau pour, un pour le contre. Etonnamment, le côté pour pesait bien plus lourd que l’autre.
 
*Tu prends tes rêves pour des réalités… non, Dave n’est pas celui décrit sur le Net… il ferre son poisson… et s’il me plaisait, son hameçon ?... Sois réaliste et sensée… je crois l’être, et je l’aime et foutez-moi la paix, stupides voix intérieures !*
 
Eh merde ! Pas que Dave soit distingué par un prix mais qu’une immense réception s’en suive. Il ne fut pas très emballé non plus mais assura que tout irait bien tant qu’elle l’accompagne. Or, c’était là que le bât blessait.  
 
*Au secours, maman !!!*
 
18/12/2015 7h du matin.  
 
Maman ? Pourquoi tu me sors du lit ? Hey, doucement. Toni dort et…
 

Toni vient avec nous. Debout jeunes filles !   
 
Pour une journée particulière c’en fut une. Impossible d’échapper à la poigne d’acier de Mrs. Watts.
Institut de beauté, défilé haute-couture avec chausseurs, et tout le bataclan.  
 
Maman, essaya bien Nell. Je ne suis pas un cheval de concours, ni même un chien en quête du cordon bleu.  J’ai une petite robe noire qui me va comme un gant. Que veux-tu que je fasse de ces échasses ?  
 
Autant pisser dans un violon quoique...  
La touche finale fut des pendentifs merveilleux fixés par des mains très aimantes au lobe de ses oreilles.  
 
Elles dorment depuis si longtemps dans mon tiroir Nelly chérie. Tu ne veux quand même pas faire honte à ta mère, n’est-ce pas ?  
 
Maman, c’est pas moi ça, cette… cette…
 
Cette quoi ? Cette époustouflante jeune femme d’une beauté rousse parfaite ? Je sais qu’avec ou sans fard, Dave t’aime. Mais là, le jury auquel tu seras confrontée tantôt risque d’être moins conciliant. Assume !  
 
Vlan, une poussette dans le dos et vas-y pour la descente en enfer.  
L’enfer avait des yeux bleus ? Celui-là, le sien, oui.  
 
Il lui en débita des trucs dans le bureau où il lui passa sa magnifique bague au doigt.  
 
*Cette meule de foin l’a marqué, dirait-on. Pourquoi ? * Un copain, ça m’irait, mais un mari fidèle encore plus… si tu y tiens, moi aussi. Tu es mon Himalaya… cherche pas à comprendre, embrasse-moi plutôt.
 
Quoiqu’il en soit, elle ne trébucha à aucun moment, très fière de partager la gloire de Dave sous les projecteurs même si, parfois, elle se sentit plutôt conduite à l’échafaud ou sur le grill des critiques.   
             
 … famille, voici Nell Watts! … Et après ça...tu veux encore de moi?
 

Non, pas du tout. D’ailleurs, je sors en courant sauf que je ne sais pas encore courir surtout sur ces échasses. Donc je vais rester, ne t’en déplaise. Il y a des coussins quelque part, histoire de t’en bombarder ?
 
La soirée se déroula comme elle se devait. Dave fut accaparé par l’un ou l’autre, et Nell criblée de regards curieux, froids ou carrément hostiles.  Plusieurs anges gardiens veillaient fort heureusement.  
Elisabeth Watts était lionne à ses heures. Voir le clan Clayton remonté contre sa Nelly la fit mousser.    
Une oreille traînant ici, une autre là, son opinion se confirma : ces gens étaient des fats, très imbus et complètement idiots. Une veine que Dave ne tienne que de sa grand-mère avec laquelle elle s’entendait copain comme cochon. Ils étaient si magnifiques sur la piste de danse tandis qu’on commérait dans leur dos.   
 
Retenez-moi Kathleen ou un esclandre va péter…
 
Tout doux, très chère. Notre petite Nell sait se défendre. Vous êtes mieux placée que personne pour le savoir, n’est-ce pas ?  
 
Je pense quand même avoir le droit de mettre certains points sur les I.  
 
Allons-y ensemble alors, savoura Gran.
 
Les complices foncèrent d’un accord tacite.
 
Bonsoir Mr. et Mrs. Clayton, nous n’avons pas encore eu le plaisir d’être présentés. Je suis Elisabeth Watts, la maman de la fiancée de votre délicieux fils.
 

Je lui donne deux mois, comme les autres, persiffla la jumelle de Dave en jetant un œil blasé au couple incriminé.
 
En fait, cela fera bientôt cinq mois qu’ils se fréquentent, vous l’ignoriez ?  Oh, ce ne fut pas évident pour ma Nell. Être héritière unique d’affaires ultra florissantes comme le sont celles des diamantaires de nos jours n’est pas donné. La réputation de Dave n’a pas joué en sa faveur. Mais ma Nelly sait quand une valeur est sûre. Les diamants sont éternels, dit-on. Le pétrole, par contre…  
 
Oh que je suis bête, renchérit Gran qui prenait un pied jamais atteint devant les mines de sa désastreuse descendance. J’avais complètement omis ce détail. Vous ne trouvez pas que ces jeunes gens sont charmants ensemble ? Allier nos deux familles serait bénéfique pour tous, ne pensez-vous pas, chers enfants ?
 
Le revirement à l’encontre de Nell fut radical.  Un seul regard vers sa mère lui suffit pour capter d’où ce changement provenait. Sourires charmeurs et attentions diverses déboulèrent, le père allant même jusqu’à la pousser sur la piste de danse.  
 
Ainsi vous avez réussi à  dompter mon effronté de garçon ?
 
Vous parlez de Dave, Mr. Clayton ? Parce que je ne le trouve pas du tout effronté, moi.  
 
Et que faites-vous dans la vie, Miss Watts ?
 
Un peu de tout. Là, Dave m’offre l’immense honneur de partager sa créativité. Vous savez, pour l’écriture.
 
Vous écrivez aussi ?
 
Je suis journaliste de formation mais je suis aussi dresseuse de fauves à l’occasion… Non, je ne chasse pas, notez que je sais tirer mais sur du carton seulement, les animaux je me contente de les prendre en photo. Certains aiment voir le sang couler, pas moi.  

 
Ah ? Ecologiste ?
 
Sur les bords aussi, vous avez tout bon.  
 
Elle se demandait comment se débarrasser de ce barbant personnage qui jouait à l’enquêteur quand l’idée lui vint :
 
N’avez-vous jamais observé une meute de loups ? Il y en a en Alaska, non ? J’en ai suivi une en Sibérie. Ils forment des clans très soudés qui…
 
Et de lui bassiner tant les oreilles avec les mœurs de ces bestioles que papa Clayton fut très heureux d’entendre le slow s’achever.
Au frère et à la sœur, elle servit une autre sauce. Celle-ci fut épicée de têtes tranchées en Afrique, de massacres divers, des conséquences désastreuses de la pollution sur les écosystèmes, etc.
 
Ma chère, lui dit maman Clayton avec le nez pincé de celle qui sait tout en désapprouvant, vous n’êtes pas sans savoir d’où provient notre immense fortune, n’est-ce pas ? Exploiter de pauvres gens pour trouver vos pierres vaut-il mieux que de creuser des trous dans la terre pour en extraire ses fruits ? C’est similaire, vous ne trouvez-pas ?   
 
Question de point de vue, chère madame. Maman est très sévère quant au bienêtre des ouvriers sur les sites de prospection : salaire, conditions plus que décents. Les tailleurs sont plus qu’exigeants mais si tout le monde y trouve sont content au final… Puis, ces cailloux sont bien plus jolis à regarder que des flaques noirâtres puantes…
 
Elle retrouva les bras de Dave avec un énorme soulagement.
 
Je crois que le passage au tamis s’est bien passé. Tous me prennent pour une folle écolo, ça te va ?...
 
Filer en douce ? Oh que oui !  
L’arrière de la salle était idéal pour détaler sans ameuter le quartier. On s’y glissa dans le taxi appelé au chauffeur duquel Nell glissa un carton avec l’adresse.
Le taximan avait déjà convoyé bien des couples d’amoureux. Il espéra néanmoins ne pas trop être imprudent par des ébats sur la banquette arrière quoique cela ne le dérangeât pas trop de jouer les voyeurs.  
Le plan de Nell avait parfaitement fonctionné. Trop distrait par ses baisers passionnés, Dave n’avait pas remarqué la longueur trajet. Sa tête quand le taxi freina devant une auberge isolée lui aurait valu un autre prix que celui reçu ce soir-là.
 
… oui, mon chéri, cette nuit on dort ici !  
 
Mrs. Moore en connaissait des excentriques mais de là à changer un lit en gigantesque meule de foin douillette… Bah, la note salée avait été réglée d’avance, donc…
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Toni Fischer

Toni Fischer


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MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyJeu 9 Juin - 19:56

Oui, elle avait changé, sa vie! Pas mal, beaucoup...énormément! Et Toni, légendaire optimiste, rêveuse à ses heures, sans s'avouer romantique, était à point de ne pas y croire...à tant de changements! Et surtout à tant de bonheur!

Ce qui avait commencé comme une innocente sortie avec la vache poilue, alias Oscar, détermina, à jamais, le cours de son existence...le coupable? À part le chien fou de Dave qui la fit s'étaler sur la neige? Martin. Oui, tout simplement Martin!

Elle était la à chantonner bêtement. allongée sur la neige. C'était enfantin mais elle ne savait pas s'en priver. C'était plus fort qu'elle!

Tu es un ange et, si tu veux, je peux être ton gardien… Veux-tu de moi dans ta vie ?

Arrêt sur image, fini de battre des "ailes", elle le regarda comme s'il venait de parler en chinois...même si du coup elle avait parfaitement compris.

Quoi!?, gentil coassement dû, sans aucun doute, à la surprise immense qui l'étranglait.

Toni, ne fuis pas, ne te détourne pas, réponds juste oui ou… non…

À quoi bon penser? Soupeser les mots? Personne ne lui demandait une déclaration exhaustive.

OUI!!! Oui...Oui!!! Mille fois oui!!!

Et d'une seconde à l'autre, le bonheur parfait était là. Martin l'aimait. Martin l'embrassait comme un fou, Martin la serrait contre lui comme s'il avait peur qu'elle ne se sauve.

Vais nulle part...crois-moi, je veux rester là toute ma vie!

Bon, c'est vrai qu'avec ce froid ce n'était pas la meilleure des idées! Mais,bien sûr, même les bonheurs parfaits connaissent des anicroches, et celle là fut de taille...

Et tint du cauchemar pendant un moment: un chauffard dingue renversa Oscar qu'on transporta aux Urgences vétérinaires en craignant le pire, sauf que le cher toutou avait une constitution à toute épreuve et s'en sortit avec trois fois rien.

Je suis désolé pour cette soirée lamentable. Dave va me tuer…

Toni rigola en douce, nichée au creux de ses bras.

Ne te désole pas...Oscar va bien et cette soirée n'a rien de lamentable...oh que non!...Et puis Dave n'a rien à dire, c'était un accident...*Et s'il essaye de toucher un de tes cheveux, il aura affaire à moi!*

Combien de fois n'avait elle pas rêvé d'instants pareils? Soupir discret, de pur bonheur. Là, c'était la réalité et tous les espoirs étaient permis! Cette nuit, Toni resta longtemps à soupirer, ravie, en contemplant le plafond sans le voir. Dans le lit voisin Nell dormait comme une bienheureuse et elle n'eut pas le cœur de la réveiller pour lui raconter son bonheur!

Aucun besoin, d'ailleurs, de raconter quoique ce soit, ça sautait aux yeux. Suffisait de la voir, à sa soupe populaire, chantonnant, esquissant des petits pas de danse.

Ben voilà...je vous l'avais dit...notre Miss Toni est amoureuse, déclara le vieux Joe, et en plus on sait bien de qui...il en a de la chance, le toubib...et nous aussi...la tambouille est plus bonne que d'habitude!!!

Et il n'était pas le seul à être de cet avis! Avis qui ne fut pas près de changer même après le curieux épisode du mironton soi-disant empoisonné qui envoya pas mal d’indigents au dispensaire de Martin, deux rues plus loin.

Je vous assure, ma sœur, que tous les ingrédients employés étaient frais...je ne vois pas comment une chose pareille a pu se passer!, se défendit Toni, c'est quand même bizarre que ça arrive juste quand je ne suis pas là...Oui, Martin a été là et aidé au service mais on ne va quand même pas supposer qu'il a quelque chose à voir...

Un des "clients" se souvenait d'une certaine blonde qui était venue tôt le matin ce jour là, mais comme cela n'alla pas au-delà d'une sacrée indigestion on oublia vite l'affaire et passa à autre chose.

Thanksgiving. Quatre dindes monumentales et une tradition à tenir. Depuis plus d'une semaine Toni consultait le Net à la recherche de la recette parfaite. Il y en avait tant. Elle ne voulait surtout pas rater le menu de cette date si importante. Les nonnes donnèrent leur coup de main avisé et tout se déroula au mieux. Le temps de finir son service, elle était déjà presque en retard pour le dîner chez Henry.
À peine eut elle le temps pour une douche rapide, se pomponner en mode express. Déboulant au salon un peu hors d'haleine, Toni se rendit compte que trop prise par son travail  elle avait raté quelques cases.
Tiens! Il y avait deux dames inconnues au bataillon la veille encore!

*La maman de Nell et la grand-mère de Dave...ça promet!*

En tout cas, en toute apparence, les deux dames s'entendaient merveilleusement. D'autre part, Nell et son Dave semblaient être en parfaite harmonie, sans doute écrire un roman ensemble, ça rapproche. Mais à ce que Toni, ni personne d'ailleurs, ne s'attendait pas fut au clou de la réunion...

*Henry demande en mariage Louise...WOW...et elle accepte...encore WOW!*

Martin semblait aussi surpris qu'elle.

Tu t'en doutais, toi?...Euh...je me disais qu'il y avait bien quelque chose mais...c'est adorable!, et d'essuyer une larme, puis une autre, c'est si beau..., encore une larme, à leur âge...trouver le bonheur!

La main de Martin serrait la sienne, sous la table. La vie était belle, le monde en ordre!
Enfin, en ordre c'était trop dire.  Chaque jour qui passait la rapprochait de l’échéance finale: son visa touchait à sa fin et cela ne voulait dire qu'une chose: retour en Allemagne et la seule idée la rendait insomniaque!
Un visa d'étudiant n'entrait plus en cause, cela demandait beaucoup trop de temps, des démarches innombrables devant être entreprises au pays d'origine...comme quoi, cela n'arrangeait rien. Les autres solutions entrevues n'entraient pas en cause.

On trouvera une solution pour que tu puisses rester mon amour, j’en suis certain. Et, si pas, je te suivrai, où que tu ailles j’irai. Ça te va ? 

Elle lui avait jeté les bras autour du cou et embrassé dix fois.

Qu'est ce que tu crois?...le plus sûr est qu'on me renvoie de retour chez moi...mais puisqu'on est dans la UE...

Ce qui ouvrait les portes à plusieurs alternatives, parce qu'entre nous, Toni n'avait pas trop envie de rentrer à Berlin.
Martin avait, de toute façon, une idée assez précise sur leur futur et la dévoila de a plus douce des façons. Trop émue, Toni ne retint que l'essentiel.

...Remise des prix...voler la vedette...Nell, Dave...documents officiels de résident permanent avec droit d’exercer mon vrai métier...si je suis nanti d’une épouse, nul n’y verra d’inconvénients…  c’est peut-être prématuré, hors normes, mais j’espère que tu…

Je...euh...j'ai...bien compris?...Toi...épouser...moi?, ben oui, quand on est dans cet état transi d'émotion on oublie grammaire et le reste, mais ça allait, il comprit, rit en la rassurant: elle avait parfaitement saisi,...Je t'aime tant, Martin...tout est si parfait...et j'en suis toute engourdie, elle l'embrassa et frotta son nez glacé contre le sien, tu crois pas qu'on frôle l’hypothermie, là?

Ils riaient encore rentrant. Décidément, il faisait plus bon au coin du feu.
Sentir le temps passer? Oui et non! Toni vivait sur son petit nuage rose, tout à elle, mais il fallait quand même participer un peu à la vie des autres...les autres qui avaient aussi des étoiles plein les yeux.

Martin était de garde ce soir, dans un autre dispensaire plus éloigné que celui habituel. Nell et Dave étaient sortis avec Maman et Grand-mère, Henry comme d'habitude, travaillait au bunker avec Majors. Louise avait concocté un petit dîner gourmand, et Toni mit la table face à la cheminée. Deux femmes, un bon feu et du vin: bienvenues les confidences.

Oups...j'ai raté pas mal de cases, dirait-on...Oui, bien sûr que je sais que tu te maries avec Henry le 23...mais pas idée que Nell et Dave...c'est merveilleux...oui, parce que...ben... Martin ma demandé de l'épouser...Bien sûr que je lui ai dit que oui!!!, elles rirent devant l'incongru de la question pour redevenir de suite sérieuses, oui...il y a toujours le problème avec le visa...je serai partie avant qu'il n'ait ses papiers en règle...

C'est là que la future Mrs. Warrington crut bon de l'interrompre en lui faisant part d'une idée qui lui tenait à cœur et qu'elle avait envisagée depuis un certain temps. Toni qui ne s'y attendait pas du tout, éclata carrément en sanglots alors que Louise la serrait dans ses bras en caressant ses cheveux.

Mon Dieu, Louise...c'est...c'est trop...c'est merveilleux mais...je ne suis pas sûre de mériter tant...tu m'aimes comme si j'étais...ta fille?, là, elle était transformée en fontaine, moi aussi j'aurais voulu avoir une maman comme toi...et Henry?...ah bon...il m'aime aussi..., reniflements divers, Louise avança une boîte de Kleenex à portée de main, je...oui...non...enfin, pas eu de vraie vie de famille...Tu sais...je n'étais pas un enfant désiré...Non, je ne lui en veux pas à ma mère...elle a fait ce qu'elle a pu...mais ce n'est...pas pareil...que si elle m'avait...voulu...

Louise eut un peu de mal à la calmer et en passant connut plus long sur la vie de Miss Fischer.

Sœur Justine Marie du Sacre Cœur, ôta ses petites lunettes rondes et considéra Toni, qui assise face au bureau, semblait en proie d'émotions diverses après l'avoir mise au courant des derniers faits survenus dans sa vie et fait un petit ajout timide:

Je ne suis pas catholique, ma sœur...même pas trop religieuse...

Et qu'est ce que cela peut faire, mon enfant? Aux yeux de notre Seigneur, nous sommes tous ses enfants, il faut dire que Sœur Justine avait une façon de penser très ouverte, on ne vous a jamais conduite dans cette voie, si je comprends bien...mais votre cœur est pur...j'avoue avoir peu de fois avoir rencontré une âme aussi généreuse, avec tant de joie de vivre que vous partagez avec tous ceux qui ont la chance de vous rencontrer...Je connais Louise Stark depuis bien d'années, le malheur l'a frappée, elle a su l'affronter mais au fond de son cœur restait inassouvi le besoin d'être mère...elle a trouvé en vous l'enfant perdu...celui qu'elle aurait aimé au delà de tout...Ne pensez jamais que Louise vous offre de vous adopter simplement pour arranger vos problèmes migratoires...pour qu'une femme comme elle prenne cette décision c'est parce qu'elle vous a en profonde affection...et si je comprends bien, vous lui rendez bien la pareille...et cela sans aucun intérêt...Dieu vous a bénies, toutes deux...et j'en suis très heureuse...et non, Toni, je ne pense pas que votre mère n'en prenne ombrage...en fait, restons pratiques, Antonia, elle a depuis longtemps perdu ce droit...et que Dieu me pardonne de le dire! Un enfant est une bénédiction...pas un colis encombrant!


Le soir même Toni accepta la proposition de Mrs. Stark qui lui assura que, compte tenu de ses relations en haut-lieu, tout irait très vite mais qu'en attendant, on garderait silence...sait-on jamais si quelque chose pouvait foirer en chemin.


17 Dec/15

Le lendemain, la réception en honneur de Dave occupait la place primordiale. Louise lui avait déjà touché eux mots sur ce qu'elle avait organisé:

Mais je dois aller...ah bon? Juste le déjeuner et après...boutiques et le reste!? On sera mortes à l'heure de la fête...Ok, je ne dis plus rien...faut dire que tu es une maman très...énergique!

Mais ce n'était pas la seule surprise du jour. Jardin enneigé, froid de canard, Oscar faisant le fou et Martin, genou à terre.

Acceptes-tu de devenir ma compagne de vie, mon amie, mon amante, la mère de nos enfants?

Il passa une superbe bague de saphir et brillants à son doigt tremblant mais Toni ne la regarda presque pas, elle n'avait d'yeux que pour lui.

Oui...je veux...de tout mon cœur!!!

Le lendemain, ils ne volèrent la vedette à personne, voguant heureux sur leur nuage particulier. Ce soir là, Nell et Dave se fiancèrent aussi et affrontèrent ensemble la couverture médiatique déployée et aussi la famille Clayton au grand-complet.

On a bien de la chance...nous on a une famille merveilleuse.

Le 23 Décembre, Louise et Henry se marièrent lors d'une émouvante cérémonie à laquelle n'assistèrent que les plus intimes, plus Majors, s'entend.

Notre tour sera quand ? 

Bientôt, j’espère...au retour de Louise et Henry, oui! *Impérativement!*

Il prit un petit air mystérieux en disant:

Je vais te prédire un truc… je parie qu’Henry mettra sous le sapin des boîtiers individuels, tu mises combien ?

Tiens donc, Monsieur saurait-il quelque chose que j'ignore?...Disons que je parie mille baisers...à que tu auras raison! Ça te va?

Pari gagné. Les boîtiers individuels ouvraient des horizons illimités et c'était sans aucun doute un cadeau inestimable.

Mon Dieu...ça veut dire qu'on peut aller et venir...à notre guise? C'est...incroyable...Non, pas idée...pas encore...suis trop soufflée...On aura le temps d'y penser...

C'est le moment que choisit Henry pour s'éclaircir la gorge, se  lever en tenant sa femme de la main pour aller vers Toni, se plaçant de coté et d'autre de la jeune femme qui avait déjà les larmes aux yeux. Les autres se turent, certains d'avoir droit à quelque déclaration capitale.

Quand Henry, d'une voix enrouée annonça à la ronde que leur décision d'adopter Toni avait été acceptée, personne n'échappa à la larme opportune.

Non...je ne jouais pas les cachottières...c'est qu'on ne savait pas si ça allait marcher...et on ne voulait pas se faire des faux espoirs...je suis tellement heureuse...j'ai une véritable famille, maintenant!

Le 28 Décembre 2015, par les lois en vigueur à l'état du Massachusetts, Antonia Marie Fischer, devint officiellement la fille de Louise et Henry Warrington.
Avant le départ de ses "parents" Martin fit sa demande en bonne et due forme. Demande acceptée avec larmes de rigueur et la question classique: quand?

Ils auraient voulu se marier dès le retour des Warrington mais Louise, à fond dans son rôle de mère, argumenta qu'il était impossible d'organiser un mariage en de si courts délais.

Mais je ne veux rien d'extraordinaire...petit, discret, entre nous...ah bon? Tu y tiens? Tu en as rêvé toute ta vie..., Toni essuya une larme, oui...bien sûr...je suis si heureuse et si ça te fait vraiment plaisir, Maman...ce sera pour le 30 janvier...

Ce qui faisait moins d'un mois à attendre...mais temps suffisant pour qu'il se passe beaucoup...

Le 2 Janvier 2016 la police locale voulut procéder à l'arrestation d'Evy Richards qui avait jusqu’à ce jour travaillé comme infirmière assistante dans le même dispensaire que Martin. Inculpée de tentative d'homicide prémédité, la jeune femme tenta d'échapper à l'officier de police qui voulait lui passer les menottes, allant jusqu'à sortir une arme.

Inutile de résister, Miss Richards, vous n'irez pas loin...Non, baissez cette arme...non, ne faites pas...ça!!!

On ne put arrêter son geste ultime. Le lendemain, une brève note dans le journal, racontait le drame. Toni ne connut jamais les entrelacs de l'affaire, trop occupée, en compagnie de Nell, à choisir sa robe de mariée.
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Dave Clayton
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Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyLun 4 Juil - 20:21

Gloire et reconnaissance! Flatteur pour l'ego, sans aucun doute, après tout qui va se plaindre d'être adulé, admiré, célébré? Il y avait eu un temps où Dave avait apprécié, plus ou moins. Toujours moins que plus, mais enfin. Là, il s'en serait très volontiers passé de cette folie médiatique et de ce beau monde aux sourires faux, qui jurait l'adorer alors qu'il savait très bien que très peu d'entre eux étaient sincères. On disait par là que c'était le prix à payer pour célébrité et fortune.

*Ouais...expiation de mes péchés plutôt!*

Toutes n'étaient pas là, mais le nombre de ses ex présentes était déjà plus que suffisant comme pour lui donner des brûlures d'estomac. Roger Conway dut jouer de tout son talent de médiateur-pacificateur pour les tenir à carreau et éviter un drame passionnel sanglant. Gran ne se priva pas non plus de déployer sa force d'intervention et quelques unes de ces dames, les plus virulentes furent discrètement escortées vers la sortie par les hommes de la sécurité.

Bravo, petit frère...je vois que ton harem n’apprécie pas trop ta défection...que dit ta petite fiancée de tout ça?

Comme tu pourras remarquer, Patricia, Nell s'amuse beaucoup...elle sait être la seule qui compte!

Oui, bien sûr, persifla sa jumelle, on va faire semblant d'y croire...pour que Grand-mère ne nous mette pas aussi à la porte!...Entre nous, je ne sais pas ce que tu peux lui trouver...à part ses millions, bien entendu...

Il jaugea sa sœur d'un air mauvais.

Ou tu le fermes...ou c'est moi qui te conduis dehors, compris!?, faisant demi tour, il la planta là, *un de ces jours, je lui tords le cou, sœur ou pas!*

Chemin faisant ce fut son père qui l'intercepta. Et encore une fois Dave se demanda ce qu'il pouvait avoir en commun avec cet homme  imbu de soi comme s'il détenait la vérité ultime.

Alors, mon garçon, on dirait que cette fois tu as ferré le bon poisson...Mère est ravie de ton choix...On dirait que tu cherches à rester dans ses bonnes grâces!

Garde toi tes commentaires, Papa...vais pas en faire, moi...maintenant si tu m'excuses!

Oh là, pas si vite, petit présomptueux...quand je parle, tu écoutes, compris?

Je n'ai plus dix ans et ça fait très longtemps que tu n'as rien qui vaille à me dire!, encore un demi tour pour ne pas aller bien loin, là c'était son frère qui l'attendait. Pour si jamais, il attaqua d'abord, toi non plus, tu n'as rien à cirer ici alors fais quelque chose de sympa et débarrasse le plancher...qu'il reste clair que ce n'est pas moi qui vous ai invités!

Et cette fois, il fila pour de bon, juste à temps pour échapper aux roucoulements édulcorés de sa mère et belle-sœur. Le cher Roger Conway, qui paradait orgueilleux comme Artaban, le considérant comme son œuvre personnelle, eut droit à ses foudres et n'eut d'autre recours que soupirer et s'enfiler deux whiskies en suite pour reprendre ses esprits.

*Quel caractère de cochon, le gamin...mais que talent...quelles ventes!*

Il évita élégamment une confrontation avec Grand-mère et chercha refuge auprès de sa Nell qui semblait beaucoup s'amuser en se livrant à un commérage effronté avec Louise et Toni.

Je crois que le passage au tamis s’est bien passé. Tous me prennent pour une folle écolo, ça te va ?

Tant que tu es ma folle écolo, tout me va...mais ce qui va m'aller encore mieux est de foutre le camp!

Elle partageait pleinement ce besoin impératif, sans faire aucun commentaire sur le défilé, si peu discret, des ex, mais il était sûr que ça viendrait, Nell n'allait pas se priver de bien rigoler à ses dépends! En fait là, elle ne semblait penser à aucune autre chose qu'à lui. Et lui, ne s'en plaignait pas le moins du monde. Qu'on mettait bien longtemps à arriver à destination? Il n'avait rien à faire, la seule chose qui comptait était être là avec elle et l'embrasser à en perdre la tête.
Et puis...on était arrivés. Quelque part au milieu de la campagne enneigée. Une auberge datant sans doute du temps de la guerre d'indépendance...

Euh...on fait quoi ici?, question absolument stupide, mais il était assez surpris, on...va rester là? *Tu rêves, mon pote...tu délires plein pot!*

Mais le regard malicieux de Nell suffit pour le mettre sur la bonne voie tout autant que sa mutine réponse:

Oui, mon chéri, cette nuit, on dort ici!

Miss Watts, vous me surprenez!, rit-il en l’enlaçant, ma merveilleuse Miss Watts!

Et l'adorable miss n'était pas au bout de ses surprises, quand Dave découvrit ce qui leur tiendrait lieu de lit cette nuit, il crut ne jamais pouvoir arrêter de rire tout en l'embrassant comme un fou.

Tu es unique...unique...ma fée!!!...Une meule de foin...tu y a as pensé...

Inutile d'entrer en détails, on s'imagine bien ce qui se passa cette nuit-là dans cette singulière chambre d'auberge quelque part en Nouvelle Angleterre. On dira seulement qu'ils dormirent peu...
Et ce fut le portable de Dave qui sonnant comme clairon à une heure jugée indécente, les tira d'un sommeil bien mérité.

Allô...Oui, c'est moi! Que diables me voulez vous à cette heure...un samedi!?, gueula t'il à l'adresse de l'interlocuteur qui dut l'interrompre pour se présenter avant d’énoncer la raison de l'appel, QUOI?...Répétez moi ça!...Oui...j'arrive...enfin, ça prendra un moment...je ne suis pas à Cambridge..., il  ferma la communication et se tourna vers Nell déjà bien éveillée, c'était...la Police...la maison...elle...a cramé!...Non...non, pas celle d'Henry...la mienne...apparemment...on y a mis le feu!, il se laissa aller sur leur somptueuse couche et resta un instant à regarder les poutres du plafond,...je sais que pas tout le monde ne m'aime pas trop mais quand même...incendier ma maison...ben, ça secoue..., il émit un profond soupir avant de se pencher sur elle, mais tu sais...on s'en fiche un peu...elle t'aurait pas plu...on en cherchera une autre que tu aimeras...

L'idée sembla vraiment lui plaire. La maison sinistrée fut temporairement oubliée au profit de...moments inoubliables!

Il ne restait pas grand chose, à part le tas de ruines fumantes. L'incendie s'était apparemment déclaré au petit matin et en toute évidence avait été provoqué. Pas de court.circuit, l'installation électrique venait d'être refaite, par contre on trouva les restes d'un bidon à essence.

Où vous trouviez vous la nuit dernière, Mr. Clayton?

Vous n’allez tout de même pas supposer que j'ai mis le feu à ma propre maison!?, s'outra Dave.

Vous ne seriez ni le premier ni le dernier...j'imagine que vous avez pris une gentille assurance, n'est ce pas?, riposta le sergent de la Police chargé de l'enquête, question de routine, cela va de soi!, ajouta t'il goguenard.

Nell, qui avait la répartie facile l'envoya se promener avec des termes choisis, dans le bon sens de l'expression s'entend, à qui Henry, sorti de son bunker pour venir à l'appui, en rajouta une couche et le tout fut admirablement mis au point final par Mrs. Kathleen Clayton dans toute sa splendeur.

C'est bon, j'ai parfaitement compris...vous roulez sur l'or...alors cela signifie que quelqu'un d'autre s'est fait plaisir de mettre le feu à la bicoque, et je présume que vous devez avoir une certaine idée de qui cela pourrait être, dit le policier, dépassé.

En vérité, Dave avait une liste assez longue de présumées coupables mais préféra jour la carte de l'ignorance totale.

*Ouais, se dit le sergent Columba, et on va te croire...comme quoi cherchez la femme!*

Et faute de foyer propre où vivre leur idylle, ce fut un chaleureux retour aux sources, c'est à dire, chez Henry pour poursuivre avec leur gentille routine, avec légères variations,cela va de soi, mais rien qui pourrait attenter contre les bonnes mœurs de tous ces braves gens là réunis.

Te fiche pas de moi, ma douce...Oui, je sais que tu t'en es rendue compte...Désolé...euh oui...il y en a bien deux ou trois qui rêvaient sans doute de me voir rôtir avec mes quatre murs...Non, vais pas porter plainte...disons que ce serait attiser leur feu...On oublie et on passe à autre chose...comme écrire un roman, ça te dit quelque chose?

Mais c'était un peu difficile de se concentrer dans une maison qui du coup ressemblait a une véritable ruche. Non seulement Noël s’amenait à grands pas, il y avait aussi le mariage de Louise et Henry.

Ben oui, suis conscient qu'il faut des cadeaux...Tu as une idée du monde fou qui court les rues en cette époque de l'an?

N'ayant pas vécu parmi une tribu de papous au fin fond du monde à gauche, Miss Watts était parfaitement au courant des us et coutumes et en passant découvrit le côté commode de son chéri qu'elle se chargea, très bien, de mettre sur la voie correcte des issues sociales du monde civilisé.

Le 23 Décembre, Dave, seul homme disponible à bord, Henry s'étant tapi dans son bunker avec Majors, Martin ayant fui à son dispensaire, fut chargé de mille corvées, allant de se jucher sur une échelle pour suspendre des décorations, à aller chercher ceci ou cela Dieu sait où mais jamais à la porte à côté, en passant par arranger des fleurs. Louise tenait décidément à célébrer en petit comité sans lésiner pour autant le moindre détail.

Assister l’échange de vœux entre Henry et sa Louise fut émouvant à souhait.

J'aime ce vieux bonhomme comme j'aurais dû aimer mon père...quand on aura leur âge, j'espère que tu continueras de m'aimer Nell...et que nos enfants pourront sentir pour moi ce que je sens pour Henry...une énorme affection et un profond respect...Toi, ça va de soi qu'ils vont t'adorer!, il déposa un baiser sur la tête rousse et profita pour essuyer une larme émue, pas de doute, il devenait sentimental!

Nell s'entendant à merveille avec Gran, Dave étant parfaitement à l'aise avec Maman Watts, quoi de plus normal que souhaiter les voir partager avec eux la fête de Noël.

C'est bon, nous resterons, dit Gran, érigée en porte parole du duo dynamique formé avec Mrs. Watts, mais le 26 on s'en va...assez de nous avoir tout le temps sur le dos...C'est beau l'hospitalité mais il ne faut pas exagérer...bien entendu, nous reviendrons quand notre présence sera requise, n'est ce pas, très chère?

Être dupe du regard complice échangé entre "très chère" et Gran. Dave se doutait bien ce qui turlupinait les deux dames. Entre cloches de mariage pour d'uns et bagues échangées des autres, la question qui se posait ne pouvait que tenir de la logique la plus...logique. Mais, bien entendu, rompues aux bonnes manières et à la diplomatie, elles ne posèrent pas directement la question qui leur brûlait sans doute les lèvres.

Et quels sont vos projets?, voulut savoir Mrs. Watts, Nelly m'a parlé de recherches pour le nouveau roman...

Sourire angélique, la main dans la sienne se crispa un peu mais il réussit à sembler parfaitement décontracté.

En effet...il manque encore beaucoup pour être à bout de nos peines...et faire des recherches sur place est toujours plus éloquent que lire des articles sur le Net...On pense aller en Europe dès que Conway se déclarera satisfait avec le deuxième jet qu'il aura fin Janvier!...Ce qui laisse encore un petit marge de temps...et beaucoup de choses à faire...comme chercher une nouvelle maison pour caser tout ce qui est encore casé à l'entrepôt...Non, Gran, je n'étais pas tout à fait installé...*ni temps  ni envie!*, ce qui veut dire que la plupart des choses auxquelles je tiens n'ont pas fini incinérées...

Nell y alla du sien quant à l'emploi de son temps à venir, mais tint bon face aux regards poliment inquisiteurs. Ce qui ne voulait pas dire que tôt ou tard, et ce serait plutôt tôt que tard, ils n'auraient pas à cracher le morceau.

Noël fut une fête de surprises énormes. D'abord l'extraordinaire cadeau d'Henry: les boîtiers individuels qui suscitèrent diverses émotions et, cela va de soi, la curiosité de ces dames:

Mais c'est quoi cet appareil...je n'en ai jamais vu de semblable!, avoua Gran, vivement intéressée

Euh...c'est un appareil de communication, une des expériences d'Henry, mentit Dave avec un aplomb déroutant, il se voyait mal en train d'avouer à sa grand-mère que le bidule en question le ferait voyager à travers le temps, entre nous...ça ne sortira probablement jamais au marché...*Pas avant deux siècles, au moins!*

Quoiqu'il en soit, le poisson fut noyé de maîtresse façon, par la surprise suivante: Henry et Louise annonçaient que leur demande d'adopter légalement Toni avait été acceptée. Dans quelques jours, la future épouse de Martin serait aussi la fille des Warrington.

Encore des larmes émues que personne ne chercha à retenir.

Wow...si c'est pas incroyable...nos vies ont tellement changé grâce à Henry...bon aussi à Martin...sans lui, on ne se serait jamais rencontrés!...dès que possible on essayera notre boîtier...pour aller où? Je n'en sais rien, ma puce...à toi de me le dire!

Quelques jours plus tard, dans un appartement à Boston, quatre dames faisaient des projets très différents.

Il ne s'en tirera pas aussi gaiement, je vous en donne ma parole!, promit la jeune femme blonde, Amber.

Je lève mon verre! Il va payer tous les affronts...et nos cœurs brisés!, ajouta la brune, Kate.

Oser nous échanger contre cette naine qui se donne des airs d'être en terrain conquis!, grommela l'autre blonde du groupe, Mélanie.

En tout cas, elle a quelque chose à laquelle nous n'avons jamais eu droit, assura lapidaire la quatrième en jeu, Nancy, une bague au doigt et être reconnue en public...même sa famille était là...Nous, on a été ses jouets...

Oui, et quand il en a eu assez..., soupira Mélanie.

Il nous à laissées tomber sans arrière pensée...la dernière chose qu'il m'a dit est qu'il aimait...mes pancakes!, avoua Kate, étouffée de rage, et dire que j'ai même supporté son affreux chien!

Les trois autres reconnurent avoir dû souffrir le même martyre.

On devrait tuer ce cabot infernal! Ça lui ferait les pieds, il l'adore!, dit Amber, mais je ne crois pas que ça suffise pour me calmer...j'en veux pas autant au chien...c'est lui qui doit payer...

On a mis le feu à sa maison...et rien! Pas d'esclandre, pas de plainte déposée...il s'en fiche...et d'après ce que j'ai su, il en cherche déjà une autre...avec sa naine!

Je connais quelqu'un qui à sa fois connaît quelqu'un d'autre qui a des connexions intéressantes avec  vous savez qui...

Ne tourne pas autour du pot, Nancy...un tueur à gages? Ça coûte une fortune!

Qu'est ce que tu en sais, Mélanie...tu en as déjà employé un?...Non, ça ne nous coûtera pas forcement une fortune et non ce n'est pas d'un tueur à gages que je parle...il y a des façons plus subtiles que flinguer quelqu'un...disons que mon contact me doit un service...

Tu parles de tuer Dave!?
, s'affola Kate.

Il y a pire que mourir, assura Nancy, fielleuse, oh oui...il  a bien pire!...Mais cela prendra un certain temps mettre le tout à point...

Je t'ai toujours détestée, Nan...tu m'as chipé Dave mais là, dois reconnaître que tu es à point de m'être sympathique! On va lui faire quoi, raconte!

Le rendre fou...cela vous convient!?

Apparemment cela faisait bonheur commun!

Le 30 Décembre, Henry et Louise s'envolèrent pour leur lune de miel. Gran et Maman Watts étaient parties après Noël, sans avoir obtenu l'information concrète désirée. Et Majors avait rejoint sa famille, car oui, il en avait quand même une...

Bon, monsieur-dames...on a la maison pour nous...pour une semaine, tirons en le meilleur parti puisque personne pour faire de chichis...Je t'aime bien, Martin mais tu ronfles...et moi aussi...

Aucun besoin d'entrer en détails, la motion fut agréée en toute joie de cœur, chacun déménagea chez sa chacune et on passa à organiser le réveillon du lendemain.

Après avoir aidé au service à la soupe populaire de Toni, ils rentrèrent fatigués mais ravis pour recevoir le Nouvel An en petit comité...avec Oscar et les chats.

Que cette année qui commence soit merveilleuse...je t'aime, Nell...merci d'être là et de me supporter!

Dave se réveilla en sursaut, ça lui prenait souvent quand une idée, qu'il ne parvenait pas à saisir, lui tournait dans la tête. Nell l'envoya gentiment au diable et alluma la lampe de chevet.

Je dois descendre...c'est l'idée que je cherchais...continue à dormir, marmotte...euh, 5h du mat...Non, besoin de rien...dors..., il embrassa son épaule et se leva, à tout à l'heure, mon ange!...Oui, je sais...c'est le mariage aujourd'hui...risque pas de le rater, va...

Leur idée de revenir aux discrètes habitudes était restée en simple idée. À leur retour, un jour avant que prévu, Louise et Henry assurèrent n'avoir rien en contre de leur arrangement. Dave se glissait à pas de loup dans le couloir sombre quand une ombre se dressant devant lui faillit le faire crier.

Bon sang, Henry...qu'est ce que tu fais là à jouer les fantômes?...Ben moi je vais écrire un peu...au bunker?...Ah une idée?...Idem...

Tiens la fenêtre du bureau était ouverte, il aurait pourtant juré l'avoir fermée avant de monter avec Nell. Il la ferma, et s'assit à sa table de travail. Les notes à consulter se trouvaient là où laissées quelques heures plus tôt mais curieusement il y avait des épingles dessus.

Des épingles?...Nell fait pas de couture...enfin..., il les ramassait à la va vite et ce qui devait arriver arriva, il se piqua un doigt, quelques jurons plus tard il pouvait se mettre au travail en se suçant bêtement le doigt.

Ce n'est qu'alors qu'il vit la "chose"...une espèce de poupée de chiffon, grossièrement confectionnée, avec une longue épingle à tête rouge  lui traversant la tête.

*C'est quoi ça!?...Quelqu'un est entré et a laissé ce truc là...du n'importe quoi!*

Il envoya la poupée valser dans la corbeille à papiers et alluma l'ordinateur. Deux heures plus tard, Nell arriva à son tour, avec deux mugs fumants. Il écrivait frénétiquement.

Oui, ça va...je pense que l'idée est bonne...faudra la voir dans le contexte...Tu m'as apporté du café...tu es un ange...t'aurais pas une aspirine par là?...Non, juste un peu de mal au crâne!

Elle sembla surprise de sa requête parce que ça n'entrait pas dans ses habitudes se plaindre d'un bobo quelconque.

Mas non voyons...tu vas pas embêter Martin le jour de son mariage parce que j'ai mal à la tête...je sais que tu considères mon talent comme un don précieux mais n'exagérons pas!

Elle lui appliqua une petite tape sur le crâne mais cela répercuta comme un coup de marteau. Il ne dit rien mais sa grimace avait été assez évidente.

Allez, ma puce...fais pas de foin...c'est rien, un peu de stress, pas grave!, il l'attira plutôt dans ses bras et l'embrassa, consciencieux, ai je l'air mourant?

Pourtant le mariage de ses amis fut une expérience difficile à surmonter. Toni était radieuse, Martin resplendissait. Louise pleura pendant la cérémonie, Henry presque. Nell était la dame d'honneur de la fiancée et lui le témoin du fiancé et faillit ne pas trouver les anneaux qu'on lui avait confié. Le petit mal au crâne du matin avait empiré jusqu’à prendre des allures de méchante migraine.
La réception eut lieu,pas chez les parents de la mariée mais suivant son vœu, dans la salle de la soupe populaire, transformée pour l'occasion en salle de fête, remplie de fleurs, avec un buffet monumental et des invités de choix: les pauvres de Toni qui avaient fait des efforts de mise et fleuraient bon le savon et l'eau de Cologne. Dave en avait le tournis. Nell, bien sûr, n'était pas dupe.

Je te dis que ça va, ma chérie..., mais en vérité cela n'allait pas du tout.

Louise accourut en renfort, Henry lui, ne trouva pas mieux que d'aller quérir le frais marié pour consultation urgente.

J'ai une migraine...Oui, c'est moche mais j'en mourrai pas...j'ai vu pire...allez, Martin va avec Toni...ah bon, si tu insistes...tu te maries avec ta trousse à portée de main?...

Faire un peu d'humour calmerait peut-être les autres mais ce ne fut pas trop réussi. Pour alors, selon Louise, il avait un teint papier mâché peu engageant. Martin lui injecta un antalgique  assurant que cela devrait aider rapidement mais une heure plus tard, s'en voulant à mort de gâcher la fête, Dave fit un malaise...
Il n'alla pas jusqu'à s'étaler de tout son long mais chancela si joliment qu'on craignit sincèrement le billet de parterre. Pâle , sueurs froides, frissons, nausées, il finit allongé sur un banc en essayant de reprendre ses esprits qui pour alors semblaient avoir pris un peu le large. Sœur Justine arrangea les choses à sa façon en lui faisant boire une tisane et le laissant se reposer dans son petit bureau sombre et silencieux à souhait. Il était là, dans cette obscurité ouatée
quand une main fraîche sur le front le fit soupirer d'aise.

Pas trop, à vrai dire...Non, ma puce...t'affole pas...ça me prend de loin en loin , il prit sa main, la rapprochant de sa joue, stress...le bouquin, enfin...c'est toujours pareil..., pieux mensonge, ça va aller...

Bon an, mal an, il s'arrangea pour retourner au salon où la réunion arrivait doucement à sa fin. On prit congé et sans plus Dave se trouva embarqué dans la nouvelle voiture de Henry, son cadeau de Noël, avec la douce épaule de Nell pour appuyer sa tête.

Tu vois...ça va mieux!

On fit sans doute semblant de le croire pour le moment mais à peine arrivés à la maison. Martin oublia qu'il était le marié du jour et le remorqua jusqu'à sa chambre pour l'examiner.

Exagère pas...Martin, c'est ton mariage...Toni va me haïr...Oui, un peu de mal avec la lumière...ça fait un moment que je n'avais pas un truc pareil...Quoi?...Non...pas de drogue...jamais...J'ai...été en service en Afghanistan...il y a six ans...pas de gaz...juste un peu de mitraille...moche oui...qu'est ce que tu attends de la guerre?...mais non...j'étais un troufion parmi tant d'autres...ordres...obéir...on a parlé de stress post-combat..., il ferma les yeux, c'est fini tout ça...allez, te fais pas de bile...va rejoindre ta femme et dis à Nell que je vais bien...je descends dans un moment...

Martin n'insista plus, à peine fut il sorti que Dave se précipita à la salle de bain, vaincu par la nausée. Rendre tripes et boyaux soulagea énormément la migraine qui le taraudait. Bien d'eau froide sur le visage plus tard, il se sentit d'aplomb pour rejoindre les autres au salon, juste à temps pour dire au revoir aux mariés qui, faisant bon usage de leur cadeau de Noël, partaient pour une voyage inoubliable.

Je vais bien...je vous assure...Oui. ma chérie...Martin m'a examiné...vais pas mourir dans tes bras cette nuit, je le jure!

Et pour prouver sa bonne foi, il accepta même de boire un verre en honneur des mariés absents ce qui donna comme résultat de le faire s'endormir dans le divan au milieu d'une des, pourtant si marrantes anecdotes d'Henry.

Il se réveilla le lendemain sans savoir comment il était arrivé dans son lit. Pour son bonheur Nell dormait à ses côtés, lui tournant carrément le dos mais ne se rebiffant pas quand il l’enlaça pour l'attirer auprès de lui avant de se rendormir tranquillement, rassuré par sa proximité.

L'écharde récoltée au bord du bureau passa inaperçue, après l'avoir enlevée, Dave oublia son existence. Presque comme la deuxième poupée, arrivée via la Poste cette fois. Même épingle rouge, toujours à la tête, elle fut , rageusement, suivre le même chemin que la première.
Quand Nell voulut savoir pourquoi il portait un pansement au doigt la réplique de Dave la prit certainement de court:

Arrête de m'embêter avec ça...c'est rien!!! T'es jamais pris une écharde sur un vieux meuble...ici, tout fraye l'antiquité que veux-tu?...Non, ça  n'a pas d'importance...fiche moi un peu la paix, oui!

S'il mérita un regard furieux et un haussement d'épaules enragé, Dave sembla s'en ficher royalement. Une saute d'humeur, va et passe, tout le monde peut en avoir à moment donné mais quand cela se répéta de plus en plus souvent sans que personne n'y échappe, on commença, très sérieusement, à se demander quelle mouche avait piqué l'écrivain qui avait démontré toujours dans le passé être un type tranquille et mesuré.

Le sommeil le fuyait décidément, depuis quelques jours il avait du mal à s'endormir mais y parvenait au bout d'un moment, mais alors s'en suivaient des rêves de plus en plus angoissants. Réveillé, le souffle court et en nage, il s'excusait auprès de Nell, finissant par se lever et descendre au bureau où il restait à fixer le plafond sans le voir, en se faisant toute sorte d'idées étranges, absurdes et parfois terrifiantes.

*Suis en train de devenir fou...*

Car, quelque part, il était conscient d'aller de plus en plus mal, sauf que cela n'arrangeait pas grand-chose. Ombrageux, irascible, inabordable, socialiser devint quasi torture, pour lui et pour les autres qui commençaient à le trouver franchement désagréable en passe de devenir odieux. Suffisait d'une broutille, d'une remarque anodine et voilà que Mr. Clayton montait sur ses grands chevaux et s'engueulait avec tout celui qui eut l'heur de le contredire, c'est à dire avec tout le monde, parce que là, mine de rien, pas un n'avait la langue dans sa poche.

Vous le faites exprès...qu’avez vous à critiquer tout ce que je dis ou fais? Vous n'avez rien de mieux à faire qu'à me harceler, m'observer..., il ne ratait pas les regards échangés confondant vite fait le navré avec une quelconque complicité, vous me...

Maître de céans, figure paternelle par excellence Henry le sommait au silence et lui conseillait d'aller se calmer.

Ouais, c'est ça...gronde moi, envoie moi au coin sans dessert tant qu'à faire...Pas la peine de répéter, Doc...j'ai pigé...

Il se levait brusquement, reversait sa chaise et allait s'enfermer au bureau dont on entendait claquer la porte.

Il finira par la décrocher des ses gonds, remarqua Majors, désolé de le dire...mais je pense que Dave a des problèmes...j'ai vu des gars comme lui devenir dingues à cause de la drogue...

Le beau tollé. Selon ceux qui le connaissaient à fond, Dave ne touchait pas aux substances illicites. Il ne fumait même pas, buvait peu. Mais forcément il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond.

L'écriture du fameux roman en pâtissait grave, les idées auparavant brillantes s’enlisaient, perdaient cohérence, s'embrouillaient et bien entendu, l'énergumène de service n'acceptait ni conseil ni commentaire. Nell opta pour le laisser se débrouiller à son air et cette fois ce fut elle qui claqua la porte à en faire trembler les murs.

Bon vent!!, hurla  t'il au panneau fermé, comme si ça intéressait..., mais du coup sa colère se transforma en désarroi, mais...qu'est ce que je fais?...Nell...

Il passait de clarté à lumière pour ensuite s'engouffrer dans une suite d'angoisses sans nom et cela dans un laps succinct qui le prenait de court, le déboussolant complètement. Il passait ses nuits dans le bureau, incapable de faire marche arrière, de dire quoiqu'il ce soit, s'enlisant dans sa misère tout aussi bien que son roman dans l'incongruité.
Le besoin de sommeil le poussa à chercher la seule solution à portée de main. Quelques whiskies enfilés, la torpeur désirée le gagnait mais alors les cauchemars n'étaient que pires.

Jour après jour, hagard, hirsute, oubliant même de prendre un bain, Dave offrait la frappante image d'un naufragé éperdu.

C'est mon roman, mes idées...si ça te plaît pas, tant pis pour toi!...Et puis je m'en fous de ce que tu penses..., il avait envie de lui crier dessus et à la fois s'en voulait de le faire. Nell ne se priva pas pour autant de lui dire le fond de sa pensée en agitant sous son nez une de ces odieuses poupées qu'il jetait toujours, et quoi?...Tu me demandes ce que c'est? Toi, Miss-je-sais-tout?...Tu vois bien, j'ai des admirateurs de tout poil et plume...Et tu y crois, toi, à ces absurdités!?...Ouais...on m'a jeté un mauvais sort vaudou? La belle idée...C'est décevant que tu dises ce genre de connerie...allez, laisse moi en paix...Ça suffit, Nell...veux plus rien entendre...TAIS-TOI!!! TAIS-TOI!!!

Il hurlait comme un dément, soudain pris d'envie de meurtre, d'images folles se succédaient, au visage de Nell se superposaient d'autres qu'il pensait avoir oubliés, qu'il avait appris à détester...

Je devrais te tuer...je vais te tuer!!!, mais quelque chose freina le geste ultime alors que Nell affolée s'était mise à hurler, alors sans crier garde il la bouscula et sortit du bureau en coup de vent. Gagner la sortie ne lui prit qu'un instant...

Il neigeait dru, le vent sifflait, un vrai blizzard que Dave ne considéra même pas avant de s'y élancer tête baissée sans même avoir songé à prendre un manteau et encore moins mis des bottes. Oscar qui n'en ratait pas une quand son maître adoré était en jeu, lui emboîta le pas, surpris de cette promenade inattendue...sauf que son maître l'ignora alors toutou n'eut d'autre recours que cavaler à sa suite.

Au détour de la rue, entre froid glacial et neige lui fouettant le visage, Dave revint à de meilleures considérations.

Veux pas faire du mal à Nell...à personne...dois disparaître..., le boîtier, cadeau d'Henry était dans sa poche, il le prit, oui...disparaître...ma Nell...quel gâchis!

Tu penses aller quelque part, Dave?


Cette voix moqueuse le fit se retourner. Il reconnut sans peine la femme qui lui parlait. Nancy! Adorable au début, poison vers la fin...De toutes ses ex, elle était sans doute la plus envenimée.

Fous moi la paix...disparais...

Un sourire cruel tordit sa belle bouche.

Tout de suite après t'avoir donné mon petit cadeau!, elle tenait une seringue à la main et la levait quand surgissant de Dieu sait où Oscar lui sauta dessus, la plaquant à terre et aboyant comme un fou ce qui ne manqua pas d'ameuter le quartier.

Un dernier regard sur la scène, un dernier remords...Dave appuya sur le bouton "Départ". Deux secondes plus tard, il avait disparu...

Il ne faisait pas froid, là où il arriva...
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Henry Warrington

Henry Warrington


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Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Qu'on lui coupe la tête...    Qu'on lui coupe la tête...  - Page 2 EmptyLun 4 Juil - 22:49

N’importe qui d’autre qu’Henry Warrington aurait été insomniaque. Pas qu’il ne le soit pas, loin de là, mais peut-être pas pour les raisons que l’on supposerait de la part d’un homme de 70 ans sur le point d’épouser une jeunette.  Bon, oui, d’accord, 8 ans de différence, c’est pas un gouffre à leur âge, et la question n’était pas là. Pour Henry, ce serait une première, une chance, son unique et dernière chance d’être épaulé le reste de ses jours. Rien que pour cela, il adorait sa Louise et la révèrerait comme mérité dans les mesures de leurs possibilités. Il n’avait aucune inquiétude de ce côté. Louise l’avait percé à jour en toute connaissance de cause. Ils savaient très bien quoi attendre de l’autre, sauf imprévus toujours possibles du genre de ceux qui donnent du sel à la vie, on verrait bien.  Si Louise désirait du romantisme, elle devrait le lui apprendre, comme tout le reste, voilà tout. Elle porterait le pantalon dans leur ménage ? Aucun souci pour Henry.
Non, ses insomnies, il les devait principalement à son bébé, cette aussi magnifique que redoutable invention, fruit de son cerveau. Grâce à Johnny, programmeur hors pair avec qui il s’entendait magnifiquement, les progrès furent fracassants. Le labo correspondait à présent à la centrale de la NASA. Six écrans de contrôle synchronisés aux boîtiers correspondant avaient été installés, réglés. Un septième écran, gigantesque, permettrait également à l’opérateur d’avoir tous les sons, images, transmissions instantanées.  Sécurité extrême, une idée de Majors : des puces de géo-historico-localisation immédiates. Le pauvre second avait eu des déboires suffisants avec les bestioles de la maison pour insister sur les puces électroniques d’ailleurs très au point par Henry.
 
Pourquoi ne pas en équiper les glisseurs ? Une piqûre dans l’épaule et hop, je saurai immédiatement où et quand vous vous trouvez, et je pourrai intervenir si je vois l’un de vous en difficulté. A ne fait pas que cela, la puce m’indiquera aussi les paramètres vitaux, des changements infimes que le glisseur lui-même ne percevrait pas.  
 
Voilà ce qui embarrassait Henry au point de l’empêcher de dormir. Pas qu’il n’ait pas absolue confiance en John, mais…  Se savoir sans cesse sous surveillance potentielle était… gênant.
 
Je ne sais pas, avoua-t-il à Louise lors des soirées qu’ils affectionnaient… je voudrais ton avis… non, je te laisse latitude totale pour notre 23, tu es beaucoup plus adroite que moi avec ces choses-là… oui, c’est mon mariage aussi mais je sais que tout ce que tu feras sera parfait ; c’est autre chose qui m’ennuie…  
 
Il osa lui confier le projet des implants individuels sans pour autant s’étendre sur le futur cadeau aux « enfants » ainsi qu’à eux-mêmes à Noël.  La chose demandant réflexion, Louise réclama un délai avant de se prononcer.
À part cela, il n’y avait pas que lui qui soit cachotier. Ce qu’elle lui sortit le laissa sur son fauteuil :
 
A… Adopter Toni ??? Je sais que tu l’aimes comme j’aime Dave mais… un enfant… à nos âges… ? Inconvénients ? NON, grand Dieu, non ! (Mine réjouie) Si… Si elle est d’accord et que tu y tiens, pourquoi pas ?... Oui, c’est bien ce que ça veut dire, oui, je marche bien sûr, évidemment que je marche !
 
Encore timide, il l’enserra fortement dans ses bras.
 
La remise du prix de Dave fut un grand moment pour Henry. Grâce à Louise, il n’eut pas à se moucher dans sa manche tant il était ému ;  elle lui avait bourré les poches de tonnes de Kleenex, cette enchanteresse. La réception, quant à elle, Henry n’apprécia pas. Faire des sourires et des courbettes à des inconnus n’étant pas son style, elle fut un vrai calvaire.  Sous des dehors grognons, peu sociable, … Warrington était sensible, il savait au moins faire la différence entre sympathie vraie, hypocrisie ou hostilité.  Voir son enfant chéri soumis à tant de bassesses l’écoeura profondément.  Il était pourtant évident qu’avec la petite Nell tout baignait. Pourquoi alors tant d’hostilité ?  
 

Je n’aime pas ça, dit-il à Louise dans le taxi les ramenant chez eux… Ben, l’ambiance, les faux-amis…  Extralucide ? (rire) jamais de la vie, ma mie ! Mais toi aussi, je parie, tu as senti comme une odeur de roussi, de soufre, dans l’air, non ?  
 
Louise se montra mitigée. Cependant, au petit matin, avec les sirènes hurlantes des pompiers, l’évidence éclata. Par un hasard heureux, presque incroyable en fait, aucune victime physique ne fut à déplorer, Dave était sauf ainsi que blanc de blanc sur une manœuvre quelconque dans un acte avéré criminel. Henry, même s’il n’y démontra pas grand intérêt, garda pour lui sa jubilation de voir son fils enfin heureux en amour.
 
23 décembre matin
 
Hum, hum…
 
Qu’est-ce que vous dites, John ?
 

Je tousse pour vous rappeler quelque chose d’important.
 
Ah ? Les puces. Désolé, Louise ne s’est pas encore prononcée dessus, alors on ne les implantera pas…
 

Henry, soupira le jeune homme, par ordre de notre suprême majesté Louise, je vous somme d’arrêter toutes vos activités actuelles et de me suivre immédiatement.
 

Vous déraillez, Majors ! Et où irions-nous ? Cette équation me pose une colle que j’aimerais résoudre
 

À la salle de bains, professeur, ensuite chez le coiffeur et dans votre chambre.
 
C’est idiot ! Je suis trop occupé pour ces bêtises.
 
Monsieur, professeur, dois-je vous menacer de mon arme pour que vous obéissiez sur le champ ? Nous sommes le 23 décembre. Dans deux heures…
 
Nom d’un petit bonhomme !  Vite Majors, vite ! Faut pas rater ça, hein ? Pourquoi vous ne me l’avez pas signalé plus tôt. Ce sera votre faute si nous sommes en retard.  
 

Nous avons encore le temps, Henry. Mais Louise n’aime pas attendre…  
 
Henry oublia tout ce qui ne concernait pas sa future. Il se laissa récurer, raser, vêtir, en se demandant pourquoi il était si nerveux.  Tapes dans le dos encourageantes à en avoir mal, il la vit s’approcher rayonnante au bras d’un Johnny aux yeux rougis d’émotion.  
Le décor ? Désolé, mais Henry n’y prêta aucune attention.  Ça sentait le lys, la rose, le plus sûr. Le prêtre… euh… parfait avec son blabla. Dave, son témoin, lui expédia un coup de coude en lui donnant une boîte.  Les vœux ? Quels vœux ? Rapidement, en chaussant ses lunettes, d’une main tremblante, Henry parcourut le mot qu’on lui avait fourré en mains. Il le chiffonna et regarda Louise bien en face :
 
Pour le meilleur ou le pire, dans la richesse ou la pauvreté, quoique je préfère les 1ère options, moi, Henry Warrington, je te prends Louise Anne Stark pour épouse légitime, compagne de vie éternelle. Je serai fidèle à toi et… à moi-même, sauf si bien sûr tu en décides autrement.  Je t’aime Louise. Reçois cet anneau en guise de… de… ma bonne foi.  Je crois en toi, je souhaite que tu en fasses autant, ma mie.  
 
Ils en reçurent des félicitations dès que Louise l’accepta en époux.  Le comité était réduit, tel que voulu, la réception de même.  Plusieurs de ses « enfants » lui sauvèrent la face devant des mères encore incrustées.  Mrs. Watts l’agrippa à droite, Mrs. Clayton à gauche, lui était perdu.  
 
… Une invention ? Non, rien de très particulier… les communications ? … on peut dire ça, oui…  
 
Aïe, Aïe…  Ces finaudes risquaient de flairer le pot-au-rose.  
Ah, elles seraient encore là pour Noël. C’est vrai que ce serait le jour J…
 

*Merde, faudra leur faire un cadeau. J’espère que Louise y aura pensé…*
 
Nuit de noce… ? Henry resta cloîtré dans la salle de bains pendant une bonne heure en pyjama, se faisant l’effet d’une pucelle effarouchée même si cela semblait ridicule, n’osant pas en sortir ni se décider à avaler ou pas une petite pilule bleue recommandée par son médecin. Elle riait en ouvrant la porte d’un coup sec pour le tirer hors de là ; il oublia tout le reste.  
 
Les enfants avaient bien travaillé, tous, à la décoration de sa maison rénovée. En fait, Henry était un peu désorienté dans ses propres murs tant cela avait changé sous la houlette de Majors combinée aux idées des enfants. Là, avec boules scintillantes, guirlandes lumineuses, sapin et houx, l’ensemble était très chaleureux. Son sourire ineffable aux lèvres, Louise comprenait ses émotions, n’était-ce pas leur premier Noël tous ensemble ? Pour lui, en tout cas, c’était une vraie première depuis le décès de sa mère car à l’orphelinat, la rectitude primait et les futilités exclues.  Certes, son père avait bien tenté de l’intégrer au cocon familial mais sans grand succès vu l’hostilité marquée par ses demis frère et sœur. Toujours se sentir le vilain petit canard de la bande n’est pas tellement vivable… En un sens, Henry avait été habité toute sa vie par l’impression de n’être qu’une pièce rapportée par hasard, un hasard dérangeant. Cette fois, c’était radicalement différent. Non seulement il était aimé mais il chérissait chacune des personnes présentes sauf, peut-être, les intruses Watts et Clayton.  Après le repas diligenté par dames et demoiselles, il rigola de la tête des enfants ouvrant leur paquet cadeau. Si les intruses n’avaient pas assisté à la fête, il aurait fait un petit speech explicatif, mais… cela attendrait. Seule Louise reçut des détails sur ce cadeau original :
 
Je me doute que ce soit déconcertant de recevoir un bête boîtier… Tu n’attendais pas un collier de perles, au moins ? … Ah, ouf.  Ceci, ma chérie, c’est le futur et le passé à portée de main. Chacun, individuellement, peut maintenant choisir où se rendre et quand, ainsi ( grand embarras) si un truc de l’instant vécu ne te convient pas, tu modifies le passé en retournant changer ce qui te déplais… Oui, tu te crées ta propre ligne temporelle, en quelque sorte… Est-ce bien nécessaire de se poser la question d’une éventuelle multiplication des lignes, de ce qu’elles deviennent ensuite ?  Maintenant, si tu veux te débarrasser de moi, tu retournes le 23 et tu dis non au lieu de ton magnifique oui…
 
Yepee ! Elle n’avait aucune envie de l’utiliser ainsi… pour le moment en tout cas.
Ah… ? Voyage de noces…
 

Tu as une destination particulière en tête ?
 
Oh que oui ! Mais des billets d’avion suffisaient sans avoir recours à la téléportation temporelle, ou peut-être que… ? Peu importe. Le 30 décembre, ils s’envolèrent heureux.   
Ils rentrèrent enchantés de leur virée de quelques jours à peine car Louise tenait absolument à donner un coup de main aux préparatifs de mariage de leur future fille dont la régularisation d’adoption ne tarderait pas.  
Chez eux, des déménagements s’étaient opérés.  Quoi de plus normal que de partager la chambre de celle ou celui que l’on aime quand on est jeune et en bonne santé ? Henry, un peu vieux jeu, ne s’offusqua pas ;  il fallait s’adapter, non ?  
Une idée lancinante le taraudait, toujours le même sujet : la puce.
Louise lui avait suggéré des trucs très intéressants sur le problème d’intimité.  Qu’il le veuille ou pas, les idées tournicotaient dans son cerveau fertile.  
 
*Un blocage… en modifiant les paramètres… l’implant contrôlé, ou pas ?... sécurité, sécurité…Mais oui, bien sûr !*   
 
Impossible de rester au lit avec un tel bouillonnement cérébral. Il fila au labo y trafiquer ses puces minuscules.  
 
Le jour du mariage de leur fille Toni avec le docteur Lescot ressembla à une sorte de conte de fées, au début en tout cas. On aurait pu être un peu triste car aucune parenté biologique des époux ne se manifesta lors de la cérémonie, ni à la réception qui suivit.  Sa chère femme qui savait tout sur tous combla ses lacunes.
 

Combien tu as raison, ma mie : c’est nous cette famille !  Au fait, Dave ne te semble pas bizarre… ben, je ne sais pas, patraque quoi. D’ailleurs regarde Nell, elle n’a pas l’air très heureux non plus. Elle est tracassée aussi.   
 
Un peu plus tard, il ne fit aucun doute que le bel écrivain, son fils spirituel, n’allait pas bien et, en vraie tête de mule qui –comme par hasard – en rappelait une autre de ce côté, il prétendait le contraire.
Le gâteau découpé, partagé avec plein de gens qui, pour la majorité, avaient oublié le goût des douceurs, le bouquet expédié atterrissant dans les mains d’une Nell confuse, les nouveaux époux filèrent vers une destination inconnue pour tous… ou presque.  Eh, oui… Henry n’avait pas pu résister à implanter ses puces. Ce fut tellement facile, anodin, dans les grandes embrassades générales qu’aucun des cobayes ne le remarqua. Il leur dirait plus tard comment l’utiliser selon leur bon vouloir mais se jura de ne pas suivre à la trace les frais mariés… pour le moment en tout cas.
Même John Majors avait été pucé à son insu… Louise aussi. Lui-même se l’était placée et n’en avait ressenti aucun inconvénient. N’empêche que l’état de Dave le préoccupa d’autant plus.
 
*Et s’il faisait une allergie, un rejet ???*   
 
Les jours qui suivirent virent s’aggraver la situation.  Personne ne pouvait rater les coups de gueule d’un Dave complètement à l’ouest par rapport à… avant. Lui, le doux, le garçon charmant, gai, était en passe de devenir le gars le plus imbuvable de la Terre.  
 
Mon garçon surveille ton langage à cette table, s’il te plait. On sait que tu es tracassé avec la remise proche de ton second jet à ton éditeur, mais un peu de respect serait bienvenu.  
 
Ouais, c'est ça...gronde moi, envoie moi au coin sans dessert tant qu'à faire...Pas la peine de répéter, Doc...j'ai pigé...
 
Quand Majors parla d’emprise de drogue, Henry s’outra :
 
Mon fils ne se drogue pas, Johnny. Nell, toi et lui qui êtes…
 
La petite ne dit rien mais n’en pensait sûrement pas moins.  
Henry tourna en rond longuement dans sa chambre. Louise essaya bien de lui remonter le moral mais rien n’y faisait.
 
… tout est de ma faute… non, je ne te dirai pas pourquoi…. Je dois réparer ça *Et Dave…*
 
Dans le bunker, à une heure indue, Henry travailla frénétiquement. Il eut beau vérifier, revérifier, tout lui sembla normal. D’ailleurs, un léger coup d’œil sur les glisseurs actuels prouvait que tout baignait de ce côté… sauf Dave.
 
*Martin saurait… *
 
Une aide médicale semblait nécessaire. L’appeler ? Oh, non ! Il saurait ne pas être aussi invisible que cela.  D’un autre côté, là où boîtier était, fatalement, bunker savait…  
Que de tracas !  
 
Le chambard de fin du monde ameuta toute la maisonnée. Avec Louise, le temps de saisir une robe de chambre, ce fut la course au rez-de-chaussée. La porte était grande ouverte, un vent glacial et des flocons s’engouffraient joyeusement dans le hall.  
 
Qu’est-ce qui se passe ici ? Nell ?  Que… ?
 
Petite chose ratatinée dans un coin, elle pleurait, incapable de faire autre chose que de pointer le dehors.
Louise n’attendit pas son ordre pour s’occuper de la désespérée. Lui, il courut affronter le blizzard.
La scène était hallucinante : Oscar était en train de dévorer une femme !  
 
Lâche, Oscar. Lâche !       
 
Louise, Nell et John accoururent secourir la malheureuse dont le bras pissait le sang mais sa langue, elle, était intacte :
 
Je vais vous faire le procès du siècle, je vous ruinerai ! Votre bâtard m’a attaquée sans raison : il faut l’euthanasier sur-le-champ !  
 
Louise s’approcha de la fille assise dans la neige ensanglantée et… la gifla à toute volée.  
 
Ma mie ? Mais qu’est-ce que tu fais ? … euh, ben oui, je vois cette seringue et alors… ?
 
Mademoiselle, jeta Majors du ton soudain très agent du FBI, vous teniez cette chose, n’est-ce pas ? Ne niez pas, on retrouvera sûrement vos empreintes dessus puisque ma patronne l’a prélevée avec un mouchoir. Que contient-elle, cette piqûre ? Vous la destiniez à Dave Clayton, n’est-ce pas ? J’appelle les collègues. Rentrons tous, on caille.  
 
Quelle soirée, mon Dieu quelle soirée ! Henry tremblant dans la cuisine, les pieds plongés dans une bassine d’eau chaude, était entouré par un chien paisible et trois visages reflétant des sentiments divers.
 
Cette femme, cette Nancy machin, est une criminelle !... Droguer notre Dave à son insu, la garce ! Dire que j’ai cru que c’était de ma faute…  
 
Aïe, ses propos n’étaient pas tombés dans des oreilles de sourds. Pleurer ? Peut-être bien un peu. Honteux, alors là oui.  Plus catastrophé que ça, tu meurs. Que faire d’autre que de passer aux aveux complets ?  :
 
Je nous ai implantés, tous.
 
Henry ? sursauta Johnny Majors. La puce ? Tu nous as mis…
 
Ben oui, pardon, à tous pardon. Je… j’ai commencé par moi, je vous le jure. Je… je ne voulais perdre aucun de vous, jamais… Je n’imaginais pas une telle réaction à l’implant. Mais, apparemment, il n’est pas en cause : c’est la drogue qui a fait déconner Dave
 
Oh, mon Dieu ! Nell l’écharpa presque. Louise et son bon sens le sauvèrent de justesse.  
 
… Une bonne chose ? Tu crois, ma mie ?... bien sûr, le retrouver devrait être…
 
Arrêt sur image. Hop, finis tremblements, bain de pieds. Esprit clair, Henry fonça au labo, tous derrière lui. Grand ordonnateur, absorbé dans le seul truc qu’il maîtrisait parfaitement, Henry contrôla :  
 
Johnny, enclenche le module de détection sur la piste 3, je place les vecteurs séquentiels à un, deux, trois… GO !
 
Les écrans s’allumèrent, la traque débuta, et... rata…  
 
Alors là, pour perdu, Henry le fut. Avec John, ils pianotèrent furieusement sans rien piger plus l’un que l’autre.
 

Ça apparaît et disparait sans arrêt… le gamin saute mieux qu’un pantin…
 
C’est la drogue, soupira John qui éteignit ses moniteurs d’un doigt rageur. Je pense que tant que l’organisme de Dave n’aura pas éliminé les traces de cette saloperie injectée depuis des jours, on ne saura pas le situer avec exactitude.  
 
Épaules tombantes, Henry dut accepter ce verdict.  Mais il se redressa très vite :
 
Avec les modifications apportées, on peut le ramener, même contre sa volonté, n’est-ce pas John ?
 
Le principe est correct sauf que, dans ce cas, quand on ne sait pas exactement où ferrer le poisson… on pêche en eaux troubles. Autant chercher une aiguille dans une meule de foin…
 
Pourquoi Nell faillit-elle arracher les yeux de Johnny ???              
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