The Doors
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Forum RPG privé où des intrépides, parfois malgré eux, trouvent des portes menant à d'autres lieux voire d'autres époques,
 
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 On recrute!

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Henry Warrington
Kit Brown
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Kit Brown
Admin
Kit Brown


Messages : 10
Date d'inscription : 12/11/2016

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MessageSujet: On recrute!   On recrute! EmptyDim 15 Jan - 16:44

Je n’reconnais plus personne en Harley Davidson…
 
Pas que ce vieux tube soit génial, il reflétait bien l’état d’esprit du conducteur de la puissante moto. Pour un profane, cet ancêtre était démodé mais pas pour un fan comme Kit Brown. Il l’entretenait avec amour son bijou ! Certes, ce n’était pas donné mais le plaisir de chevaucher ce bolide de 1200 cc valait tous les sacrifices d’autant que, très bricoleur et débrouillard, le jeune homme parvenait toujours à obtenir les pièces manquantes quitte à les façonner lui-même.
Au départ de sa fuite, il n’était pas très heureux. Bien que la vie ne l’ait pas gâté et que le changement ne l’effraie nullement, repartir à zéro lui peinait. Heureusement, « beauty » - le nom de la HD- effaça rapidement son amertume. Plus les kilomètres l’éloignaient de la « tribu », mieux il allait. Adieu Canada natal, vive les USA. Il serait très étonnant qu’on le piste à nouveau dans une mégapole ou l’autre.
De but précis ? Aucun en particulier. Peut-être s’arrêterait-il ici ou là selon ses envies ou besoins, New-York ? Qui sait ? Le pécule emporté, issu de divers boulots très réglos, devrait suffire un bon moment sauf incident.  Au cas où, Kit se sentait prêt à relever n’importe quel défi de la vie.
La frontière se passa les doigts dans le nez. Il était recherché, mais pas à ce point-là. Les documents bien tamponnés aux Niagara Falls, rien ne l’arrêterait. Laissant derrière lui les célèbres gigantesques chutes, sans s’attarder au paysage somptueux, il poursuivit son bonhomme de chemin. L’automne  débutait, mais déjà les premiers frimas se faisaient ressentir. Qu’à cela ne tienne, Kit en avait vu d’autres, Beauty aussi. Pas fou du guidon, le jeune homme savait adapter sa conduite en toutes saisons et situations. Son unique grave accroc ne lui avait valu qu’un bras écorché, tout dire !
Il redoubla cependant de prudence sur ces autoroutes aussi immenses qu’inconnues. Avec du bol, il ferait étape près des Green Moutains qui lui rappelleraient celles du Pays. Beauty en décida autrement : elle avait soif. Approchant d’Albany, Kit s’orienta vers la 1ère station-service à disposition d’autant qu’il commençait à avoir la dalle lui aussi.  
Mince ! Il s’était bien rendu compte des embarras de circulation sur la route, mais n’avait pas imaginé que la plupart des automobilistes feraient un stop à cet endroit. Pour être bondé, le parking l’était ! Sa grosse HD réclamait un environnement de choix, pas question de la quitter du regard et donc de se garer trop loin de l’entrée principale. Certes, il lui restait la solution de passer à la pompe et viser un autre site moins full, sauf que Kit était du genre borné. S’il avait décidé de déjeuner là, rien ne l’en empêcherait.  Au pas d’homme, il chercha le trou idéal pour caser son engin. Hélas, aucun emplacement ne le satisfit avant au moins 3 tours d’asphalte. Puis, le miracle se produisit. Là, à quelques dizaines de mètres, une place se libéra. Aussitôt, il remit les gaz et fonça. Mais… La queue de poisson le prit au dépourvu total.  
Bing, boum, badaboum. Crissements de pneus, bruits de ferraille et douleurs plus tard, un Kit écorché de partout se releva furibard :
 
C’EST QUOI CE BORDEL ? LE CLIGNOTANT, VOUS CONNAISSEZ ?
 
Il aurait bien bondi sur le conducteur débile, si la vision navrante de son bébé amoché ne l’avait retenu.
 
Beauty ! Oh Shit !  
 
Sans plus se soucier de rien, il fila au chevet de son amour qui saignait couchée sur le flanc, se penchant sur elle :  
 
T’en fais pas, ma belle. Ça va aller. Ça va aller.  
 
Une remarque dans son dos l’obligea à se redresser. Que lui voulait cette nana ? Au quart de tour, il pigea :
 
… NON ? C’EST PAS À VOUS QUE JE M’ADRESSE. VOYEZ CE QUE VOUS AVEZ CAUSÉ !

 
Le conducteur fautif, en fait une conductrice, se pinça pour illico se défendre vertement.  Elle n’était pas croyable, cette bonne femme ! Elle osait l’accuser, lui, de lui être rentrée dedans.
 
Et comment j’aurais pu vous éviter ? Vous avez surgi de nulle part dans mon dos avant de me couper la route.

 
Il ôta son casque, libérant sa tignasse brune, afin de présenter son visage courroucé de sincérité à l’opinion publique car, évidemment, un attroupement s’était formé autour des belligérants.  En un clin d’œil, la gent féminine lui donna raison tandis que la masculine tendait à défendre la petite dame si frêle en apparence.  La discussion aurait pu s’éterniser, chacun défendant son point de vue si, soudain, Kit ne s’était sentit de travers.  Avec l’adrénaline, il n’avait rien ressenti de sa chute, maintenant…
Une idée lui traversa l’esprit :
 
*Arnaque à l’assurance… pourquoi pas ? …*
 
Après tout, ce ne serait pas la première. N’empêche que cette fois, son malaise était très réel, ce qui le fit pester d’avantage.  
 
J’crois que vous m’avez pété un bras ! On va faire le constat. Vous êtes en ordre d’assurance, j’espère ?
 
Elle clama fort et clair que oui mais désirait un avis médical.
 
… m’en tape ! J’dois d’abord m’occuper de ma bécane.
 
Nul ne pouvait comprendre que la santé de Beauty passe avant la sienne, qu’importe. Toutefois, la demoiselle se rebiffa de nouveau, et fit tant et si bien de son nez que l’entourage abonda en son sens, prêt à commander une ambulance. Forte tête s’il en est, crâneur encore pis, Kit ne démordit pas :
 
Je ne vais nulle part sans elle ! ( elle, c’était Beauty of course) ! Appelez un dépanneur.  
 
La miss prit la mouche, et les choses en main. Des gros bras furent désignés pour remorquer la prunelle des yeux de Kit vers le garage tout proche tandis que d’autres le fourguaient dans le véhicule de la miss, un cabriolet sport qui fleurait le cuir neuf. Même si l’hosto n’était pas loin, Kit dut lutter contre l’évanouissement. Pas question de se laisser aller comme une fillette face à cette folle du volant. En cela, la brunette le dépassait largement. Elle les mena aux urgences sur les chapeaux de roue.
 
Vous voulez que ce soit un corbillard, votre prochaine voiture ? Ralentissez, y a pas l’feu !  
 
Que nenni. On arriva en trombe aux urgences. La laissant palabrer tout son saoul aux infirmiers, Kit s’affala avec plaisir sur le premier siège à portée. Pas trop longtemps, hélas ou tant mieux. Pourtant, il refusa de se lever si la miss n’accompagnait pas :
 
… non, c’est ni ma femme, ni ma copine, c’est mon agresseur. Pas question qu’elle file en douce ! Elle vient ou je reste là.  
 
Dans la salle d’examens, pour procéder, on voulut couper la veste de cuir couvrant le torse du jeune homme. Nouveaux hauts cris :
 
Hey ! Vous savez combien ça coûte un truc de cette qualité ? Pas touche, je l’ôte moi-même !

 
Il grimaça à peine en s’extirpant du haut de sa tenue de motard chevronné, exhibant ainsi un beau T-Shirt froissés et des muscles malmenés dans l’aventure.  Le cuir avait évité le pire en écorchures mais le coude était tordu. Un plâtre serait indispensable. Tout autre aurait admis la chose, pas Kit :
 
Hein ? Un plâtre ? Et comment je vais conduire ma bécane, moi ? Posez un bandage, ça suffira.
 
Miss Clairborne-Watts – puisque tel était le nom ouï à l’admission- trouva spirituel de remarquer qu’au vu de l’état de la motocyclette, elle ne roulerait pas avant longtemps. Kit vit rouge :
 
Ma « motocyclette » comme vous dites est une HD, nom de Dieu ! Une Harley-Davidson, crétine ! Si je peux pas la conduire, c’est vous qui nous conduirez à New-York… m’en fous du comment vous vous y prendrez. Ce sera l’unique façon de me dédommager, pigé ?  
 
Chacun enferré dans un mutisme rageur, on retourna à la station-service qui offrait aussi le logement.  Kit refusa l’hébergement, il ne prit qu’une couverture pour dormir à même le sol près de sa pauvre Beauty amochée.
Au matin, fidèle à sa promesse, Miss Clairborne se pointa avec une remorque.
Quelques « politesses »d’usage plus tard, Beauty bien calée à l’arrière, on se mit en route.
Si la Miss râlait du parcours obligé, elle lui fit bien sentir mais ne desserra pas les dents. Kit ignorait alors qu’il s’agissait d’une bénédiction car, histoire de briser la glace, Kit demanda :
 
Au fait, que faisiez-vous dans ce coin ?
 
La question, banale en soi, déclencha une avalanche de propos dont le jeune homme se serait bien passé.  
 
*… Elle aime se la péter, celle-là !*
 
Il ne répondit que par monosyllabe, prouvant ainsi qu’il ne roupillait pas. Son désintérêt était si manifeste, que la belle – eh oui, Kit l’avait quand même remarqué – s’énerva. De plus, elle le bombarda de questions personnelles auxquelles il n’avait aucune envie de donner suite.
 
*Blablabla, elle me soule cette bonne femme !*
 
Dire que cela allait durer ainsi encore des centaines de kilomètres. Il mourait d’envie de lui gueuler de la boucler, mais préféra un biais assez vache :
 
En fait je suis un repris de justice en cavale, ça vous va ?  
 
Tout juste si Miss Claiborne ne pila pas net, heureusement d’ailleurs puisqu’elle menait un train d’enfer. Cependant, la manœuvre déclencha l’éveil du patrouilleur de la route.
Malgré sa provision de beignets et son thermos de café amélioré, Orson O’Neill – surnommé familièrement double 0  par ses collègues- s’ennuyait justement ferme quand il surprit le ralentissement brusque du puissant 4/4 à remorque. Bien qu’il n’ait pas retenu les nouveaux codes en vigueur, selon toutes probabilités ce véhicule venait de commettre une infraction. Précipitamment, il contacta la centrale par radio puis, toutes sirènes hurlantes, s’élança à la poursuite du contrevenant suspecté. Il eut la pétoche en s’approchant du 4/4 sagement garé sur le bas- côté. On ne sait jamais si on va se faire tirer dessus ou pas, non ? Dégainer d’emblée ? Euh… Il préféra éviter. Il lut la plaque, la signala au central, et s’avança vers la portière du conducteur.
Que diable se passait-il dans cet habitacle ? Une scène de ménage, probablement. Tiens, c’était une mignonne brunette au volant. Le passager, un gars échevelé, semblait de très mauvais poil. Une idée ou il allait fracasser son plâtre sur le crâne de la belle plante ? Main sur l’étui du flingue, il frappa doucement à la vitre :
 
Papiers d’identité et ceux du véhicule, s’il vous plait.  
 
La petite dame parut vouloir dire quelque chose par la vitre baissée mais son compagnon la devança, se montrant très affable :
 
Veuillez excuser… *Comment c’est encore son prénom ??* ma Milie, officier. Je lui demandais de ralentir, et elle a freiné sec. Elle obéit toujours, ma puce. Donne es papiers au gentil officier, mon amour. Ils sont dans la boîte à gants ?

 
Ce que O’Neil ne voyait pas est l’étau dans lequel Kit broyait la main de la miss qui obtempéra non sans lui lancer un regard courroucé.
 

Faites pas attention, elle déteste que je l’appelle Milie. Hein, mon cœur ?  
 
Comme les documents étaient réglos et qu’aucun mandat ne courait contre ces gens, Orson décida de jouer les grands princes :
 
Je vous colle juste un avertissement. Roulez prudemment, Miss Clairborne.  
 Kit éclata de rire dès qu’une distance raisonnable s’étendit entre eux et le policier.
 
Faites pas cette tête, c’était pas terrible !
 
Il s’en prit pour son grade pendant des kilomètres, mais s’en ficha royalement. En tout cas, Emilia ne l’avait pas dénoncé. Il est vrai qu’avec une poigne d’acier sur sa main, elle aurait eu du mal. Sans doute devait-elle tenir plus à ses jolis doigts qu’à la justice.
Rien de plus pelant que de voyager sur autoroute avec un moulin à paroles. Si Kit avait déjà eu affaire à des égocentriques, il avouait que celle-là battait des records.  Elle n’attendait même pas un commentaire que, de toute façon, il se serait bien gardé de donner. Néanmoins, il commença à en avoir vraiment ras la patate. Impossible d’en placer une, ni même de brancher la radio pour créer une autre ambiance. EnfiN…
Soudain, Miss Clairborne changea de cap et s’engagea hors autoroute. La raison : elle avait un petit creux.
 
Dites plutôt que vous voulez aller pisser ou, si vous préférez, que vous allez vous repoudrer le nez !
 
 Elle avait faim, point barre. Le reste ne regardait qu’elle.
 
Tâchez au moins de ne renverser personne en vous garant cette fois ! ironisa-t-il.  
 
Sitôt à l’arrêt, la Miss décampa en direction de l’établissement de restauration. Lui, il n’avait envie que de silence. Il sortit se dégourdir les jambes et jeter un œil à sa chérie.  Pas demain la veille qu’il la chevaucherait à nouveau vu leurs états.
 
On dit que la faim fait sortir le loup du bois, Kit, aux arômes de poulets frits venant du restau, sentit poindre une fringale dévorante.  Après tout, pourquoi pas ? Oui, mais… Son instinct lui dictait de se méfier de la belle soi-disant innocente. Rester était tentant, bouffer encore plus.
Peut-être qu’Emila l’observait déjà de loin, attendant qu’il s’éloigne pour foncer à la voiture ? Il s’en persuada, et joua avec cette possibilité. L’air nonchalant, il se dirigea vers le resto mais, dès qu’il jugea être hors de vue, il se contenta d’actionner le distributeur extérieur toujours garni de sandwiches divers. Nanti de provisions, il fit demi-tour en courant pour arriver pile au moment où Miss Clairborne lançait le moteur sur le capot duquel il appuya une main ferme :
 
On a décidé de jouer les filles de l’air ? Dans le fond, vous avez raison. Ça vous étonne ? J’en ai réellement marre de vos palabres infernales. J’allais, du reste, me faire la malle aussi. Mais, avant de vous laisser filer, sachez que je garde la remorque, et ma Beauty, évidemment. Je pourrais aussi garder ceci…
 
Il exhiba le portefeuille de la miss qui ouvrit des yeux ronds d’indignations.
 
Je pense que vous en aurez plus besoin que moi. Tout y est, au centime près. Que voulez-vous ? Les mauvaises habitudes ont la vie dure.
 
Sur ce, il lui rendit sa bourse, alla détacher la remorque, fit une sorte de révérence grotesque, et rigola en voyant le 4/4 démarrer en trompe :
 
Bon vent ! cria-t-il. Et surtout pas à la revoyure !  
 
Il agita la main valide en signe d’adieu jusqu’à ce que la voiture se perde à l’horizon. Là, il ne crâna plus du tout :
 
Shit ! Suis fin, moi !
 
Heureusement, quand il le voulait, Kit savait se montrer des plus aimables autant que persuasif. Il ne fallut guère de temps avant qu’une âme charitable ne le prenne en pitié et remorquage.
Sincèrement, ça lui faisait une belle jambe ! La charmante dépanneuse, le conduisit au 1er garage susceptible de ranimer Beauty.
Kit, sachant se satisfaire de peu, accepta gîte et couvert contre un sain labeur. Ses pauses, il les consacra toutes à la résurrection. Hélas, même le prix de la remorque revendue ne suffit pas combler à l’achat des nombreuses pièces manquantes. Reprendre du service illégal ? Non ! I n’était pas si aux abois. Son « patron » n’était pas un mauvais bougre. Il reconnaissait le talent bricoleur de Brown et l’appréciait. Lors d’une de leurs petites beuveries post boulot, il lui confia :
 
Avec tout mon respect, mon gars, tu devais te chercher un autre boulot plus… lucratif. Pas que je sois mécontent de tes services, loin de là. Depuis que t’es débarrassé de ton handicap, tu bosses très dur. Mais ta bécane, ses pièces d’origine… ça chiffre. J’ai lu un truc qui pourrait t’intéresser, te convenir…
 
Un article, somme toute banal, s’étalait dans les annonces :
 
Recherche homme ou femme sans attache, bricoleur et débrouillard pour un job intense en émotions. Rémunération à convenir. S’adresser à H. Warrington. Casier judiciaire s’abstenir. Joindre CV avec motivations.    
 
Dans le fond, pourquoi pas ? Kit avait des trucs à se reprocher mais n’avait jamais été choppé sous ce nom-là.  Donc…  
 
  Écrire un CV ? Il n’y connaissait rien. Le Net lui fournit quelques tuyaux qu’il exploita au mieux. Ensuite, il attendit la réponse, sans trop se faire d’illusions.
Cependant, alors qu’il refait ses comptes avec angoisse dans l’arrière-boutique du garage, le facteur passa. Ne recevant jamais rien à part de pubs, il cligna des paupières face à un pli pesant. Il obtenait un entretien d’embauche, un questionnaire pointu accompagnait. On fêta cela dignement avec le boss qui le poussa à se refaire une beauté :
 
Va au moins chez le coiffeur… Ça me fera chier de te voir partir, mais autant que tu fasses bonne figure.  
 
Barbe retaillée, ongles soignés, il se rendit à Cambridge en bus, trajet durant lequel il répondit à la liste d’interrogations parfois déroutantes.
 
*Parlez-vous plusieurs langues ? Si oui détaillez. Possédez-vous de bonnes bases en histoire du monde ? Vous qualifieriez-vous d’impulsif ? … Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? *
  
Il bâcla la plupart des trucs qui lui semblaient sans queue ni tête.
Une des dépendances de l’université ? Ça avait l’air vachement sérieux comme job.
Trois candidats et une nana BCBG poireautaient lorsqu’il se pointa. Tous paraissent nerveux. Ils avouèrent être là depuis une heure sans que personne ne se pointe, et trois autres s’étaient déjà éclipsés sans demander leur reste.  Une heure plus tard, ils ne furent plus que deux à tenter leur chance dont Kit, évidemment.
Quatre personnes, deux hommes et deux femmes s’amenèrent enfin sans s’excuser du retard.
Kit fut pris en charge par le jeune homme et la femme d’âge mûr présentés comme docteur Lescot et Mrs Warrington. Le gars blond avait l’air plus amène que la bonne femme dont l’air revêche aurait refroidi n’importe qui d’autre que Kit. L’autre candidat eut droit à l’autre couple.  Tandis que Mrs. Warrington épluchait ses réponses au questionnaire, le Docteur s’informa de l’état de santé du « patient » :
 
… suis en forme… ce bras ? C’est rien, un accident de moto, en plein droit. Je serai libre de mouvements la semaine prochaine. Sinon, suis majeur et vacciné contre beaucoup de trucs. .. Voyager ? J’avoue ne jamais avoir beaucoup quitté mon patelin. Les USA sont une 1ère frontière mais j’ai rien contre… Oui, comme je l’ai écrit, aucune famille… Si j’aime les animaux ? J’ai rien contre…  
 
Au fil de l’entretien, Kit supputa qu’on désirait l’engager pour participer à… un safari quelconque. Il s’imaginait déjà en chasseur de fauves avec fusil et attirail quand une question le prit au dépourvu :
 
Le temps ? Euh… vous parlez de la météo ou des secondes, minutes, années ? … ah au choix ? Ben, il fait beau pour cette saison et celui qui passe, je m’en fous. Du moment que je gagne de quoi réparer ma bécane, le reste, je m’en tape, ça vous va ?
 
Louise avait eu un sourire pincé, Martin plus large.  
Ils le remercièrent puis on échangea les candidats pour rencontrer professeur Warrington en personne et son « assistante » ? Toni.
Il jugea le vieil homme comme un doux dingue ; la fille mignonne avait un accent étranger mais lui sembla attentive.  En somme, les questions étaient identiques, sauf pour la santé.  Que Toni lui demande s’il aimait la nourriture exotique le fit quasi marrer :
 
Mon estomac est à tout épreuve, suis pas délicat. J’apprécie la bonne bouffe mais sait m’en passer. J’ai déjà mangé des larves et des feuilles, si ça intéresse.
 
Au bout d’une nouvelle demi-heure, ce fut clos. Après un traditionnel » on vous contactera » il fut libéré.  
Une semaine s’écoula sans nouvelles. En sus du garage, Kit livra des journaux, lava des voitures, etc. Il devait justement se rendre à l’hosto pour qu’on lui ôte son plâtre quand le téléphone sonna : il était retenu !  
 
Bob, je vais te confier ma Beauty. Sais pas dans quoi je suis engagé ni ce qu’on me paiera. Si jamais tu n’as plus de mes nouvelles avant un an, vends-la, merci pour tout !
 
Le cœur gros d’abandonner son bébé aux soins de son boss, dès le bras libéré, il débarqua à Cambridge dans un beau quartier résidentiel.
 
*Mazette la bicoque !*
 
Des idées de cambriolages lui traversèrent bien l’esprit sauf que la curiosité était à son comble.
À son coup de sonnette, Toni apparut en souriant.
L’instant suivant, il entrait au salon où il eut l’impresssion que le ciel lui tombait sur la tête.  
 
VOUS ? s’étrangla-t-il, horrifié.
 
Eh oui, là, devant lui, levée d’un bond en le dévisageant comme un extraterrestre débarqué, se tenait… Emilia Clairborne-Watts.
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Emilia Clairborne-Watts

Emilia Clairborne-Watts


Messages : 9
Date d'inscription : 12/11/2016

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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptyDim 15 Jan - 17:19

Robert parlait. Et parlait, et continuait à parler, éperdu dans son apologie du moi, sans trop faire attention à Emilia qui, depuis un bon moment, avait laissé son esprit divaguer vers d'autres thèmes plus avenants que les projets de M. Sheridan. Projets, que ce soit dit en passant, ne l'intéressaient nullement même si d'après quelques mots saisis au vol, et par hasard, la concernaient directement.

...le mariage en Juin me semble une idée parfaite...Ma mère assure que c'est très faisable et qu'elle en discutera avec la tienne...mais enfin, Emilia, tu m'écoutes!?...EMILIA!!!

Elle n'eut même pas la décence de sursauter, faisant un élégant retour sur Terre avec une petite moue désabusée et un regard limite agacé.

Quoi? Qu'est ce qui te prend de lever la voix de la sorte!? Je ne suis pas sourde...qu'est ce que tu veux?

Tu n'as rien écouté de ce que je disais!, protesta Robert, outré de ce manque de civilité.

La belle soupira, secoua la tête, se leva et alla regarder par la fenêtre.

À vrai dire, non!, admit elle sans aucun gêne, tu disais?

Je parlais de notre mariage!!!

Ah bon?...*Cours toujours!* Ton emploi systématique de la 1ere personne au singulier m'a fait croire que tu parlais de n'importe quoi et j'avais d'autres choses à quoi penser. Notre mariage, disais tu, tu vas m'excuser, Bob, elle savait sciemment qu'il détestait qu'on l'appelle comme ça,  mais normalement avant d'avoir des idées pareilles, faut demander l'avis de la partie intéressée, elle retourna s'asseoir, prit une cigarette dans son étui et l'alluma sans rater une seconde la dégradation du teint de son interlocuteur décontenancé, le problème avec toi est que tu donnes tout pour acquis...je n'ai pas envie de me marier...*Encore moins avec toi!*. Il me semble te l'avoir déjà dit!

Mais, ma chérie...Emilia...nous nous accordons si bien, nos familles se connaissent, ce serait l'union parfaite!, plaida le cher homme avec un tact émouvant.

Elle se permit d'éclater de rire en lui adressant un regard pointu.

Mais voyons donc...tu veux plutôt dire que ce serait une fusion parfaite, une affaire éclatante. Je ne suis pas aussi idiote qu'on le croit, je sais parfaitement quels sont tes intérêts alors on ne va pas se raconter des histoires...Oui, je sais que mon père et le tien seraient ravis d'un accord pareil...mais, ô détail, suis pas partante, moi, pour être monnaie de change dans une transaction financière, comme quoi, mon cher , faudra t’arranger autrement!

Bien entendu, dès que sa négative, si directe, parvint aux ouïes raffinées auxquelles elle devait parvenir cela souleva le prévisible tollé. On la traita d'inconsciente, d'esprit borné, d'évaporée, de mauvaise âme qui avait laissé ce pauvre garçon se faire des illusions pour après lui briser le cœur.

*Ouais, juste parce que je lui coupe l'herbe sous les pieds alors qu'il était ravi de faire main basse sur mon compte en banque!* Ça suffit! Je ne veux plus rien entendre...Maman, Robert a 34 ans, c'est pas une pauvre garçon au cœur brisé, au cas d'en avoir un, ce qu'il a sont les poches vides parce qu'il claque l'argent comme un imbécile...Désolée de frustrer tes projets de grand mariage d'alliance entre deux illustres fortunes...

Que faire pour s'épargner le dépit de l'un, les reproches des autres, le cortège de doléances, bons conseils, et même des petites menaces voilées? Mettre de la distance!

Quelle merveilleuse journée! L'automne s’annonçait somptueux. Emilia jouissait de chaque instant de cette paix unique et solitaire. Cela faisait un bien fou laisser en arrière tout ce qui entravait son désir de liberté, en commençant par Robert l'insistant et passant par sa famille au désespoir de la voir mener ce qui, selon tous, était une vie désordonnée, sans but apparent.

*On veut pas se marier et voilà que du coup...on devient la folle du coin!*

En tout cas, folle ou pas, elle se souvint ne pas avoir pris de petit déjeuner dans sa hâte de filer et là, son estomac vide commençait à émettre des borborygmes délateurs. Une fois Albany dépassée, Miss Clairborne se mit en quête d'un endroit acceptable où apaiser sa faim.

Et c'est là que tout partit en vrille...
Par la suite, Emilia jurerait ne pas avoir vu le motard et son gros engin mais le fait demeurait et ne manqua pas de faire de bruit. Un affreux bruit de ferraille, freinage à mort, et une trouille épouvantable lui tordant les entrailles affamées.

*Pitié...j'ai tué quelqu'un!!!*

Quoique pour un mort faut dire qu'il gueulait ferme, celui-là.

C’EST QUOI CE BORDEL ? LE CLIGNOTANT, VOUS CONNAISSEZ ?

De quoi la secouer d'un émoi quelconque, coupant le contact, elle respira profondément et descendit de sa voiture, prête à affronter l'énergumène tout de cuir vêtu qui se lamentait en caressant, eh oui c'est ce qu'il faisait, son engin écrabouillé, piteusement couche sur le flanc, laissant échapper de l'huile ou Dieu sait quoi.

T’en fais pas, ma belle. Ça va aller. Ça va aller.

Elle était trop habituée à qu'on s'occupe toujours de sa jolie personne et trouva cela très normal.

Euh...oui, ça va...mais et...

Pas le temps d'en placer une de plus, voilà que le bonhomme délaissait sa complainte et lui sautait pratiquement dessus, hors de lui.

C’EST PAS À VOUS QUE JE M’ADRESSE. VOYEZ CE QUE VOUS AVEZ CAUSÉ !

Choc! À ça, par contre, elle n'était pas habituée et prit la mouche sans mâcher ses mots.

Non mais, ça ne va pas, chez vous...Vous me rentrez dedans avec votre engin infernal et maintenant me criez dessus!? Regardez plutôt les dégâts de ma voiture!!!

Il se défendit, elle riposta. Deux minutes plus tard, un public nourri suivait la joute verbale, alors M. le Motard hystérique ôta son casque. Tignasse brune, ébouriffée un max, regard étincelant, cuir noir, il donnait bien le genre rebelle dangereux qui plaît à pas mal de femmes. Pas à Emilia, qui n'était pas pour ce genre de considérations. Pas en ce moment. Mais son aspect à elle, attira le soutien de la gent masculine. Pas trop grande, pour ne pas dire plutôt petite, mais avec tout à sa place et un visage d'ange, rien de tel pour transformer certains hommes en chevaliers à la brillante armure.
Un débat prenant s'en suivit et aurait pu durer si le furibard de service n'avait presque tourné de l’œil en assurant qu'en plus de démolir son bien, elle lui avait cassé un bras. Il fut question de constat, d'assurance. Emilia perdait patience.

Bien sûr mon assurance est parfaitement en ordre. Si vous vous trouvez mal, on va appeler une ambulance, aller à l'hôpital et voir de quoi il en va...ah bon? D’abord votre engin? Vous n'êtes pas un peu fou, vous!?

Je ne vais nulle part sans elle !  Appelez un dépanneur.

Imbécile!, grommela Emilia, c'est bon...Messieurs, aideriez vous à bouger ce monstre...le garage là bas fera l'affaire...Oui, vous pouvez le mettre, lui, dans ma voiture, ça ira plus vite!

Et pour aller vite, ça y alla bon train! Son passager, pâle et visiblement endolori se trouva tout de même l'esprit de se plaindre de sa façon de conduire.

Fermez là et souffrez en silence!!!

Arrivée aux Urgences assez remarquée. L'entêté jura qu'il pouvait marcher et y entra sans aide, elle l'abandonna sur un siège en salle d'attente et se mit en quête d'aide. Elle voulait en finir avec cette affaire au plus vite et continuer son chemin tranquillement, mais bien entendu, il est des fois dans la vie où rien ne va comme souhaité. D'abord l'immature de service ne voulut aller nulle part si elle ne l'accompagnait pas, ce que l'infirmière venue le rapatrier en salle d'examen interpréta à sa façon, en supposant qu'ils étaient un couple. Monsieur n'agréa pas pas cette tournure et mit les choses au clair.

Non, c’est ni ma femme, ni ma copine, c’est mon agresseur. Pas question qu’elle file en douce ! Elle vient ou je reste là.

Emilia lui aurait tapé dessus mais préféra suivre le mouvement tout en imaginant la façon de lui rabaisser le caquet. Ça l'occupa le temps que le jeune homme fasse son cirque, rouspète, et fasse valoir son avis. On lui fit certainement plaisir, pressés de se défaire de pareil énergumène. Comme quoi, pas de plâtre pour le bellâtre qui assurait, pauvre optimiste, ne pas pouvoir conduire sa moto avec le bras raide.

Ma foi, remarquez que dans l'état où elle est votre motocyclette, je doute qu'elle ne roule avant longtemps...vous aurez le temps de faire de la réha pour votre bras esquinté!

Et les foudres du ciel se déversèrent sur elle.

Ma « motocyclette » comme vous dites est une HD, nom de Dieu ! Une Harley-Davidson, crétine ! Si je peux pas la conduire, c’est vous qui nous conduirez à New-York… m’en fous du comment vous vous y prendrez. Ce sera l’unique façon de me dédommager, pigé ?

Jamais mortel commun n'avait osé la traiter de la sorte. Crétine? Il l'emporterait pas au Paradis, ça!

Vous êtes complètement givré!

Mais givré ou pas, il y tenait à son dédommagement. Emilia écumait de rage en acceptant cet accord stupide. Que pouvait elle faire d'autre? Dans la chaleur des faits, elle avait oublié que sans constat de la Police, elle n'irait pas loin avec l'assurance, comme quoi s'était tout fichu d'avance. Si le gars tenait tant à aller à New-York, soit, elle l'y emmènerait, l'y laisserait et oublierait à jamais cette histoire minable.
Kit Brown, c'était son nom, ne voulut rien savoir de dormir dans une chambre comme n'importe quel être civilisé, il préféra veiller sa Beauty. Emilia elle fronça le nez en découvrant l'endroit où elle était censée de passer la nuit à cause de l'obnubilé des motos. Faute de mieux, elle prit le téléphone et organisa la suite de cette singulière situation. Un appel suffit.

Lionel Bridges était au service des Clairborne depuis bien d'années. Le maître d'hôtel stylé et impeccable avait vu grandir Emilia et celle ci lui vouait une affection indéfectible, absolument réciproque. Il avait été presque un père pour elle, dont le sien brillait la plupart du temps par son absence. Il écouta les déboires de sa petite Miss Emilia et comme on l'attendait de lui, trouva solution à tout en un clin d’œil.

Je vous envoie Rodgers avec la 4X4 plus la remorque demandée, il sera à Albany demain tôt. Avez vous besoin de quoique ce soit d'autre, Miss Emilia?

Je pense que ce sera tout, Bridges...je me demande ce que je ferais sans vous?

Il se le demandait aussi mais, bien entendu, n'en dit rien. Emilia pouvait sembler parfois écervelée et assez égoïste mais il ne voyait en elle qu'une petite fille privée de tendresse et compréhension, pourtant assez forte pour faire valoir ses idées.

Et le lendemain, c'était reparti. Mr. Brown sembla surpris de la voir arriver au volant d'une puissante 4X4 nantie d'une remorque pour embarquer sa Beauty bien aimée. On prit la route, la mauvaise humeur se laissait sentir. Emilia détestait qu'on la brusque et dérange ses plans. Selon ses calculs, elle aurait dû se trouver au Canada depuis belle lurette et au lieu de cela, la voilà refaisant route vers New-York.

Au fait, que faisiez-vous dans ce coin ?

Elle ne s'était pas attendue au moindre intérêt de sa part, tant qu'à faire entre ennui et grogne, pourquoi pas en parler?

*Je fiche le camp d'une famille trop envahissante, d'un homme stupide et autres misères...j'en ai un peu marre de ma vie telle qu'elle est alors vais chercher mon salut sous d'autres cieux!*

Ce qui n'aurait été que la stricte vérité mais elle ne se sentait pas le besoin de raconter sa vie à un inconnu mal luné par dessus le marché, au lieu de quoi elle parla à tort et travers, de tout et rien, tout y passa : météo, voyages, ceci et cela, sans approcher politique ou religion, le tout pour après un énième monosyllabe de la part de son compagnon obligé, Emilia dut se rendre à l'évidence d'être en train de l’assommer avec son caquetage. Dans un dernier effort pour rester polie, le plus logique lui sembla de s'intéresser un peu à lui.

Et vous? Quel bon vent vous amène à New-York? Parce que si j'ai bien compris vous êtes canadien, non?

Sa réponse, vive, directe et un brin poison la prit de court. Comme quoi ça ne donne rien vouloir sembler civilisée.

En fait je suis un repris de justice en cavale, ça vous va ?

Elle dut faire appel à tout son savoir faire comme conductrice pour ne pas freiner sec ce qui aurait eu des résultats catastrophiques. N'empêche que sa manœuvre d'arrêt fut tout de même un peu brusque. Se tournant vers lui, la jeune femme le dévisagea, en essayant de rester calme et ne pas céder à la panique.

QUOI!?, cela ressembla beaucoup à un couinement affolé, vous vous fichez de moi, j'espère!?...Vous voulez quoi? Me faire peur?, pas à dire, il avait à moitié réussi ce qui la mit en colère alors qu'il avait l'air de se marrer en douce, Vous n'êtes qu'un affreux bonhomme à l'humeur tordue...Vous abusez de...enfin, on s'en fout...*De ta candeur, pauvre idiote, de quoi d'autre!*...Ah!? Que je la ferme!? Non mais, on aura tout vu...Vous vous prenez pour qui, M. le repris de la justice? Je devrais vous débarquer illico et vous ne l'aurez que trop mérité!!!

Et Monsieur qui se fâchait, et elle qui ne demeurait pas en reste. Dieu sait où cela aurait pu finir si des coups discrets à la vitre n'avaient mis fin à la  scène. Un policier qui voulait voir ses documents et ceux de la voiture. Et encore là, le soi disant délinquant en cavale fit son petit numéro, tout en lui broyant la main, alors qu'il souriait comme un ange innocent. L'officier sembla satisfait, se contentant d'un avertissement avant de les laisser aller.
À peine la patrouille de chemins hors vue, Kit Brown éclata de rire, elle aurait voulu pouvoir l'éjecter de la voiture...sans arrêter de rouler!

Faites pas cette tête, c’était pas terrible !

BRUTE MINABLE!!! MALOTRU!!! J’aurais dû...j'aurais dû vous dénoncer! Vous...vous...devriez être déporté...on n'a que faire de ceux de votre genre ici...*On s'arrange bien tout seuls!*.

Tous les noms d'oiseau y passèrent, elle lui passa un vrai tabac verbal, sans lui laisser en placer une, jusqu'à rester sans plus d'arguments, sans l'admettre, bien entendu, au lieu de quoi, elle préféra quitter l'autoroute en assurant avoir faim. En fait, elle n'avait qu'une envie : lui fausser compagnie, à ce canadien givré!
Tout semblait aller comme prévu, sauf que le jeune homme n'avait pas été dupe de sa manœuvre de distraction et la prit in fraganti alors qu'elle mettait le moteur en marche.

On a décidé de jouer les filles de l’air ? Dans le fond, vous avez raison. Ça vous étonne ? J’en ai réellement marre de vos palabres infernales. J’allais, du reste, me faire la malle aussi. Mais, avant de vous laisser filer, sachez que je garde la remorque, et ma Beauty, évidemment. Je pourrais aussi garder ceci…, et d'exhiber son beau porte-monnaie où se trouvaient argent et cartes de crédit.

*Merde...merde...merde!*

Mais, peut-être pour rédimer un peu le triste avis qu'elle pouvait avoir de lui, Mr. Brown lui rendit son bien, avant d'aller détacher la remorque, pour après l'octroyer d'une révérence ridicule. Un dernier coup d’œil par le rétroviseur: il rigolait. Il se fichait de sa tête! Emilia accéléra, trop contente de s'être défaite de cet homme si...

AFFREUSEMENT AGAÇANT!!!, hurla t'elle, qu'il aille en enfer!

~~~

C'est bon, j'ai compris, rigola Anne Miller en considérant la mine boudeuse de son amie, ça fait trois jours que tu es ici...et tu en parles encore, de ton agaçant, vais finir par croire qu'à part être un débraillé infernal...il avait son charme, ce Kit!

Tu veux rire...une brute, voilà ce qu'il était, une brute sans manières...heureusement que je ne cours pas le risque de le revoir...je n'en reparlerai plus, promis!

Elle n'en parlait pas, mais y pensait de temps à autre, ce qui la faisait fulminer. Anne ne faisait pas de commentaires mais connaissait assez bien son amie Emilia comme pour savoir que le fait d'avoir été confrontée à un homme inflexible face à son habitude de mener son monde par le bout du nez avait dû, certainement, l'ébranler.
Et la vie s'en suivit bon train. Le dépaysement seyait à Emilia, elle se sentait parfaitement à l'aise loin de tout ce qui la dérangeait, rencontrait d'autres gens, s'amusait en toute insouciance, découvrait à nouveau Montréal et ses alentours, songeant parfois, sérieusement à s'y installer...sauf qu'au bout d'un temps, elle se mit à reconsidérer certains aspects de sa vie.

*Je m'ennuie à ne rien faire...c'est beau la fête et les amis...mais ce ne serait pas mal de faire quelque chose de valable!*

Quoi et comment restaient encore dans le flou. Et puis, ce matin là, l'annonce, cette annonce somme toute innocente, attira son attention.

"Recherche homme ou femme sans attache, bricoleur et débrouillard pour un job intense en émotions. Rémunération à convenir. S’adresser à H. Warrington. Casier judiciaire s’abstenir. Joindre CV avec motivations."

Tu n'y penses pas, s'écria Anne qui était très pondérée, c'est une arnaque, le plus sûr!

Sais pas...ça a l'air plutôt intéressant!

Bon Dieu, Emilia, tu ne sais rien faire de tes dix doigts...enfin pas grand-chose de trop utile, je veux dire.

Si tu parles de faire la cuisine, coudre ou tricoter, sans doute...enfin suis nulle pour tout ce qui est vie domestique...mais je sais conduire, je barre comme un chef, je skie, je fais de l'escalade et suis capable de faire un feu sans allumettes ni briquet!

WOW! Le summum de la débrouillardise!

Te moque pas...vais écrire, on verra bien ce que ça donne...je peux toujours refuser si ça me plaît pas, non?

Miss Miller ne voyait pas l'histoire d'un bon œil mais savait sciemment qu'essayer de convaincre son amie ne donnerait qu des pires résultats. Ce qui est plus, elle fila un coup de main à Emilia pour son C-V.

Et le plus surprenant est qu'au bout d'une semaine, le facteur déposa une grosse enveloppe adressée à Miss Emilia Clairborne, envoyée par un docteur Henry Warrington, de Cambridge, Massachusetts.

C'est une invitation pour rencontre préliminaire...et un très, très long questionnaire!

Elles l'étudièrent de long en large, puis s’attelèrent à la tâche d'y  répondre le mieux possible.

Tu parlez quoi, comme langues, ma puce?...Logiquement anglais, cela va de soi...Bon, ton français n'est pas si mal que ça...ton italien, tu vas m'excuser mais ça ne te sert qu'à commander au restaurant...Allemand?...Allons Emilia, dire Guten Tag, Bitte schön et demander où sont les toilettes ne signifie pas que tu parles allemand...Voyons la suite...Tu as des bonnes bases en histoire du monde?, regard apitoyé vers Emilia dont les méninges tournaient à toute en essayant de se souvenir de quelque chose de valable, ma chérie, tu corresponds parfaitement au stéréotype américain...tu sais au moins quand a eu lieu votre guerre de Sécession?

1860-1865...Oui, je sais aussi quand on a découvert l'Amérique...1620?

C’était le Mayflower, ça! Encore un essai...c'était avant, of course!

1592?

Gourée de 100 ans, mais on dira que c'était faute de frappe!, soupira Anne, rassurée par le fait qu'autant de douce ignorance ne pourrait aboutir qu'à un remerciement poli, bon là au moins on peut répondre que oui...parce que pour impulsive, on peut dire que tu l'es...*Un peu trop même!*

Et ainsi de suite. Curieusement, encore une semaine plus tard,  ce fut un coup de fil qui les surprit toutes deux. Emilia était retenue et on l'attendait à Cambridge deux jours plus tard. Miss Clairborne prit l'avion jusqu'à Boston et un taxi qui la mena droit à une dépendance de l'université de Harvard.

*Plus sérieux que ça, tu meurs!*

Tout autant que la femme qui la reçut en premier. Emilia ne savait pas grand chose d'histoire universelle mais pouvait reconnaître une dame au premier coup d’œil. Louise Warrington en était une, sans le moindre doute. Élégante, posée, un tantinet sèche tout en étant charmante, son affabilité était destinée à rassurer la candidate qui s'avoua, sans plus, assez énervée. Commença un tour questions-réponses. Emilia faisait de son mieux, un peu désorientée par la variété de thèmes parcourus mais se relâchant au fur et à mesure.

Famille? Oui, j'en ai...un père, une mère, un frère et une sœur. S'en faire pour moi? Non, je ne le pense pas, ils seront plutôt ravis de me perdre de vie un temps...je viens de vouer aux gémonies le candidat idéal. Oui, le nom de famille de ma mère est Watts...

Là, Mrs. Warrington devint un peu plus curieuse et voulut savoir si lien de parenté avec Nell Watts.

Oui, c'est ma cousine-germaine...Vous la connaissez? Ah bon? Vraiment?...elle a travaillé avec vous?...Wow!...Non, ça fait longtemps que je n'ai rien su d'elle *A part qu'elle allait se marier avec un type de ouf, que je n'étais pas invitée et ça a foiré!*...je l'aime bien mais on ne s'entendait pas trop...elle sait tellement de choses, est brillante, audacieuse..., petit sourire de circonstance en haussant les épaules, comparée à elle suis d'un nul navrant!

C'est là qu'entra en scène le Dr. Lescot. Médecin de son état, il se chargea de l'interroger sur sa santé qui était tout aussi bonne que souhaitable. On en vit au thème voyages.Là, Emilia put se montrer presque intarissable. Elle en avait vu, du monde. Évidemment, sans rien retenir de trop valable sur les cultures diverses.

On la laissa reprendre son souffle pendant un moment pour se retrouver ensuite face au Dr. Warrington en personne secondé dans la tâche par une jeune femme très enceinte, qui, selon ce qu'Emilia déduisit, était la femme du Dr. Lescot et, elle le sut après un moment, la fille des Warrington.

*Mine de rien, affaire de famille!*

Questions-réponses. Pour alors, Emilia avait retrouvé tout son aplomb et cela se passa dans une ambiance sympathique qui ne laissait rien penser à l'arnaque prédite par Anne. Quelques questions lui avaient semblé un peu étranges mais elle y répondit de sa meilleure foi. Que pensait elle du temps?

Qu'il va trop vite, qu'on ne le sent pas passer ou sans ça quand on veut qu'il file, ça s'éternise...qu'on ne le rattrape jamais même si ça arrangerait pour redresser ceci ou cela dont on na conscience que quand trop tard...

Clôture de session.Merci, on vous contacte. Emilia rentra à Montréal où l'attendait une Anne impatiente, ravie de la voir d'une pièce et sans trace de quelconques sévices.

Il fallut encore attendre deux semaines, Noël et le Nouvel An et quand l'appel arriva Emilia fut la première surprise.

Ils veulent que je rejoigne leur team...c'est génial!

Anne n'en était pas aussi sûre mais ne l'aida pas moins à plier bagage, tout en l'accablant de toute sorte de recommandations et conseils.
Cette fois l'adresse fournie correspondait à une rue calme de banlieue cossue. Rassurant.

Louise Warrington l'accueillit, lui indiqua où garer son 4X4, puis sans faire de chichis lui montra celle qui serait sa chambre. Elle dut monter ses bagages, façon de lui faire comprendre que si elle attendait qu'on la traite comme à une princesse, elle était mal tombée. Louise informa l'attendre en bas, pour bavarder et prendre quelque chose.
Emilia expédia l'affaire à la cinquième vitesse trop pressée de savoir ce qui s'en suivrait. Coup de peigne, maquillage discret rafraîchi. Elle descendit. Louise et Toni étaient à la cuisine, la dernière finissait de garnir le gâteau au chocolat le plus appétissant du monde. Emilia pressentit que question cuisine, elle n'aurait pas de quoi se plaindre.

Et, il suffit que tout semble parfait pour que le monde bascule genre mauvaise charade du destin. On avait sonné à la porte, Toni était allée ouvrir. Louise cherchait quelque chose au bureau. Des voix, on venait...

C'EST PAS VRAI!!!

VOUS?

Kit Brown se tenait face à elle, estomaqué et pas le moins du monde ravi de la revoir. Pas plus qu'elle.

Mais qu'est ce que vous foutez là!?, gronda t'elle en cherchant quelque chose pour la lui lancer à la tête.

L'arrivée providentielle de Louise sauva la situation. Petite explication charmante. Emilia se sentit comme si on sonnait le glas pour son âme immortelle. Mr. Brown était l'autre candidat retenu. à partir de ce jour, ils devraient habiter sous le même toit, se voir à tout bout portant, s'entraîner, étudier...ensemble!

*Le bon Dieu me déteste!!!*

Pas Lui, quand même...avec Kit Brown, ça suffisait largement! Et c'était réciproque...absolument réciproque!!!
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Henry Warrington

Henry Warrington


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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptyVen 20 Jan - 22:14

Ah, ces enfants, quels tourments ! Oh, Henry Warrington ne se plaignait pas. Sa fille adoptive tournait bien, elle. Pour son fils de cœur, il en allait autrement, hélas. Son pauvre Dave, être plaqué de la sorte…  Enfin, qui avait plaqué l’autre en définitive ? Pas lui qui tirerait cette affaire au clair.  La petite Nell s’était fait la malle. Dans le fond, comment lui en vouloir ? Tous l’avaient cru coupable de mensonges qui s’avérèrent indépendant de sa volonté. Même en connaissant la vérité, nul ne l’avait réellement soutenue, dommage. Sa fuite fut bientôt suivie de la désertion de Dave. Soupirs.  Sa chère Louise et la merveilleuse Toni tentèrent bien de remonter le moral d’un Henry assombri mais il fallut une intervention extérieure, très étonnante, pour vraiment le faire retoucher terre. Qui aurait pu s’attendre à… ça ?
Une visite pour le moins singulière, rien de moins qu’un descendant direct de Martin et Toni.
Rencontrer ainsi ce Commander Lescot créa un fameux remous dans la maisonnée.  Martin ranima sa femme tandis que Louise, méfiante, dévisageait froidement l’arrivant qui s’excusa aussitôt :
 
Loin de moi l’idée de troubler votre paix intérieure. Notre brigade ayant eu l’heur de vous croiser, j’ai tenu, personnellement, à rencontrer mes ancêtres ainsi que vous, professeur Warrington, notre père à tous.
 
Il fallait plus que des belles paroles pour amadouer Henry. D’accord, c’était flatteur. L’individu portait des vêtements assez semblables à ceux de la PTE. Sa poitrine s’ornait d’ailleurs d’un symbole identique à ceux qui étaient venus les punir. N’empêche que des preuves plus solides se réclamaient.
Comme s’il lisait ses pensées, le commander sourit :
 
Désirez-vous que j’établisse mon arbre généalogique ? Mon aïeule, ici par terre, donner le jour, l’année qui vient, à un splendide…
 
Martin lui aboya de se taire.  Il avait voulu tenir l’événement secret avant que trois mois de grossesse soient confirmés. Raté pour les effets.  
Néanmoins, ce fut une explosion de joie de la part de Louise ; un étrange sentiment de celle d’Henry :
 
*Grand-père, moi ???* Félicitation, mon garçon. Et tous mes vœux, ma fille.  
 
Que faire d’autre que de recevoir l’héritier de la lignée amorcée ? On redressa la future maman et embarqua tout le monde au salon.  
Que raconta le commander ? Peu de chose en vérité. Il voulait simplement assouvir sa curiosité, chose faite dès qu’il sut que tout baignait sur sa ligne temporelle.
Au moment de s’éclipser, il souffla néanmoins à Warrington :
 
Un conseil, vénéré professeur : ne jouez pas trop au génie. Nous avons un boulot fou à cause de vous !
 
Henry en resta paf. Il ignorait le sens exact de ces paroles sibyllines quoique, dans le fond, il s’en moquait.
L’hiver vint. Pas à dire, sans explorateur, on tournait au point mort. Que Martin et Toni ne désirent plus voyager était on ne peut plus normal vu l’état de Mrs. Lescot.. Lui se sentait trop vieux, et il était exclu que Louise aille se balader seule dans les tunnels du temps. Ne resta qu’une solution : recruter.  Il mijota le projet, ne s’en ouvrant qu’à son épouse pour le moment. Un soir, avant le coucher, il osa aborder le sujet :
 
Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi aux divers aspects de l’évolution de ma création. Sans expérimenter davantage, on…   
 
Hein ?? Sa chère et tendre avait tout compris déjà. Avec leur fille, elle avait déjà mis en chantier une ébauche de méthode de recrutement. En fait tous étaient d’accord. Restait à peaufiner le procédé. Ils décidèrent de poster des annonces dans les journaux. Pas question en effet d’expérimenter les réseaux sociaux, leur adresse IP pouvant être piratée.
La rédaction leur prit du temps car, là, les opinions divergeaient. Henry n’avait aucune envie de voir débarquer des barjos, des aventuriers sans foi ni loi ou autres vadrouilleurs n’ayant rien à foutre de leurs dix doigts.
 
Et on paiera combien ? Car il faudra bien rémunérer les postulants, non ?...
 
Ce détail était superflu vu la fortune récoltée dans une certaine épave et très peu entamée.
 
Il faut rester évasif quant à la finalité… oui, sélectionner plusieurs et ne prendre que le meilleur. Ah ?... ouais deux serait mieux, mais…
 
À vrai dire, s’il reconnaissait la nécessité de la chose, Henry acceptait mal que de parfaits étrangers se mêlent de leurs affaires. On tenta néanmoins l’aventure.
Beaucoup plus de candidatures que prévu inonda bientôt le living. Des heures de dépouillement attentif furent alors nécessaires.  On répondit à chacune en joignant un questionnaire assez rébarbatif pour décourager les mauviettes.  Néanmoins, plusieurs entretiens seraient obligés puisque rien ne valait la confrontation directe.  
 
On devrait fixer une date limite, suggéra Henry, sinon on ne saura plus où donner de la tête. Déjà ainsi…  
 
Par équité, ils formèrent deux équipes, chacune s’échangeant ensuite le postulant afin de confronter leurs avis sans a priori. Les premières sessions furent décevantes. Ils ne récoltèrent que de braves chômeurs en quête d’un salaire, ou de durs baroudeurs prêts à tout pour se « casser ».  Du coup, on corsa le questionnaire écrit, ce qui réduisit nettement les réponses. Incroyable, Noël fut là sans que personne n’ait vraiment été agréé.    
Il était inconcevable de ne pas aller voir Dave dans sa retraite. Il se croyait invisible ; il avait tort. Louise, avec ses réseaux, n’avait pas été longue à le localiser. Sa grand-mère était aussi au courant du lieu de réclusion volontaire. Tous avaient respecté son besoin d’isolement. C’était assez maintenant.  Grand branle-bas de combat, tout le monde sur le pont et… que roule la voiture. Sus à l’ermite.  
Avec les petits plats dans les grands, Louise et Toni escomptaient bien régaler tout le monde.
Revoir Dave fut un grand bonheur et aussi un serrement de cœur. Le pauvre en bavait encore de la désaffection de sa Nell dont, hélas, nul n’avait de nouvelles. On l’avait cherchée aussi, oh que oui ! Mais les pistes n’aboutirent à rien. Elle était trop futée pour se laisser filer.  Quand Dave fut au courant de la visite du commander, une idée biscornue lui germa. Il semblait persuadé que Nell avait trouvé le moyen de se faire embaucher par eux.  Ils étaient bien en train de recruter, eux-mêmes…
Le groupe passa une semaine en essayant doucement mais sûrement de rallier Dave. Hélas, ce garçon était buté ou alors, il ne désirait pas céder comme si rien.
Dans la voiture qui les ramenait à Cambridge, Henry se montra à la fois inquiet et satisfait.
 
C’est vrai qu’il n’avait pas bonne mine, le pauvre. Pour être surpris, on a réussi. Pour le reste…  on a semé une graine ! Il reviendra !
 
Tous étaient assez d’accord.
En attendant le retour du fils prodigue, on poursuivit la traque aux meilleurs candidats. Après chaque session d’oraux, les deux couples confrontaient leurs avis sur les intéressés. Cette-fois-là en haut de la pile du jour, Louise exhiba le dossier d’Emilia Clairborne-Watts.
Lors de l’entretien, Henry n’avait pas été sans remarquer la similitude le patronyme avec Nell.  C’était à la fois intéressant et… embêtant. La belle n’avait-elle pas déclaré qu’elle ne s’entendait pas trop avec Miss Watts ? Donc si elle était retenue, peu de chance qu’elles se croisent.
 
Pourquoi tiens-tu à cette fille-là ?... Ah ? Un terrain vierge ? Ouais mais cela prendra des mois avant qu’elle soit opérationnelle sans compter qu’elle m’a l’air d’une chichiteuse… Elle a voyagé oui mais sûrement pas à la dure ! Si elle doit, comme nous, dormir dans une auberge pouilleuse, je plains son accompagnateur.
 
Martin et Toni devaient en avoir marre de ces multiples rendez-vous. Si Louise était partante, ils étaient d’accord. * Qui sait ? Peut-être qu’avec un peu de chance, elle prendra ses jambes à son cou dès qu’il sera question de voyages temporels !*
 
On la convoqua donc tout en se donnant encore une semaine d’entretien afin de découvrir celui ou celle qui voyagerait avec Miss Clairborne, à condition qu’ils s’accordent.
Le hasard faisant bien les choses, le temps pressant légèrement aussi, ils tombèrent sur un dénommé Kit Brown. Plusieurs objections s’élevèrent quand son cas fut débattu. On lui reprochait de certainement dissimuler des trucs, d’être peut-être trop direct voire franchement je m’en foutiste. À défaut de mieux, il fut retenu. Dans le fond, ils ne cherchaient pas des enfants de chœur non plus, donc…  
Ils devraient débarquer à quelques jours d’intervalle. Mais, avant la venue d’Emilia, il se produisit une nouvelle descente de la PTE. Le Commander Lescot vint de nouveau sonner chez eux.  Cette fois, il ne s’agissait pas d’un simple coucou.
Dans le salon, devant les quatre réunis, il y alla sans ambages dès les formules de politesses échangées :
 
Chers amis, j’ai été amené à me pencher sur des évènements antérieurs. Je voudrais que vous répondiez sincèrement : la ligne primaire dont vous êtes issus, a-t-elle été modifiée, oui ou non ?
 
Là, Martin avait baissé le nez et avoué qu’il en était entièrement responsable.  
Le Commander ne le blâma pas :
 
Je ne vais pas m’en plaindre, autrement je n’existerais même pas. Cependant, nous devons à tout prix éviter que cela se reproduise. Pour ce faire, le haut commandement a décidé, si vous êtes d’accord, évidemment, de constituer ici-même un des bureaux du 21 ème siècle.
 
… Qu’est-ce que ça implique au juste ? demanda Henry.
 
Disons que, parfois, pour des motifs requérant une intervention, voire une simple surveillance, ou comme relai, de nos agents pourraient profiter de vos installations.  
 
Comme quoi ? Utiliser la salle de bains ?
 
Peut-être que cela aussi, sourit Lescot, mais surtout du ravitaillement, des vêtements, documents, armes et sauteurs.
 
???
 
Nos agents voyagent encore de temps à autre avec votre invention première professeur. Néanmoins, une machine récente répond avec succès à tous les besoins des glisseurs.  Ça va vite, sait se déplacer par suspension en n’importe quel terrain. Vous en comprendrez rapidement les multiples avantages.
 
Et si nous refusons ?
 
Ce serait dommage de devoir créer un autre poste de relai. L’avancée dans vos travaux…
 
Martin émit une remarque qui fit sourire son très lointain héritier :
 
De la triche ? Un peu… mais vous avez raison : je suis ici parce que je sais que tout est dit. Il fallait juste commencer…  
 
Bon, ben, si c’est dit… amen ! fit Henry.
 
Le commander assura qu’avant peu ils recevraient matériel et instructions. Sur ce, il salua et s’en alla.  Il tint sa parole et, deux heures à peine plus tard, ils recevaient d’énormes colis ainsi qu’une masse impressionnante de documents.  
 
Martin et Toni, vous vous chargez de la paperasse, déclara Warrington. Je vais tester les engins. On fera le point.
 
Plus heureux encore qu’en recevant ses cadeaux de Noël, Henry voulut immédiatement tester l’apprentissage hypnotique. Grec et latin n’eurent plus de secrets pour lui en l’espace de quelques heures.
 
Vous mesurez l’impact ? s’excita-t-il au repas suivant. Nos recrues sauront tout ce qui est nécessaire en moins de deux. Vivement qu’elles arrivent.  
 
Pour arriver, elles arrivèrent. D’abord, se présenta Miss Clairborne, celle qui ne connaissait même pas l’histoire de son pays ! Elle fut vite mise au parfum dans le sens : ici, pas de chichis.
 
*Ses bagages, qu’elle les porte elle-même !* Nous attendons encore quelqu’un, ensuite vous comprendrez le pourquoi de votre embauche.  
 
Elle descendait à peine qu’un second coup de sonnette vrilla le salon. 
Mais nul ne s’attendait à l’explosion qui suivit la confrontation des futurs équipiers !
Si Louise se chargea de mettre les choses au clair avec Miss Clairborne, Henry se chargea de Mr. Brown :
 
Veuillez m’excuser mais qu’est-ce qui se passe là ?... Ah, Vous vous êtes croisés dans des circonstances dramatiques pour vous ?... Oui, oui, j’ai bien compris : elle vous a cassé un bras. Néanmoins, je dois me montrer direct. On vous a sélectionnés dans un but précis mais celui-ci requiert du self-control. Si vous ne vous en sentez pas capable…  
 
D’échauffé, Brown devint tiède sa question fit presque sourire Henry :
 
… Ben oui… vous serez équipiers, une fois formés. Maintenant, vous êtes tout à fait libre de renoncer quoique, je vous assure, le job vous plairait…  
 
Évidemment, il était temps de mettre les points sur les I tant pour Brown que pour Clairborne. Flanqué de Louise, Martin et Toni un peu en retrait avec Majors – prêts à intervenir en cas de mauvaise réaction, Henry se lança :  
 
Vous vous demandez sûrement pour quel travail vous avez été recruté… Eh bien… - il but une gorgée de scotch pour se donner du courage, malgré l’œil réprobateur de sa chère et tendre – voilà : depuis quelques temps, nous avons réussi un, je dirais, grand exploit… une avancée scientifique majeure : nous pouvons remonter le temps.
 
Ouf, il avait réussi à le sortir.  Des réactions, il y en eu. Miss Clairborne fronça les sourcils, Brown éclata de rire ce qui vexa Henry :
 
Non, ce n’est pas une blague : nous pouvons réellement voyager dans le temps. Au départ, nous étions 6 explorateurs. Ma chère Louise et moi sommes trop âgés – moi, surtout- pour effectuer ces virées. Toni, dans son état remarquable, ne peut plus se le permettre, Martin – futur papa- se doit de veiller sur les siens. Les deux autres – Nell Watts et Dave Clayton - nous font faux bond pour l’instant… ne restent que vous d’autant que notre matériel s’est récemment très… modernisé.  Il ne s’agit plus d’aller, au gré des fantaisies, changer ceci ou cela mais, au contraire, de veiller à ce que rien n’altère l’histoire connue…
 
Il n’avait pas pris de gants, s’attendant à n’importe quelle réaction. Bien sûr, ils réclamaient des preuves. Les pionniers avaient pas mal enregistré ou photographié certains de leurs exploits mais cela ne les convaincrait nullement.  
 
… D’accord. Nous allons effectuer un petit saut sans conséquence. Honneur aux dames : où désireriez-vous aller, Miss ?... et vous Mr. Brown ?
 
Faudrait s’y faire, leurs envies divergeaient : la préhistoire pour l’un, Les guerres indiennes pour l’autre. On n’allait pas les lâcher seuls dans l’aventure. Martin les encadrerait exceptionnellement, Majors et lui contrôleraient à distance.
Ils furent conduits au laboratoire où l’appareillage les impressionna, ou pas.
Leur voyage ne dura, en temps réel, que deux minutes par côté. Ils revinrent blancs comme linge, du moins les novices, après n’en avoir visité qu’un seul.          
On les réconforta d’eau-de-vie et un encas puis dodo tout le monde. Il va de soi que des dispositions anti évasion nocturne furent prises.
Au matin, lors du petit-déjeuner, ils avouèrent – non sans une certaine réticence – être partants.
La formation débuta immédiatement. Durant trois jours, Henry et Majors les soumirent au L’Hypnos. Marrant de voir leur tête une fois hors de l’appareillage. Au moins, ils avaient l’air de se divertir beaucoup.  Oui, avec le bidule du Commander, ils purent pratiquer des langues inédites et bien d’autres aptitudes. Sauf que celles-ci n’étaient acquises que pour un temps déterminé :
 
Il est inutile de bourrer un crâne plus que voulu, expliqua Henry.  Les bases resteront mais s’estomperont. On les rallumera si nécessaire…
 
Pendant que les élèves apprenaient, Henry se pencha avidement sur les « sauteurs ». Qu’il en démonte complètement un n’étonna personne. Jamais Warrington ne confiera la vie d’explorateurs à une machine dont il ne connaissait pas les faiblesses !
Il en était au remontage quand une visite l’enchanta : Dave, le fils prodigue était de retour !! Après les joies des retrouvailles, il fallut le mettre au courant de « petits » changements…  
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Louise Stark

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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptyVen 20 Jan - 22:21

Des nerfs bien trempés? Une perspicacité aiguisée? Une patience d'ange?Eh oui!, c'étaient bien certains atouts indéniables de Mrs. Warrington. Elle en avait bien d'autres mais ces trois là se démarquèrent à loisir pendant les jours qui suivirent le départ de Nell suivi de la défection de Dave. Ah, les drames que peut causer l'amour! Louise n'était pas du genre à trop temporiser sur les faits. Cela s'était produit, on y survivrait, temps de passer à autre chose en attendant que les choses s'arrangent...si elles s'arrangeaient un jour!
Bien entendu, Henry était profondément perturbé, après tout il aimait Dave comme à un fils et se sentait coupable de ne pas avoir cru Nell sans hésiter. Sur ce point, Louise admettait que son mari n'avait pas été le seul à pencher pour l'incrédulité.

*Mais enfin, on ne va pas en faire un plat...on est humains, donc sujets au doute!*

Bon an mal an, faudrait s'y faire et continuer à vivre sans tomber dans la morosité ni le chagrin à rallonge. Elle était prête à tout pour parvenir à ses fins, sûre de compter avec Toni pour la seconder dans ses plans. Avec Toni et Martin, cela allait de soi.
Mais avant qu'elle ne puisse songer mettre à exécution ses idées pour ranimer l’ambiance morne qui régnait, deux événements, en apparence distincts, sans l'être, suscitèrent un revirement de la situation.
D'abord la visite inattendue de la Dr. Vodakova qui avait pris soin de ce pauvre James Garrett, coupable désolé de leurs immédiates misères. Elle apporta une  lumière plus que certaine sur l’affaire Garrett. Comme ils avaient fini par le deviner tout seuls, le pauvre homme était effectivement un voyageur du temps. Elle leur présenta la seule possession du défunt: un boîtier...
Et de là dériva le deuxième événement. Alerté par une alarme secrète, ou allez savoir quoi, le Commandeur de la PTE ne trouva rien de mieux que se pointer en personne. Il s'excusa, très poliment de venir troubler leur paix.

*Que c'est gentil...et quoi plus!?*

Et il faut dire que "le quoi plus" fut plutôt étourdissant:

J'ai tenu, personnellement, à rencontrer mes ancêtres ainsi que vous, Professeur Warrington, notre père à tous.

*Tiens donc...mais de quels ancêtres il parle?*

La réponse tomba le plus naturellement du monde, enfin, pour lui, parce que les autres restaient là, sans savoir que penser...sauf Toni qui était, pour alors, encore gracieusement évanouie.

Mon aïeule, ici par terre, donnera le jour, l'année qui vient, à un splendide...

Effet surprise à l'eau. Martin râlait ferme mais Louise elle, laissa son air d'agent du FBI en service pour devenir, du coup, une future grand-mère folle de joie.

C'est merveilleux...oh oui! C'est si...Oh, mon Dieu, que je suis heureuse...ma Toni, ma chérie...Martin, portons la au salon...on doit la ménager...oui, je sais que tout va aller bien...on en a la preuve...* Seigneur...ça signifie que cet homme est mon...*, de quoi avoir le tournis.

En tout cas, le fameux Commandeur était un homme tout à fait charmant, de quoi faire sentir tranquilles ses aïeux quant aux bonnes manières de leur descendance! Il ne resta pas longtemps mais Louise eut la certitude que celle ci ne serait pas leur dernière rencontre.

Alerté par le vacarme joyeux qui régnait à l'étage, John Majors crut bon s'enquérir de quoi il en allait. Pendant un instant, il pensa, l'optimiste, au retour de Nell, ce qui l'aurait rendu plus qu'heureux, puis songeant à Dave, il râla mais rien ne correspondait à ses idées. On le mit vite fait au courant des faits.

*Et zut...j'ai raté un événement majeur...le grand manitou de la PTE...rien que ça!!!* Ce qui veut dire qu'on est dans la mire...oui, bien sûr...on est les initiateurs, leur début...normal qu'ils s'intéressent à leur ligne...si on varie d'un poil nos agissements, c'est leur existence qui est en jeu!

Il avait tout bon, mais on ne s'occupait pas trop de ça en ce moment. On faisait la fête autour d'une Toni resplendissante et d'un Martin éclatant d’orgueil.

*Ouais...un bébé et on oublie le reste...et le Projet, quoi!?*

Comme si elle devinait ses pensées Louise lui adressa un regard féroce qui le fit se sentir comme gamin pris en faute.

*Génial...et maintenant Madame devient gaga de bonheur...ça devrait lui ficher un choc devenir grand-mère!*

Eh non! Ce n'était pas un choc qui secouait Louise Stark, c'était une immense joie de vivre, un regain fou d'énergie. Pour elle, c'était la réalisation totale, elle qui, pendant des longues années, n'avait pas cru possible connaître à nouveau le bonheur. Et pourtant...

Pendant quelque temps, Louise se comporta comme n'importe quelle future grand-mère nageant en plein bonheur. Puisque le commander Lescot avait confirmé, quel souci se faire. Elle s'adonna aux bienfaisantes joies du tricot qui lui permettaient, sans rater un point, de penser à loisir à l'affaire qui les tenait tous à cœur.

*On a l'air bien malins à faire des projets sur la comète, Henry perfectionne chaque jour son Switch, Majors se tue aux algorithmes...À quoi bon? On n'a personne pour glisser...Peut-être que...*

Toni qui essayait de percer le mystère du point nid d'abeille sembla ravie de voir sa mère poser son tricot d'un geste décidé.

Je crois que nous devons recruter!...Oui, ma chérie...recruter! On a besoin de nouvelles recrues pour mener à bien les expériences...tu ne pourras pas "glisser" avant longtemps, Martin ne voudra pas s'éloigner non plus, Henry et moi on n'est plus pour ces aventures...Nell ne va pas revenir de sitôt *ou jamais* et Dave bien entendu...non plus!

Sa fille sembla bien plus enthousiasmée par cette nouvelle idée que par celle de devenir maman tricoteuse. Petit brainstorming à la clé, à l'heure du dîner elles avaient déjà un plan assez concis.
Quand deux soir plus tard Henry aborda le même thème, Louise se dit qu'il y a une profonde vérité dans l'assertion sur les grands esprits qui se rencontrent. Être foncièrement modeste n'avait jamais été une de ses plus remarquables qualités.

Idées partagées, comparées, analysées. Consensus: on recrute.

Quelle galère! Ils ne s'étaient pas attendus à une réaction pareille à leur anodine petite annonce.

On va devenir fous à démêler tout ce fatras d'inepties!, se plaignit Louise en envoyant une énième lettre à la corbeille à papiers déjà débordante.

Henry était de l'idée de corser le questionnaire, le rendre suffisamment rébarbatif pour décourager les âmes sensibles. Fin Décembre, on avait retenu quelques candidatures dignes d'être tenues en compte...enfin, un peu plus dignes que le reste.

Dave n'avait donné que de rares signes de vie, sans jamais donner son adresse ce qui évidemment signifiait qu'il ne voulait voir personne. Trop peu pour Louise, tout autant que pour Grand-mère Clayton. Rien n'est impossible pour deux femmes décidées, dont une ex-agent du FBI.

Bien entendu que je sais où se trouve Dave, rigola Louise ce soir au dîner, et je pense qu'il est grand temps d'aller lui rendre une petite visite, on va le secouer un peu, lui rappeler qu'on est une famille et qu'il nous manque!

Pauvre Dave, tel la figure tragique de quelque drame victorien, il affichait un air de nonchalance farouche et ne fit même pas semblant de se réjouir de les voir assemblés sur le seuil de sa porte. Qu'à cela ne tienne, on fit comme si! La résistance du chéri délaissé ne tarda pas à flancher. Il réussit même à émettre quelques idées dignes d'être retenues, élucubrant, très sérieusement, sur une possible relation entre la disparition de Nell et le soudain intérêt de la PTE, au point de leur mériter la visite du commander en personne.

*Après tout, 2+2 ayant toujours fait quatre, notre auteur en déprime n'a pas tort d'y penser...après tout si nous recrutons pourquoi pas la PTE...et Nell n'est pas candidat à négliger!*

Mariné à la sauce affection familiale pendant une semaine, Dave passa sans doute en revue ses priorités mais se garda bien de donner une réponse immédiate. Ils le laissèrent se faire à l'idée et rentrèrent à Cambridge pour continuer avec la mission qu'ils s'étaient imposée.

Louise observa la jeune femme assise face à elle. Emilia Clairborne-Watts. Son questionnaire avait été dûment rempli. Trop bien, à son avis. Il avait suffi de poser quelques questions au hasard pour savoir que la beauté brune n'était pas aussi parfaite que ses réponses auraient pu laisser croire. En fait, la miss n'avait pas grand-chose dans la tête, sans pourtant être totalement irrécupérable.

*Petite fainéante trop gâtée, sans doute une chieuse sans égal dès qu'on s'oppose à son avis mais ne manque pas de répartie et une bonne dose de culot...on pourrait en tirer quelque chose de valable...mais pitié, quelle ignorante!*

Miss Clairborne marqua, sans le savoir, des points grâce à sa plate sincérité à l'heure de parler de sa famille...et de Nell dont elle résulta être la cousine.

*Petit oiseau rebelle fuyant sa cage dorée...en cela elle ressemble à Nell mais ça ne va pas au delà...pauvrette, elle a raison en pensant que comparée à sa cousine elle est nulle...*

Ce qui resta confirmé après l'entretien mené par Martin. On la dépêcha chez Henry  et Toni pour la deuxième partie de l'entretien.

*Hmm...jusque là, c'est elle que je retiendrais!*

Trois jours plus tard, elle eut droit à une autre paire de manches. Il se nommait Kit Brown, était canadien et affichait un petit air farouche de voyou à la défensive. Il en avait l'allure d'ailleurs. Tout un personnage, Mr. Brown. Il parlait sans contrainte, mais dissimulait sans aucun doute quelques tours pendables. Qui aurait pu lui en faire reproche? Si son histoire était vraie, on vérifierait, bien entendu, le jeune homme avait eu son lot de misères, et c'était encore heureux qu'il s'en soit sorti avec son humour grincheux, simple mécanisme de défense. Il resta tout du long de l'entretien, limite poli, mais il était curieux, avide de changement. C’était clair qu'il fuyait, de quoi? Ce n'était pas lui qui le dirait, mais il semblait aussi franchement décidé à recommencer dès zéro et tenter n'importe quoi pour y réussir.

Ce soir, réunion au sommet pour faire le point.

Rien à faire, conclut Louise, la petite Clairborne est adorable, pas sotte, du genre blasé mais ça se comprend, ne sait rien de rien ou presque...mais elle a l'avantage d'être un terrain vierge prêt à être défriché, ce qui sera facile ou pas trop, la miss m'a tout l'air d'être caractérielle, mais suis sûre qu'on pourra avoir des bons résultats, il est juste question de la botter un peu ...Oui, je pense au garçon...ce Kit Brown, celui là n'a rien de trop adorable, trop sur le qui-vive, comme s'il attendait d'être agressé à tout bout portant...pas à dire un esprit vif, débrouillard-né, un peu trop même...non, ce n'est pas un meneur, pas encore, c'est un solitaire qui a pas mal enduré et ne l'a jamais eue facile...ça m'étonne qu'il n'ait pas un casier judiciaire bien garni mais cela n'est pas d'intérêt...on peut faire des bêtises sans pour autant être un délinquant endurci... Je crois, finalisa t'elle, que nous avons trouvé nos candidats!

Alléluia! C’était le ouf général. Cette longue étape de recrutement avait été assez  éprouvante. Et on n'avait pas encore des nouvelles de Dave.

Celui qui en donna, sans qu'on s'y attende trop, fut Julien Lescot. IL s’amena sans préavis, selon, on le découvrirait plus tard, était son habitude. Avec lui, pas de cachotteries, en fin de compte le cher homme savait tout ou presque. Il fut question, cette fois, d'une belle mise à jour et de ce que serait la PTE, institution qui devait son existence à Henry Warrington même si celui-ci n'avait jamais songé que cela pourrait aller si loin. Lescot expliqua de long en large ce qui était et ce qui devait être. Comme quoi, le futur dépendait du passé et pour que ça marche, il fallait se tenir à des règles, somme toute très logiques. C'est ainsi que naquit le bureau de la PTE en charge du 21ème siècle.
Et c'était plus compliqué que tout simplement cela.

*Génial, mine de rien, nous voilà en auberge de relai...oui, bien sûr, on assure...on a tout...vive les coulisses...habits, documents, une bonne soupe, des conseils...Franchement...*

Bien entendu il fut aussi question d'armes et de Dieu sait quoi encore qu'ils ne comprirent qu'en voyant débarquer le barda, très conséquent, qui leur parvint du 23ème siècle.

*Henry invente...d'autres peaufinent dans 200 ans, et on se farcit la soupe populaire pour voyageurs temporels...si on m'avait dit que la retraite serait si paisible!*

Louise voulait bien garder son calme proverbial, Majors, lui, frôlait la crise, Toni prenait le tout avec humour et Martin se posait toujours des questions. Le seul qui était aux anges était Henry. Les merveilles, selon lui, fournies par Lescot étaient tout simplement faramineuses...comme le fameux Hypnos, qui en quelques heures était capable de lui faire apprendre latin et grec ancien, va sans dire n'importe quelle langue morte ou vivante, et aussi toute sorte d'information nécessaire. Et puis les "sauteurs", ces espèces de motos du futur qui se déplaçaient en suspension, sautant d'une époque à l'autre avec autant de facilité que faire une balade au parc.

*Suis vieille, je périclite...bonne pour être une mamie valable...des "sauteurs" des lasers paralysants...c'est moi qui vais finir paralysée de tant de nouveautés...tu perds l'entrain, Stark!*

Mais pas à dire, elle retrouva sa forme dès que les nouvelles recrues débarquèrent et là, il faut avouer que ça promettait tout...sauf la paix!

Miss Clairborne arrivée en premier, à qui on avait imposé de se débrouiller seule avec ses bagages griffés, du Louis Vuitton, s'il vous plaît, faillit faire une crise de colère écumante en découvrant son co-équipier, qui ne demeura pas en reste et s'ébouriffa comme chat enragé.

*Merveilleux...ils s'adorent!*...Toni, ma chérie...gâteau au chocolat!

Éviter le drame à tout prix. Ils avaient des raisons valables pour ne pas se gober mais Henry ne leur laissa pas trop de choix, ou ils étaient partants dans les circonstances ou ils prenaient le large. Après un échange de regards meurtriers, ils décidèrent de rester. La suite fut un véritable régal,  le Dr. Warrington n'ayant décidé ni plus ni moins que mettre cartes sur table et leur dire, comme qui parle de la pluie et du beau temps, que leur boulot n'allait être autre chose, de simple et courant, que...voyager dans le temps!

Et ceux qui avaient parié pour la défection tout de go de la belle Emilia durent réviser leurs schémas établis. Logiquement, Mr. Brown ne broncha même pas, comme si c'était la proposition de travail la plus normale et engageante du monde.

Pour leur donner une petite preuve de ses dires, Henry ne trouva rien de mieux que leur proposer une petite balade dans le temps.

*Rien que ça!? Pourquoi elle choisit la Préhistoire, cette gamine?...Pitié, qu'est ce que ça va donner!?...Et cet idiot de Kit qui se marre...il sait pas ce qui va lui tomber dessus!*

En tout cas, il le sut bien assez tôt. À leur retour, Brown était pâle linceul et ne rigolait plus. Emilia était ébranlée. Martin, qui avait joué les guides se limita à dire: T-Rex. Tout le monde comprit. Façon éloquente d'avoir un aperçu, très réel de l'affaire.

L’entraînement commença après le petit déjeuner où ils acceptèrent de jouer le jeu. Dire que tous les espoirs étaient permis aurait été un bon début mais personne, Louise la première, n'y croyait trop. Emilia dénigrait Kit et Kit lui rendait la pareille avec un sans gêne effarant, ce qui rendait l'ambiance assez difficile à vivre.

Le repas du soir avait toujours été le moment le plus agréable de la journée...dans le bon vieux temps, quand tous réunis faisaient le point de la journée. Ce soir là, tout se déroulait comme voulu jusqu'au moment où Emilia fit un petit commentaire édulcoré et Kit riposta de son ton habituel, c'est à dire ironique, limite hargneux. Il ne s'en fallait pas de plus, la discussion entre ces deux là prenait de l'amplitude et aurait bellement dégénéré si Louise, exaspérée n'avait frappe la table du plat de la main, réussissant un silence surpris de part et part.

Ça suffit, vous deux...si vous avez un problème soit vous le réglez d'immédiat soit vous fichez le camp! Vous avez été recrutés parce que vos profils semblaient idéaux pour le travail, mais en toute évidence on aurait dû ajouter une clause de maturité, or ni toi Emilia ni toi Kit ne savez pas de quoi il en va, vous vous conduisez comme des enfants mal élevés, vous cherchant noise sans arrêt...c'est en extrême désagréable, croyez moi, personne n'a envie de subir vous enfantillages et sautes d'humeur, ou ça cesse ou, comme dit, la porte est là...tant pis pour le Projet, on vous soumettra à un traitement efface mémoire et vous irez retrouver vos existences telles qu'elles étaient avant...À vous de voir, et je pense parler au nom de tous!

Henry se racla la gorge, Martin toussota, Toni laissa sa main droite décrire un arabesque éloquent. Emilia était restée la bouche ouverte et Kit, pour une fois, sembla perdre les moyens.

Eh bien? On aura la paix?, apparemment la décision n'était pas aisée mais les inculpés semblaient soupeser pour et contre à toute vitesse, alors!?, insista Louise en les fixant de son regard le plus noir.

Résultat concluant. À partir de ce soir là l'harmonie régnait. Harmonie contrainte, efforcée mais harmonie enfin.

La sonnette tira Louise de ses réflexions d'intendance. Elle n'aimait rien laisser au hasard, l'organisation était primordiale pour assurer la bonne marche de la maison. Elle se souvint que Toni était sortie, que la femme de ménage avait demandé son jour de congé, se levant Mrs. Warrington allait s'acquitter de son devoir de dame de lieux quand elle entendit des voix à l'entrée. Elle n'avait pas fait deux pas hors du bureau quand une masse déferlante et poilue faillit la renverser, suivie d'assez près par un Kit mitigé, avec son panier de lait et pain qui lui annonça qu'un tel Dave venait d'arriver.

Emilia contrôlait très bien la situation. Trop bien même si on tenait en compte le charme mis en branle bas de combat, pour le moment assez inopérant chez un Dave plutôt pris de court.

Retour fêté dignement, Dave reprit ses quartiers et on fit semblant que la vie continuait comme toujours.

*Oui...on fait comme si rien et pourtant...tout a changé...tout va changer encore plus...si seulement Nell voulait revenir, ce serait parfait!*

Si...
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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptyVen 27 Jan - 18:13

Nous pouvons remonter le temps ! Cette déclaration, dite d’un ton quasi solennel, eut au moins pour effet de dérider Kit Brown. Lui qui se maudissait déjà d’avoir mis les pieds dans cette bicoque, et surtout d’y avoir recroisé Emilia Clairborne, se sentit presque soulagé. Personne de sensé ne resterait dans une maison de fous ! Voilà l’occasion rêvée de tirer élégamment sa révérence. Le professeur désirait étayer ses assertions par des preuves ; rien de moins qu’une petite balade. Étrangement, Miss Clairborne n’avait pas bronché, pis, elle serait tentée par la préhistoire. Plus on est de fous… Il donna une éventuelle destination, et on les dirigea vers le Naos : le laboratoire.  En tout cas, si Warrington était le fêlé soupçonné, il se donnait les moyens de la mise en scène !  Brown s’était attendu à du grand n’importe quoi, genre antre d’un alchimiste taré. Pas du tout ! Ces installations-ci rivalisaient sûrement avec celle de la NASA. Ordre et propreté devaient être les règles absolues, au point que Kit s’étonna de ne pas recevoir de combinaison spéciale à revêtir.
 
*On voyage dans le temps en Jeans ? Fadaises !*
 
Les instructions brèves données par le docteur Lescot frisaient l’absurde : ne pas bouger, regarder, rester groupé quoiqu’il arrive et, surtout, lui obéir.  
 
*Tu rêves, toubib !* rigola en lui-même Brown.
 
Mais, il ne sourit plus lorsque, d’un coup l’environnement changea. Sans aucune sensation de déplacement, juste un léger tournis, le labo avait disparu faisant place à une forêt luxuriante aux senteurs étrangères.    
 
Wow ! Super, s’esclaffa Kit, mort de rire. Vous pensez vraiment nous impressionner avec une projection 3D ? Elle est super, j’admets ! J’ai beau chercher, je ne trouve pas de casque. Une technologie incroyable, j’avoue mais, ce n’est pas…  

 
Discrètement, quasi timide, Emilia lui tirait la manche, l’obligeant à regarder dans une autre direction. Elle avait l’air si… paf ? que Kit dévia les yeux pour apercevoir… :
 
 Des Brachiosaures ? Génial, on est en plein Jurassic Park ! Merci Warrington, mais la fête est finie. Coupez le film !
 
Pourquoi Lescot tirait-il cette tête ?
 
*Ah ! Evidemment, on a droit à l’apparition du méchant T-Rex !* Bravo, bravo, cria-t-il. Et puis on a quoi ? Du Popcorn ?
 
Ces vociférations et agitations ne semblèrent pas du goût du T qui semait la débandade dans troupeau de longs cous. Tournant sa gigantesque tête vers le trio de minuscules bipèdes, il fonça.
 
 On s’y croirait, pour sûr ! rigola encore Kit. Même le sol vibre ! Génial !  
 
 Emilia s’écarta mieux qu’une gazelle effrayée, tandis que Lescot le plaquait rudement au sol juste comme le mufle écumant allait le happer.
 
C’est pas vrai ? balbutia Kit en se redressant fortement ébranlé.
 
Martin aboya un ordre de regroupement que nul ne contesta en constatant l’amorce d’une nouvelle charge du bestiau à leur endroit. Un clignotement de boîtier plus tard, le labo reparut.  
 
Pas de commentaire, grogna Kit en remontant la rampe d’accès.
 
Sans piper mot, il accepta plusieurs rasades d’un excellent scotch – avalées sans les priser - avant de regagner ses pénates.
La nuit porte conseil, mon oeil ! 
Kit était trop perturbé pour roupiller serein ainsi qu’il en avait l’habitude.  Malgré une très longue douche bouillante, il ne parvint pas à évacuer les glaçons de ses veines. La trouille ? Ben oui, aussi con que ça.  La mort, il l’avait déjà vue de près sauf, qu’en général, il savait qu’elle lui pendait au nez. Là… C’était tellement…  
L’annonce n’avait pas menti : émotions garanties. Et comment !  Si toutes les missions futures étaient du même acabit, il lui faudrait impérativement acheter des T-shirts supplémentaires, voire des pantalons. Ouf, il ne s’était pas humilié à ce point, mais…  
Toute la nuit, il gambergea. La question était simple : rester ou pas ? Il y avait du pour et du contre à gogo. En contre, il s’imaginait très mal en train de devoir se soumettre à des heures d’études laborieuses et – essentiellement – subir des règles, lui qui les détestait. Le fait d’être obligé de supporter Clairborne pesait également fort lourd dans la balance du choix. D’autre part… Le défi gagnait haut la main ! En effet, à qui une telle chance pouvait-elle être donnée ? Il avait été recruté, élu parmi foule de candidats. Donc, quelque part, ses « patrons » avaient vu en lui un potentiel quelconque. Il se demandait bien lequel, mais bah ! C’était assez stimulant en soi de savoir cela. Puis, l’aventure en elle-même ne manquait pas de sel, loin de là ! Traverser l’Histoire du monde ! Bon, s’il avait tout pigé, il était hors de question de jouer aux redresseurs de tort… N’empêche que… Puis, au cas où, en piquant des plans ici ou là, qui sait si la fortune ne lui sourirait pas ? De plus, du fric, il s’en ferait d’une façon ou l’autre. Beauty nécessitait bien un léger sacrifice. Les primes de risque devaient être élevées dans ce boulot.
Décidément la balance penchait nettement plus pour oui que pour non.  
Au petit-déjeuner suivant, avant même qu’on ne lui demande sa décision, et sans un regard à Miss Clairborne, il approuva :
 
Ok, j’en suis. Mais faut que le blé suive !
 
Warrington fit celui qui ne pigeait pas. Kit mit les points sur les I :
 
Il était question de salaire, non ? Combien ? Vu les risques de ce boulot…
 
Quoique le chiffre énoncé le fasse déglutir, Kit cacha sa satisfaction par un « ok »détaché. S’il avait espéré que l’enquiquineuse se dégonfle : raté !  
Qu’importe ! Il trouverait bien un moyen de la décourager. En cavalier seul, il pourrait gagner le double du prix déjà rondelet accordé.  
Suivit l’Hypnos !  
Au départ, Kit se fit l’effet d’un cheval contraint dans le starting box. Le siège était confortable, certes ; le casque avec électrodes, nettement moins. Des sons, des lumières, tout un feu d’artifice dans sa tête. Pour quel résultat ? Il n’avait absolument pas l’impression d’avoir changé, d’avoir appris quelque chose jusqu’à ce que Martin lui fourre un bouquin dans les pattes. Lire ? Comme une lettre à la poste.
 
C’est quoi, ce truc ?
 
Le titre lu, il en secoua la tête d’ahurissement :
 
L’Odyssée, en VO ???  Merde ! Je lis le grec ancien ! Dois-je en déduire que le prochain saut sera en…
 
Ben non.  On leur démontrait juste les rudiments des possibilités des instruments à dispositions.
Le rythme n’était pas trop exigeant d’autant qu’Henry insista sur le fait que ces connaissances vite acquises s’estomperaient graduellement pour rester en sommeil un temps indéterminé.
Ces quelques jours auraient été géniaux sans la présence perpétuelle d’Emilia Clairborne. Matin, midi et soir, il devait la supporter. Au moins, quand il étudiait sous Hypnos, il n’avait plus à subir ses airs hautains qui, à présent, s’accentuaient davantage grâce à l’enseignement imposé. Elle, qui ne connaissait quasi que dalle avant, ne faisait hélas pas qu’étaler ses nouvelles capacités, elle s’en régalait, affichant un sourire sarcastique quand, par hasard, elle le surpassait dans des domaines où il s’était cru infaillible jusque-là. Ne voilà-t-il pas qu’elle se pâmait presque d’avoir réussi à identifier sans hésiter des traces d’animaux dans la neige du jardin ?
 
Et qu’est-ce que t’as repéré ? Sans doute le caniche des voisins, à moins que ce ne soit simplement matou en vadrouille !

 
La miss n’était pas d’humeur amène – d’ailleurs, elle ne l’était jamais avec lui, et il le lui rendait bien - , tant mieux. Mais elle riposta si vivement qu’il en fut estomaqué et, bien sûr, ne tint pas sa langue en poche :
 
Comment ça, l’animal, c’était moi ?... ben oui, suis sorti. J’ai pas peur du froid, moi ! Il ne me faut pas ces trucs poilus que tu portes au lieu de solides bottes !
 
Et patati, et patata. Tout à leur chamaillerie, ils ne virent pas Louise pincer les lèvres d’énervement. Mais lorsqu’elle leur déballa un discours bien senti :
 
… on aurait dû ajouter une clause de maturité, or ni toi Emilia ni toi Kit ne savez pas de quoi il en va, vous vous conduisez comme des enfants mal élevés, vous cherchant noise sans arrêt...
 
Comment ne pas se sentir tel un gosse fautif après ça ? Pas kit, alors là, pas du tout. Il aurait bien ajouté quelque chose du genre : c’est elle qui a commencé, seulement Mrs. Warrington n’aurait pas apprécié et, la menace de renvoi après amnésie express, n’était pas du tout bidon.  
 
Ok, on la mettra en sourdine ! *Mais pitié qu’elle arrête de m’asticoter à tout bout de champ !*
 
Les opposants en étaient à une politesse contrainte quand, un matin, le fameux Dave se pointa. En quelques phrases, on les avait déjà prévenus des avatars subis par Clayton.
 
*Tomber amoureux de sa partenaire, pas prêt de m’arriver un truc pareil !*
 
Néanmoins, malgré sa mine de chien battu, Dave était accompagné d’un qui était en superforme. Quel était ce croisement improbable de la nature ? Il s’appelait Oscar et, immédiatement le courant passa entre eux :
 
Mais c’est un fameux lascar, ce gros nounours ! On dirait qu’il a envie de jouer. Tu permets, Clayton ?
 
Qu’il dise amen ou pas, Kit s’en fichait. Jouer avec toutou valait mieux que d’écouter les malheurs de l’arrivant, mieux encore que de supporter les gloussements idiots d’Emilia.
Après s’être défoulé avec le chien, Kit rentra. Manifestement, le Dave aussi fais    ait des efforts d’amabilités d’autant que la belle plante semblait vouloir le consoler, ou du moins de dérider de ses tracas. Pourtant, ce fut Henry qui le fit sourire. Pour « fêter » le retour de son fils spirituel, il entraîna tout le monde en bas. Kit ne s’étonna pas d’y trouver des caisses qu’il n’avait pas vues arriver.
 
*La PTE a encore frappé !*   
 
 Presque théâtralement, Henry ôta la dernière couche qui protégeait les engins, et quels engins !  
Les sauteurs étaient… étranges.
 
*Drôles de bécanes !*, pensa Kit.
 
Car, oui, cela ressemblait vaguement à des « motocyclettes », à condition de concevoir des motos sans roues évidemment.  Elles n’avaient rien de comparables avec sa splendide Harley, pas de chrome, ni de haut guidon, mais il leur reconnut une certaine… allure.
Tous resserrèrent le cercle autour des « cadeaux » de la PTE.
Henry, qui avait déjà analysé la notice à fond, leur donna un bref topo des performances supposées des deux sauteurs. Sans façon, Kit en enfourcha un, demandant simplement :
 
Où est le contact ?
 
Pas question d’essayer le bidule sans formation. On le pria fermement de mettre pieds à terre : cours d’Hypnos imposé à tous.
Après la séance, Kit eut l’impression d’avoir avalé une encyclopédie complète tant sa tête était bourrée de trucs techniques. Apparemment, les patrouilleurs devaient être à même de réparer leur engin quelle qu’en soit la panne. Rien de rassurant là-dedans, même si, au bout de l’enseignement express on stipulait que cela n’arrivait jamais, les pannes ; au plus un ajustement des commandes.
 
J’ai hâte de remonter dessus, voir ce que ça a vraiment dans les cylindres, confia-t-il à un Dave assez intéressé aussi. On en sait assez, maintenant, non ?
 
On convint d’un test après dîner. Leur projet fut vite éventé. Emilia devait avoir des oreilles à rallonge car, en plein bœuf mironton, elle prit le ton mielleux honni pour solliciter de Dave la même proposition que celle faite plus tôt. Il mordit :
 
Dave est d’accord pour qu’on y aille à deux ! Tu devras passer ton tour !
 
Sa réplique – sans doute acerbe – fut coupée par une Louise finaude qui engagea Martin à accompagner Emilia, puis il y aurait inversion conducteur-passager.
 
L’heure vint. Très émoustillé, Kit était paré à prendre les commandes quand Dave réclama les honneurs du baptême. Pour le peu qu’il sache de la situation antérieure, Brown pouvait néanmoins aisément deviner qu’un coup de gueule ne ferait que lui attirer des ennuis face au chouchou de service.  Il biaisa :
 

Pile ou face ?
 
À ce jeu, comme à n’importe quel autre, Kit se savait imbattable. Clayton se fit avoir en beauté, et Kit, l’œil pétillant, enclencha l’engin avec Dave en remorque. Les consignes étaient claires, à respecter strictement : pas de saut temporel, juste des tests de déplacements.
 
1er arrêt : Washington. Attachez votre ceinture !
 
Wow ! C’était flippant, plus que ça même. À peine démarré, déjà arrivé, juste le temps de fermer les yeux sous la visière fournie, et hop ! En altitude, assez pour le par gêner le trafic aérien ni être détecté, ils survolèrent l’obélisque et le capitole. Ensuite, comme prévu Kit modifia les paramètres et zouh : bonjour Los Angeles.
 
On va pas risquer de se faire repérer comme OVNI, rigola Brown dans son micro. Je nous pose dans le désert.
 
Sans heurts, répondant parfaitement à la manœuvre, le sauteur changea ensuite de contrôleur.  Dave les fit piquer en quelques secondes du Nord au Sud avant de réintégrer le labo.
 

Fantastique, génial ! s’exclama Kit en vidant les étriers.
 
Son enthousiasme fondit quand, casque ôté, il vit l’air embarrassé du professeur Warrington.  L’explication ne tarda pas : La PTE avait communiqué des instructions claires. Dans quelques heures, une petite délégation d’agents débarquerait.
 

On va aller en mission ?
 
Henry n’en savait rien.
Martin et Emilia rentrèrent dans les minutes suivantes. Tout avait baigné, là-aussi et, pas à dire, la balade les avait marqués. Il ne restait qu’à tenter de dormir en attendant la venue des patrouilleurs chevronnés.
La grande maison était d’un silence écrasant la nuit. Kit, trop excité par la balade de la soirée ne parvenait pas à rouiller d’autant que son estomac criait un peu famine. Il avait l’impression d’avoir dépensé des milliers de calories en quelques minutes tantôt. Nécessité faisant loi, il descendit à pas de loup dans la cuisine ténébreuse où l’on ne percevait que le ronflement allègre d’Oscar.  Le frigo fut inspecté sans déranger l’animal. Hélas, il ne restait plus une miette du splendide gâteau au chocolat confectionné par les mains délicates de Toni. Il s’apprêtait à se confectionner un sandwiche quand la pièce s’éclaira d’un coup :
 

Ah, c’est toi ? dit-il, déçu.     
 
Apparemment, Miss Clairborne avait eu la même idée que lui.
 
… désolé, il ne reste rien. Un sandwiche, peut-être ?
 
Non, la miss voulait du sucré.
 
Pas de souci, affirma-t-il. Je sais où sont chocolat et batteur. Sors des glaçons… s’il te plait. J’ai appris ça sur le Net. Tu vas voir !  
 
Le chocolat cassé dans une casserole mise à chauffer sur doux avec un peu d’eau, il emplit une autre casserole plus grande emplie avec des glaçons et de l’eau. Quand le chocolat fut fondu, il plaça la petite casserole dans la grande, et fouetta vivement ce qui ne tarda pas à devenir une splendide mousse.   
Emilia avait l’air assez… paf, mais surtout alléchée. On dégusta quasi religieusement puis, léchant sa cuillère, Kit sourit :
 

On a au moins un point commun, partenaire !... On aime le chocolat !
 
Pourquoi ne pas rire ? Ils firent ensemble la petite vaisselle non sans commenter leurs exploits de la journée :
 
… C’est fou, oui ! Je ne regrette qu’une chose avec ces bidules… ben, la sensation de vitesse, évidemment !
 
Ensuite, on se souhaita très civilement la bonne nuit ; le dodo s’imposait.
 
Après le petit- déjeuner, grand branle-bas en sous-sol.
 Ils furent deux à débarquer : un mec très grand flanqué d’une minuscule bonne femme. Quand celle-ci ôta son casque, révélant une tignasse rousse très courte, on aurait entendu une mouche voler.  
Qu’est-ce qui leur prenait à tous ? Dave était devenu terreux, Henry frisait l’apoplexie, la mâchoire de Majors pendait. Même Emilia restait pétrifiée.  
L’accueil glacial ne décontenança pas le mec qui annonça la couleur :
 

Je suis le Major Davies. Voici le lieutenant Watts. Nous avons besoin de ravitaillement avant de poursuivre notre mission.   
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Emilia Clairborne-Watts

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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptySam 28 Jan - 9:45

...Nous pouvons remonter le temps.

*Ouais et je suis Kim Kardashian!*


Pas du tout, Dieu merci pourtant il s'avéra que les dires du Dr. Warrington n'avaient rien d'une fanfaronnade. Emilia reconsidéra les schémas établis de sa petite vie si commode. Jamais de tout jamais elle n'avait pu imaginer que l'affaire irait dans ce sens.

*J'ai bien entendu?*

Ben oui, parfaitement en fait. Que l'abruti de Brown se marre comme un débile la fit conclure qu'il avait entendu la même chose, même si elle ne trouvait rien de rigolo au fait de pouvoir se balader dans le temps comme si rien. En tout cas, le Dr. Warrington avait l'air très sérieux, tout comme les autres. Comme quoi...

Il ne s'agit pas d'aller au gré des fantaisies, disait l'éminence de service, changer ceci ou cela mais, au contraire, de veiller à que rien n'altère l'histoire connue...

*Ah bon? Parce qu'on pourrait y changer quelque chose?*


Apparemment pas mal, mais bien entendu on n'en était pas encore à ce point des explications, ça viendrait plus tard, sans aucun doute. Pour faire plus convainquant, oui le canadien rigolait toujours, le Dr. Warrington, sans perdre le calme, proposa une petite démonstration...un petit saut sans conséquence, dit-il.

La Préhistoire, se risqua Emilia, j'ai toujours trouvé les dinos très intéressants!

On lui coula un regard presque compatissant, sûrs que la miss n'avait des dinos que des idées très préconçues et vagues...ce qui, évidemment, était plus que vrai. À part avoir vu tous les films de Jurassic Park, Miss Clairborne ne savait absolument rien...comme par exemple qu'ils avaient été présents  dès la fin du Carnien (premier étage du Trias supérieur), il y a environ 230 millions d'années, pour disparaître presque entièrement lors de l'extinction Crétacé Tertiaire il y a 66 millions d'années. Du chinois pour Emilia!

Ignorante mais décidée de ne pas en faire état, Emilia suivit le mouvement et découvrit le fameux laboratoire, dans le non moins fameux bunker, jusque là interdit. Et là, il fallut bien laisser échapper un "WOW!" presque enfantin, tant tout cela tenait de la pure science-fiction. Encore soufflée par ce décor ultra performant, elle dut faire un effort pour suivre les indications que leur donnait Martin Lescot pour leur petite virée quelque part dans le très, très lointain passé.

*Rester ensemble, pas bouger, juste regarder et obéir...ma foi, pourquoi pas!*

En tout cas ce ne fut pas elle qui eut envie de faire une petite balade de reconnaissance. Pas là. Au lieu de quoi, Miss Clairborne resta pétrifiée sur place, en essayant de ne pas avoir un air trop ahuri. Raté. Parce que ce qu'elle était en train de regarder ne correspondait plus du tout au super labo...alors là, pas du tout.

*Pas possible...des gros dinos au long cou...pour de bon...mais qu'est qu'il a à rire cet idiot!?*...Hey, Brown...regarde plutôt...

Des Brachiosaures ? Génial, on est en plein Jurassic Park ! Merci Warrington, mais la fête est finie. Coupez le film !

*Il est con ou quoi?*

Surtout qu'en cet instant on avait droit à l'invité surprise. À un moche et énorme invité qui semait la pagaille, faisant fuir en panique les longs cous bien trop lents pour échapper au carnage.

Un...un...T-Rex! ( le seul dinosaure dont le nom lui revenait), bafouilla t'elle, paralysée de peur, accrochée, inconsciemment, au bras d'un Kit Brown soudain très pâle et silencieux,...il va nous bouffer!

Mais bien entendu, le Dr. Lescot veillait au grain et ne laissa pas qu'ils deviennent goûter de dino enragé. En un clin d’œil, ils furent de retour au labo où le Dr. Warrington, très satisfait du succès de sa petite expérience, leur fourra une boisson forte dans la main, question de leur remettre les esprits en place. Emilia avala son verre cul sec et faillit s'étrangler. Bien sûr, elle ne rata pas le regard moqueur de sa bête noire, ce qui la fit enrager en oubliant presque la trouille subie.

*Dommage que le T-Rex ne l'ai pas croqué, celui-là*

Qu'elle ne fasse pas de cauchemar cette nuit-là et se présente fraîche et pimpante au petit déjeuner lui mérita une hausse dans l'estime générale, ce qui la conforta encore plus dans l'idée de vouloir prendre part à cette magnifique aventure, mais avant qu'elle ne l'ouvre pour annoncer sa décision, elle avait même préparé mentalement un petit discours, voilà que Mr. Brown la devançait avec son style outrecuidant, et parlait, ô indélicatesse, de "blé".

*On va faire la moisson? De quoi il parle, ce taré?*

En fait, il voulait savoir de quoi allait leur salaire. Emilia le trouva décidément d'un terre à terre mal dégrossi. Elle n'aurait jamais eu idée de parler d'argent, thème considéré du plus mauvais goût, mais que pouvait on attendre d'un individu pareil? Le cher Dr. Warrington énonça un chiffre, apparemment jugé faramineux par le canadien.

*Enfin...il est pauvre!*

Ce qui à ses yeux pouvait expliquer pas mal de choses. Elle remisa Brown et ses bêtises aux oubliettes, toute émoustillée de découvrir la suite de l'aventure, qui ne fut pas des moindres.

L'Hypnos, quelle invention géniale. Du fantastique pur, frôlant la magie. Une demie heure à porter ce casque à électrodes, confortablement installée et une fois l'expérience finie...elle pouvait lire, comprendre et décortiquer la puissante pensée de Johann Wolfgang von Goethe...en allemand.

C'est...c'est incroyable...tu as vraiment tout compris, Toni?...C'est si...merveilleux...moi qui suis si bête...du coup, avec ça, je vais en apprendre, des choses!

C'est ce qu'elle fit pendant les jours qui suivirent, s'émerveillant à chaque découverte du monde infini de connaissances qui s'ouvrait pour elle qui avait toujours détesté trop se fouler quand il s'agissait d'étudier. Quel plaisir délicieux que de pouvoir rabattre le caquet à cet infatué de Kit qui se croyait au détour de tout, sans reconnaître, ça jamais, qu'il avait au moins le mérite d'en avoir toujours su plus qu'elle, même avant le fameux Hypnos.

Que leurs chamailleries à répétition leur méritent une très sérieuse mise en garde de part de Louise, la fit réfléchir profondément sur son comportement jugé immature et enfantin. La honte! Jusque là personne n'avait eu l'affront de remettre en cause sa façon d'être.

*Ouais...qui prenait le temps pour ça!?*

Résultat: à partir de ce jour Emilia se montra presque douce, pas trop...faut pas exagérer, attentive, diplomatique, charmante...Brown lui, restait dans ses retranchements mais se montrait quand même moins agressif. Déjà ça de gagné!

Et puis, sans préavis, un beau matin glacial début Mars, Dave Clayton, le fils prodigue, avec son air de catastrophé de la vie, avec son chien énorme et poilu qui faillit l'emporter par devant, se tenait sur le seuil. Emilia savait qu'il était écrivain à succès, ses bouquins se vendaient mieux que des petits pains, mais la littérature et Emilia, ça faisait deux!

*C'est vrai qu'il est pas mal...mais de là à se damner pour lui...pas pour moi!*

Pas le temps pour les joueuses de charme, ce qui lui réussissait toujours, Emilia avait trouvé mieux : s'instruire, damer le pion à son ignorance voulue, trouver la bonne réplique, comprendre un problème jusque là abscons, parler d'autres langues...elle comprenait alors la vacuité totale qu'avait été sa vie, soumise à de simples caprices stupides et sautes d’humeur ne valant pas mieux.

*Fiat lux...et je ne suis plus l'ignorante de service!*

Amen!

Le retour de Clayton réjouissait tout le monde. Henry surtout, tant et si bien qu le cher savant voulut partager avec eux quelques nouveautés fournies par la PTE. Et pour être des nouveautés, celles là l'étaient bel et bien, un ensemble futuriste et bluffant dont des motos, ou ressemblant. Kit, qui avait un faible prouvé pour ce genre d'engins voulut de suite en faire l'essai, ce qui bien entendu, lui fut refusé. Pas question de s'y risquer sans avant savoir de quoi il en allait.
Comme d’habitude, apprentissage express et après...

J’ai hâte de remonter dessus, voir ce que ça a vraiment dans les cylindres... On en sait assez, maintenant, non ?, disait Kit à un Dave l'air intéressé.

*Bien sûr...l'animal veut tout...ah non, pas si je peux l'éviter!*

Et pourtant...

Dave est d’accord pour qu’on y aille à deux ! Tu devras passer ton tour !

Ah non...espèce d'enfoiré...

Louise coupa court l'échange de civilités, décidant qu'elle irait avec Martin . Ainsi fut fait. Emilia ne trouva rien à redire, son tour viendrait bien un jour ou l'autre.
Et l'expérience fut inoubliable!

C'était...hallucinant...incroyable...génial!

Elle était ravie. Si ravie que ça qu l'annonce faite par Henry sur la prochaine arrivée des patrouilleurs de la PTE, lui passa par dessus la tête. On les envoya gentiment dormir mais le sommeil fut long à venir, et Emilia éprouva une fringale terrible. Rien d'étonnant, quand elle était énervée, son corps semblait dépenser plus d'énergie que voulu et là, elle avait besoin de se ressourcer. Petite virée nocturne vers la cuisine. Arrivée à destination, sûre de ne déranger personne...et pourtant...

Oh zut...t'es là!

Ah, c’est toi ?, comme quoi Kit Brown n'était pas ravi non plus d'être trouvé là ou il n'était pas censé d'être.

Tu attendais qui?...Enfin, ça fait rien...je meurs de faim!


Désolé, il ne reste rien. Un sandwich, peut-être ?


Non...j'ai besoin de sucré...c'est plus fort que moi...mince, plus de trace du gâteau au chocolat? J'en rêvais...c'était si bon...

À sa grande surprise, Kit ne l'envoya pas paître, que du contraire:

Pas de souci, je sais où sont chocolat et batteur. Sors des glaçons… s’il te plaît. J’ai appris ça sur le Net. Tu vas voir !

Emilia n'en revenait pas. En peu de temps, et beaucoup de science, sa bête noire réussit une mousse au chocolat invraisemblable , qu'elle dégusta religieusement.

Bon Dieu, que c'est bon!

Tiens, il souriait, et il était si mignon ce faisant, loin de son air revêche de grognon patenté.

On a au moins un point commun, partenaire !... On aime le chocolat !

Ça tu peux le dire, dit elle en riant, tout à coup heureuse de ce moment de bonne entente, merci...Kit!

Ils rirent de concert, firent même la vaisselle et se quittèrent en des termes plus bons que ceux jamais envisagés auparavant.

*Il peut quand même être sympa...si je fais un effort...peut être qu'on pourrait même s'entendre!*

Et sur ces bonnes intentions, elle alla dormir le plus tranquillement du monde en gardant un délicieux petit goût à chocolat sur la langue.

Le lendemain commença de bonne heure. Visite éclair des patrouilleurs. Emilia, comme les autres, était présente, encore un peu endormie et pas trop intéressée. Elle démarrait mal la journée sans au moins deux cafés bien tassés mais ce qui suivit, eut l'heur de la réveiller instantanément.

Je suis le Major Davies. Voici le lieutenant Watts. Nous avons besoin de ravitaillement avant de poursuivre notre mission.

Un grand gars, une petite femme. Une rouquine qui ne lui était que très connue: sa cousine. Dave vira au papier mâché. Henry au bord de la crise, les autres à l'abasourdi total. Celui qui remporta les palmes fut le gros chien, Oscar, qui sauta sur le lieutenant Watts....qui le repoussa comme si le brave toutou était une espèce dangereuse.

Nell...coucou..., osa Emilia, bêtement, tu te souviens de moi, elles ne s'étaient pas vues depuis de années, suis ta cousine...Emilia...

Le regard glacial accordé lui laissa comprendre que quelqu'un n'avait rien à cirer d'une rencontre familiale, en fait, cela allait plus loin...le lieutenant Watts n'avait même pas l'air de savoir de quoi on lui parlait.

Nell...tu sais plus qui je suis, c'est ça?


Apparemment non, et elle s’en fichait, ce qui est plus. Le Major Davies mena à bien sa mission de ravitaillement et les patrouilleurs s'enfumèrent sans autre explication, laissant un public plongé dans u silence malaisé.

Bon, risqua Emilia, après un regard compatissant vers Dave, on dirait que ma chère cousine a subi un lavage de cerveau...ou encore, comme nous en menace Louise, une manœuvre efface mémoire très réussie...Oui, je sais, suis la moins indiquée pour en parler...mais Nell et moi on a été très proches, ça remonte à notre enfance...mais c'est pas le genre de truc qu'on oublie...elle m'appelait "la plaie" et moi je lui disais " poison"...on s'aimait bien sans trop s'aimer...elle était déjà hors de notre...cercle...Nell a toujours été spéciale, brillante...indépendante et si fière de l'être..., une larme lui échappa, Emilia l'essuya rageuse, j'aurais eu avoir son courage pour tout envoyer balader...sa rage de vivre...moi, je suis commode....et sans doute la dernière des idiotes!

Sans attendre de réaction à sa, si bien sentie, déclaration Emilia se sauva dans sa chambre et pleura, sans trop savoir pourquoi, toutes les larmes de son corps.

Le lendemain, au petit déjeuner, elle offrait une image d'insomniaque à faire peur, gros cernes sous ses yeux bleus au regard alourdi.

Désolée pour hier soir, souffla t'elle, voulais pas sembler si...enfin...pas si comme je suis en réalité...elle, Nell, m'a toujours donné envie d'aller plus loin...mais je suis commode et couarde...je l'ai toujours enviée et là...je ne savais pas qu'elle avait...enfin pas depuis le début...je veux...je veux...oui, je le jure, je veux être...avec vous...faire part de cette expérience...je sais que pas tous ne m'aiment, que je suis imbuvable parfois, qu'on pense que je suis une sotte avec de la chance..mais je veux bien faire...je sais que je peux le faire...

Dave lui passa les pancakes, Toni le sirop alors que Louise, toute maternelle, servait le café et que Henry, au bout de la table, soupirait. Kit , fidèle à lui même ne s'occupa de personne. Martin n’était pas là, appelé tôt pour une urgence.
Trois pancakes plus tard, assez de son aplomb revenu, Emilia osa un coup d’œil à son entourage. Ils avaient l'air si tranquilles,qu'elle risqua ses questions:

Et alors? On fait quoi après?...Enfin...si j'en suis...je veux dire que...on fait quoi après?

La question semblait être plus que bonne...
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Nelly Watts

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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptySam 4 Fév - 10:19

On ne chômait pas à La PTE. Inimaginable le nombre d’incidents qui pourraient perturber l’Histoire telle écrite jusqu’en 2212. Pourtant…
La course à la lune, par exemple. Que serait-il advenu si l’Union Soviétique l’avait emportée, et posé le premier homme sur le satellite au lieu du célèbre Armstrong ? Sans compter avec une mort prématurée du trop sinistre Hitler ? La PTE avait pour rôle essentiel de maintenir intacts les événements connus, transmis de génération en génération au risque de se perdre elle-même.
Nell Watts était fière de participer à cette œuvre. Grâce à l’Hypnos, elle apprit l’essentiel des bases de la fondation, à savoir que des petits malins du 21ème siècle, le sien, avaient élaboré les tout premiers boîtiers de transport temporel.  Leurs essais tâtonnants avaient créé des lignes secondaires dont on avait du mal à contrôler les conséquences. La règle absolue, incontournable, était de préserver l’initiale, celle d’où dérivait la PTE.
Parfois, Nell se demandait ce qui lui avait valu sa rapide ascension dans ce groupe particulier des patrouilleurs.  Elle savait avoir désiré l’incorporer quand elle était en Australie, mais ignorait les raisons qui l’avaient menées là.
 
Sans doute que je n’allais manquer à personne…  
 
En tout cas, elle brillait dans ce milieu neuf même si les rapports avec ses homologues n’étaient pas toujours au top. Peu après leur retour de Cambridge, où le Commander avait fabriqué Dieu sait quoi, on lui avait adjoint le Major James Davies. De prime abord, ils ne s’encadrèrent pas. Ce britannique issu du 19ème siècle n’admettait que mal qu’un lieutenant femelle soit aussi active, voire son égal.  Cependant, lorsqu’il dut sa vie à une manœuvre pointue de la miss, il commença à ne plus vouloir s’en passer. Elle le soupçonna d’arranger le tableau de missions pour toujours être affecté avec elle.
Il savait se montrer charmant ce jeune homme. Elancé, les cheveux blonds épais, les yeux d’un bleu surprenant, il aurait pu séduire n’importe quelle femme. Peut-être était-ce justement le fait que Nell ne succombe pas à ses charmes qui la rendait encore plus désirable ? Nell se fichait des regards langoureux. Elle ne voyait en lui qu’un camarade de boulot infatué de sa personne, une sorte de dandy bien trop mielleux à son goût. Puisqu’elle n’avait pas trop le choix… Car la PTE ne comportait qu’un nombre restreint de vrais patrouilleurs, l’élite qui, heureusement, se faisait seconder par des bureaux annexes situés à des époques clés.
Jamais Nell n’aurait pensé que son 21ème  siècle serait doté d’un tel bureau, et pourtant…
Un beau jour, elle fut conviée chez l’organisateur des missions: le colonel McAdam. Elle ne se surprit pas en constatant que l’incontournable Davies serait de la partie.
 
Watts, Davies, bonjour. On nous a signalé une possible rupture du continuum au niveau de la Russie en 1918.
 
L’assassinat du Tsar Nicolas II ? ne put s’empêcher de tiquer Nell. 
 
Davies avait eu ce sourire condescendent qu’elle détestait. Oui, elle enfreignait la sacro-sainte règle du silence pendant la mise au point, et alors ?
 
Hum, en effet Miss Watts. Il semblerait que celui-ci ait, comment dirais-je… échoué pour une raison inconnue. À vous de rétablir l’ordre des choses. Après l’Hypnos, vous devrez prendre votre garde-robe et autres éléments au nouveau relai de Cambridge du 21ème siècle.  Bonne route.
 
La grimace de Nell n’échappa pas aux deux hommes, mais aucun ne lui en demanda les raisons. S’ils tentèrent de la sonder mentalement, ils se heurtèrent à un mur. Depuis qu’elle avait ses galons, Miss Watts pouvait obturer ses pensées, ne leur en déplaise. Malgré tout, elle n’arrivait pas toujours a garder des traits de marbre comme la plupart de ses homologues. Tant pis si on la jugeait trop émotive. Elle détesterait toujours devoir assister à des massacres, les laisser perpétrer sans rien faire, voire- pire - les favoriser. Néanmoins, elle avait une autre raison de ne pas sauter de joie. Encore Cambridge ?? Son récent passage en compagnie du Commander lui avait laissé un curieux nœud aux tripes. Elle ne s’en était pas ouverte à Lescot, mais elle était persuadée qu’il était au courant de quelque chose qu’elle ignorait. En effet, que faisait sa photo dans la cuisine de Warrington ? À moins de posséder une jumelle – chose qu’elle aurait su – ou un sosie parfait – fait hautement improbable – la fille qui posait dans ce groupe d’individus souriants était bien elle.  Donc, ces gens avaient un rapport avec le passé effacé.
 
*Si je l’ai effacé, c’est pas pour des prunes ! Si ça tombe, ils m’ont fait du mal… ou c’est moi qui leur en ai fait… *
 
Pas étonnant qu’elle tire la gueule en prenant le sauteur derrière Davies. Ce dernier ne s’en formalisa pas. Au contraire, il jugea l’attitude de Nell comme très professionnelle… pour une fois.
Ils se posèrent sur une plateforme de laboratoire très au top. Pour avoir déjà eu affaire à divers bureaux secondaires, elle n’imaginait pas l’endroit aussi pointu en technologie.  Avait-elle déjà fréquenté ces lieux ?  En tout cas le comité d’accueil lui parut… bizarre. On la regardait telle une extraterrestre fraîchement débarquée. Même si c’était un baptême pour eux, ils semblaient pétrifiés. Seule une espèce d’ours hyper poilu osa le contact. Là, ce fut elle qui recula. Pas qu’elle n’aimât pas ces bestioles mais la taille de celle-ci était franchement hors norme. Puis, une fille se détacha du groupe :    
          
Nell...coucou... tu te souviens de moi ...Emilia... Nell...tu sais plus qui je suis, c'est ça?
 
La dardant d’un regard glacial, Miss Watts réfrigéra sa cousine.
Malgré la foule de questions qui lui tournaient en tête, Nell demeura de marbre en attendant que les fournitures prévues soient en leur possession. Un bref salut, et pouf, envolés.
 
Cachons l’engin, et changeons-nous, ordonna Jim sitôt posés. Hey, tu te bouges ?
 
Oui, oui, elle se bougea mais comme au ralenti.      
 
Sa cousine Emilia ? Que diable fabriquait-elle dans ce labo ? Car c’était bien elle, même avec les années écoulées depuis leur dernière rencontre. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Emilia Clairborne était une sotte finie qui n’avait jamais pensé à autre chose qu’à sa petite personne. Parfois Nell la prenant en pitié avait tenté un rapprochement mais on ne peut pas dire que le courant passait entre elles, loin de là ! Travaillait-elle réellement avec le brillant Warrington ou était-elle juste-là par hasard ?
Tout en gambergeant, presque machinalement, Nell avait revêtu sa tenue de paysanne russe. Jim, en moujik, avait assez fière allure malgré son paletot long rapiécé et ses bottes montantes informes.  
Le plan était simple : observer. Ensuite, selon les informations récoltées, ils agiraient ou non.  
Ils étaient en rase campagne non loin de la ville d’Iekaterinbourg où, à la villa Ipatief, séjournait en reclus la famille impériale au complet.  
Jouant le rôle de banals pauvres hères ramenant du bois de la forêt en charrette à bras, Jim et Nell ne furent pas inquiétés dans leur progression. Leur but étant le centre historique, ils durent traverser une bonne partie de la cité.  Peu de rues étaient pavées et, fréquemment, ils durent céder passage à des chariots attelés ainsi qu’à quelques rares automobiles au klaxon rauque. La chaleur surtout dérangeait. L’été, au pied de l’Oural, pouvait être pénible. Bientôt les rues se dépeuplèrent. Apparemment, une sorte de cordon de sécurité entourait la villa. Vue de loin, cette grosse maison qui  - encore trois mois auparavant - abritait une manufacture active s’ornait à présent d’une double palissade montant jusqu’aux fenêtres, et des mitrailleuses avaient été installées sur le toit.
 
*Une vrai forteresse, on ne passera jamais…*
 
Pourtant, dans la langue apprise sous Hypnos, Jim se débrouilla pour qu’on les laisse franchir les barbelés dès que le contenu de la charrette ait été vérifié ainsi que leurs sacs. Si les gardes avaient examiné l’ensemble aux rayons X, ils auraient été bien surpris par l’appareillage dissimulés dans les montants factices et entre les planches en bois. 
Un second poste de garde fut franchi à moins de deux cents mètres de la bâtisse dont ils n’étaient plus séparés que pas des bosquets touffus avant le jardin attenant. Ils se planquèrent dans les fourrés, y déballant leur attirail.  On était le 15 juillet 1918. Si tout se déroulait « bien » la nuit suivante un détachement arriverait pour exécuter les Romanov.
Nell détestait les heures stériles pourtant souvent le lot des patrouilleurs. On se reposait en alternant les veilles et, à l’occasion, on causait.  L’ennui avec Davies est qu’il adorait se raconter. Pour la nième fois, la jeune femme dut subir les racontars de son compagnon. Elle en avait ras-le- bol, et pas qu’un peu. Interrompant son flot de paroles, elle dit :  
 
Je sais Jim. Je sais que tu étais un bon bourgeois anglais né en 1842, que tu as eu envie de faire autre chose que du polo, du golf et du bridge, que l’on t’a recruté gnagnignagnère ! Tu n’as donc aucune passion, aucune ambition ??
 
Pas trop, non. Ce que je fais maintenant me semble plus important que tout ce que j’ai fait avant. Je suis comblé surtout depuis que je t’ai…
 
*Oh non, pas ce refrain !* STOP ! Jim, tu m’aimes bien, et je t’aime bien aussi mais c’est sans espoir.
 
Pourquoi ? Rien n’impose à des patrouilleurs de rester frère et sœur, et…
 
Je ne sais pas pourquoi. C’est ainsi, point final.
 
C’est à cause de ton passé, hein ? Tu l’as bien caché mais moi j’ai vu que tu reconnaissais cette fille, tantôt, au labo. Emilia, c’est ça ?
 
Ouais, grogna Nell un peu déçue de ne pas avoir complètement réussi à se murer. C’était ma cousine germaine. Elle m’appelait le poison, et je la surnommais petit pois, ça te situe l’ambiance. Passe-moi plutôt les jumelles, et roupille.  
 
Moins de dix minutes plus tard, le beau Jim ronflait doucement. Tout était calme jusqu’ici.  Le rapport transmis affirmait qu’un raid avait réussi à forcer les barrages et à enlever les Romanov à leur affreux sort.
 
*Encore une fausse alerte…*
 
Pourtant, il lui sembla que…
 
Jim, debout ! Il se passe un truc dans la maison, le secoua-t-elle vivement.
 
Pas de doute, il y avait de l’agitation à l’intérieur au vu des lumières qui se baladaient de pièces en pièces à l’étage.  
 
C’est dingue, souffla Nell. On n’a vu passer aucun véhicule sur cette route. C’est la seule, et…
 
Sa réflexion express n’amena qu’une conclusion :
 
Les égouts ! Ils sont passés par en-dessous ! Merde !  Ramasse tes trucs, on fonce !  
 
Pour courir, ils coururent, paralyseurs brandis.
Vaguement, ils s’attendaient à un tir de barrage mais rien ne vint. Les sentinelles avaient-elles été mises hors de nuire ? Pas le temps de s’atermoyer, il fallait foncer. Si les partisans de Nicolas II parvenaient à lui épargner la fin cruelle, Dieu sait ce qu’il adviendrait du futur, de leur futur.
 
*Au pire, une nouvelle ligne sera créée, et basta !*, songea brièvement Nell qui se serait plutôt réjouie des événements en cours s’il n’y avait pas eu la fameuse charte à respecter.
 
Jim défonça les barreaux d’une fenêtre ; elle s’y glissa à sa suite.
 
Au sous-sol, vite !
 
Tu sais où est l’égout ? haleta-t-elle derrière lui.
 
En bas ! J'ai le plan en tête !  
 
Une porte entrouverte fut défoncée d’un coup de pied puis, une seconde plus tard,  l’enfer se déchaîna.  Des salves crépitèrent autant de devant que de derrière. Une douleur épouvantable dans le dos la fit basculer sur le corps avachi devant elle.
 
Jim…
 
Percevant à peine les voix en approche, elle pressa la détente de son arme droit devant. Un répit, un court, mais un répit, juste de quoi appeler le salut. Un autre flash fut projeté en arrière en grimpant sur la selle, elle s’évanouit en poussant la commande du sauteur.
 
Off, on, off, on… Nell oscilla ce qui lui parut un temps infini entre des limbes douloureuses et le néant.  Parfois, des voix s’enregistrèrent :
 
*Anglais, ils parlent anglais… j’ai tout foiré…*
 
Persuadée avoir été attrapée avant d’avoir réussi son saut temporel, elle préféra cesser de lutter, laissant la mort remplir son œuvre, sauf qu’autour d’elle on semblait décidé à l’empêcher de sombrer définitivement.  
Il faisait grand jour lorsqu’un poids énorme l’asphyxia presque et que quelque chose de très mouillé lui torturait la figure :  
 
Ça pue, ce truc ! dit-elle en se débattant.
 
Sa surprise fut de taille en constatant qu’en voulant écarter le supplice ses doigts s’enfonçaient dans… des poils ?
Seigneur, ce n’était qu’un immense toutou qui lui lavait le visage.  
 
Enlevez-le ! Par pitié ! Aïe !
 
 Ses gesticulations réveillaient ses plaies.  Elle entrevit un barbu entraver solidement la bête sauvage qu’il éjecta avant de se pencher sur elle pour lui débiter des paroles hachées :
 
… oui, je suis bien Nell. Vous êtes qui vous ? Où suis-je ?... Jim, Jim est là ?... Oh mon Dieu, je me rappelle : Jim est mort ! Il faut… je dois y aller… Non ? Comment ça non ? Vous n’avez pas d’ordres à me donner, je dois reprendre le sauteur et…   
 
Un type blond apparut en compagnie d’un couple d’âge mûr. Il y eut une seringue suivie du néant.
Bon Dieu, ce qu’elle se sentait mal. Le crâne à éclater, les tripes en révolution, Nell accrocha un bassin apparu sous son menton comme par magie. Une main fraîche la soutint tout du long tandis que des paroles apaisantes l’encourageaient :
 
… merci ! Ça va mieux, oui, soupira-t-elle en s’essuyant les lèvres du linge tendu.
 
Tiens, c’était le même gars barbu que tantôt. C’était quand tantôt ? Merde, il faisait nuit à présent.  
 
Ecoutez Mr. Clayton… Dave, si vous préférez. Dave, je vous suis reconnaissante de m’avoir soignée mais je dois absolument réparer un truc qui n’aurait jamais dû se produire.  Les Anglais ont enlevé les Romanov, vous pigez ? Les effets n’ont peut-être pas encore affecté cette époque, mais il faut rétablir l’ordre, et…   
 
Warrington – ce ne pouvait être que lui – s’approcha avec la mine de quelqu’un qui n’a pas dormi depuis longtemps. Tout compte fait, aucun de ceux qui entourèrent son lit n’avait particulièrement l’air en forme, surtout le barbu si attentif.
Lentement, tel on parle à une enfant malade, on lui expliqua son état. Cela faisait 15 jours qu’elle avait déliré entre la vie et la mort. Le haut commandement de la PTE était au courant de tout. Elle avait le feu vert pour rectifier le tir avec tous les renforts qu’elle jugerait opportun. Il ne lui restait plus qu’à expliquer la situation exacte aux membres de ce bureau.
 
 Une gentille blonde très enceinte – Toni avait-elle dit s’appeler – l’aida à sa toilette avant de descendre prudemment prendre un repas décent et faire son rapport.
À table se trouvèrent ainsi les cinq déjà entrevus plus un couple fort disparate dont :
 
Emilia ? Tu es encore là ?... oui, bien sûr que je me souviens de toi, comment autrement ?
 
Tandis que la cousine hésitait entre rire et pleurs, les autres tiraient une tête mitigée.
 
*J’ai dû rater une case !*
 
Mais avant les grands discours, il fallait alimenter la machine. Bonté divine ! Louise et Toni savaient régaler les palais. Certes, ces mets étaient délicieux mais le repas se déroula quasi religieusement. À part le bruit des couverts et de la mastication, on ne percevait pas grand-chose sauf que Nell apprit le comment sa cousine se retrouvait là.



*Recrutée? Ils sont courageux d'engager une fille pareille!*


Elle la félicita mollement de sa décision de faire enfin quelque chose de ses dix doigts. Puis, au dessert, Nell se lança :
 
Je tiens tous à vous remercier pour toute l’aide apportée même si je me demande pourquoi vous ne m’avez pas renvoyée à la base. Je devais être dans un sale état, apparemment… 5 balles, docteur ? Wow, je reviens de loin pas à dire… au propre comme au figuré. Je vous explique comment ça s’est passé…
 
Plus tard, elle poursuivit :
 
Ils nous ont eu par surprise : des gardes à la bouche d’égout, d’autres y dirigeant la famille impériale. Jim n’a pas eu le temps de… (bref hoquet) passons. J’ai eu le temps de réfléchir à une stratégie. Je dois repartir, et m’avertir du danger. Qu’en dites-vous ?...
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Dave Clayton
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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptyMar 21 Fév - 14:23

Son retour à Cambridge ne fut pas une décision prise à la va vite...en fait, cela lui prit presque trois mois...

La visite de ses amis l'avait secoué, riche en informations qui avaient donné lieu à bon nombre de suppositions jugées, il s'en doutait un peu, comme un délire fantasque dû à la dépression que tout le monde semblait très gré de lui endosser.
C'est vrai qu'il ne menait pas large, que penser à Nell lui faisait toujours un mal de chien, mais peu à peu, il remontait la pente en ressassant sa "brillante" théorie...celle qui avait eu tant de mal à passer et qui, foi de Dave, n'était si dénuée de sens que ça!

Sa décision de quitter le charmant petit bled, qui l'avait si bien accueilli, ne sembla surprendre personne. On s'empressa de le combler de bons vœux, de verser une petite larme opportune en espérant le revoir un jour et de rester sur le bord du trottoir en faisant des grands gestes d'adieu alors qu'il se perdait au coin de la rue.

La maison d'Henry n'avait subi aucun changement notoire. Pourquoi l'aurait elle fait? Après les annonces de ce besoin de renouveau faites à Noël, Dave s'attendait tout de même à une paire de surprises.

Il ne fut pas déçu! Il s'en étaient passées des choses en son absence, et pas des moindres.

Chaleureuses retrouvailles avec la maisonnée au grand complet, présentation rapide des nouveaux à bord. Oscar retrouva vite ses vieilles habitudes, après avoir un peu défoulé la fatigue du voyage en courant après Matou il se fit rapidement d'un nouvel ami en la personne du canadien ébouriffé.

Mais c’est un fameux lascar, ce gros nounours ! On dirait qu’il a envie de jouer. Tu permets, Clayton ?

Pas le temps d'en placer une, ils avaient filé.

Se gêne pas, celui-là!, marmonna Dave en captant instantanément l'attention de la belle Emilia qui avoua, ravie, être tout de son avis, *Joli minois mais ça a l'air de ne pas avoir grand chose dans la tête...m'enfin!*

Sotte ou pas, ça restait à revoir, la miss démontra au moins avoir une charmante répartie et des commentaires assez ingénieux. Toni, très arrondie, s'évertua à débuter sa mission remplumage, avec l'accord plénier de Grand-mère Clayton qui le jugea au bord de l’inanition, Louise, diplomate, se contenta de sourire alors qu'Henry donnait des signes d'impatience, lui, il voulait mettre Dave au courant de toutes les nouveautés survenues, en cours et à venir.

Me doute bien qu'on a du pain sur la planche, Doc...mais est ce que je peux finir mon bout de gâteau?

Sursis accordé. Mrs. Clayton en profita pour annoncer son prochain départ.

Maintenant que te voilà revenu à bon port, je suis rassurée, mon petit...je dois rentrer chez moi, m'occuper des affaires avant que ton cher père ne fasse trop à sa tête. J'attends néanmoins être tenue au courant de tout ce qui se passe!, et personne ne douta que plus qu'un vœu cela ressemblait pas mal à un ordre.

Ce sera fait, mon général!, rigola t'il en se sentant détendu comme pas depuis très longtemps et avalant vite fait son dernier morceau de succulent gâteau avant qu'Henry ne sonne le rappel incessant des troupes.

Majors, qui n'avait pas raté son retour, précéda la marche vers le laboratoire, pour activer une paire de trucs, mots textuels.

Si l'extérieur de la demeure du Dr. Warrington n'avait en rien changé, l'aspect de son saint des saints lui, avait pris des allures tout à fait futuristes avec des équipements issus d'une technologie de pointe n'appartenant pas au siècle en cours. Exigences de la PTE, lui expliqua-t'on. Henry le mit vaguement au courant de la création d'une espèce de succursale du 21éme siècle. Dave ne comprit que le quart de la moitié mais déjà le cher homme passait à autre chose et dévoilait, joyeux comme un gamin à Noël, le contenu des grandes caisses trônant au milieu du laboratoire.

Des motos!?...Enfin, ça y ressemble...Ah, des Sauteurs...ah bon?...Déplacement en suspension? Dans le temps, cela va de soi..., en fait il se sentait un peu dépassé, faudra que tu m'expliques avec du calme!

Le canadien voulut tester l'engin de suite mais le Boss refusa tout de go en assurant que personne n'y touchait avant de connaître à fond le fonctionnement et usages des fameux engins.

*On y sera encore à Thanksgiving!*

Ce fut alors que Dave fit connaissance avec l'Hypnos, que les autres utilisaient depuis un moment, et resta positivement sidéré et parfaitement informé, le tout en question d'une petite séance `pendant laquelle il ne fit que porter un casque à électrodes et être plongé dans un état proche au sommeil!
En revenant à son état conscient, il savait tout ce qu'il fallait savoir sur ces engins fantastiques qu'on nommait Sauteurs.

J’ai hâte de remonter dessus, voir ce que ça a vraiment dans les cylindres,  on en sait assez, maintenant, non ?

Il avait de la suite dans ses idées, ce petit gars canadien.

Oui, on peut dire ça, accepta Dave, encore précautionneux, je suis partant, mais il faudra attendre le feu vert d'Henry, il n'aime pas les improvisations, on lui en parle après le dîner...sais pas toi, mais moi, je meurs de faim!

Ils n'eurent pas trop à attendre le feu vert d'Henry, le cher homme semblait aussi impatient qu'eux de découvrir de quoi étaient capables les fameux sauteurs. Le premier test se ferait aussitôt le repas fini. Emilia voulait aller avec lui,  c'était sans compter avec Kit.

Dave est d’accord pour qu’on y aille à deux ! Tu devras passer ton tour !

Ah non...espèce d'enfoiré...

*Ça promet bien de joies, cette collaboration!*

Louise apaisa les esprits. Martin se chargerait de le beauté brune, lui se débrouillerait avec le canadien qui s’arrangea pour lui voler le vedette de très adroite façon avec un "pile ou face" en apparence incontestable.

*Futé, le tricheur...il ne perd rien pour attendre!*


Dave oublia toute animosité dès l'instant où débuta l'aventure.  En deux secondes ils survolaient Washington, l'instant d'après  Los Angeles, pour finir en se posant quelque part en plein désert, si silencieusement que le coyote maraudeur ne s’aperçut de leur présence qu'en se trouvant pratiquement nez à nez avec eux.

Si être passager lui avait produit des picotements d'euphorie, prendre les commandes déclencha une puissante sensation grisante de pouvoir. Il contrôlait l'engin avec une aisance extraordinaire, rapide changement de paramètres de vol et ils planaient sur les somptueux fjords du parc Kenai en Alaska sous la lumière de la lune, pour un clin d’œil plus tard survoler les scintillantes lumières de Miami avant de remettre le cap sur Cambridge où ils parvinrent sans heurts quelques secondes plus tard.

Henry les attendait avec une nouvelle qui ne semblait pas trop le réjouir: de agents de la PTE seraient là dans quelques heures.

Ils viennent passer inspection?

Henry ne savait pas grand chose ou ne voulait pas en parler devant tout le monde. Dave, qui n'avait pas du tout sommeil attendit que tout le monde se retire avant de retourner au laboratoire sûr d'y trouver le Dr. Warrington que les émotions rendaient habituellement insomniaque.

On parle un peu?, s'enquit Dave en servant deux verres de bon whisky, ben oui, il y a bien une paire de trucs que je voudrais savoir...suis pas revenu pour essayer de deviner tes cachotteries...Oui, Henry, suis là pour de bon, je ne raterais ça pour rien au monde...me doute bien qu'on ne va pas passer notre temps à se balader dans les airs avec ces merveilles...

Henry ne fut pas bien long à passer aux aveux complets. Il lui expliqua de long en large quelles étaient les vraies prétentions de la PTE.

Wow! Rien que ça!? Patrouilleurs du temps...Contrôle de dissidents, sanction radicale des fautes...des flics, en somme...Henry, c'est ton œuvre finalement, sans toi rien de cela n'aurait lieu!, il avait l'air presque contrit, Dave lui tapota l'épaule, on assume...quoi d'autre?..Non, pas peur...on en a vu de toutes les couleurs et fait un peu du n'importe quoi, encore heureux qu'ils ne veuillent pas nous passer l'addition de nos erreurs, après tout on a bien fait une paire de trucs dérangeants...

Il était très tard, ou très tôt, au choix, quand Dave regagna ses pénates, s'allongea sur le lit et resta là à repasser l'aventure de ce soir, à entrevoir le sans fin d'alternatives incroyables que leur offrait cette technologie du futur. Et, comme il ne pouvait pas l'éviter, penser à Nell en se posant mille questions, encore et toujours, à tourner en rond autour d'une situation au delà de ses limites.

*Encore...un jour j'aurai le fin mot de cette histoire, je saurai...je dois savoir!*

Dave n’aurait jamais cru avoir une partie des réponses si vite.

Je suis le Major Davies. Voici le lieutenant Watts. Nous avons besoin de ravitaillement avant de poursuivre notre mission.

Suffoquant presque,  privé de toute pensée cohérente, tous sens braqués sur l'apparition. Nell en uniforme de la PTE, Nell venant du futur, regardant tout le monde d'un air mi fâché mi perplexe, gênée sans doute d'être jaugée de la sorte par ce public de béotiens sidérés. Oscar, que personne n'avait songé à retenir bondit, tout à sa joie de retrouver Nell mais il n'eut pas droit à l'accueil espéré. Pas du tout!

Bas les pattes, Oscar...viens ici!, dit Dave d'une voix blanche, *elle ne te remet pas...ne remet personne...même pas sa cousine! Qu'est ce qu'ils t'ont fait, mon amour!?*

On n'entendit pas la voix du lieutenant. Le major se chargea de donner des ordres qu'on acquitta du mieux possible pour les voir disparaître sans l'ombre d'une explication.

C'est ça qu'on va faire...ravitaillement....vaillante mission que la nôtre!, grogna Dave, ombrageux, mais vous voyez...suis pas fou, ce sont bien eux qui l'ont, Nell...


Piètre consolation! Emilia, compatissante, trouva une explication, somme toute assez logique, qui résumait bien la pensée des présents: lavage de cerveau. Volontaire? Involontaire? Il existait sans doute un dossier, quelque part, classé et secret. Ce n'était pas demain la veille qu'ils connaîtraient la vérité.

La prochaine que le tel Lescot s’amène, je lui tire les vers du nez!...Ouais, me doute bien que ce ne sera pas facile...au plus il m'envoie un rayon paralysant...mais j'ai le droit de savoir...

Patiente et maternelle, Louise lui fit comprendre que Nell n'étant pas sa femme, aucun droit ne l'assistait. Miss Watts était partie de son propre gré, décidée, en toute évidence à couper tout lien, ce qui après sa glaciale apparition, continuait d'être sa plus véhémente intention.


Comme quoi...je fais avec!? Je l'oublie aussi!?, il fraya un instant l'hystérisme mais son amour propre reprit le dessus, je m’attendais à n'importe quoi...mais pas à ça...je perds ma fiancée et la retrouve, venant du futur...on fait quoi, dans ces cas?

Toni donna le mot d'ordre: patience! Dave se demanda d'où un impatient comme lui irait puiser cette rare vertu.

*Attendre quoi, à la fin? Qu'elle reconsidère les choses? Qu'elle veuille revenir?*

Mais au fond, Dave savait très bien que rien ne serait si facile. Nell avait fait son choix, ou on l'avait aidée à le faire. Peu importait, visiblement le résultat revenait du tout au même: il était hors-jeu!
Alors, la patience céda place à une certaine résignation qui était encore très loin de le rendre heureux...mais ça viendrait, qui sait? Retrouver ses repères n'était pas aisé non plus, trop de choses avaient changé...Martin et Toni, tout à leur bonheur, leur enfant, leur futur. Finies les petites sorties entre copains, entre travail et famille, le Dr. Lescot n'avait plus la tête à jouer les copains. Henry? Jamais dans le coup, ou pas trop. Majors, fidèle à lui même, le détestait aussi cordialement que toujours. Difficile de se trouver sur la même longueur d'onde que Miss Clairborne, quant à Kit, il avait encore du mal à définir le caractère profond du canadien. Le seul qui restait indéfectible était Oscar...

*Ouais...*

Après un petit déjeuner raté, tout le monde, sauf Kit, semblait avoir perdu l'appétit, chacun s'engagea à vaquer à ses affaires. Henry fila s'enfermer dans son bunker en compagnie d'un Majors bouleversé. Mr. Brown décida d'aller défouler les émotions matinales en promenant Oscar, Emilia opta pour le shopping, en assurant que cela lui calmait les nerfs, ce qui lui ressemblait bien. Louise et Toni s'occupaient à la cuisine. Martin était parti à l'hosto. Dave, abandonné à lui même opta pour la réclusion dans le bureau, où il se laissa aller à une rageuse session de réflexion profonde, qui ne lui apporta rien de trop réjouissant à part une folle envie de casser quelque chose. Il était là à se demander par où commencer quand les cris de Majors mirent la maisonnée en émoi. Pensant qu'Henry avait fait un malaise Dave délaissa ses idées destructives et courut au labo, suivi de très près par une Louise affolée et une Toni qui avait du mal à suivre le mouvement.

Henry se portait comme un charme mais était sensiblement dépassé, sans aucun besoin de questions, tous comprirent la raison. Au beau milieu du laboratoire, se trouvait le sauteur des agents de la PTE, le même qui avait disparu quelques deux heures auparavant pour emmener les patrouilleurs aux temps de la Révolution Russe, et accrochée à l'engin comme noyé à sa planche de salut une femme vêtue de paysanne dont le fichu laissait deviner le roux de ses cheveux.

NELL!!!, il avait hurlé alors que personne ne bougeait, sous le coup de la surprise, NELL...

Elle releva lentement la tête et ils purent voir son visage blême, aux traits tirés de douleur, puis lentement le sang sur ses vêtements fut évident.

Elle est blessée...appelez une ambulance, les secours...Martin...mais qu'est ce que vous attendez, nom de Dieu!!!, en un bond il fut auprès d'elle, juste à temps, la jeune femme basculait de sa place et tomba dans ses bras, évanouie, BOUGEZ VOUS!!!

Il entendit Toni hurler dans son mobile sommant son mari de se présenter le plus vite possible. La respiration filante de Nell l'angoissait tout autant que le sang qu'il sentait imbiber la toile rustre de sa robe.

Tiens bon, ma chérie...tiens bon...les secours arrivent!, il ôta l'affreux fichu et caressa doucement ses cheveux, toujours aussi courts, essuya une trace de sang sur sa joue livide en faisant des efforts pour ne pas se mettre à hurler.

Une main énergique se posa sur son épaule.

Posez la sur le sol, Mr. Clayton, et écartez vous, je dois l'examiner!

Dave releva vivement la tête et dévisagea celui qui avait parlé. Un homme en uniforme de haut gradé de la PTE. Sans besoin d'être présentés, il sut de qui il s'agissait.

LESCOT!!! Vous...que...

Pas le temps!, gronda le bonhomme, laissez moi examiner le lieutenant!!!

Ah parce ce que vous êtes aussi médecin!?, riposta t'il hargneux, sans lâcher prise.

Il se trouve, oui...obéissez!!!

Henry, derrière le commandeur, hocha la tête. Le plus délicatement qu'il put, Dave obtempéra, abandonnant sa chérie aux mains expertes.

S'il lui arrive quelque chose, je vous jure que vous la payerez!

Mais Lescot ne releva pas, trop occupé à examiner les blessures de Nell qu'il avait doucement retournée. Dave sentit ses jambes flancher, aucun besoin d'être médecin pour deviner qu'on l'avait abattue traîtreusement en lui tirant dans le dos. Martin, passablement affolé par l'appel de sa femme mit un temps record pour se présenter sur les lieux, soulagé sans doute de voir que cette dernière n'accouchait pas, mais reprenant très vite ses esprits pour assister son descendant dans sa délicate tâche. Tout se passa très vite à partir de ce moment. Dans l'impossibilité de bouger Nell sous peine d’aggraver son état, une station médicale futuriste fut improvisée dans le laboratoire. Lescot du 23ème siècle se chargea de rapatrier illico tout l'équipement et personnel nécessaire. On mit tout le monde dehors pour procéder à aseptisation des lieux et il ne resta plus qu'à attendre.

Toutes les deux minutes, Dave regardait l'heure,mais le temps, dans toute sa splendeur relative, semblait refuser d'avancer. La torture dura trois heures et 23 minutes, pendant lesquelles il refusa de boire, manger ou même parler, peu importent les efforts faits pour l'amener à de meilleures considérations.
Martin apparut, il souriait, rassurant. Dave aurait ou pleurer de soulagement mais l'apparition du Lescot du futur coupa court tout atermoiement.

Le lieutenant Watts se remettra, les avances en techniques médicales de notre temps ont permis de lui sauver la vie!

Oui, sans doute, rugit Dave, tout aussi bien qu'elles auront servi à lui effacer la mémoire, non? Qu'est ce que vous lui avez fait!?

Rien qui n'ai été accepté volontairement. Au contraire de ce que vous semblez croire, Clayton, tiens on avait passé de large le Mister, nous ne sommes pas une société contraignante qui oblige à quoi que ce soit, nous nous basons sur la liberté de chaque être de choisir sa destinée. Je comprends que cela soit un peu dur à saisir mais telle est la vérité, c'est à prendre ou à laisser, mais peut-être le comprendrez vous plus tard!

Bien qu'entrevue, cette vérité si dénuée de la moindre émotion, lui tomba dessus comme un coup de massue. Nell avait donc délibérément choisi cette amnésie, somme toute, sans doute accommodante. Après tout, se défaire de tout problème du passé et recommencer à zéro peut être une alternative très attrayante.

*Décidément, mon pauvre pote, quelle façon radicale de te sortir de sa vie!*

Tomber en franche auto-compassion aurait pu être une réaction à prévoir mais Dave s'y refusa de toutes ses forces. Il ne pouvait pas vivre en traînant un chagrin inutile comme un forçat son boulet. Nell Watts avait décidé de l'éradiquer de sa vie? Soit. Elle avait fait son choix, à lui de faire le sien. Ni évident, ni facile mais amour-propre à l’appui plus une certaine idée lui tournant dans la tête, éternel optimiste, Dave Clayton assuma la situation.
Nell resta une dizaine de jours plongée dans un coma assisté, avec pronostic réservé. Le staff médical importé du futur veillait consciencieusement mais demeurait d'un hermétisme blessant. Cela dura ce que cela devait durer, c'est à dire jusqu'au jour où un Henry hors de lui exigea d'être mis exactement au courant de ce qui se passait. Mal en prit à celui qui essaya de calmer sa juste fureur. Acte suivi, on eut droit à une nouvelle visite du commandeur Lescot qui essaya, à sa diplomatique mais impérative façon, d'apaiser les esprits.

Du moment, cher Dr. Warrington, que vous avez accepté de devenir l'officine de relai du 21ème siècle pour les Amériques, vous acceptiez aussi que nos agissements comme maison mère...

Vous en avez des bonnes, là, interrompit Dave tout morgue et défi, maison mère?...Révisez vos comptes, commandeur...sans nous, vous n'existeriez pas, un point c'est tout...et ne me parlez pas de faits alternatifs, on en a un peu marre, de l'idée. Celle ci est la demeure de Henry Warrington, le père créateur...un peu de respect quand même!

Il me semble, Clayton que...

Mr. Clayton pour vous, le même qui a mené a bien la première expérience connue de ce genre...un pionnier. Je pense, commandeur, que nous sommes, et je parle au nom des présents, méritants de bien plus d'égards et respect que vous n'en démontrez.

Lescot aurait sans doute voulu le scotcher au mur d'un regard furibond mais Dave le nargua avec un sourire de travers.

Vous n'êtes qu'un impudent imbu de soi, Clayton, vous savez très bien que la PTE...

Génial, et maintenant on en vient aux menaces...vous allez faire quoi, commandeur, effacer ma ligne, me condamner à l'oubli, me traîner face aux dernières instances de votre futur? Votre éthique me fascine, comme quoi l'être humain ne varie pas d'un poil depuis la nuit des temps. Un peu de pouvoir et vous voilà promu juge et exécuteur...Écoutez moi bien, votre agent est ici, sous notre toit, et vous connaissez son histoire...elle apparemment non, mais cela revient du tout au même, vous savez très bien quel rôle on a tous joué dans sa vie et elle dans la nôtre, si elle n'en sait plus rien, tant pis, on fait avec, mais pour nous cela ne change rien...on veut savoir de quoi il en va, rien que ça...on veut être informés, savoir ce qui va suivre, ce qu'il faut faire ou pas...alors, si vous avez quelque chose de constructif à nous communiquer, c'est le bon moment!

Avec une admirable maîtrise de soi, le commandeur Lescot livra un exposé, court et clair. Le lieutenant Watts était en bonne voie de rémission, elle resterait à Cambridge et poursuivrait sa mission selon son bon jugement. Lescot stipulait, en bonne connaissance de cause, que son agent chercherait à retourner la situation et sauver son collègue, sans pour autant attenter contre le résultat cherché: l'éradication, barbare, de la famille Romanov.

Mais, bien entendu, vous ne supposez pas qu'elle ira s'y prendre toute seule...si je ne me trompe pas, il est interdit, sous peine de mort, de se retrouver soi même dans un paradoxe temporel...ce qui veut dire, en peu de mots, que Miss Watts ne pourra pas être tout à fait de la partie...je me trompe?, encore un regard de dieu lésé dans sa majesté de la part du commandeur, donc...c'est nous qui irons...ça vous va!?

*Faute mieux! Il ne manque pas de culot, cet enragé, il fera un bon agent...oh que oui...après un bon entraînement...et de la chance!*

Oscar fut le premier à remarquer que Nell reprenait ses esprits et bien entendu sauta sur l'occasion. On ne saurait mieux dire!

Ça pue, ce truc !...Enlevez-le ! Par pitié ! Aïe !

Pas de souci, ce n'est qu'un gros chien entreprenant...il pensait vous sauver la vie. Ça va, Nell?

S'en suivit un échange poli, ardu, compte tenu des circonstances, où le nom de Jim revint plus d'une fois, sans équivoque, la miss se faisait de la bile pour son compagnon d'aventure.

Je pense que Jim ne s'en est pas sorti, informa Dave en mode sans cœur, mais ça va bien pour vous...

Oh mon Dieu, je me rappelle : Jim est mort ! Il faut… je dois y aller…

Pas question, ma jolie, vous ne bougez pas!

Non ? Comment ça non ? Vous n’avez pas d’ordres à me donner, je dois reprendre le sauteur et…

Pas question de discuter, fixés sur l'état d'esprit de la miss, le mieux à faire fut de la renvoyer aux limbes, après tout, ce dont elle avait besoin maintenant était du repos. On s'en chargea...avant qu'elle ne revienne à la charge, une fois tous ses esprits en place. Connaissant Nell, on anticipa que la partie ne serait du gâteau. Elle ne les déçut pas!

J’ai eu le temps de réfléchir à une stratégie. Je dois repartir, et m’avertir du danger. Qu’en dites-vous ?

Cela bien entendu après les avoir mis en antécédents...Agents anglais lancés au périlleux sauvetage de la famille impériale...feu croisé, malheur assuré...et pour autant, rattraper le coup.

*Euh...éliminer les anglais, laisser Nicolas et famille à leur sort, sauver le tel Jim et foutre le camp avant que...quelle saloperie!*

Et pourtant c'était bien la stratégie mûrie par la miss entre coma et roupillon, on ne pouvait qu'admettre que la "petite" avait de la suite dans ses idées. Lescot devait en savoir long sur ce talent pour débrouiller les affaires compliquées car lors de sa dernière visite, oui, il en avait fait plusieurs en quelques jours, il avait donné "feu vert" pour ce que déciderait le lieutenant Watts, qui, entre ceci et cela avait, quand même reconnu sa cousine Emilia.

*Ah bon? En plus il est sélectif, son oubli...de mieux en mieux!*

Il attendit patiemment que son ex ait fini de présenter son plan d'attaque avant de, sans préavis, lâcher, comme si rien:

Il est foireux votre joli plan...faut dire que depuis le début ça ne valait pas grand chose, votre cher Jim ne devait pas avoir les idées trop claires ou voulait vous épater, en tous cas vous êtes tombés dans le piège comme des rats, silence mortel, regard acéré par dessus la table qu'il ignora joyeusement, c'était à prévoir que les anglais tenteraient le coup, après tout Nicolas de Russie était le cousin germain de George, roi d'Angleterre...on aurait pu compter aussi avec les allemands, et pas sûr qu'ils n'aient pas été dans le coup, après tout la tsarine Alexandra était une princesse allemande...toute sorte de rumeurs courent par là, mais je suis sûr que vous avez tout épluché avant de vous lancer à l'aventure...ce que je ne comprends pas alors est pourquoi vous avez décidé de jouer aux héros solitaires alors qu'il y avait sans doute un moyen plus sûr pour s'y prendre, petite pause pour respirer et mesurer l'effet qui était fameux, tiens...vous voilà toute pâle...vous sentez vous d'aplomb, lieutenant ou on laisse ça pour demain?

Encore heureux que Louise, prévoyante avait enlevé, autour du lieutenant Watts, tout objet susceptible de servir comme projectile, ce qui sauva sans doute Dave de se prendre une assiette ou Dieu sait quoi sur la tête mais n'empêcha pas la miss furieuse de se redresser en fichant sa chaise en l'air, l'humeur au noir meurtre.

Mais voyons, calmez vous! Nous sommes là pour vous filer un coup de main, ce qui ne veut pas dire qu'on ira s'offrir en joie de cœur sur l'autel des causes perdues!, il leva la main pour arrêter le flot de paroles prêt à se déverser, ce qui ne veut pas dire qu'on restera comme si rien...on ira, mais on suivra un plan plus judicieux...et vous, vous restez ici, reprendre vos couleurs...ne soyez pas ridicule, lieutenant Watts, vous tenez à peine sur vos guibolles, celle ci est une affaire d'hommes!

Il saisit au vol s'être fait traiter de macho stupide mais se contenta d'un sourire nonchalant avant de se tourner vers Martin pour discuter avec lui, laissant Miss Watts s'étouffant de rage.

*Après ça, le déluge!*

Mais non! Pas de déluge, pas de foudres olympiennes, pas de mort brutale ou subite. Furieuse mais digne, Miss Watts quitta la table, laissant aux autres le loisir de se faire les idées qu'ils voudraient. Dave faisait comme si rien mais au fond n'était pas trop fier de lui. Son comportement tenait de l'infantile, que dire d'autre? Bien entendu, on pouvait comprendre que l'amertume y ait eu beaucoup à voir...mais quand même. Et comme il est bon de dire ce que l'on pense, sans aller aux extrêmes, on ne se priva pas de lui en faire la pertinente remarque avec grand doigté et meilleurs sentiments.

Ok...j'ai pigé, suis le dernier des obtus, le plus con aussi...et qu'est ce que je dois faire, à votre si docte avis?...Demander des excuses? Et quoi plus? De toute façon, elle n'en a rien à foutre de mes excuses...elle me déteste!

Toni, énervée, le régala de quelques noms d'oiseau en allemand, langue extraordinairement graphique. Emilia éclata de rire et Louise fit des efforts pour ne pas l'imiter,  Dave lui, en fit autant (d'efforts), mais tout juste pour ne pas se vexer pour de bon. Pour une fois Kit ne l'ouvrit pas, Martin avait déjà dit ce qu'il avait à dire et Henry jugeant qu'il était temps de réviser un quelconque algorithme, vida les lieux. Un intense silence s'en suivit, incommodant.

C'est bon, grommela Dave, j'y vais...mais si elle me descend, ce sera de votre faute!

Il trouva Nell dans le bureau, assise face à la fenêtre, l'air abstrait dans la contemplation du jardin. Si elle l'entendit arriver, la jeune femme n'en fit pas état et quand il se plaça dans son champ visuel, elle n'en broncha pas plus.

Suis désolé...enfin, ce que je veux dire est que..., il se sentait aussi stupide que possible, oubliez ce que j'ai dit...enfin, il pataugeait, pas tout...on va vous le filer, le coup de main et puisque le temps est ce qu'il est...relatif, je suppose que quelques jours de plus ou de moins ne feront pas la différence...

Elle eut la bonne grâce de lui épargner le reste de sa minable prestation en assurant, d'un ton uni assez froid, qu'il n'avait pas à se faire de la bile, que de toute façon le commandeur Lescot avait prévu de faire une de ses visites informatives et qu'il en saurait plus le moment venu. Fin de l'entretien, l'ignorant, comme s'il était devenu invisible, elle reprit sa contemplation passive de l'extérieur.

*Ouais...encore saqué!*

Curieusement, elle rigola en douce comme si quelque chose l'amusait...ou comme si elle avait deviné sa pensée. Ne cherchant pas à comprendre, il la laissa là et se mit en quête d'Oscar pour aller faire une balade qui lui remettrait les idées en place, mais Emilia l'informa que le brave toutou était parti avec Kit et en passant se proposa pour l'accompagner faire un tour en assurant qu'il avait la tête de qui a besoin d'un bol d'air frais.

*Enfin...au moins elle ne voudra pas squatter la pelouse du voisin!*

Le commandeur Lescot n'était pas de ceux qui perdent du temps. Le lendemain, pile pour le petit déjeuner, auquel on le convia par politesse. Il s'intéressa vivement sur la santé du lieutenant Watts, qui, on s'en serait douté, assura se porter comme un charme.

*Ça ressemble bien à "miss je sais et peux tout"!*

Bizarre sensation, comme s'il avait parlé à voix haute, Nell lui décocha un regard limite hargneux. Dave se concentra sur sa tartine, se limitant à écouter.

Je ne saurais que me réjouir en constatant le rétablissement du lieutenant et votre bonne disposition pour rétablir l'ordre de ce fait disgracieux, je donne mon autorisation pour mener à bien cette mission..., il pérora assez en longueur sur certaines spécifications incontournables, faisant un parenthèse insistant sur la sauvegarde impérative de certains traits de l'histoire qui ne pouvaient, absolument pas, connaître de variation, je le dis et le répète, très en connaissance de cause sur certains faits...

On fit comme si rien, pas la peine de jouer les innocents, la plupart, sauf sans doute Nell, Emilia et Kit, savaient sciemment à quoi venait la référence. On n'irait pas faire le rôle de justiciers redresseurs de torts, simplement sauver la vie d'un agent et laisser qu'une histoire pourrie suive son cours déjà connu. Le canadien, émoustillé par ces débuts prometteurs voulut savoir s'ils auraient droit à un entraînement préliminaire ou ressemblant.

*Ressemblant à quoi? On va au casse pipe à la bonne franquette...pour ce qu'ils ont à perdre!*

Cette fois ce fut Lescot qui le fulmina d'un regard peu amène tout en répondant en quelque sorte à sa pensée si peu enthousiaste.

C'est une mission qui n'engage pas de grands risques...Une fois le danger prévenu,le contrer sera un jeu d'enfants, l'atout de la surprise n'étant en rien négligeable et les anglais ne sauraient que collaborer. Vos dossiers, très complets et vérifiés en détail, me rassurent sur le fait que vous saurez parfaitement vous débrouiller.

*Et si pas?...On a une belle assurance couverture tout risques avec retraite aux Caraïbes au cas de finir éclopés...si on revient?*

Cette fois, il ne rata pas le geste agacé de Nell et le regard ironique de Lescot.

*C'est pas vrai...ces deux là lisent mes pensées!!!...Je trouve votre petit tour de télépathes d'assez mauvais goût, c'est tout contre les lois du fair-play en plus d'attenter bassement contre notre sphère privée.*

Effet immédiat. Le Commandeur posa sa tasse de café et se leva.

Clayton, voudriez vous me rejoindre un instant...en privé!

Une fois la porte du bureau fermée, le grand ponte de la PTE dévisagea ouvertement Dave.

Comment avez vous su?


Je suis assez bon observateur et dernièrement sur mes gardes. Je sais une paire de choses et en déduis quelques autres...

On pouvait s'en douter! Je comprends votre position en ce qui touche le lieutenant Watts et croyez moi, cela me désole en quelque sorte, mais cela était nécessaire pour elle...je vous l'ai dit: c'était son libre choix. Ses raisons lui appartiennent et je ne tiens pas à connaître les détails...

Dave émit un petit rire ricanant.

Pas besoin de jouer les finauds avec moi, commandeur, vous savez que je sais que vous savez donc...mais enfin, chose faite, on ne reviendra pas dessus. On fera ce qui doit être fait, après...on verra bien de quoi demain sera fait...enfin nos lendemains, quoique je suppose que vous le savez déjà.

Julien Lescot se contenta de sourire en lui serrant la main avant de prendre congé.

Nell ne chôma pas. Prise d'une folle frénésie, la miss tint à un briefing détaillé après une séance d'hypnos exhaustive qui les transforma en moins d'une heure en utilisateurs patentés de tous les gadgets futuristes à leur disposition avec des larges connaissances de russe début du 20ème siècle.

Comme prévu, le déplacement temporel se fit sans heurts et leur arrivée, non loin de la villa Ipatief fut sans surprises. Nell connaissait exactement le déroulement des faits. Quelques instants plus tard, le Major Davies et le lieutenant Watts, de la mission initiale, posaient leurs sauteurs à quelques mètres de ceux qui venaient de les amener eux à ce 15 juillet 1918. Ils les virent entrer dans l'enceinte très surveillée de la villa-forteresse.

Je ne sais pas comment vous allez vous y prendre pour vous avertir vous même mais je suppose que vous savez que faire...Nous savons que les anglais passeront par les égouts, nous n'avons qu'à faire de même...avant qu'ils n'arrivent...pas de souci, je sais exactement comment y arriver, il rigola, Hypnos, rudement utile!...On les attendra tranquillement, mettra cartes sur table, on trouvera bien quelque argument valable et si pas...vous savez ce qui reste à faire!

Son plan ne semblait pas forcément l'enchanter mais si elle en avait un autre, le lieutenant Watts n'en pipa mot.
Curieusement, l'entrée des fameux égouts, en pleine campagne, à une centaine de mètre de la première enceinte, n'était pas surveillée.

Je parie que les cousins anglais ont dépensé une fortune en pots de vin...profitons donc de la largesses de sa Majesté George V...Kit, Emilia, vous nous suivez puis à mon signal restez en retrait...Non, Watts, je ne vous vole pas la vedette...arrêtez de grommeler, ça rend vieille et moche...

L'endroit était affreux, étroit, nauséabond. Une chaleur collante, chargée de miasmes les empêchait presque de respirer.

Vos masques...maintenant!

Merveilleux gadget de matériel léger et transparent qui s’adaptait à leur visage comme une deuxième peau. Respirant librement, ils avancèrent à bonne allure. Le signal donné, Brown et Clairborne se dissimulèrent dans un coin et éteignirent leurs lampes de poche. Dave et Nell avancèrent, dépassant l'endroit de l'embuscade. Il consulta sa montre.

Vous avez cinq minutes, faites ce que vous avez à faire...je me charge du reste.

Elle se faufila vers l'avant, allant à "sa" rencontre. Dave la suivit quelques mètres puis s'arrêta, tous sens en alerte.

À vous!, souffla t'il dans son micro de communication. Brown donna son ok.

La suite fut une magnifique embrouille, pourtant assez bien orchestrée.
Les anglais avaient joué d'une tactique parfaite, pensant que Nell et Davies étaient des bolcheviques infiltrés,  les avaient pris dans une manœuvre de tenaille et éliminés sans poser des questions. La donne avait changé, cette fois. L'atout majeur de la surprise eut le dessus. Des questions, ils en avaient. La principale: d'où sortaient ces gens armés si bizarrement et vêtus idem? Comment connaissaient ils chaque point de leur plan? Le moment n'était pas exactement aux longues explications.
D'ailleurs, comment expliquer qu'il faudra laisser mourir le Tsar, sa famille et ceux qui les suivaient parce que sinon leur monde en serait chamboulé? Dave n'essaya même pas, au risque d'emmêler les pinceaux. Nell revenait, le pouce droit discrètement levé lui signifia du succès de sa mission à elle.

L'affaire se corsa cruellement, quand  deux autres agents britanniques apparurent en escortant la famille impériale. Mais quelque chose clochait de bout à bout. Le Tsar Nicolas se refusait à fuir, convaincu que son devoir était de demeurer en place, que ses juges, quels qu'ils fussent sauraient se montrer justes. La Tsarine Alexandra, ne voulait rien entendre d'abandonner son mari, d'ailleurs le petit prince Alexis, hémophilique, était trop mal en point, après une lourde chute et un tel déplacement signerait son arrêt de mort. Échange de regards navrés entre comploteurs et patrouilleurs. Après un court conciliabule à mi voix, la décision tomba: les anglais aideraient à fuir les princesses, trois d'entre elles: Tatiana, Olga et Anastasia. L’aînée Maria ne voulut pas entendre raison et resta avec ses parents. Adieux déchirants. Le Tsar ordonna à sa suite de fuir également. Son regard était celui d'un homme résigné à suivre sa destinée. Dave devina qu'il ne se faisait déjà aucune illusion quant à l'issue de sa détention.

C'est un honneur de vous avoir rencontré, Votre Majesté Impériale...sachez que votre souvenir perdurera et sera vénéré. *Que Dieu ait pitié de votre âme!*

Nicolas II serra sa main avec un hochement de tête et Dave se sentit misérablement coupable d'être, bien malgré lui, complice d'un crime exécrable.
Le retour se fit en silence, pas un commentaire ne filtra dans les micros. Une fois dans la sécurité douillette du salon, à Cambridge, Kit, sans demander l'avis de personne fit main basse sur le meilleur whisky du Dr. Warrington et servit largement un verre à chacun.

Mission accomplie, ligne intacte. Ne demande pas de détails, Henry, limite toi à savoir que c'est une désagréable corvée, que la nôtre...et si ça ne te dérange pas, je compte me soûler ce soir...On va supposer que ça devient plus facile avec le temps, cas contraire je finirai avec le foie en passoire et en état végétal d'ici eux ans!

C’était sans compter avec les manières expéditives de la PTE, représentée, encore et toujours par le commandeur Lescot, qui, on finirait par le croire et accepter pleinement, s'était pris d'une franche affection pour ce passé, source de tant de rebondissements et pour ses chers aïeux, Toni et Martin.
Le lendemain de leur pénible aventure d'intronisation, le cher homme se présenta chez Henry, décemment vers l'heure du dîner, alors qu'on récupérait bien que mal d'une gueule de bois monumentale. Il attendit la fin du délicieux repas, qu'il dégusta allègrement.

Bien, mes amis, le moment est arrivé...vous êtes attendus au camp de base n°1. Petit dépaysement, communion avec la nature ce qui vous fera un bon entraînement de survie en conditions adverses! Et,non, Clayton, votre chien surdimensionné reste ici, lui...sans quoi il risque de bouleverser le bon ordre des choses...

Vous m'emmer...embêtez avec votre manie indiscrète...et c'est où votre camp de base?

Petit sourire entendu échangé avec Nell qui semblait, pour une fois, s'amuser. Dave supposa que cela ne signifiait rien de trop bon, tant d'engouement.

Juste avant de se poser sur la plateforme du camp, soit dit en passant en si parfaite harmonie avec la nature environnante qu'il semblait en faire partie intégrale, ils avaient plané quelques instants sur la paisible vallée, le temps d'apercevoir des mammouths paissant aussi tranquillement que des vaches dans une prairie suisse. Dave crut rêver, mais le sonore juron de Kit, via micro le rassura...il n'était pas le seul à avoir des visions préhistoriques. Emilia, devenue, depuis peu, éminence grise, y alla de quelques infos pertinentes.

Ah bon...Paléolithique supérieur...ouais, survie en conditions adverses...on fera quoi, chasser le mammouth avec des lances à la pointe de silex?

Découvrir les installations du fameux camp de base eurent, Dieu merci, l'heur de rassurer les néophytes. Le futurisme le plus flagrant était de mise, confort à la clé, accueil chaleureux. Chacun eut droit à sa chambre qui sans être une suite hôtel cinq étoiles, ne manquait de rien pour satisfaire les exigeants. Plus tard, ils rencontrèrent les autres résidents du camp, amalgame d'époques, races, religions, hommes et femmes, vivant en bonne harmonie...et le major Jim Davies, si franchement ravi de retrouver Nell, qu'il oublia même de remercier les autres de lui avoir sauvé la peau. Dave lui voua, dès cet instant, une virulente antipathie. Emilia le trouva charmant et Kit, sage gars, resta sans parti pris.  

Au début, on s'entraîne, informa Duncan, 17ème siècle, écossais, après on revient pour se ressourcer...c'est si paisible!
 
Dave fit un effort pour le croire...
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Kit Brown
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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptyVen 17 Mar - 13:15

S’il l’on avait dit à Kit Brown qu’il serait à l’aise, voire très à l’aise, en menant une vie rangée loin de la tribu, il se serait écroulé de rire. Or, contre toute attente, la vérité était là : il se plaisait chez Warrington. D’accord, il fallait faire abstraction des manies des uns et des autres. Tenez, Henry, par exemple. Sous des dehors bourrus, peu loquace et souvent tête en l’air, le cher homme était une crème. Il poursuivait son but et y réussissait sans tirer gloriole. De même son épouse. Louise avait beau vouloir gendarmer la maisonnée, Kit la devinait plus encline à la gentillesse qu’elle ne voulait le démontrer. Les Lescot ? Bof, des gens bien, eux aussi. Toni ne pensait qu’à régaler les ventres, et au sien de ventre qui s’arrondissait doucement. Martin, lui, semblait ravi de tout, quoique… Peut-être qu’un peu de jalousie – ou d’envie – le titillait aux entournures lorsqu’il entendait les futurs voyageurs commenter leurs expériences via Hypnos. Clayton?  Ah, Clayton… le cas typique de l’amoureux éconduit. Pas marrant, le gars. Somme toute, si la petite Nell avait fui, Kit pouvait la comprendre et, même si les raisons données à sa désaffection étaient loin d’être claires, on pouvait imaginer que le mec y avait sa part de responsabilités. Ce Dave avait beau frimer, il était encore bien mordu. Preuve en fut lorsque Miss Watts se pointa en charmante compagnie. Enfin, pas si charmante que ça, car le Jim-James Davies qui l’accompagnait semblait avoir un fameux balai collé profond au fondement. Au bout de tous ces cinémas, restait l’incontournable Miss Clairborne. Celle-là… Elle en fit un cirque parce que la tite rouquine – sa cousine ( ?) – n’avait pas eu l’heur de la recadrer.  Kit, qui n’appréciait déjà pas Emilia, s’aigrit davantage. Il détestait les geignardes, et celle-ci en était un bel exemplaire. Dommage… elle semblait à même d’être un tantinet agréable, à l’occasion. De plus, elle faisait réellement des efforts pour évoluer dans le sens voulu par le staff de l’équipe. Puis, il y avait Oscar ! Là, le courant était passé immédiatement au point que si l’on avait demandé à Brown qui il préférait de la bande, il aurait répondu sans hésitation : le chien !  Grâce à cet animal fougueux, le jeune homme conservait la forme. Jamais fatigué des balades ou des jeux, Oscar donnait du ressort, de l’action, de cette chose palpitante qui manquait jusqu’ici à cette vie de pacha.  Oh, Kit n’avait à se plaindre de rien. Il était gavé d’infos par une machine, gavé par les plats de Mrs. Warrington et de sa fille… Ouais ! Sans Oscar pour le remuer, il serait devenu aussi gras qu’une oie… gavée.
Souvent, le soir, après avoir été nourri de l’intellect et du bide, il griffonnait des esquisses, caricatures de son entourage. Ils en auraient tiré une tête en voyant la leur ainsi représentée. Mais aussi, il croquait beauty, l’imaginant en pleine résurrection. Les dollars envoyés à son pote devaient sûrement opérer le miracle espéré. Tôt ou tard, il la récupèrerait, et ciao la compagnie !  
Lui qui souhaitait que ça bouge fut amplement servi avec, à peine quelques heures après son départ, le retour de la rouquine. Et quel retour ! Tout l’ordre des jours en fut chamboulé. On eut même droit à plusieurs visites express du grand commander en personne. Ce gars-là était aussi toubib – sans doute une tare héréditaire – et, secondé par son arrière-arrière gnagna grand-père, il retapa une Nell très amochée.
Deux faits marquants s’imposèrent ensuite : Dave était un rustre fini, et on allait enfin avoir de l’action sur le terrain.  Kit passa allègrement sur le 1er. Que lui importaient les états d’âmes de Clayton ? Il avait envie de s’aliéner Miss Watts ? Son problème.  Le pied était d’utiliser les sauteurs !  On allait ENFIN faire une virée dans le temps. Pas n’importe lequel, en plus. Rien de moins que la Russie du dernier Tsar.
Pour être émoustillé, Kit le fut. Il grillait littéralement d’impatience en enfourchant cette bécane sans roues. Hélas, trois fois hélas, il ne se passa… quasi rien. Rien de ce qu’il attendait, en tout cas. D’abord, Dave se posta en chef d’équipe. Selon Kit, c’était à Nell que revenait ce privilège. Qu’elle ne rouspétât pas étonna le Canadien. Pourtant, lui, il râla. Non seulement, il détestait être dirigé mais ne fusse qu’émettre un petit avis lui fut refusé. De plus, il n’y eut que des blablas avec les anglais, puis  avec la famille impériale… Ça, ce fut très… moche. De quoi ces gens étaient-ils faits pour accepter leur sort sans broncher ? Une telle abnégation stupéfia autant qu’elle dépita Kit à un point qu’il fallut plusieurs rasades de scotch au retour pour s’en remettre.  Au moins, ils avaient évité un calvaire aux filles de l’empereur…  On se console comme on peut.  
Très peu de commentaires saluèrent cet « exploit ». On espérait vite passer à l’étape suivante et, cette fois, Kit ne fut pas déçu.  
 
La ferme Clairborne ! Jouis du spectacle sans nous bassiner de tes fraîches connaissances. On en sait tous autant que toi sur ce sujet je te signale !
 
Il y avait de quoi être paf. Dès les cours élémentaires, on vous bassine avec la préhistoire et ses êtres fabuleux. Puis virent les années 90 avec des films plus performants les uns que les autres ainsi que les représentations 3D réalistes au point de foutre la trouille. Pour avoir déjà été récemment au contact avec un T-Rex, Kit n’était pas très chaud de récidiver une telle expérience. Pourtant, il le fallait puisque – hélas - le camp d’entraînement de la PTE se situait à l’époque des mammouths. D’accord, on ne croiserait pas de Rex… n’empêche que se frotter à un tigre aux dents de sabre était encore possible…  !
Il s’agissait d’un choix judicieux selon les éminences dirigeantes. En effet, personne ne s’inquièterait de la présence de cadets et si, pour l’une ou l’autre raison, on devait déménager, l’Histoire absorberait facilement les éventuels vestiges d’un passage étranger sans laisser la moindre trace.
Donc, Mr. Brown était à la fois excité et, ma foi, effrayé. On avait eu beau leur répéter que le site était absolument sûr à 100%, il n’en demeurait pas moins une appréhension somme toute légitime.  
Une très charmante hôtesse, adorablement moulée dans sa combinaison verte estampillée du logo des patrouilleurs les conduisit dans leurs chambres individuelles. La déco dépouillée aux accents futuristes enchanta Brown. Le lit s’escamotait dans le « mur », un ou plusieurs sièges apparaissaient à demande vocale, de même l’éclairage fonctionnait sans appareillage visible. La « garde-robe » était ce que l’on pourrait qualifier de boîte à malice. Elle ne contenait qu’un uniforme pastel, des bottes et une ceinture lestée refermant des trucs étranges auxquels Kit se garda bien de toucher de crainte de déclencher Dieu sait quoi. Mais le truc prodigieux était que ce « meuble » assurait également le pressing. Vous y déposiez vos affaires sales et hop, le temps de fermer et rouvrir, les mêmes objets revenaient quasi stérilisés. C’est ainsi que, sapé de frais, Kit rejoignit le groupe des pastels.
Apparemment, la couleur importait énormément en cet endroit.
 
*Plus clair on est moins qualifié on semble. Au moins, on n’est pas en blanc…*

 
Ce en quoi, Kit se leurrait. Beaucoup plus tard, il saurait faire la distinction entre les graduations.
En attendant, il se retrouva parmi d’autres novices à cette éducation particulière qu’est celle des patrouilleurs. Fou ce melting-pot de générations, cultures et époques confondues.
 

*Trois paumés supplémentaires parmi des dizaines d’autres…*
 
En effet, les recrues étaient assez nombreuses. Ne dit-on pas beaucoup d’appelés… et peu d’élus ?
Si on les avait estimés capables mentalement d’intégrer les rangs, restait à prouver pas mal d’aptitudes physiques… 
Très vite, on les mit au parfum. Un certain major déjà entrevu, les salua globalement avec indifférence :
 
*Pourrait au moins dire merci de lui avoir sauvé le cul, ce con !...*
 
Suite à cette pensée – légitime, selon Kit - Davies lui jeta un regard franchement hostile qui le surprit au point qu’il loupa les trois-quarts du discours officiel de bienvenue. Sommairement, il pigea que l’entraînement serait aussi rigoureux que sans appel. En cas de manquement, on vous passerait à l’oubliette. Jim poursuivait :
 

Veuillez respecter les horaires établis. Aucun retard ne sera toléré.
 
Là, Kit se bidonna intérieurement :
 
*Qu’est-ce qu’on s’en fout du retard quand on dispose d’un remonteur de temps !*
 
Placide, Davies compléta sa harangue :
 
Pas de gadget temporel ici. L’heure c’est l’heure, point final. Vérifiez vos emplois du temps via tablette de poignet. Bonne chance à tous.
 
Pince-moi, souffla-t-il à Dave. Il lit les pensées, ce type ?... Merde ! Il m’a déjà dans le collimateur alors ! … ouais ! Faudra faire gaffe…
 
L’instant suivant, tous se penchaient sur la « montre »reçue, y déchiffrant les instructions.
Chic ! Ils avaient quartiers libre jusqu’à l’aube, aube qui ne se lèverait que 8 heures plus tard.
Comment occuper tout ce temps libre ? D’abord bouffer, quoi de plus normal ?  
Le mess leur parut… étrange. Pas de personnel en cuisine mais une machine à tiroirs face à laquelle on tapait sa commande avant de la recevoir dans les secondes suivantes. Le choix des plats les déconcerta grandement.
 
Viande ou poisson ? Rien d’autre ?  râla Kit en regrettant déjà la cuisine délicate de Mrs. Warrington.
 
Emilia se ficha gentiment de sa poire en actionnant d’un geste très volontaire les boutons.
Circonspect, il la laissa manœuvrer ainsi que les autres.  Chacun reçut alors ses… purées( ?) En tout cas, tous les pâtés se ressemblaient dans leur glu peu engageante. Installés sur des sièges sans pieds, alignés autour d’un rectangle solide en suspension,  on… savoura sa pitance sans commentaire. Les mines, à elles seules, parlaient. On causa néanmoins. Pas question bouffe mais des origines individuelles. En voisins directs se trouvaient donc Ducan McLeod - écossais du 17ème siècle – qui déplorait amèrement son cher tartan ; Chan Li – soldat nippon né en 1918 – et la splendide Anoucha Abrami – persane du 15ème siècle. Marrant car tous se comprenaient grâce à des traducteurs intégrés quelque part dans l’immense réfectoire.  Tous étaient là pour diverses raisons plus ou moins bonnes : envie de changements, égalité, fraternité, etc. Peu importait. Tous désiraient intégrer le programme, et y réussir.  Tous sauf Kit, évidemment. Il tut ses motivations réelles à ces inconnus. Même les doux yeux de la persane ne parvinrent pas à lui faire cracher le morceau. Dave et Emilia savaient, cela suffisait.
Après ce repas, chacun regagna ses quartiers… ou presque. Pas qu’il soit insomniaque, ou n’apprécie pas un nouveau pieu, Mr. Brown était avant tout un insatiable curieux doublé d’un anticonformiste chevronné. En discutant avec Anoucha, il avait obtenu son numéro de localisation. Une petite visite nocturne s’imposait car il est des invitations muettes que l’on ne peut dédaigner. Pas qu’il soit coureur de jupons, mais les bonnes occasions ne se refusent pas. Puis il fallait fraterniser, non ?
C’est ainsi qu’il se mit à déambuler dans les couloirs s’éclairant sur son passage. Pour la discrétion, on repasserait.  Il entrevoyait enfin la porte derrière laquelle certains délices l’attendaient quand deux gardes surgirent. Difficile de déchiffrer leur expression sous la visière opaque de leur casque. Rien qu’à leur allure guindée, Kit sut qu’il avait gaffé. Il tenta de parlementer :
 
Je me suis un peu égaré, je…
 
Personne dans les couloirs passé 21 heures, les instructions sont claires. Vous ne savez pas lire ?
 
J’ai dû zapper ces lignes ( en fait toutes celles concernant le règlement intérieur) veuillez m’en excuser, puis-je néanmoins aller souhaiter le bonsoir à…  
 

Vous n’irez nulle part ailleurs que dans votre cellule personnelle. Les ordres sont les ordres.
 
Écoutez les mecs, la nana m’a filé un rencard. Vous pigez ça, non ?
 
Pensant s’être fait comprendre, et attiré de la sympathie, Kit voulut forcer le barrage. Mal lui en prit ! Le rayon paralysant le cloua sur place. Incapable de résister, il se retrouva traîné… au mitard.
Le raidissement dura… ce qu’il dura. Lorsqu’il cessa enfin, Kit fut horrifié de l’heure voir inscrite au quadrant :
 
Nom de Dieu, beugla-t-il. Relâchez-moi ! L’instruction commence dans moins de 30 minutes !!!
 
Ou ses gardiens étaient sourds comme des pots, ou ils se marraient trop de bon coup qu’ils jouaient à cet ébouriffé qui serait probablement renvoyé avec la prochaine navette vers le 21ème siècle.
 

Allez, soyez sympas ! Si on me rembarre, jamais vous ne connaîtrez le… *une idée, vitre, pitié* le véritable single malt ! J’ai un cousin, en Ecosse, qui peut en fournir une caisse par mois, si je sors…
 
Bingo ! Ces hommes faisaient peut-être respecter le règlement mais ils étaient vénaux.
Rarement, sur la plaine d’entraînement, on ne vit débouler meilleur sprinter. Kit était passé un coup de vent dans sa chambre, avait pris la sorte de douche express du coin et enfilé un uniforme propre en un temps record.  
 
Bien Mr. Brown. Content de vous compter parmi nous. Au moins vous ne vous êtes pas trompé de lieu comme d’autres. Je note cependant 1 minute 35 secondes de retard.
 
Davies, s’empressa faire jouer de son stylo magnétique sur sa tablette translucide.
 

J’ai raté quelque chose ? grommela-t-il à Dave et Emilia près desquels il s’était engouffré en haletant.
 
Il put se rassurer. Maintenant que l’effectif était au complet, par groupes de 6, les cadets pouvaient débuter leur parcours du combattant. On ne leur épargna rien. Sous une fine bruine incessante, ils subirent les pompes dans la gadoue, un mur d’escalade à la corde, la course dans des caoutchoucs, les sauts d’obstacles, etc. Cinq tours : facile. Dix, ma fois… au bout de vingt plusieurs craquèrent, allant s’affaler aux pieds d’un Davies au visage fermé. Une fois de plus, Kit loua les services rendus par Oscar sans qui il se serait sûrement écroulé au 23ème. Le plus étonnant fut qu’Emila tenait la distance. On ne pouvait pas dire qu’elle était aussi pimpante qu’au départ mais, fichtre, elle tenait. Pas question de baisser les bras, encore moins les jambes d’autant que la miss affichait un petit sourire très mal perçu par un gars qui n’avait rien avalé depuis la veille. Ils n’étaient plus que trois en lice, devinez lesquels ? Ce fut Nell, apparue Dieu sait quand, qui siffla la fin du rodéo. Il était temps, encore un round, et Kit aurait goûté l’herbe rase d’un sol antédiluvien.
On leur accorda une heure de pause. Il est vrai que, mine de rien, la matinée complète y était passée. Bienheureux ceux qui avaient abandonné tôt, leur temps de repos en était d’autant rallongé.
Harassés, les cadets rentrèrent dans le bâtiment principal. Court chemin durant lequel, Kit ne put que saluer l’exploit de Miss Clairborne :
 
Tu te défends rudement bien, chapeau !
 
Trop claqué pour piger ce qu’elle souffla, il crut qu’elle se fichait de lui, comme d’hab. Il haussa les épaules, et se rencarda auprès de Dave :
 
On fait quoi après la bouffe… non, j’ai pas eu le temps de lire quoique ce soit… j’étais au trou… oui, ils en ont un. Maintenant, je dois une caisse de Whisky aux matons sans quoi j’y serais encore.

 
La purée et le liquide s’avalèrent sans rechigner, sauf que Kit en aurait bien souhaité un rabiot. Raté. La machine ne distribuait qu’une unique portion identique à tous.  
 
Pas juste, râla-t-il en douce. J’ai sauté le tit dej, ils devraient en tenir compte !  
 
Au moins, l’étape suivante fut de tout repos : 2 heures sous Hypnos.  Ce fut… bizarre. Enfin, c’est ce que Kit ressentit. Chez Henry, jamais il n’était sorti de là avec un mal de crâne pareil.  Dave aussi lui parut mal en point. Clarborne, elle, pétait la forme, et se la pétait, comme toujours.
 

… Ouais, j’ai appris ces trucs sur les Vikings aussi ! Et vais pouvoir devenir cambrioleur expert quand on sera de retour… Toi pas ?

 
C’était étrange, ça ! Lui était certain de pouvoir quasi deviner à la vue n’importe quelle combinaison de coffre-fort, pas elle.
 

On n’a pas dû avoir le même programme, alors.
 
La céphalée passa. L’entraînement physique reprit avec des épreuves de lutte au corps à corps.
Qui avait décidé des adversaires ? Bonne question. Tandis qu’Emilia allait se frotter à la persane,  Dave affronterait le Nippon. Kit, lui, vit s’avancer une montagne dont les mensurations avaient dû affoler le tailleur. Par bonheur, tous les coups étaient permis. N’empêche que Kit eut froid dans le dos en entendant des commentaires s’échanger entre cadets plus formés :
 

Teigneux… étrangleur…  a tué…
 
Il ravala sa salive quand l’autre lui adressa un sourire gras tout en serrant ses doigts boudinés qui firent saillir des deltoïdes et pectoraux monstrueux.
Kit ne vit rien des autres combats, trop occupé avec le sien. On le prit pour un champion de la course en rond ? Bah ! La brute épaisse n’arrivait pas à aplatir ce moustique, tant mieux ! Aux passages, de temps à autre, le Canadien porta quelques coups de pied ou de poing. Apparemment,  ce ne furent que de très légère piqûre qui agacèrent plus le géant qu’autre chose. Lui, par contre, eut à chaque fois l’impression de frapper un mur d’acier.
 

*S’il me touche, suis mort !*
 
L’ensemble des joutes étaient achevées que Kit en était encore à virevolter autour du golem ambulant, de moins en moins vite cependant.  Ce qui devait arriver, arriva, une patte pire que celle d’un ours le happa au passage, l’expédiant valser dix mètres plus loin. Sonné mais pas vaincu, Kit revint de son vol plané plus déterminé que jamais. Un coup de talon toucha la trachée du gars qui grogna son mécontentement avec les mains collées à la gorge avant de charger bille en tête. Cette fois, Kit vit sa vie défiler devant lui. Il eut l’impression de percuter un TGV. L’air de ses poumons s’éjecta alors que des os craquaient. Sa dernière vison fut celle des deux énormes poings levés au-dessus de sa tête, puis… le néant.
 
La pièce où il reprit conscience était bourrée d’appareillages inconnus. Le top de l’infirmerie du futur, sans doute. À son chevet ? Personne. Il demeura inerte un court instant avant que son champ de vison ne capte l’apparition d’un gars chauve à lunettes portant une tunique gris clair :
 
Bon retour parmi nous, cadet Brown.  Vous revenez de loin.
 
Du 21ème siècle, une paille !  
 
Bien ! Je constate que vos facultés mémorielles sont intactes. Point de vue physique, à part une légère douleur respiratoire temporaire, vous êtes correct.  Sachez que votre agresseur a été remis dans sa cage d’où il n’aurait pas dû sortir. Nous le traitons pour aliénation destructrice. Une erreur a dû se produire, elle est réparée. Sans l’intervention du lieutenant Watts qui a paralysé ce malheureux, nous n’aurions pas cet entretien.
 
J’ai été out combien de temps ?
 
Deux petites journées. Ce retard dans votre éducation ne sera pas comptabilisé. L’Hypnos y a veillé.  Vous pouvez y aller.
 
Il ne s’égara pas dans le dédale de couloirs parcourus à pas lents. On devait être aux alentours de midi, la majorité des recrues attendait son repas quand il se présenta au mess. L’accueil y fut… mitigé. Si l’on murmura beaucoup à sa vue, il fut soufflé par l’accolade fougueuse de Miss Clairborne sous laquelle il grimaça :
 

… vas-y doucement, s’il te plait ! Suis convalescent… ça va vous deux ?
 
En dégustant la « soupe », chacun le mit au parfum. Il n’avait pas raté grand-chose mais des interrogatoires avaient eu lieu suite à « l’accident ».
 
… Ouais, rien donné, m’en doute. Suis d’accord : on m’en veut. Je ne sais pas vous, mais moi, je me doute de qui est à l’origine du truc… Ben, Davies, c’est évident, non ?  Il m’a dans le pif depuis que je l’ai traité de con… Au fait, on ne nous a pas encore appris à dissimuler nos pensées, vache non ?... Tiens  Dave, à l’occasion tu remercieras Nell pour son intervention. Parait que sans elle j’étais cuit…
 
Une semaine s’écoula en apportant conditions physiques et séances d’Hypnos à gogo avant qu’une permission leur soit accordée. Permission ne voulait pas dire vacances pour autant. Il s’agissait plus d’une épreuve de survie en milieu hostile qu’autre chose comprirent-ils une fois harnachés mieux que des mulets. D’abord, il y eut un tirage au sort afin de déterminer les endroits où séjourner. Un Davies impavide clama les résultats :
 
Groupe 5 : le littoral, bande de veinards. N’oubliez pas vos maillots de bain.  
 
Tiens, il ose une plaisanterie ? Nouveau, ça !, souffla-t-il à Emilia. Ça ne me dit rien de bon…
 
Nantis d’une carte détaillée de la région, 3 sauteurs s’élevèrent dans le splendide firmament.
Survoler les alentours du camp d’entraînement les changea agréablement. Son passager était l’Ecossais. De fait, nos trois héros étaient les seuls conducteurs autorisés puisque plus expérimentés même si les autres candidats connaissaient à présent les manœuvres par application virtuelle.
 

Tu me passeras le guidon, Kit ?

 
Au retour, peut-être… *Cours toujours !*
 
La griserie des essais antérieurs le reprit. Kit se sentait libre comme jamais. Actionner certains boutons le tenta énormément. Cela faisait un bail qu’il y songeait… Voir ses géniteurs… M’enfin, il s’était très bien débrouillé sans eux jusqu’ici et n’allait pas enfreindre une règle sacrée juste pour une lubie. Il se concentra à la conduite de l’engin.
 
Aucun n’a testé le retourneur, soupira Davies manifestement déçu en observant les écrans de contrôle.
 
Ils étaient quatre conspirateurs réunis en secret dans un des sous-sols du camp. Depuis longtemps ils essayaient de renverser le régime en place. La venue d’un nouveau contingent de recrues était une parfaite occasion pour parvenir à leurs fins. James Davies ne cachait pas son aversion pour le groupe du 21ème siècle. D’abord, ils étaient les chouchous de Warrington, surtout l’un d’eux qu’il détestait franchement puisque sa Nell l’avait aimé. Comment l’avait-il su ? Les conjurés avaient accès à beaucoup d’endroits en principe tabous. L’armoire à mémoires en faisait partie. Quoi de plus normal que de vérifier ce que voulait oublier Miss Watts ? Jim n’avait pas apprécié ce qu’il avait découvert.
Détester Brown étant plus fort que lui, c’est donc avec un petit sadisme confortable qu’il s’amusait à le tourmenter depuis qu’il avait lu ses pensées irrévérencieuses à son égard.  La fille ? Un dommage collatéral, tant pis. Quelques surprises désagréables les attendaient dans des tournants qu’ils visiteraient très bientôt d’autant que de petits gadgets pas du tout protocolaires avaient été ajoutés à l’attirail normal des sauteurs.
 
Puisqu’ils ne le font pas eux-mêmes, enclenchez le retourneur, sourit un haut personnage à barbiche brune.
 
Kit ressentit une anomalie dans sa bécane, une sorte de vibration inhabituelle. Pourtant, rien ne semblait clocher. Du reste, à faible distance, il distinguait les deux autres véhicules. Pas de quoi s’inquiéter donc. Sous eux défilait une succession de paysages verdoyants coupés de rochers dont il était difficile d’estimer la taille vu de là. L’analyseur du sauteur, par contre, lui parut déconner. L’écran était parasité, les images y clignotaient de façon incongrue. À voir ses copains s’agiter, Kit pigea qu’ils avaient remarqué aussi. Par casque, il transmit :
 
On descend. Ces bidules déconnent.
 
Le retour par la même voie fut affirmatif. Une sorte de clairière se dessinant, les engins s’y posèrent en douceur. Les six voyageurs se regroupèrent. Certains s’alarmaient, d’autres – dont  Kit- pestèrent :
 
Vous l’avez senti aussi cette vibration ?... Pas normal, non. Mon cartographe et mon dateur sont détraqués.

 
Tous subissaient les mêmes avaries. Il fallut se rafraîchir la mémoire pour tenter de réparer. Tout en travaillant, Emilia semblait inquiète, et pas que pour les mécaniques en panne. Sa remarque les obligea à lever le nez :
 
… en effet, très chère, dit Ducan. Votre sens de l’observation est parfait. La température n’est pas celle attendue et ces arbres en bordures sont trop grands. Je dirais qu’ils correspondent à la flore du…

 
Le Jurassique ? Ah, non ! Ce n’est pas possible, j’ai touché à rien, se défendit Kit.
 
Rien que l’idée de recroiser un dino ne le tentait absolument pas, les autres non plus, du reste.
Poussés par une urgence inattendue, remisant les questions à plus tard, on s’activa comme jamais.  Dave fut le premier à résoudre le souci du localisateur, on l’imita illico. Restait le remonteur en lui-même. Au moins, les connaissances d’Emilia couplées à celle d’Anoucha servirent le groupe, sauf que… :
 
Attendez, cria Kit. Il y a un truc en trop. Suis mécano à mes heures, j’ai aidé Henry à désosser la machine de A à Z. Tu as vu aussi Dave ?
 
Une sorte de boîte de la taille de celle pour allumettes occupait un petit espace normalement vide.  
Un fameux dilemme se posa : ôter ou pas ? Il se pouvait que ce bidule ne soit adapté qu’aux sauteurs d’entraînement. La valse hésitation ne dura pas. Aux beuglements perçus dans les fourrés voisins, ils auraient bientôt de la compagnie. Nul ne demanda son reste, et n’attendit de voir quel genre de mufle apparaîtrait. D’un accord tacite, on débrancha l’intrus, et sauta en selle. Destination : le camp.
 
Bien, soupira Davies. Cela n’a pas fonctionné comme prévu mais avec la phase 2, ils sont cuits. J’ordonne leur arrestation immédiate.  
 
Six personnes eurent beau tempêter, résister, elles furent stupéfiées et conduites au trou.  
Dans leurs cellules individuelles, quand ils reprirent possession de leurs mouvements, Dave et Kit restèrent étrangement silencieux. Emilia tenta de leur parler ? Ils restèrent sourds et muets.  
Kit avait une très forte migraine. Qu’est-ce qui s’était passé, que se passait-il ? Il n’arrivait plus à penser par lui-même.
 
*Sortir, vous devez sortir. Les armes sont à l’endroit que vous savez.*
 
En boucle, ces mots revenaient avec une telle insistance qu’y céder resta LA solution.  
La combinaison de la serrure électronique ne résista pas à la manipulation. Dave, soumis à des directives identiques, le rejoignit dans le couloir. Ensemble, deux parfaits robots récupérèrent le matériel prévu.  
De loin, les conspirateurs se réjouirent. Le barbu ricana :
 
Dans un quart d’heure, tout sera dit. Le commander mourra.  
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Emilia Clairborne-Watts

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MessageSujet: Re: On recrute!   On recrute! EmptySam 18 Mar - 16:53

Que dire? Emilia n'en savait rien, ou presque! Oui, pas à dire, l'idée de cette aventure était plus que tentante, mais, soyons sincères, une idée, pour mirobolante qu'elle soit ne devrait pas suffire...quoiqu'en y pensant bien, s'il n'y avait pas eu des hommes capable de défier toute logique pour se lancer dans des aventures incroyables, on en serait encore au Moyen Âge.

Miss Clairborne pensait. Oui, ça lui prenait de plus en plus souvent. Des pensées rangées, pragmatiques, si pleines de bons sens qu'elle en était la première épatée. C'est vrai que les sessions d'Hypnos y avaient beaucoup à voir, mais cela l'émerveillait quand même. Emilia n'avait jamais été une lumière, ni fait d'efforts pour l'être. Sa petite vie commode, luxueuse, réglée comme papier musique ne demandant pas de grand exercice mental, la miss laissait tout simplement que ça se passe, sans se soucier de grand-chose et puis la révélation était venue. Singulière, soudaine, frappante: un matin en ouvrant les yeux elle s'était rendue compte que sa vie ne valait rien, enfin à part quelques millions de dollars au cas d'être kidnappée, mais n'ayant pas l'intention de se laisser enlever pour connaître son prix, Emilia avait réfléchi à la vacuité exténuante de son existence.

*De tant penser tu finiras par l'user, ton petit cerveau!*

D'inutile vacuité elle était passée à...patrouilleuse du temps! Faut dire que le changement résultait assez effarant. Incroyable. Époustouflant. Génial. Dommage qu'elle ne put en parler. Imaginer la tête qu'aurait tirée sa copine Anne Miller à Montréal la faisait rigoler en solo, Anne qui la croyait à peine capable de se laver les dents sans aide. Sa famille, à New York, par contre ne risquait pas de se faire beaucoup de bile à son sujet...à moins que dans un éclat d'amour paternel, ce qui était très loin de se passer, Mr. Clairborne ne décide lancer les Marines à sa rescousse.

*Là, tu peux toujours rêver, ma fille...suis sûre qu'il s'est même pas rendu compte que tu es partie!*

Tant pis? Tant mieux? Elle ne voulait pas approfondir. La vie, telle qu'elle se présentait lui convenait parfaitement. Arrivée comme une inconnue, elle était devenue partie intégrale d'une grande famille, avec tout ce que cela entraîne...Henry et Louise étaient des parents parfaits, Toni était la sœur dont on ne sait se passer, Martin, un ange. Bien sûr, comme frère on aurait pu rêver mieux qu'un Dave si grognon mais enfin...Chapitre Kit Brown, elle passait de large, imbuvable de service il ne faisait que, des très rares efforts, pour améliorer l'image, mais le souvenir de la mousse au chocolat l'amenait, parfois, à de meilleures considérations.

*Il pourrait...s'il voulait...mais je m'en fiche!*

L'apparition-retour de Nell avait changé la donne. Pas trop, au début. Sa cousine ayant, apparemment très volontairement effacé partie de ses souvenirs, Emilia se réjouit de faire, quand même d'être de ceux qu'elle avait décidé de conserver, même si pour les effets, Nell continuait de la considérer comme la dernière des pimbêches.

*Faudra la faire changer d'avis!*

Cela n'aurait pas été demain la veille sans la mission russe, l'horreur, et ce qui s'en suivit.

La découverte du camp de base lui coupa le souffle, comme aux autres sans doute. Ce n'est pas tous les jours qu'on regarde de près, façon de dire, des magnifiques mammouths poilus bel et bien vivants.

Wow! On est en plein Paléolithique supérieur...incroyable...regardez moi ça!!!

La ferme Clairborne ! Jouis du spectacle sans nous bassiner de tes fraîches connaissances. On en sait tous autant que toi sur ce sujet je te signale !
 
Il était décidément odieux, Mr. Brown. Que Dave se montre si peu  emballé de se voir renfloué à l'Âge de Pierre la déçut mais le petit rire amusé de Nell, qui conduisait le sauteur (via micro), la rassura.

Les installations était très correctes, sans être sybaritiques, mais enfin, on ne pouvait pas tout avoir. Emilia se sentit un peu déboussolée, pour ne pas dire perdue, mais ne l'avouerait jamais. C'est bon, le modernisme, elle aurait quand même apprécié un peu plus de luxe douillet. Comme quoi, on ne se refait pas en un jour! La garde robe ne l'enchanta pas trop non plus...la couleur pastel des tenues faillit même la mettre de mauvaise humeur mais découvrir que tous étaient logés à la même enseigne lui rendit le sourire...Kit Brown en pastel mémé était unique, Dave valait le détour, et elle, ma foi, ça ne rendait pas si mal avec son teint!

Préhistoire ou pas, ça faisait mal, le fichu entraînement! Le Major Davies, à qui on avait si gentiment sauvé la peau, sans aucun merci en échange, menait la ronde, genre sadique. Emilia se serait laissée découper en morceaux, au besoin, avant de se déclarer forfait. Cette fois,  il en allait de l'amour propre. Dave s'en tirait comme une fleur, à croire que le mec ne faisait que vaquer par monts et pas vaux en conditions difficiles, Kit,lui commencé à avoir du mal au vingtième tour de ce parcours infernal...Emilia, elle, avait des crampes, mal partout mais remerciait sa saine habitude de courir cinq miles par jour, de ne pas fumer, boire peu et de mener, si possible, une vie saine. Elle détesta Davies mais tint bon...jusqu’à ce que sa cousine vienne mettre fin à cette torture.

Ouais...suis en forme...mais ce bonhomme en veut à nos peaux!, s'essouffla t'elle à l'adresse de sa parente, *Veux bien qu'il en veuille à Dave...mais franchement!*

Il y avait, tout de même, de quoi se poser quelques petites questions pertinentes. Emilia, mine de rien, commença à suivre avec intérêt croissant les déboires subis par Kit. Pas que l'individu en soi l'intéressât le moins du monde mais le voir si singulièrement dévolu à un manque de pot insistant devenait digne de soupçon.

*C'est vrai qu'il est imbuvable...mais quand même!*

Encore heureux qu'elle ne semblait pas à être la seule à y penser. Sans l'intervention opportune de Nell l'ébouriffé de service aurait été réduit en purée par un aliéné que quelqu'un avait, avec d'obscures intentions, fait sortir de sa cellule d'isolement.

Et puis ceci, et puis cela...dire que leur petite virée de sortie avait foiré par défaillances mécaniques tenait de l'absurde. On peut tomber en panne, ça oui...mais du coup se voir transportés au Jurassique, au risque de rencontrer un gentil dino enragé...faut pas exagérer. Sans les talents de Mr. Brown, oui, fait le reconnaître, le gars en savait long sur les machines, toute l'équipe aurait fini en pâté pour T-Rex.

*Vais finir par croire que quelqu'un ne nous aime pas trop, dans le coin!*

Ce en quoi elle n'avait pas du tout tort, mais ne le savait pas encore. Des forces retorses jouaient dans l'ombre et ne visaient que leur perdition, mais ça, c'est une autre partie de l'histoire...ou pas?

Emilia émergea de son limbe incertain sans trop savoir ce qui lui était arrivé. Son dernier souvenir était celui de leur retour quelque peu catastrophé, d'un groupe d'hommes armés les encadrant, leur signifiant leur arrestation et puis...vive le néant!
Elle se frotta activement le crâne dans l'espoir de remettre en route quelque pensée cohérente.

Coucou...il y a quelqu'un?

Ferme-la, fillette...on est dans le pétrin!, grogna une voix d'homme au fort accent écossais, dans la cellule mitoyenne.

Duncan? C'est toi?...mais que...

Ferme-la, je te dis...ou en tout cas arrête de gueuler de la sorte...approche toi!

Emilia y alla à quatre pattes jusqu'à grille, trouvant l'endroit plutôt archaïque en comparaison avec le reste des installations, si ultra modernes.

On est où, là?, s'enquit elle une fois sur place.

Duncan ricana gentiment.

En taule, ça te dit?

Euh...non, pas trop!, reconnut-elle, encore assez confuse, je n'y ai jamais été avant...et toi?

Ma foi, on va pas s'étendre sur mon histoire...mais oui, pas mal...tu sais, à mon époque...mais il y a plutôt quelque chose qui devrait nous occuper...Dave et Kit font des trucs bizarres...

Elle risqua un coup d’œil dans la direction indiquée...et pour en faire des choses étranges, on peut dire que oui...en fait, ils se taillaient en douce, arborant tous deux une expression dénuée de tout, figée, comme deux automates agissant sur commande.

Hey...Vous deux!!!, interpella Emilia faisant fi des suppliques de Duncan pour la faire taire, soyez pas vaches...vous n'allez pas nous laisser ici!!!

Mais en toute évidence celle là était bien leur intention, sans même se retourner ils disparurent au bout du couloir.

SALAUDS!!!, agrippant al grille, elle la secoua à la faire grincer de partout, ah...mais celle-là vous me la payez, parole de Clairborne!!!

Tu vas la fermer, oui!? Tu vas ameuter la garde...
, conseilla Duncan, calme toi...on devrait plutôt voir si on peut sortir aussi!

Ouais...parce que tu as sans doute une baguette magique et nous fais un truc à la Potter...j'ai pas de super pouvoirs, moi...même pas une fichue épingle à cheveux et de toute façon suis pas McGyver!

L'écossais se limita à soupirer bruyamment et faire un commentaire en gaélique qu'Emilia ne comprit pas mais ce n'était pas bien sorcier d'en deviner le sens.

C'est ça...continue, ça aide rudement...tiens...et les autres, ils sont où? Li et la persane?...Eho!!! Vous êtes par là?, après deux minutes à faire un tapage de fin de monde elle conclut que soit ils n'étaient pas là, ou bien étaient morts ou encore n'avaient aucune envie de s'impliquer. De fort mauvaise humeur elle se laissa aller dos contre le mur, sais pas si tu as remarqué, Duncan...mais personne ne vient...m'est avis qu'ils nous ont enfermés ici et jeté la clé...C'est quand même quelque chose, tu ne crois pas?...C'est pas une façon de traiter les gens...enfin...on a des droits...du moins de là où je viens c'est supposé de marcher...enfin...presque..., elle pérora encore un moment sans que l'écossais ne songe l'interrompre, hey, toi...tu t'es endormi? T'es pas mort au moins!?

J'écoute, admit-il, lapidaire.

Emilia fit un effort suprême pour ne pas lui crier dessus, optant plutôt par un silence limite boudeur, qui pour le malheur de Duncan ne dura que le strict nécessaire.

Tu as remarqué qu'il se passe des trucs étranges, non?...En tout cas, moi je suis quasi sûre qu'on ne nous bourre tous le crâne avec les mêmes infos...tu veux me dire pourquoi je comprends le vieux norrois alors que ça ne me servira à rien à moi de croiser un Viking du 12ème siècle?...par contre Brown, lui, n'en sait que dalle mais assure être capable d'ouvrir n'importe quel coffre fort...Oh oui! C'est ça!!! Duncan...c'est ça!!!...Mon Dieu...c'est ça!!!

C'est quoi!?
, s'énerva son voisin.

Bourrage de crâne sélectif...L'Hypnos...ils nous manipulent avec ça...tu as appris quelque chose d'intéressant dernièrement?...Ah bon? Tu sais tout sur herbes médicinales...génial, ça peut te servir un jour où l'autre...En tout cas ils...je ne sais pas qui, semblent croire que Kit et Dave sont les plus aptes pour...euh, sais pas pourquoi...mais ce doit être du moche...Pitié, pourquoi je ne suis pas aussi dégourdie que ma cousine...elle saurait, Nell...* T'es où, Poison!? T'es où?...VIENS!!! Je t'en supplie...VIENS!!!*

Ému par les sanglots déchirants qui lui parvenaient de la cellule d'à côté, Duncan s'y employa de son mieux pour la calmer, sans trop de succès, il faut le dire. Emilia semblait avoir perdu toute ardeur combative et être tombée das une profonde crise d'auto-compassion somme toute compréhensible compte tenu de la teneur de leur déboire.
Mais, de façon tout à fait inattendue, une apparition...aussi inattendue changea la donne.

Lieutenant Watts...le ciel vous envoie!!!, exulta l'écossais en redressant sa grande carcasse.

Oublié son désespoir, Emilia se relevait à son tour, essuyant maladroitement ses larmes.

Oh, Nell...tu es venue...QUOI? Tu m'as entendue t’appeler?...C'est merveilleux...Oh que oui...pour tout résumer, mode Brown, on est vraiment dans un beau merdier!

Et encore, entre nous, c'était peu dire...
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